L’académie des Sciences ? Rien que son nom impressionne. Qu'elle s’exprime, et on se sent aussitôt obligé d'adhérer ! Est-ce si sûr ? On a déjà vu qu’elle était sous tutelle politique. A lire son rapport « Démographie, Climat et Alimentation mondiale », on a une raison supplémentaire de voir combien cette institution est sous influence politique. Elle recommande d' "encourager la réduction des taux de fécondité trop élevés" .
De quoi s’agit-il ?

Source : "Démographie, climat et alimentation mondiale" Éditions EDP Sciences - Mars 2011

Commentaires "les2ailes.com"

Les habitués de « les2ailes.com » savent qu’il n’est point besoin d’être un chercheur pour juger de la qualité d’un débat contradictoire entre deux chercheurs en désaccord.
Il est aisé de discerner,
   - celui qui pose une bonne question
   - et celui qui répond par une insulte en traitant l’autre de somnambule ou de révisionniste !
Mais il est surtout aisé de détecter,
   - celui qui sait rester au niveau de la science, c'est-à-dire à celui de la compréhension de la nature des choses, ce qui est bien du domaine du chercheur,
   - et celui qui dérape vers le militantisme en se mêlant de programmes d’action. C'est aux ingénieurs, non aux chercheurs, qu'il revient de se confronter avec les réalités de la nature. Les chercheurs n'ont en général aucune expérience en la matière!
Qui plus est, il est aisé de deviner, dans les programmes d’actions,
   - ceux qui procèdent d’une culture de mort
   - de ceux qui développent une culture de vie

Le rapport de l’Académie des Sciences "Démographie, climat et alimentation mondiale" tombe exactement dans les confusions que nous voulons dénoncer:

Des expertises scientifiques

Sur un plan scientifique, le rapport dit que : « pour les évolutions climatiques à venir, le rapport s’appuie principalement sur les scénarios 2007 du Giec ».

Nous ne reviendrons pas sur le faux consensus qui règne sur ce sujet. Notre ouvrage « les contrevérités de l’écologisme » montre que le "non-IPCC" pose, à notre sens, de bonnes questions, et qu’on ne peut pas se contenter, comme seules réponses, d’invectives reprochant aux signataires de l’appel de Heidelberg[1] d’être financés par des intérêts privés. Comme si les chercheurs d’instituts publics n’étaient pas influencés par les orientations politiques qui sont le propre des administrations qui affectent des budgets ! La question n’est pas celle de l'origine du financement d’un scientifique, mais dans la qualité des questions et des réponses qu’il pose.

Il ne faut pas être naïf et imaginer que l’académie des Sciences échappe à cette problématique de l’indépendance.

Des affirmations qui relèvent de programmes d’actions

Le rapport fait de bons constats : « Nourrir convenablement 7 milliards d’hommes aujourd’hui et 9 milliards en 2050 reste possible à certaines conditions, notamment  mettre la question agricole au premier plan des préoccupations politiques et économiques des nations, avec des programmes ambitieux de développement agricole des pays les plus pauvres… »
Malheureusement le rapport  dérape vers le militantisme économique ambiant, celui d'un libéralisme conformiste et imposé par l’Organisation Mondiale du Commerce. On lit en effet dans le rapport de l’Académie des Sciences: « Le rapport table sur une plus grande fluidité des marchés internationaux et l’abaissement des barrières commerciales à l’exportation »

Il ajoute : « les auteurs sont très conscients, de la situation particulière des pays pauvres, où règnent la sous-nutrition et la malnutrition. En dehors des aides alimentaires d’urgence, ils insistent sur la nécessité de redynamiser fortement l’agriculture des pays concernés, avec des investissements portant sur l’irrigation, les structures de transport, les moyens de communication en réseaux, l’accès aux intrants et le développement de structures commerciales.

Tout cela relève du vœu pieux : qui investira dans ces pays s’il n’y a pas un rétablissement des frais de douanes à l'importation vers les pays les moins avancés pour protéger ces investissements ? Le prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz démontre très bien que les théories économiques libérales sont souvent déconnectées des réalités[2].

Mais, dira-t-on, les sciences sociales établissent des hypothèses qui sont ensuite retenues par les sciences dures…

C’est le point de vue de Hervé Le Treut, climatologue du GIEC et membre de l’Académie des Sciences, qui a participé à une étude de l’IDDRI « Science du changement climatique- Acquis et controverses » (2004). Il parle des perspectives pour le XXI° : « Ces projections relèvent du travail des socio-économistes. Elles s’appuient sur une série d’images possibles de l’avenir, qui possèdent une cohérence interne en termes de démographie, de mode de développement économique, de choix sociaux et technologiques. Les scénarios fournis aux modélisateurs du climat transcrivent ces hypothèses en émissions futures de gaz à effet de serre ou d’aérosols. Les climatologues intègrent ensuite ces scénarios d’émission dans leurs modèles climatiques ». (p 18).

Le problème est que ces projections sont quasiment impossibles à établir. Rappelons-nous le très sérieux Club de Rome qui s’était complètement trompé. Le rapport avait modélisé les évolutions en appliquant une loi dite « loi des rendements décroissants » énoncée en 1817 et publiée en 1821 par David Ricardo, dans ses « Principes de l'économie politique et de l'impôt ». Ce concept des rendements décroissants –qui date, on le voit,  quelque peu- s'accordait bien avec l'idée malthusienne selon laquelle plus la population augmente, plus les ressources disponibles par habitant se réduisent. Nulle part on ne trouvait de prévisions dument datées.
Toutefois la lecture des courbes[3], montre que si les tendances s’étaient maintenues, tout devait s’effondrer vers les années 2005. Etant donné ce qu’on a constaté, on ne peut qu’émettre des doutes sur la validité du modèle. Le rapport modélisait l’effondrement de notre civilisation, même avec une régulation parfaite des naissances, stabilisant la population mondiale aux 4 milliards d'habitants de 1975, par une égalité des taux de mortalité et de natalité !

Le rapport Meadow avait été rédigé par des chercheurs. Pendant les trente années qui ont suivi, ce sont les opérationnels qui se sont attelés à la tâche de nourir la planète. Ils ont réussi à doubler la production pendant cette période, en totale contradiction avec les modèles des chercheurs!
Notre conclusion sera: "que les chercheurs cherchent et que les opérationnels opèrent"! Nous ne ferons confiance aux uns et aux autres que s'ils sont conscients des limites propres à chacun de leur champ d'activité.

Les philosophies sous-tendues par les recommandations de l’Académie des Sciences

C’est dans son chapitre « Problèmes généraux liés à l’accroissement démographique » qu’on voit bien ce qui sous-tend les recommandations faites : «  Développer et accroître les campagnes publiques visant à encourager la réduction des taux de fécondité trop élevés que connaissent encore de nombreux pays en développement. - Améliorer partout le statut des femmes, lesquelles sont spécialement fragilisées par les crises alimentaires et sur qui pèsent les responsabilités locales les plus lourdes ».

C’est le discours constant des organisations internationales, discours lénifiant de bonne intention, mais qui se traduit par toute une série de chantages :

  • Chantage au niveau international quand l’aide fournie aux pays les moins avancés est conditionnée par la mise en place de lois autorisant l’avortement.
  • Chantage au niveau local dans les dispensaires de brousse où on associe le vaccin à la distribution de moyens contraceptif.

Ce chantage n’apparait pas, bien sûr, dans le rapport de l’Académie des Sciences, mais il faut être conscient de la cohérence des recommandations faites par différents acteurs.

Le Cardinal Vingt-Trois a expliqué en 2009 que  nous sommes devant une inversion moderne du paternalisme européen du XIX° siècle : « A l’époque, on nourrissait et on soignait les miséreux en les exhortant à vivre moralement. Aujourd’hui, on est assez cynique pour nourrir et soigner la misère au prix de l’abandon des traditions antiques de la société. C’est du paternalisme à rebours, non pas pour moraliser les hommes, mais pour les arracher à leurs repères éthiques »[4].


[1] Il s’agit d’un appel lancé  d’Heidelberg le 14 avril 1992 par plus de 3000 personnalités scientifiques ou du monde de la culture de plus de 100 pays. 72 prix Nobel  l’ont signé. Il avait été lancé par Michel Salomon, rédacteur en chef de la revue scientifique « Projections ». Les signataires s’inquiétaient de ce qui se préparait pour le « sommet de la Terre » qui devait se tenir deux mois plus tard en juin 1992 à Rio.
Que dit le texte d’Heidelberg ? Il propose d’apporter sa contribution à la préservation de la Terre, mais s’inquiète toutefois « de la naissance d’une idéologie irrationnelle qui s’oppose au progrès scientifique … Nous prévenons … les autorités en charge de la destinée de notre planète contre les décisions soutenues par des arguments pseudo-scientifiques ou des données fausses et non-pertinentes »

[2] Lire l’ouvrage de Joseph STIGLITZ « Pour un commerce mondial plus juste » (Collection « le livre de poche », traduit d’un original publié en anglais en 2005). Lire la synthèse dans « les contrevérités de l’écologisme » de Stanislas de LARMINAT (pp. 116 et suiv.)

[3] "Halte à la croissance ?" (Ecologie - Fayard – 2nd T 1972) - (Figure 31)

[4] Allocution du Cardinal Vingt-Trois le 1.11.2009 à ND de Paris en présence des prêtres africains pour leur faire le bilan de la 2nde Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des évêques.