"J'aime les paysans: ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers"
(Charles de Montesquieu, "Mes pensées")

Le concept d’« empreinte écologique » (footprint) n’a décidément rien de scientifique. On fait dire à cet indicateur, à tort,  que l’homme aurait besoin de 1,8 planètes pour assurer ses besoins. Voilà maintenant le concept de water footprint qui est remis en cause par l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA). Dans un rapport de février 2017, l’INRA lui reproche  d’avoir été conçu pour des sites industriels sans tenir compte des cycles biologiques, de l’eau qui retourne à la terre et donc, de ne pas être applicable à l’agriculture.  Ainsi, le chiffre de 15.000 litres d’eau régulièrement diffusé pour la production d’un Kg de viande s’avère complètement surestimé ! L’INRA estime que 95 % de l’empreinte eau correspond à de l’eau de pluie, prise dans les sols et consommée par les plantes. L’INRA avance le chiffre de 550 et 700 litres d’eau pour produire 1 kg de viande de bœuf.
À titre de comparaison, en moyennes, une chasse d’eau correspond à 12 litres, une douche à 60 litres et une lessive à 100 litres. Voilà comment le rat des villes accuse à tort et à travers le rat des champs ! L'objectif est toujours le même: accuser l'activité humaine pour démontrer qu'il faut réduire la démographie. 
Que dit l'étude de l'INRA ?

Source : INRA Science et impact

Commentaire: "les2ailes.com"

« Même lorsqu’ils ont des bases scientifiques, la plupart des arguments avancés pour s’opposer à la viande font la part belle aux généralisations abusives, aux simplifications et aux fausses bonnes idées ». Tel est le constat dressé par une récente revue scientifique dont Jean-François Hocquette et Jean-Louis Peyraud, tous deux chercheurs à l’Inra, sont coauteurs.

L’INRA va jusqu’à parler de simplifications : « Les chiffres doivent être maniés avec précautions… Dans l’idéal, il conviendrait de préciser chaque fois les méthodes et les conditions d’obtention de ces chiffres et d’en relativiser la portée et la signification »

1- L’eau consommée par l’élevage : que prend-on en compte ?

L’INRA explique la cause de cette surestimation : « On trouve très fréquemment le chiffre de 15 000 litres d’eau consommée pour produire un kg de viande. Mais ce chiffre, obtenu par la méthode de « water footprint » (empreinte eau) englobe l’eau bleue (eau réellement consommée par les animaux et l’irrigation des cultures), l’eau grise (eau utilisée pour dépolluer les effluents et les recycler) et l’eau verte (eau de pluie). Or cette méthode a été conçue pour des sites industriels et ne tient pas compte des cycles biologiques. En réalité 95% de cette empreinte eau correspond à l’eau de pluie, captée dans les sols et évapotranspirée par les plantes, et qui retourne de fait dans le cycle de l’eau. Ce cycle continuera même s’il n’y a plus d’animaux. La communauté scientifique considère qu’il faut entre 550 à 700 litres d’eau pour produire 1kg de viande de bœuf. En eau utile[1], il faut 50 litres ».

2- Les autres allégations simplificatrices.

2.1- L’impact sur le climat ?

On sait aujourd’hui que, chaque année, une centaine de scientifiques affirment, dans des publications revues par des « comité de pairs », qu’il faut se tourner vers le soleil pour comprendre les variations climatiques.
Malgré tout l’idée d’accuser le CO2 ou le méthane a encore la vie dure, y compris en accusant l’élevage d’être responsable de 14,5 % des émissions de CO2 et qu’il en rejette plus que les transports .
Malgré tout, il est bon de comprendre ce que dit l’INRA à  ce sujet : « On compare souvent des chiffres non comparables ! C’est ce qui se passe quand on affirme que l’élevage rejette plus de GES (14,5%) que le secteur des transports (14%) en oubliant que ces deux chiffres sont obtenus par des méthodes différentes ! Le calcul pour l’élevage émane de la FAO, sur le modèle des analyses de cycle de vie, qui inclut  diverses dimensions de l’élevage[2]. Alors que le calcul pour les transports, qui émane du GIEC, ne prend en compte que les émissions de GES des véhicules en circulation[3]. Par la méthode d’analyse de cycle de vie, cette valeur serait beaucoup plus élevée.... Quant aux   émissions de gaz à effet de serre sous forme de méthane sont parfois attribuées à l’élevage en général, alors qu’elles concernent essentiellement les « rots » des ruminants ».

2.2- L’impact sur la disponibilité alimentaire ?

L’INRA conteste aussi l’allégation selon laquelle la suppression de l’élevage réduirait le gaspillage des ressources : « C’est oublier que plus de 70% de la ration des ruminants est composée de fourrages (herbe, foin, ensilage, enrubannage) non consommables par l’homme, et que cette herbe provient de prairies qui ont un fort potentiel de fixation du carbone. Des résultats comparables ont été observés en France[4].
C’est oublier aussi que les aliments concentrés utilisés pour les monogastriques (porcs, volailles) et les herbivores valorisent les résidus de cultures et les sous-produits des filières végétales destinées à l’alimentation humaine ou aux biocarburants (tourteaux, sons, drèches, etc) ».
L’INRA reconnait qu’il n’est as faux de dire que l’élevage utilise 70% des terres agricoles. Mais on doit préciser aussitôt qu’il s’agit essentiellement de terres non labourables composées de prairies et de zones herbeuses : « De plus, plusieurs études conduites avec l’Inra démontrent les bénéfices environnementaux des prairies. Leurs sols sont plus riches en biomasse microbienne et en biodiversité que les sols des cultures. Ils stockent plus de carbone, sont 20 fois moins sensibles à l’érosion et filtrent mieux les eaux[5]. Plusieurs projets de recherche européens[6] ont montré que le stockage de carbone des prairies compense l’équivalent de 30 à 80% des émissions de méthane des ruminants. Des travaux récents du Cirad viennent d’étendre ces résultats aux zones d’élevage subtropicales. Les prairies renferment aussi une diversité floristique favorisant les populations de pollinisateurs ».

2.3- L’impact sur la santé humaine ?

L’INRA reconnait que de forts excès de consommation de viande peuvent être défavorables à la santé, en termes de risques cardiovasculaires et de risques de cancer du côlon (voir article )

 

[1] Eau utile : quantité d’eau dont est privée la ressource (eau consommée), pondérée par un facteur de stress hydrique régionalisé : la perte d’un litre d’eau n’a pas le même impact dans le désert qu’en montagne par exemple.

[2] Dont la production des aliments et intrants, transformation des aliments, transports, consommation d’énergie etc.

[3] Les émissions liées à la fabrication des véhicules et à l’extraction, raffinage et transport du pétrole, notamment, ne sont pas prises en compte, alors qu’elles le seraient dans une démarche de cycle de vie.

[4] B. Rouillé et al. OCL 2014, 21(4) D404. DOI: 10.1051/ocl/2014017

[5] Programme Genosol.

[6] Programmes Nitro Europe (2006-2011) http://www.nitroeurope.eu/, Animal Change (2011-2015). Lire l’article.