La publication du remarquable petit livre "Peut-on être catho et écolo?" (Editions Artège) de Mgr Rey nous donne l'occasion de réfléchir à la thématique du "logos" dont il parle souvent. Face aux défis de société à relever, on évoque souvent des solutions qualifiées d’écologiques. Souvent pourtant, face à des mesures proposées, on pèse plus les enjeux écologiques plus que ceux qui relèvent de l'économie. Ce mot d'économie est le grand oublié. Il est pourtant utilisé en théologie quand elle parle d’ « économie divine ».  Comment discerner ce qui relève de ces diverses expressions ?

Commentaire "les2ailes.com"

Ecologie ou Economie ?

L’éthymologie des deux mots a une racine commune grecque:
- « Ecologie » vient de "Oikos", maison et de "logos", science, connaissance,  
- « Economie »  vient également de "oikos", maison et de "nomos", gérer, administrer, légiférer.
L’écologie précède dont l’économie. La première relève du savoir. C’est une science. L’économie procède de la mise en œuvre de ce savoir. Il ne faut pas être seulement un "scientifique" -celui qui cherche à "savoir"-, mais aussi être un "ingénieur" - celui qui cherche à mettre en oeuvre- et il est souvent difficile d'être les deux à la fois!

Economie : mise en application d’un savoir ou mise en œuvre d’un plan ?

Pour gérer et administrer, au sens du "nomos", il faut prévoir et planifier. Dans l'expression Nomos, il y a également le sens de la loi, de légiférer. En ce sens, pour administrer, il faut savoir appliquer une loi naturelle. Ne faut-il pas, en effet, au préalable savoir lire dans les faits et les choses?
C’est pourtant dans la nature même de notre "maison", de  notre "Oikos", qu’est inscrite le plan d’action. C'est cette maison que l’humanité doit s'appliquer à gérer et à administrer.
Quand l’Eglise utilise théologiquement le terme d’« économie du salut », elle désigne le plan de salut de Dieu et sa réalisation, tout au long de l’Histoire, c'est-à-dire sa venue dans ce monde en la personne de Jésus pour sauver les hommes.
Les textes conciliaires l’utilisent souvent :
« Pareille économie de la Révélation comprend des actions et des paroles intimement liées entre elles » (Concile- Dei Verbum 2)
« L’économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus Christ » (DV 4)
« L’économie du salut, annoncée d’avance, racontée et expliquée par les auteurs sacrés, apparaît donc dans les livres de l’Ancien Testament comme la vraie Parole de Dieu » (DV 14)
« L’économie de l’Ancien Testament avait pour raison d’être majeure de préparer l’avènement du Christ Sauveur de tous, et de son Royaume messianique, d’annoncer prophétiquement cet avènement et de le signifier par diverses figures» (DV 15).

Cette « économie divine » est en quelque sorte la Sagesse de Dieu à travers l’histoire des hommes.

Conclusion : « Peut-on être catho et écolo ? »

C’est le titre du remarquable petit livre édité par Mgr Rey (Editions Artège) en mars 2012. Il évoque, parmi tant d’autres thèmes magnifiques, cette intervention permanente de Dieu dans la création : « la crise écologique traduit la perte du sens de l’histoire. Celle-ci est sainte parce que Dieu y intervient » (p. 49). Il faut être capable de reconnaître le logos inscrit dans la nature: « L’ordre propre de la création, son logos, est le reflet en elle du Logos divin, de l’Esprit créateur » (p.17).
Benoit XVI disait déjà dans une homélie à Rome le 3.6.2006: « Le monde n’existe pas tout seul ; il provient de l’Esprit créateur de Dieu, de la parole créatrice de Dieu. C’est pourquoi il reflète également la sagesse de Dieu ».
Pour fonder l’écologie sur le bien de l’homme, il faut écouter le logos de la nature, sinon l’homme ne s’appuiera que sur son savoir, après avoir éliminer Dieu. Faute de cela, toutes nos économies humaines seront inhumaines. C’est l’ « économie divine » qui préside tout à la fois à l’« écologie » et à l’« économie ».