Sur un total de 1,3 milliard d'actifs agricoles, près d'un milliard d'entre eux travaillent encore manuellement la terre. 600 millions de ces agriculteurs n'ont accès à aucune sorte d'intrants (engrais ou produits de protection des plantes), ni aux variétés sélectionnées. En Afrique, seulement 4 à 5% des agriculteurs utilisent les semences améliorées de la révolution verte.
Pendant ce temps là, les ONG écologistes du Nord entretiennent la peur. N’y a-t-il pas là une forme d’esthétisme de luxe -l'expression est de Mgr Vingt-Trois- à mettre le principe de précaution à toutes les sauces ?
Les opinions publiques sont inquiètes, comme elles le sont face à la question nucléaire, surtout parce qu’elles ne comprennent pas bien de quoi il s’agit. Qu’est ce que les OGM ? Sont-ils dangereux ? Est-ce une technique utile ? Que dire en matière d’éthique ?
Commentaire: "les2ailes.com"
Sommaire:
A- Les OGM et autres formes de sélection.
1- Les transferts naturels de matériaux génomiques, sans intervention humaine.
1.1- Les mutations génétiques naturelles.
1.2- La reproduction végétale sexuée, non dirigée par l’homme.
a) Les transferts d’éléments de génome nucléaire,
b) Le génome « mitochondriale ».
c) Les redéploiements de matériaux tissulaires.
2- L’amélioration des plantes par l’homme: une pratique séculaire.
2.1- L’amélioration des matériaux tissulaires.
2.2- La capacité mutagène.
a) La mutagénèse aléatoire.
b) La mutagénèse dirigée.
2.3- Les interventions sur le génome nucléaire.
a) La sélection classique.
b) La transgénèse et les OGM...
B- L’utilisation des OGM dans le monde.
1- Les surfaces cultivées en OGM...
2- Les producteurs d’OGM : pas de monopole !
3- Les agriculteurs ont le droit de reproduire et multiplier les semences OGM...
C- Les problématiques liées aux OGM...
1 - La problématique réglementaire.
2- OGM : Principe de précaution ou pesée des bénéfices et des risques.
a) Les risques sanitaires ?
b) Le risque antibiotique ?
c) Les risques d’intoxication ?
d) Les risques d’allergie ?
e) Les fausses allégations.
f) Les risques sur l’environnement - Pourquoi les faucheurs ?
D- Les nouvelles applications concrètes.
1- De l’utilité des OGM...
2- ... Mais, l’éthique de l’utilité est-elle une bonne morale ?
a) L’utilité est un principe d’action indispensable mais n’est pas un principe premier
b) Le principe de dignité de l’homme est premier
c) La technique n’est ni bonne ni mauvaise.
d) Quelles questions éthiques autour des OGM?
E- Conclusion : une situation schizophrénique.
A- Les OGM et autres formes de sélection
Depuis que la vie est apparue sur terre, les matériaux génomiques n’ont cessé de ce déployer, partant de vagues tronçons d’ADN inertes, pour se complexifier progressivement en virus ou bactéries jusqu’à l’ensemble du règne végétal et animal.
Ce déploiement s’est réalisé grâce au brassage d’une multiplicité de patrimoines génétiques qui se sont croisés, ou se sont adaptés à l’environnement[1].
Avec son apparition, l’homme est intervenu dans ces processus en pesant de toute son intelligence, observant les réalités naturelles, les exploitant à son profit, par exemple avec une sélection séculaire des semences. Sa maîtrise technologique a pris le relais. Il s’appuie maintenant sur sa maîtrise technique en matière de biogénétique et d’OGM.
Toute mise en perspective nécessite de prendre du recul. Il n’est pas inutile de se demander ce qui fait la différence entre le « naturel » et « l’artificiel », ce qui relève de l’intervention directe ou indirecte sur le génome.↑
1- Les transferts naturels de matériaux génomiques, sans intervention humaine
En se redéployant, les matériaux génomiques sont, dans la nature, à l’origine de la grande diversité de la vie. Deux grands mécanismes sont intervenus : la reproduction sexuée et les mutations.
1.1- Les mutations génétiques naturelles
Dans l’histoire de la vie, elles résultent de l’action accidentelle d’un agent mutagène qui peut être de nature chimique, lumineuse (ultraviolets) ou radiative (cosmique ou autre).
Cette potentialité mutagène du patrimoine génétique sera utilisée par l’homme.↑
1.2- La reproduction végétale sexuée, non dirigée par l’homme
a) Les transferts d’éléments de génome nucléaire,
Les éléments transférés sont de nature chromosomique (environ 30.000 gènes chez l’homme). La multiplication sexuée des espèces brassent ces matériaux au hasard des pollinisations de plantes.
Il est toutefois intéressant d’observer certaines particularités présentes dans la nature sur lesquelles l’homme saura s’appuyer pour en tirer un bénéfice :
- les fécondations entre fleurs unisexuées.
Elles ont été particulièrement bien étudiées chez certaines primevères. Certaines fleurs sont stériles et nécessitent des fécondations croisées. Les disséminations de pollen sont donc très fréquentes et favorisent la biodiversité.↑
- les fécondations mâles-stériles.
Il s’agit de plantes qui sont naturellement incapables de se reproduire par autopollinisation du fait d’une stérilité des éléments mâles des fleurs. Ces individus (betterave, carotte, fenouil, maïs, oignon, etc.) ne peuvent assurer leur descendance s'ils vivent seuls. S'ils vivent au sein d'une population et s'ils n'appartiennent pas à une espèce strictement autogame, ils peuvent être fécondés par des individus normaux (mâles fertiles) et assurer ainsi leur descendance.
On verra que la « stérilité mâle » est utilisée par les sélectionneurs pour produire des variétés hybrides chez des espèces cultivées.↑
- Les fécondations intra-spécifiques (entre individus de sous-espèces différentes), interspécifiques (espèces différentes) ou inter-génériques (genres différents).
Elles donnent naissance à des individus hybrides. Dans la nature, le mulet et la mule sont les hybrides de l’âne et de la jument : le bardot est celui d’une ânesse et d’un cheval. Chez les plantes, l’hybridation naturelle est fréquente chez les orchidées[2]. Ce sont ces observations qui seront ultérieurement utilisées en sélection[3].↑
b) Le génome « mitochondriale »
Il existe dans la cellule, en dehors du noyau, des sortes d’usines cellulaires d’acides aminés qu’on appelle les mitochondries. Ces organites fonctionnent avec des échanges de message entre l’ADN mitochondrial et l’ADN contenu dans les chromosomes (chez l’homme, 37 gènes dont 13 codent la production d’acides aminés).
Toujours chez l’homme, cette hérédité mitochondriale ne se transmet que par la femme, dans la mesure où l’essentiel des organites masculins sont contenus dans le flagelle du spermatozoïde, lequel ne pénètre pas dans l’ovule féminin au moment de la fécondation[4].
On verra que l’homme peut intervenir par génie génétique sur le patrimoine mitochondrial des végétaux.↑
c) Les redéploiements de matériaux tissulaires
On parle alors de multiplication végétative, comme avec le marcottage naturel, multiplication par les tiges sous-terraines (rhizomes et autres tubercules), les rejets, etc...↑
2- L’amélioration des plantes par l’homme: une pratique séculaire.
2.1- L’amélioration des matériaux tissulaires
L’homme, de tout temps, est intervenu pour utiliser les propriétés naturelles des végétaux, en pratiquant des greffes ou des bouturages. Ces techniques sont très anciennes : on sait que certaines tribus asiatiques, en émigrant, emportaient des boutures de pieds de vigne plus de 5.000 ans av. JC[5].
On verra que se développent actuellement des méthodes d’agro-inoculation de matériaux de greffons génétiquement modifiés sur des portes greffes.↑
2.2- La capacité mutagène
Observant le rôle des agents mutagènes dans la nature, l’homme est intervenu historiquement de deux manières :
a) La mutagénèse aléatoire.
Il s’agit de provoquer, de manière indéterminée à l’avance, des mutations en soumettant les végétaux à de multiples agents mutagènes et d’en observer ensuite les effets. Si les plantes en résultant intéresse l’homme, il test leur capacité à fixer ces caractéristiques dans la descendance pour les mettre sur le marché.↑
b) La mutagénèse dirigée.
Elle consiste à induire une ou plusieurs mutations dans un génome, de façon précise et volontaire. On a pu ainsi, par exemple, développer des résistances à des herbicides en culture du Canola ou du lin[6].
Réglementairement, ces plantes ne sont pas considérées comme des OGM.↑
2.3- Les interventions sur le génome nucléaire
L’homme est intervenu pour améliorer les plantes, d’abord par la sélection classique à partir de la reproduction sexuée des plantes. La bio-ingénierie a ensuite permis à l’homme de le faire en utilisant des techniques de Transgénèse (OGM).
a) La sélection classique
- L’autoproduction de semences
Depuis l’époque où l’homme est passé de la cueillette à l’agriculture, il s’est employé, au moment de la récolte, à mettre de côté des lots de semences qui lui paraissaient plus performantes pour les semer l’année suivante.
Ce rêve de tout agriculteur de maîtriser lui-même ses semences a vite trouvé ses limites.
En effet les lignées de semences issues de la sélection par auto-reproduction ne peuvent bénéficier de la vigueur d’un hybride due au mécanisme appelé d’hétérosis [7].
Même dans un jardin potager, chacun sait qu’on peut récolter soi-même ses semences, mais qu’au bout de très peu d’années, ces graines perdent beaucoup de leurs performances et les jardiniers doivent renouveler leurs lignées en en achetant de nouvelles. Les agriculteurs le savent encore mieux. On peut se demander s’il n’y a pas un peu d’idéologie dans la revendication d’une certaine agriculture biologique à vouloir se libérer de la tutelle de semenciers. On parle de « semences fermières » ou de « semences paysannes ». S’il est un domaine où l’autonomie conduit à des régressions de performance, c’est bien celui du patrimoine génétique. On pourrait comparer cela aux mariages consanguins qui ont conduit à de véritables catastrophes des civilisations entières, ou, à échelle plus réduite, des familles rurales se mariant dans leur village entre cousins.
Les agriculteurs, pour cette raison, ont rapidement préféré investir chaque année dans l’achat de semences sélectionnées plutôt que de se recroqueviller sur l’autoproduction de semences.↑
C’est un mode de sélection classique après avoir repéré des performances intéressantes, par exemple celle du rendement et celle du gout d’un fruit.
Cette sélection est très « pragmatique ». Elle ne nécessite pas de connaitre les mécanismes génétiques d’expression des dites performances. Le sélectionneur croise les deux lignées intéressantes, espérant que le hasard du croisement des génomes (50% des caractéristiques d’origine mâle et 50 % d’origine femelle) lui sera favorable. Il lui faut attendre la récolte suivante pour le constater. En cas d’insuccès, il faut renouveler l’opération l’année suivante. Parmi les aléas, il existe toujours le risque que, dans le lot des gènes transférés par la reproduction sexuée (50% en provenance de chacune des souches parentales), des gènes inhibiteurs soient venu perturber le résultat escompté.
Il faut ensuite vérifier que les nouvelles performances se fixeront dans la nouvelle descendance. Il faut enfin, pour mettre les nouvelles semences sur le marché, organiser la production chez des « agriculteurs multiplicateurs ».
On comprend que la sélection classique est le fruit d’un processus lent et aléatoire.↑
Afin de bénéficier de l’effet d’hétérosis, les sélectionneurs se sont progressivement attachés à mener un important travail de sélection préalable de lignées pures dans des populations différentes. Pour bénéficier d'un effet d'hétérosis maximum, il faut que ces lignées soient très différentes (en croisant des pools génétiques différents, et des origines géographiques autrefois isolés), en outre il faut pouvoir y introduire les caractères recherchés, donc disposer de ce que les généticiens appellent un « réservoir de variabilité ». Les hybrides contribuent à l'uniformisation des cultures. Un champ cultivé avec un hybride contient moins de diversité génétique qu'un champ cultivé avec une variété-population. Cependant cette perte de diversité au niveau du champ d'un agriculteur est plus ou moins compensée au niveau de l'ensemble des champs d'une région par la culture d' hybrides différents, d'obtenteurs différents.
La sélection de semences hybrides, comme la sélection classique, nécessite des délais importants. Toutefois, des techniques de sélection inverse permettrait de produire plus facilement et en moins de temps des variétés hybrides [8].
On comprend que les semences hybrides perdraient toutes leur performance si elles étaient auto-reproduites par les agriculteurs eux-mêmes.
Par ailleurs, un moyen pour faciliter l'obtention d'hybrides provenant du croisement de deux lignées pures est d'utiliser des variétés mâles-stériles, ce qui empêche l'autopollinisation.
Il est donc faux de dire que les sélectionneurs ont développé des semences hybrides, souvent stériles, pour empêcher les agriculteurs de reproduire eux-mêmes leurs semences fermières. Chaque agriculteur est légalement libre de s’approvisionner où il le souhaite.
Il faut croire que leur intérêt est bien compris puisque près de 100% des surfaces de maïs sont cultivées à partir de semences hybrides, même pour les producteurs de maïs dits « bio ».
Les semences hybrides ne sont pas des OGM puisque leur génome n’a pas fait l’objet d’une transgénèse.↑
b) La transgénèse et les OGM
Contrairement à la reproduction sexuée qui joue sur le transfert de 50% du patrimoine à chaque génération, la transgénèse est une technique de bio-ingénierie consistant à cibler un ou plusieurs gènes et à les introduire dans le génome d’une plante. Les semences en résultant sont qualifiées d’Organismes génétiquement modifiés (OGM). Les gènes introduits sont constitués de plusieurs entités : son promoteur, ses introns et son terminateur de transcription[9].
Les technologies mises en œuvre ont évolué considérablement en quelques décennies. Ce sont les technologies qui permettent d’en faire une typologie.↑
- L’origine des gènes introduits.
- On qualifie la transgénèse de cisgénèse si les trois entités constituantes du gène proviennent d’organismes étroitement apparentés et de la même sous-espèce. C’est ce qui est pratiqué pour créer des plants de pomme de terre résistants au mildiou
- On qualifie la transgénèse de intragénèse si certaines entités constituantes du gène sont recombinées à partir d’autres sous-espèces, malgré tout sexuellement compatibles.
- On qualifie enfin a transgénèse de transgénérique si les gènes introduits proviennent d’organismes de genre différent que celui de la plante hôte. On parle, par exemple de transfert, dans des plantes, du promoteur d’un gène de production de la luciférase du vers luisant pour la production agricole de Luciferase et de luciferine. Ces molécules sont utilisées pour la recherche, l'industrie ou la médecine et sont maintenant utilisées en routine dans les laboratoires. Elles permettent notamment une alternative à l'utilisation de traceurs radioactifs toujours très délicats à manipuler. La production d’origine agricole pourrait se révéler moins couteuse que par extraction d’insectes broyés.
On a ainsi pu trouver, chez l'homme, le gène qui lui permet de fabriquer de l'insuline, le transférer dans une bactérie et produire ainsi de l’insuline humaine pour soigner les diabétiques.↑
Les gènes peuvent être transférés
- soit directement, avec des canons à particule, de l’électroporation, de l’électrophorèse, par inhibition ou biologistique
- soit indirectement avec des vecteurs introduits sur lesquels on a fixé préalablement les gènes. On utilise des bactéries, des virus (retro-virus) ou des plasmides (éléments de boucles d’ADN).↑
- Les empilages successifs de transgénèse
Il s’agit par exemple de :
- croisements classiques d’OGM ayant des intérêts différents
- transgénèse appliquée à un produit déjà génétiquement modifié.↑
- La localisation des gènes introduits
- la transgénèse aléatoire
Il s’agit des premières générations d’OGM. Le gène transféré était logé aléatoirement dans le génome de la plante
- la transgénèse localisée.
Le développement de la cartographie des génomes a permis d’améliorer l’efficacité des OGM en localisant le transfert à des emplacements précis par ce qu’on appelle des « agro-infiltrations localisées ».↑
- La détermination des expression génétiques
Le fait de pouvoir localiser les gènes transférés a permis d’améliorer l’expression génétique de performances souhaitées. Certaines performances sont souvent conditionnées par la synergie de plusieurs gènes voisins, les uns permettant d’exprimer leur potentialité grâce à un autre. Réciproquement, on peut parvenir à l’inhibition d’un gène par un autre quand il s’agit d’un handicap dont on veut éteindre l’expression.
Ces techniques se développent grâce à la méthylation[10], les nucléases[11], ou les inhibitions par agent intercalant.
Certaines de ces techniques font l’objet de traitements réglementaires différents : Si le gène est intégré, c’est un OGM ; si c’est transitoire, c’est également un OGM, mais il n’est pas traçable donc impossible à contrôler réglementairement. Si sa descendance n’est pas modifiée, ce n’est pas un OGM.
Enfin, on peut maintenant faire des modifications de manière ciblée au point qu’il n’y a pas de « cicatrice moléculaire ». En un sens, cela permet de mettre sur le marché des OGM sans que personne ne sache que c’est un OGM. En revanche, c’est plus difficile à breveter.
Grâce à certains de ces nouveaux outils de génie génétique, cibler n’importe quel gène dans une cellule pour le modifier devient presque un jeu d’enfant. Éteindre ou allumer l’expression d’un gène, le modifier, le réparer, l’enlever; tout est aujourd’hui possible. Les chinois sont très performants sur certaines techniques (CRISPR) pour produire des blés résistant au mildiou.↑
- La production de gènes artificiels
Dans la nature, il y a seulement quatre nucléotides différents dans l’ADN, que l’on nomme l’Adénine (A), la Guanine (G), la Cytosine (C) et la Thymine ou l’Uracile (T ou U). Ces nucléotides, ou bases, forment des liaisons entre eux: A avec T et C avec G. Le code génétique, déchiffré au début des années 1960, est la règle qui permet de passer de l’alphabet de quatre lettres à un alphabet de 20 lettres, les acides aminés. (Il faut une succession de trois nucléotides -un codon- pour produire un acide aminé. À partir des quatre nucléotides, il y a donc 64 permutations possibles, soit 4x4x4, mais plusieurs de ces combinaisons codent pour le même acide aminé. Au total, seulement 20 acides aminés sont produits).
En résumé, un gène est formé de deux longues chaînes en spirale, dans lesquelles ces quatre molécules sont assemblées selon un code binaire. Les protéines, quant à elles, sont constituées d’une longue chaîne d’acides aminés, qui est toujours une combinaison des 20 acides aminés de base. Que l’on parle d’un humain ou d’une humble bactérie, ces règles étaient considérées comme immuables jusqu’à ce qu’on travaille à élaborer de nouveaux Nucléides artificiels. [12]
Sommes-nous à l’aube d’un monde nouveau où des créatures issus de ce génie génétique vont partager leur vie avec la nôtre? Ces travaux sont tellement originaux qu’ils échappent aux systèmes d’autorisations et de contrôle en vigueur dans la plupart des pays. Cela relève-t-il d’une transgression des lois de la nature ? Nous y reviendrons en parlant d’éthique.↑
On peut donc dire que la recherche se développe de manière exponentielle. Nous allons vers des caractères multi-géniques.↑
B- L’utilisation des OGM dans le monde
1- Les surfaces cultivées en OGM
181,5 millions d'hectares de cultures dans le monde en 2014 étaient des OGM. L'année précédente, ce chiffre atteignait les 175,5 millions d'hectares, soit une hausse de + 3,6 %.[13]
L'Union européenne contribue de manière très marginale à ce record, avec moins de 0,1 % de ses surfaces agricoles utiles.
Près de 84 % des surfaces plantées d'OGM dans le monde sont concentrées dans quatre pays :
- Les États-Unis (73,1 millions d'hectares, +4 %)
- Le Brésil (42,2 millions d'hectares, +5%)
- L'Argentine (24,3 millions d'hectares)
- Le Canada (11,6 millions d'hectares).
En Asie, deux pays présentent une forte croissance :
- L’Inde atteint une surface « GM » similaire à celle du Canada,
- Le Bangladesh, qui s'est lancé dans ces productions en 2014, est le vingt-huitième pays dans ce cas.↑
2- Les producteurs d’OGM : pas de monopole !
La société Monsanto est devenue un véritable bouc émissaire au motif que la production d’OGM serait entre les mains du monopole de Monsanto.
Certes, les budgets de recherche pour mettre des OGM sur le marché sont considérables. Seules de grandes entreprises peuvent donc prétendre à être des acteurs sur ce marché.
On ne peut toutefois parler de monopole. Les principaux producteurs sont les suivants :
- Monsanto (USA)
- Syngenta résultant de la fusion d’Astra-Zneca et Novartis (Chine depuis avril 2016)
- Bayer Cropsciences (Allemagne)
- Limagrain (Coopérative française)
- Pioneer-Dupont de Nemours (USA)
- Dow Chemical (USA)
Certes, pour l’instant, Monsanto détient une part de marché de 90% des OGM vendus dans le monde. Mais désormais ses concurrents sont à la fois agrochimistes et semenciers. Toute la stratégie de Monsanto ne repose que sur un seul produit. C’est une situation très risquée.↑
3- Les agriculteurs ont le droit de reproduire et multiplier les semences OGM
Les semences de Plantes Génétiquement Modifiées (PGM) ne sont pas stériles et il est donc pratiquement possible de les ressemer.
Contrairement à ce qui se dit volontiers, un agriculteur a parfaitement le droit, à des fins d’exploitation agricole, d’utiliser le produit de sa récolte pour la reproduction ou la multiplication d’OGM par lui-même sur sa propre exploitation.
« En Europe, les variétés végétales ne sont pas brevetables. Le seul moyen de les protéger est le certificat d’obtention végétale, le COV. Le droit conféré par le COV comporte deux exceptions particulières définies par le règlement européen (CE) n°2100/94 découlant de la Convention de l’UPOV :
- La première est la possibilité pour l’agriculteur, sous certaines conditions et pour certaines espèces, d’utiliser des semences de variétés protégées produites sur sa propre exploitation. Cette exception est connue sous le nom de « privilège de l’agriculteur » ou encore sous celui de « semences de ferme ». En France, un accord interprofessionnel, confirmé par le Gouvernement, établit le montant de la redevance à payer par les agriculteurs pour l’utilisation de semences de ferme de céréales à paille à 0,7 € par tonne produite. Les agriculteurs produisant moins de 92 tonnes en sont exonérés. L’accord prévoit aussi une redevance pour les semences d’oléagineux.
- La seconde est la possibilité pour tout sélectionneur d’utiliser une variété protégée dans son programme de recherche afin de développer d’autres variétés. Cette exception est connue sous le nom de « privilège du sélectionneur ». Les nouvelles variétés ainsi créées sont libres de droits, sauf si elles conservent les caractères essentiels de la variété protégée initiale. Dans ce cas, elles sont appelées « essentiellement dérivées » et elles sont légalement dépendantes de la variété initiale. Leur exploitation nécessite une licence de l’obtenteur de la variété initiale. ...
En conclusion, l’étendue de la protection d’une PGM est quasiment identique à celle d’une variété conventionnelle avec, en particulier, les exceptions des « privilèges de l’agriculteur et de l’obtenteur »[14].↑
C- Les problématiques liées aux OGM
Un agriculteur aurait le droit de reproduire des OGM. Reste à savoir s’il est autorisé à en acheter et à les cultiver. Aucune plante OGM transgénique n'est actuellement autorisée à la culture en France. En revanche, il existe des OGM mutagéniques qui sont cultivées en France. Les plus connues sont le tournesol Expressun de Pioneer, qui tolère l’herbicide tribénuron-méthyl, ou encore le colza et le tournesol Clearfield de BASF, qui tolèrent les herbicides imidazolinones commercialisés sous le nom Pulsar® 40[15].
Toutes ces mesures d’ordre réglementaire résultent de craintes sanitaires, utilitaires et, en définitive éthiques.↑
1 - La problématique réglementaire
On a vu que les dernières générations d’OGM peuvent être complexes :
- La définition d’un OGM
On pourrait dire qu’un organisme transgénique est toujours un OGM, mais qu’un OGM n’est pas toujours un organisme transgénique. Mais réglementairement, c’est encore plus complexe dans la mesure où, par exemple, les produits résultants d’une mutagénèse dirigée, ou d’agro-inoculation ou d’agro-infiltration[16] de tissus d’origine transgénique sur des porte-greffes ne sont pas considérés règlementairement comme des OGM. Lorsque l’inoculation est effectuée au niveau de la fleur et des cellules germinales qu’elle contiennent, on parle de « floral dip ».
Paradoxalement, et bien qu’il s’agisse de reproduction sexuée et non transgénique, certains produits issus de la « sélection inverse » sont des OGM (Floral dip) ou non (agro-inoculation) selon les cas.
- La question du contrôle
Comment vérifier qu’une plante est transgénique ? Par preuves moléculaires, par preuves phénotypiques, et par analyse de la descendance des transgènes.
Mais, certains produits issus de la transgénèse sont qualifiés d’OGM, mais le contrôle est impossible dans la mesure où l’insertion localisée de certains gènes ne présentent aucune cicatrice et donnent des produits dont le contrôle ne permet pas de déterminer s’il est issu d’une intervention en laboratoire où d’une sélection classique. Par exemple les produits issus de la technique de la « La « Null Segregant » (intraduisible) ne sont pas des OGM, et, en tout état de cause, ne sont pas traçables
- La barrière des espèces
Le critère de franchissement de barrières d'espèces est devenu artificiel; il y a, en effet, quantité d'applications envisageables en transgénèse en utilisant des gènes de la plante même, ou d'une plante avec laquelle elle pourrait être croisée naturellement. (Exemple ; les peupliers appauvris en lignine). Ces solutions mettent en jeux des phénomènes de contrôles de l'expression de gènes. Certains voudraient utiliser cet argument pour éviter à ces plantes le processus d'homologation imposé aux autres OGM. Il est amusant de voir un argument classique des anti-OGM ( transgression de la "barrière des espèces" ) retourné contre eux.
Il y a donc urgence à revoir les questions réglementaires qui ne sont plus du tout adaptées aux développements techniques actuels.↑
2- OGM : Principe de précaution ou pesée des bénéfices et des risques
a) Les risques sanitaires ?
Tous les fruits et légumes que nous consommons contiennent des gènes. Le gène, en lui-même, est détruit lors de la digestion. « Le fait de consommer des organismes crus ou cuits, dont le génome a été modifié par transgénèse n’induit pas de risque, pour un être humain, de voir son génome ou celui de ses descendants incorporer le transgène, pas plus que le fait de manger une pomme ou un steak tartare n’induit l’incorporation dans le génome du consommateur d’un gène de pommier ou de bœuf. Les effets éventuels sur la santé sont donc à rechercher essentiellement sur l’effet des protéines codées par le transgène dans la PGM.
Il faut se référer au document « évaluation de la sécurité sanitaire des OGM » de Gérard Pascal, expert auprès de la commission de Bruxelles et de l’OMS. Les conclusions sont les suivantes : « Aucune publication dont le protocole et/ou les résultats sont reconnus par la communauté scientifique, n’a pu apporter la preuve d’un risque avéré des PGM objets d’un dépôt de dossier de demande d’autorisation de culture ou de mise sur le marché. Les évaluations réalisées permettent de conclure que ces PGM ne posent pas plus de problèmes sanitaires que les aliments courants auxquels on peut les comparer ». Les instances d’évaluation d’un grand nombre de pays, aussi différents que la NZ, l’UE, le Japon, le Canada, les USA, pour n’en citer que quelques-uns, vont toutes dans le même sens.»[17]↑
b) Le risque antibiotique ?
« Au début des PGM, des gènes de résistance aux antibiotiques ont été utilisés pour sélectionner les plantes transformées. Quelques rares variétés cultivées proviennent encore de cette technologie. Cette utilisation de la résistance aux antibiotiques a soulevé de nombreuses questions, en particulier sur le développement possible de microbes résistants par transfert d’ADN de PGM à des bactéries. Les instances d’évaluation ont étudié cette question de façon approfondie et ont conclu à l’absence de risque avéré pour deux raisons principales :
- de nombreuses bactéries du sol ou de la flore intestinale possèdent déjà des gènes de résistance aux antibiotiques utilisés ;
- la transmission d’un gène d’une PGM à une bactérie n’a jamais été observée en culture, même si quelques exemples de transmission ont été observés en laboratoire sous conditions favorables extrêmement contrôlées.
La commission du Génie biomoléculaire en France, la Royal Society au Royaume Uni, ainsi que les comités scientifiques européens pour l’alimentation humaine et pour l’alimentation animale, ainsi que de nombreuses sociétés savantes en ont conclu que cette technologie (usage d’antibiotiques) ne présentait pas de risque » [18].↑
c) Les risques d’intoxication ?
« Le soja étant la plante PGM la plus cultivée, la majeure partie des PGM produite est utilisée en alimentation animale. Les principaux produits directement en alimentation humaine sont le maïs, en particulier en tant qu’aliment de base en Afrique du Sud et aux Philippines, sous forme de corn flakes, très consommés aux USA, et le maïs doux. Parmi les produits dérivés, on peut noter, entre autres, la lécithine de soja, les huiles de colza, soja et coton, la fécule et les sirops de glucose de maïs. Des légumes ou des fruits transgéniques comme la courgette et la papaye sont également consommés. Aucun cas d’intoxication avéré, lié à la consommation directe de ces PGM, n’a été signalé au cours de ces quinze dernières années.
Une étude épidémiologique a été effectuée sur un cas suspect. Ce cas est connu sous le nom de StarLinkTM. Il s’agit d’un maïs transformé pour résister à un insecte pour résister à un inscete par introduction d’un gène codant, la protéine Cry9c qui avait été autorisé pour l’alimentation animale, mais accidentellement utilisé en alimentation humaine. Dès que l’information a été connus, plusieurs personnes se sont plaintes de maladies liées à l’ingestion d’aliments qui auraient pu être à la base de ce maïs. La FDA américaine a aussitôt diligenté une lourde étude épidémiologique effectuée par le centre de contrôle des maladies (CDC) dont les conclusions ont montré que le sérum des personnes ayant déclaré des symptômes ne contenait pas d’anticorps correspondant à la protéine incriminée et que le maïs StarLinkTM n’était donc pas en cause.
Une autre approche est relative à l’alimentation animale. Un très grand nombre d’élevages de poulets, de porcs et de bovins dans différents pays du monde, utilisent des aliments à base de PGM durant toute la vie de l’animal. Non seulement il n’a pas été constaté d’accidents sanitaires sur les animaux ni de problèmes particuliers sur leur descendance, mais certains éleveurs demandent des maïs transgéniques car ils ont constaté un meilleur état de leur élevage avec ces produits.
Cela est vraisemblablement dû à des avantages sanitaires procurés par des maïs modifiés pour résister à la pyrale ou à la sésamie qui ont des taux de fumonisine, une mycotoxine cancérigène, nettement plus faibles que les variétés identiques non modifiées. De très nombreux résultats identiques ont été publiées à ce sujet, en particulier aux USA. Des résultats identiques ont été obtenus en France, ais les expérimentations n’ont pas pu être poursuivies du fait de l’interdiction rapide de la culture »[19]..↑
d) Les risques d’allergie ?
Les opposants aux OGM mettent souvent en avant les risques d’allergie alimentaire. L’opinion publique s’en émeut voyant dans ce vocable quelque chose de très aléatoire. Or ce qui est aléatoire, c’est le fait que tel ou tel individu soit allergique ou non. En revanche, les causes d’allergie sont de moins en moins aléatoires. L’allergologie a fait des progrès considérables.
Lors des enquêtes réalisées auprès de la population, jusqu’à 20% des personnes se disent allergiques à des aliments. En y regardant de plus près, les allergologues savent que 2 à 8% seulement souffrent d’une allergie alimentaire, car, ne pas tolérer un aliment, ne signifie pas qu’on y est allergique. Certaines allergies alimentaires sont associées à des allergies au pollen de fleurs. Une distinction est à faire entre les vraies allergies alimentaires et les réactions d’intolérance alimentaire non définies qui sont des « pseudo-allergies ». On sait maintenant que la plupart des déclencheurs appelés allergènes, sont le lactose, l’histamine (contenue dans le vin rouge, les fromages et la tomate), le gluten, ou des protéines végétales ou animales provenant du céleri, des pommes, des noisettes, du soja, des noix, de l’œuf de poule, de la banane, ou de poissons et crustacés ... Les allergènes provoquent des surproduction d’anti-corps (Source : Prs. Pichler, Helbling et Ballmer du « centre d’allergie suisse »).
Le très officiel site gouvernemental canadien est formel : « Aucune donnée ne permet d’affirmer que les OGM sont la cause d’une augmentation des allergies alimentaires »[20].↑
e) Les fausses allégations
Afin de développer une variété de pommes de terre résistante à des insectes, des chercheurs ont eu l’idée d’y transférer un gène codant pour une lectine, protéine importante dans de nombreuses défenses naturelles des plantes. La lectine du perce-neige fut choisie, sur les conseils d’Arpad Pusztal. En avril 1998, Pusztal annonçait à la télévision anglaise que, d’après ses résultats, la pomme de terre transgénique, non commercialisée, causait une inflation intestinale chez le rat, ajoutant que l’effet toxique n’était pas seulement dû à la lectine, mais, en plus, au procédé de génie génétique lui-même, sans fournir de détails sur son expérimentation. Il en profita pour décrire les dangers du génie génétique, indiquant qu’il était « très très, très injuste d’utiliser les citoyens comme cobayes ». (Il ne faut pas oublier que cette pomme de terre n’avait pas été commercialisée). La Royal Society fit une évaluation des résultats non publiés et conclut que de nombreux aspects du protocole, de l’exécution et de l’analyse des résultats étaient imparfaits et qu’aucune conclusion ne pouvait en être tirée (13). Cependant, l’annonce avait déjà fait se lever une tempête de controverses allant jusqu’à un appel de la British Medical Association demandant d’interdire tous les aliments transgéniques jusqu’à ce qu’ils aient été prouvés sains.↑
Le 20 septembre 2013, Le Nouvel Observateur en page de couverture titre « Oui, les OGM sont des poisons », faisant référence à un article du 19 septembre de la revue Food and Chemical Toxicology de G.E. Séralini et al. indiquant qu’un essai sur deux ans montrait qu’un maïs NK 603 résistant au glyphosate et que le glyphosate lui-même induisaient des tumeurs. Le même article annonçait un livre du même auteur, « Tous cobayes », à paraître le 26 septembre. Cette approche médiatique a beaucoup de similarité avec l’action d’A. Putszai.
En effet, l’annonce est faite avant que la communauté scientifique ait pu analyser les résultats d’essais et le titre du journal ne parlait pas de l’effet éventuel d’un OGM particulier mais titrait « Les OGM sont des poisons », laissant entendre qu’il s’agissait de tous les OGM. Cette information, fortement médiatisée, a fait réagir de nombreux politiques et organisations. Cependant, dès le 28 novembre l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) rejetait définitivement les conclusions de l’étude en indiquant qu’elles n’étaient pas étayées par les données, que des lacunes importantes étaient constatées dans sa conception et sa méthodologie, impliquant que les normes scientifiques acceptables n’avaient pas été respectées. L’Efsa ajoutait qu’un large consensus existait sur cette question au niveau européen. Le Comité scientifique du Haut comité des biotechnologies, en ligne avec de très nombreux scientifiques mondiaux, concluait également : « le dispositif expérimental, les outils statistiques utilisés et les interprétations données par les auteurs de l’étude, souffrent de lacunes et faiblesses méthodologiques rédhibitoires, qui ne permettent pas de soutenir les conclusions avancées ». La publication a finalement été retirée par la revue fin 2013 » [21].↑
f) Les risques sur l’environnement - Pourquoi les faucheurs ?
Le seul moyen de peser les risques sur l’environnement, après analyse d’abord théorique, puis en laboratoire, consiste à aller jusqu’aux essais de plein champ.
- La question de la dissémination des gènes dans l’environnement.
Le mythe de la biodiversité est mis en avant. Notre environnement est conçu comme un écomusée qu’il faudrait entourer d’un cordon sanitaire contre l’homme.
Or la dissémination des patrimoines génétiques existe dans la nature. Pourquoi la dissémination d’un transgène serait-elle plus dangereuse que la dissémination au hasard de la reproduction sexuée de centaines de milliers de gènes ? Il y a dans la nature une puissance de brassage considérable. Tout mérite analyse, mais force est de constater qu’il y a quelques années, un essai de plein champ n’a pas empêché, malgré les précautions prises, une dissémination dans des parcelles voisines. Une équipe de chercheur est venu quelques années plus tard pour faire le point. Il leur a été impossible de retrouver la moindre trace des transgènes dispersés.
Dès lors, après une pesée suffisante des bénéfices et des risques, pourquoi des faucheurs, au nom de principes devenus quasi religieux, en arrivent-ils à faire des actes qui ne sont pas loin d’être qualifiable de terrorisme, au sens où les laboratoires ont peur d’investir dans ces essais.
Comment un pays comme le nôtre en arrive-t-il à défiler dans la rue après un acte de terrorisme contre un journal satirique. On parle de liberté d’expression d’un artiste qui considère qu’il a le droit d’observer et d’exprimer des réalités par le biais de caricatures. Il fait fi des dégâts collatéraux qui peuvent en résulter dans la conscience des personnes qui peuvent se sentir atteinte dans leur dignité. Pourquoi ce même pays tolère-t-il dans le silence des actes qui bâillonnent, en toute impunité, le droit de chercheurs à observer des réalités en plein champ, au non de supposés dégâts collatéraux dans l’environnement proche ? La nature aurait-elle plus de droits à la dignité que les personnes humaines ?En tout état de cause, « la création de plantes de culture ne peut pas devenir envahissante, car les PGM actuellement développées n’ont pas la capacité à devenir invasives car elles ne possèdent pas les caractéristiques requises.↑
- Le problème des repousses d’OGM dans les cultures suivantes
Le risque le plus probable est aujourd’hui la difficulté de désherbage en cas de repousse de colza ou de betteraves résistantes à un herbicide. il s’agit plus d’un problème de bonnes pratiques agricoles que d’un problème d’environnement.
Les flux de pollen, inévitables, varient en fonction des espèces. Pourraient-ils favoriser par transfert de gènes le développement de plantes apparentées aux espèces génétiquement modifiées ayant des avantages compétitifs par rapport aux types sauvages ? Parmi les PGM cultivées actuellement, le risque existe pour les betteraves, et, dans une moindre mesure » pour le colza. Cependant les gènes transférés apportaient une résistance à des stress biotiques ou abiotiques comme, par exemple, la tolérance à la sécheresse ou à la salinité des sols et confirme la nécessité de faire des analyses de risque au cas par cas. Cependant ce risque n’est pas lié à la transgénèse car, que ces caractères proviennent de PGM ou de variétés dites conventionnelles, le risque serait le même. Faut-il alors, pour ces raisons, arrêter le développement de variétés traditionnelles présentant des tolérances à la sècheresse ou à la salinité des sols, caractéristiques importantes pour l’avenir de l’alimentation de l’humanité ? »[22]..↑
D- Les nouvelles applications concrètes
1- De l’utilité des OGM...
- Applications pour l’alimentation du bétail
- Maïs avec moins de lignine pour faciliter la digestion par les animaux
- Applications pour les biens industriels
- Les billets de banque fait avec des cotons transgéniques
- Applications favorables à l’environnement
- Plantes se nourrissant de phosphites moins polluants que les phosphates
- Applications pour la santé humaine
On peut en citer de nombreuses :
- Riz doré riche en vitamine A destinés à 400 millions de personnes déficiente en vitamine A
- Production de cortisone à partir de fermentation de levures génétiquement améliorées
- SIDA : la tritérapie se base sur l’artésunate, l’artémether et l’arteether
On peut entrer dans le détail d’applications pour lutter contre le paludisme
Le paludisme fait 220 millions de malades. La maladie était soignée par la Quinine, puis par la chlorosquine, mais les moustiques sont devenus résistants.
La molécule efficace est aujourd’hui l’artémisinine qui est extraite d’une plante, l’armoise, très sensible à la température élevée. La production d’armoise est donc insuffisante
Aujourd’hui, on produit l’artémisinine par fermentation d’une levure génétiquement améliorée. Cette technique mise au point en 2006 permet à la société Sanofi de produire en 2014 en Italie entre 50 à 60 MT.
Inconvénients de la production d'artémisinine par OGM:
- la perte de revenu pour les producteurs d’armoise
- dépendance du Sud vis à vis des brevets du Nord (soutien financier de Bill Gate)
- Risque de dissémination des levures, mais on peut bloquer les fermenteurs
Avantages de la production d'artémisinine par OGM:
- On peut créer de nouvelles molécules en cas de mutation des moustiques
- Libération des surfaces d’armoise au profit de productions alimentaires.↑
- Les applications agricoles
- Pommes résistantes à la tavelure (par cisgénèse)
- Pomme de terre résistantes au mildiou (par cisgénèse)
- Pomme de terre « 40% less bruise » c’est à dire limitée en meurtrissures (par intragénèse).↑
2... Mais, l’éthique de l’utilité est-elle une bonne morale ?
A juste titre, on dira que ce n’est pas parce qu’une pratique est utile qu’elle est éthique.
a) L’utilité est un principe d’action indispensable mais n’est pas un principe premier
Certains justifient les OGM par leur utilité, et évoquent la nécessité de nourrir les 9 milliards d’habitants sur terre en 2050. En fait, le critère des bénéfices attendus ne suffit pas.
En effet, l’utilité n’est pas un critère moral. Ce n’est pas parce qu’une technique est utile qu’elle est licite. Certes, l’utilité doit guider nos pratiques, mais pas au point d’en faire un principe d’action. C’est toute la différence entre la pratique et le principe.
Ainsi, ce n’est pas parce que la recherche sur l’embryon serait utile (ce qui n’est pas le cas), qu’elle en deviendrait pour autant licite.↑
b) Le principe de dignité de l’homme est premier
L’utilité doit donc être passée au crible du service qu’elle apporte au service de l’humanité. L’utilité doit être subordonnée aux principes et valeurs d’ordre moral qui respectent et réalisent la dignité de l’homme dans toute sa plénitude. Le principe d’utilité doit se soumettre au principe de dignité.↑
c) La technique n’est ni bonne ni mauvaise.
Dès lors qu’on a bien posé la logique d’utilité, on peut accepter de dire que la technique n’est ni bonne ni mauvaise : elle est ce que l’homme en fera. La science et la technologie sont des merveilleux produits de la créativité humaine ; elles nous ont apporté d’extraordinaires possibilités et nous en avons tous bénéficié d’un cœur reconnaissant.
d) Quelles questions éthiques autour des OGM
Puisque les OGM ne posent pas de problème de santé, et que les bénéfices sont plus importants que les risques sur l'environnement, vers quoi faut-il tourner notre réflexion en matière d'éthique?
L'encyclique Laudato si nous y aide: "la raison demande de prêter attention à ce que la science biologique elle-même, [soit] développée de manière indépendante par rapport aux intérêts économiques" (LS § 132). C'est donc vers les questions relative au pouvoir économique qu'il faut se poser des questions.
On pense trop vite au monopole conduisant les agriculteurs à ne pas pouvoir auto-produire leur propres semences paysannes. Mais on a vu qu'il s'agissait d'un faux problème technique et que, en tout état de cause, les "privilèges de l’agriculteur et de l’obtenteur" existent.
Citons quelques questions autrement plus graves:
- Le producteur pharmaceutique SANOFI et PATH (programme de développement de médicaments financé par la Fondation Bill et Melinda Gates) ont signé en 2013 un partenariat de production de à grande échelle d’artémisinine semi-synthétique contre le paludisme. Cette production s'appuie sur une fermentation à base d'Organismes Génétiquement Modifiés. Comment s'assurer que ces produits ne seront pas détournés à d'autres fins? En effet, "la fondation Gates a été régulièrement accusée de tromper sur la finalité des campagnes de vaccination qu’elle finance... Des suspicions pesaient sur certaines campagnes de vaccinations qui seraient utilisées à des fins détournées telle que la régulation des naissances" (Source IHS News).
- Est-il condamnable pour un entrepreneur de breveter le fruit de sa recherche, d’en faire un objet de propriété privée ? Le "compendium de la doctrine sociale de l'Église" répond qu'il faut regarder les diverses formes de possession privée des biens « comme un prolongement de la liberté humaine ». En effet, dit le Compendium, en stimulant l’exercice de la responsabilité, la propriété privée est un élément essentiel d’une politique économique authentiquement sociale et démocratique et la garantie d’un ordre social juste. [...Le principe de la destination universelle des biens] ne s’oppose pas au droit de propriété, mais indique la nécessité de le réglementer. En effet, la propriété privée, quelles que soient les formes concrètes des régimes et des normes juridiques relatives à celle-ci, n’est par essence qu’un instrument pour le respect du principe de la destination universelle des biens et, par conséquent, en dernier ressort, non pas une fin mais un moyen.
Se pose alors la question de l’utilisation des brevets : car si, la propriété privée d’un brevet est légitime, « la destination universelle des biens comporte, pour leur usage, des obligations de la part de leurs propriétaires légitimes ». Quand un brevet arrive à échéance, on peut tout de même réfléchir à la manière, pour un industriel, « de ne pas laisser improductifs les biens possédés, mais de les destiner à l’activité productive, notamment en les confiant à ceux qui ont le désir et les capacités de les faire fructifier ». Ce nous semble être la vraie question du pouvoir économique détenu par les producteurs d'OGM. Comment tous ces textes peuvent-ils nous inspirer quand il s'agit des transferts de technologie vers les pays les plus pauvres? Eux aussi ont droit au progrès.
E- Conclusion : une situation schizophrénique
Nous terminerons en citant le rapport parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques du 27 janvier 2005.
« La position d'une société telle que Danone sur les OGM est révélatrice du blocage actuel : quel que soit le sujet abordé, lorsqu'une question met en jeu les relations avec les consommateurs et les liens existant entre la science et la consommation, si un doute subsiste dans le domaine scientifique, réglementaire ou pour le consommateur, le groupe s'abstient d'utiliser le produit discuté, alors même qu'aucun indice ne permet de soutenir que ces produits ont une incidence sur la santé du consommateur ! Cette position a été qualifiée de schizophrénique, les scientifiques du groupe étant convaincus que les produits issus de la transgénèse peuvent dans certains cas être meilleurs pour la santé et le développement durable que les produits classiques, mais les agences de notation boursière imposant leur propre vision du développement qui est un développement sans OGM.
... La technologie OGM fait l'objet de polémiques dans les pays développés, puisque le problème majeur de l'agriculture européenne et américaine est la surproduction. Tous les « censeurs des villes » oublient que des maladies dévastent les récoltes et que, dans bien des pays pauvres, les paysans n'ont accès à aucun produit de traitement. Dans les pays du Sud, la production en quantité suffisante de produits agricoles n'est pas un problème théorique ; il est réel. On ne peut pas abruptement affirmer que ces techniques ne sont pas adaptées et que l'amélioration des rendements passe exclusivement par des programmes de formation et de vulgarisation agricole. C'est en partie vrai, mais des semences de plantes traditionnelles résistant à la sécheresse ou à des sols salins devraient, par exemple, permettre d'améliorer la production alimentaire. La technique de la transgénèse ne doit pas se substituer à l'amélioration des pratiques culturales des pays pauvres, mais peut contribuer à l'amélioration de semences mieux adaptées.
...Sur un total de 1,3 milliard d'actifs agricoles, près d'un milliard d'entre eux travaillent encore manuellement la terre. 600 millions de ces agriculteurs n'ont accès à aucune sorte d'intrants (engrais ou produits de protection des plantes), ni aux variétés sélectionnées. En Afrique, seulement 4 à 5% des agriculteurs utilisent les semences améliorées de la révolution verte »[23].↑
[1] Le darwinisme qui a pu imaginer nombre de ces mécanismes mais ne peut tout expliquer au point que Marcel-Paul Scützenberger a pu dire que la croissance de la complexité au cours de l’évolution dépasse de loin ce que peut faire un algorithme génétique de type darwinien. (Source : Jean Staune « Notre existence a-t-elle un sens ? » -Presses de la renaissance- 2007, p. 313) .
Marc Godinot, Paléontologue du Muséum national d’histoire naturel, a pu dire qu’il y a « des facteurs internes qui orientent la façon dont se sont produits les changements évolutifs... facteurs qui permettent de comprendre pourquoi l’évolution a reproduit un certain nombre de fois des phénomènes semblables » (Source : Jean Staune , ibid, p.305)
[2] Il faudra attendre le 18èsiècle pour que les premiers hybrides naturels soient décrits. C'est seulement en 1726 que le botaniste Sébastien Vaillant identifie les hybrides naturels Orchis purpurea x Orchis militaris. Mais ils seront reconnus comme de vraies espèces et non pas comme hybrides bien qu'on leur reconnaissaient des similitudes avec leurs parents. Il faudra attendre Les travaux d'Edouard Timbal-Lagrave permettront enfin dès la fin du 19è siècle la reconnaissance des hybrides naturels ches les orchidées
[3] L’hybridation est une technique utilisée par l’homme depuis des décennies : c’est en 1856 que James Dominy créé la première fleur hybride artificielle, la Calanthe dominii .
[4] Lors de son audition, Axel Kahn, généticien, président de l'université Paris 5 René Descartes, a observé « que les enfants nés au moyen de l’ICSI semblaient rencontrer davantage de problèmes de santé que les autres, contrairement à ceux nés au moyen d'une FIV classique ». (Sénat- Cession ordinaire de 2007-2008 - Annexe au procès-verbal de la séance du 25 juin 2008). Les travaux d’une équipe du CNRS dirigée par Pierre Roubertoux, a montré que, dans la technique de PMA consistant à injecter un spermatozoïde dans l’ovule (ICSI), on met l’ADN du spermatozoïde en contact avec l’ADN mitochondrial de l’ovule ; quand ce processus a lieu naturellement, l’ovule choisit son spermatozoïde et l’élimine spontanément s’il y a incompatibilité.
Pierre Roubertoux parle d’une prudence nécessaire, et de la nécessité d’approfondir les recherches sur les mécanismes d’interaction entre l’ADN mitochondrial et l’ADN nucléaire. Une étude de New England journal of Medicine de mars 2002 annonce d’ailleurs un doublement des malformations congénitales (2,4% pour la FIV contre 1,2% pour les grossesses spontanées) et fait de la FIV associée à l’ICSI une technique à risques, même si on ne peut évaluer la part de responsabilité de l’ICSI dans ces résultats liés à la FIV.
Le 20 septembre 2013, Le Nouvel Observateur en page de couverture titre « Oui, les OGM sont des poisons », faisant référence à un article du 19 septembre de la revue Food and Chemical Toxicology de G.E. Séralini et al. indiquant qu’un essai sur deux ans montrait qu’un maïs NK 603 résistant au glyphosate et que le glyphosate lui-même induisaient des tumeurs. Le même article annonçait un livre du même auteur, « Tous cobayes », à paraître le 26 septembre. Cette approche médiatique a beaucoup de similarité avec l’action d’A. Putszai.
En effet, l’annonce est faite avant que la communauté scientifique ait pu analyser les résultats d’essais et le titre du journal ne parlait pas de l’effet éventuel d’un OGM particulier mais titrait « Les OGM sont des poisons », laissant entendre qu’il s’agissait de tous les OGM. Cette information, fortement médiatisée, a fait réagir de nombreux politiques et organisations. Cependant, dès le 28 novembre l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) rejetait définitivement les conclusions de l’étude en indiquant qu’elles n’étaient pas étayées par les données, que des lacunes importantes étaient constatées dans sa conception et sa méthodologie, impliquant que les normes scientifiques acceptables n’avaient pas été respectées. L’Efsa ajoutait qu’un large consensus existait sur cette question au niveau européen. Le Comité scientifique du Haut comité des biotechnologies, en ligne avec de très nombreux scientifiques mondiaux, concluait également : « le dispositif expérimental, les outils statistiques utilisés et les interprétations données par les auteurs de l’étude, souffrent de lacunes et faiblesses méthodologiques rédhibitoires, qui ne permettent pas de soutenir les conclusions avancées ». La publication a finalement été retirée par la revue fin 2013 » [21].↑
f) Les risques sur l’environnement - Pourquoi les faucheurs ?
Le seul moyen de peser les risques sur l’environnement, après analyse d’abord théorique, puis en laboratoire, consiste à aller jusqu’aux essais de plein champ.
- La question de la dissémination des gènes dans l’environnement.
Le mythe de la biodiversité est mis en avant. Notre environnement est conçu comme un écomusée qu’il faudrait entourer d’un cordon sanitaire contre l’homme.
Or la dissémination des patrimoines génétiques existe dans la nature. Pourquoi la dissémination d’un transgène serait-elle plus dangereuse que la dissémination au hasard de la reproduction sexuée de centaines de milliers de gènes ? Il y a dans la nature une puissance de brassage considérable. Tout mérite analyse, mais force est de constater qu’il y a quelques années, un essai de plein champ n’a pas empêché, malgré les précautions prises, une dissémination dans des parcelles voisines. Une équipe de chercheur est venu quelques années plus tard pour faire le point. Il leur a été impossible de retrouver la moindre trace des transgènes dispersés.
Dès lors, après une pesée suffisante des bénéfices et des risques, pourquoi des faucheurs, au nom de principes devenus quasi religieux, en arrivent-ils à faire des actes qui ne sont pas loin d’être qualifiable de terrorisme, au sens où les laboratoires ont peur d’investir dans ces essais.
Comment un pays comme le nôtre en arrive-t-il à défiler dans la rue après un acte de terrorisme contre un journal satirique. On parle de liberté d’expression d’un artiste qui considère qu’il a le droit d’observer et d’exprimer des réalités par le biais de caricatures. Il fait fi des dégâts collatéraux qui peuvent en résulter dans la conscience des personnes qui peuvent se sentir atteinte dans leur dignité. Pourquoi ce même pays tolère-t-il dans le silence des actes qui bâillonnent, en toute impunité, le droit de chercheurs à observer des réalités en plein champ, au non de supposés dégâts collatéraux dans l’environnement proche ? La nature aurait-elle plus de droits à la dignité que les personnes humaines ?En tout état de cause, « la création de plantes de culture ne peut pas devenir envahissante, car les PGM actuellement développées n’ont pas la capacité à devenir invasives car elles ne possèdent pas les caractéristiques requises.↑
- Le problème des repousses d’OGM dans les cultures suivantes
Le risque le plus probable est aujourd’hui la difficulté de désherbage en cas de repousse de colza ou de betteraves résistantes à un herbicide. il s’agit plus d’un problème de bonnes pratiques agricoles que d’un problème d’environnement.
Les flux de pollen, inévitables, varient en fonction des espèces. Pourraient-ils favoriser par transfert de gènes le développement de plantes apparentées aux espèces génétiquement modifiées ayant des avantages compétitifs par rapport aux types sauvages ? Parmi les PGM cultivées actuellement, le risque existe pour les betteraves, et, dans une moindre mesure » pour le colza. Cependant les gènes transférés apportaient une résistance à des stress biotiques ou abiotiques comme, par exemple, la tolérance à la sécheresse ou à la salinité des sols et confirme la nécessité de faire des analyses de risque au cas par cas. Cependant ce risque n’est pas lié à la transgénèse car, que ces caractères proviennent de PGM ou de variétés dites conventionnelles, le risque serait le même. Faut-il alors, pour ces raisons, arrêter le développement de variétés traditionnelles présentant des tolérances à la sècheresse ou à la salinité des sols, caractéristiques importantes pour l’avenir de l’alimentation de l’humanité ? »[22]..↑
D- Les nouvelles applications concrètes
1- De l’utilité des OGM...
- Applications pour l’alimentation du bétail
- Maïs avec moins de lignine pour faciliter la digestion par les animaux
- Applications pour les biens industriels
- Les billets de banque fait avec des cotons transgéniques
- Applications favorables à l’environnement
- Plantes se nourrissant de phosphites moins polluants que les phosphates
- Applications pour la santé humaine
On peut en citer de nombreuses :
- Riz doré riche en vitamine A destinés à 400 millions de personnes déficiente en vitamine A
- Production de cortisone à partir de fermentation de levures génétiquement améliorées
- SIDA : la tritérapie se base sur l’artésunate, l’artémether et l’arteether
On peut entrer dans le détail d’applications pour lutter contre le paludisme
Le paludisme fait 220 millions de malades. La maladie était soignée par la Quinine, puis par la chlorosquine, mais les moustiques sont devenus résistants.
La molécule efficace est aujourd’hui l’artémisinine qui est extraite d’une plante, l’armoise, très sensible à la température élevée. La production d’armoise est donc insuffisante
Aujourd’hui, on produit l’artémisinine par fermentation d’une levure génétiquement améliorée. Cette technique mise au point en 2006 permet à la société Sanofi de produire en 2014 en Italie entre 50 à 60 MT.
Inconvénients de la production d'artémisinine par OGM:
- la perte de revenu pour les producteurs d’armoise
- dépendance du Sud vis à vis des brevets du Nord (soutien financier de Bill Gate)
- Risque de dissémination des levures, mais on peut bloquer les fermenteurs
Avantages de la production d'artémisinine par OGM:
- On peut créer de nouvelles molécules en cas de mutation des moustiques
- Libération des surfaces d’armoise au profit de productions alimentaires.↑
- Les applications agricoles
- Pommes résistantes à la tavelure (par cisgénèse)
- Pomme de terre résistantes au mildiou (par cisgénèse)
- Pomme de terre « 40% less bruise » c’est à dire limitée en meurtrissures (par intragénèse).↑
2... Mais, l’éthique de l’utilité est-elle une bonne morale ?
A juste titre, on dira que ce n’est pas parce qu’une pratique est utile qu’elle est éthique.
a) L’utilité est un principe d’action indispensable mais n’est pas un principe premier
Certains justifient les OGM par leur utilité, et évoquent la nécessité de nourrir les 9 milliards d’habitants sur terre en 2050. En fait, le critère des bénéfices attendus ne suffit pas.
En effet, l’utilité n’est pas un critère moral. Ce n’est pas parce qu’une technique est utile qu’elle est licite. Certes, l’utilité doit guider nos pratiques, mais pas au point d’en faire un principe d’action. C’est toute la différence entre la pratique et le principe.
Ainsi, ce n’est pas parce que la recherche sur l’embryon serait utile (ce qui n’est pas le cas), qu’elle en deviendrait pour autant licite.↑
b) Le principe de dignité de l’homme est premier
L’utilité doit donc être passée au crible du service qu’elle apporte au service de l’humanité. L’utilité doit être subordonnée aux principes et valeurs d’ordre moral qui respectent et réalisent la dignité de l’homme dans toute sa plénitude. Le principe d’utilité doit se soumettre au principe de dignité.↑
c) La technique n’est ni bonne ni mauvaise.
Dès lors qu’on a bien posé la logique d’utilité, on peut accepter de dire que la technique n’est ni bonne ni mauvaise : elle est ce que l’homme en fera. La science et la technologie sont des merveilleux produits de la créativité humaine ; elles nous ont apporté d’extraordinaires possibilités et nous en avons tous bénéficié d’un cœur reconnaissant.
d) Quelles questions éthiques autour des OGM
Puisque les OGM ne posent pas de problème de santé, et que les bénéfices sont plus importants que les risques sur l'environnement, vers quoi faut-il tourner notre réflexion en matière d'éthique?
L'encyclique Laudato si nous y aide: "la raison demande de prêter attention à ce que la science biologique elle-même, [soit] développée de manière indépendante par rapport aux intérêts économiques" (LS § 132). C'est donc vers les questions relative au pouvoir économique qu'il faut se poser des questions.
On pense trop vite au monopole conduisant les agriculteurs à ne pas pouvoir auto-produire leur propres semences paysannes. Mais on a vu qu'il s'agissait d'un faux problème technique et que, en tout état de cause, les "privilèges de l’agriculteur et de l’obtenteur" existent.
Citons quelques questions autrement plus graves:
- Le producteur pharmaceutique SANOFI et PATH (programme de développement de médicaments financé par la Fondation Bill et Melinda Gates) ont signé en 2013 un partenariat de production de à grande échelle d’artémisinine semi-synthétique contre le paludisme. Cette production s'appuie sur une fermentation à base d'Organismes Génétiquement Modifiés. Comment s'assurer que ces produits ne seront pas détournés à d'autres fins? En effet, "la fondation Gates a été régulièrement accusée de tromper sur la finalité des campagnes de vaccination qu’elle finance... Des suspicions pesaient sur certaines campagnes de vaccinations qui seraient utilisées à des fins détournées telle que la régulation des naissances" (Source IHS News).
- Est-il condamnable pour un entrepreneur de breveter le fruit de sa recherche, d’en faire un objet de propriété privée ? Le "compendium de la doctrine sociale de l'Église" répond qu'il faut regarder les diverses formes de possession privée des biens « comme un prolongement de la liberté humaine ». En effet, dit le Compendium, en stimulant l’exercice de la responsabilité, la propriété privée est un élément essentiel d’une politique économique authentiquement sociale et démocratique et la garantie d’un ordre social juste. [...Le principe de la destination universelle des biens] ne s’oppose pas au droit de propriété, mais indique la nécessité de le réglementer. En effet, la propriété privée, quelles que soient les formes concrètes des régimes et des normes juridiques relatives à celle-ci, n’est par essence qu’un instrument pour le respect du principe de la destination universelle des biens et, par conséquent, en dernier ressort, non pas une fin mais un moyen.
Se pose alors la question de l’utilisation des brevets : car si, la propriété privée d’un brevet est légitime, « la destination universelle des biens comporte, pour leur usage, des obligations de la part de leurs propriétaires légitimes ». Quand un brevet arrive à échéance, on peut tout de même réfléchir à la manière, pour un industriel, « de ne pas laisser improductifs les biens possédés, mais de les destiner à l’activité productive, notamment en les confiant à ceux qui ont le désir et les capacités de les faire fructifier ». Ce nous semble être la vraie question du pouvoir économique détenu par les producteurs d'OGM. Comment tous ces textes peuvent-ils nous inspirer quand il s'agit des transferts de technologie vers les pays les plus pauvres? Eux aussi ont droit au progrès.
E- Conclusion : une situation schizophrénique
Nous terminerons en citant le rapport parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques du 27 janvier 2005.
« La position d'une société telle que Danone sur les OGM est révélatrice du blocage actuel : quel que soit le sujet abordé, lorsqu'une question met en jeu les relations avec les consommateurs et les liens existant entre la science et la consommation, si un doute subsiste dans le domaine scientifique, réglementaire ou pour le consommateur, le groupe s'abstient d'utiliser le produit discuté, alors même qu'aucun indice ne permet de soutenir que ces produits ont une incidence sur la santé du consommateur ! Cette position a été qualifiée de schizophrénique, les scientifiques du groupe étant convaincus que les produits issus de la transgénèse peuvent dans certains cas être meilleurs pour la santé et le développement durable que les produits classiques, mais les agences de notation boursière imposant leur propre vision du développement qui est un développement sans OGM.
... La technologie OGM fait l'objet de polémiques dans les pays développés, puisque le problème majeur de l'agriculture européenne et américaine est la surproduction. Tous les « censeurs des villes » oublient que des maladies dévastent les récoltes et que, dans bien des pays pauvres, les paysans n'ont accès à aucun produit de traitement. Dans les pays du Sud, la production en quantité suffisante de produits agricoles n'est pas un problème théorique ; il est réel. On ne peut pas abruptement affirmer que ces techniques ne sont pas adaptées et que l'amélioration des rendements passe exclusivement par des programmes de formation et de vulgarisation agricole. C'est en partie vrai, mais des semences de plantes traditionnelles résistant à la sécheresse ou à des sols salins devraient, par exemple, permettre d'améliorer la production alimentaire. La technique de la transgénèse ne doit pas se substituer à l'amélioration des pratiques culturales des pays pauvres, mais peut contribuer à l'amélioration de semences mieux adaptées.
...Sur un total de 1,3 milliard d'actifs agricoles, près d'un milliard d'entre eux travaillent encore manuellement la terre. 600 millions de ces agriculteurs n'ont accès à aucune sorte d'intrants (engrais ou produits de protection des plantes), ni aux variétés sélectionnées. En Afrique, seulement 4 à 5% des agriculteurs utilisent les semences améliorées de la révolution verte »[23].↑
[1] Le darwinisme qui a pu imaginer nombre de ces mécanismes mais ne peut tout expliquer au point que Marcel-Paul Scützenberger a pu dire que la croissance de la complexité au cours de l’évolution dépasse de loin ce que peut faire un algorithme génétique de type darwinien. (Source : Jean Staune « Notre existence a-t-elle un sens ? » -Presses de la renaissance- 2007, p. 313) .
Marc Godinot, Paléontologue du Muséum national d’histoire naturel, a pu dire qu’il y a « des facteurs internes qui orientent la façon dont se sont produits les changements évolutifs... facteurs qui permettent de comprendre pourquoi l’évolution a reproduit un certain nombre de fois des phénomènes semblables » (Source : Jean Staune , ibid, p.305)
[2] Il faudra attendre le 18èsiècle pour que les premiers hybrides naturels soient décrits. C'est seulement en 1726 que le botaniste Sébastien Vaillant identifie les hybrides naturels Orchis purpurea x Orchis militaris. Mais ils seront reconnus comme de vraies espèces et non pas comme hybrides bien qu'on leur reconnaissaient des similitudes avec leurs parents. Il faudra attendre Les travaux d'Edouard Timbal-Lagrave permettront enfin dès la fin du 19è siècle la reconnaissance des hybrides naturels ches les orchidées
[3] L’hybridation est une technique utilisée par l’homme depuis des décennies : c’est en 1856 que James Dominy créé la première fleur hybride artificielle, la Calanthe dominii .
[4] Lors de son audition, Axel Kahn, généticien, président de l'université Paris 5 René Descartes, a observé « que les enfants nés au moyen de l’ICSI semblaient rencontrer davantage de problèmes de santé que les autres, contrairement à ceux nés au moyen d'une FIV classique ». (Sénat- Cession ordinaire de 2007-2008 - Annexe au procès-verbal de la séance du 25 juin 2008). Les travaux d’une équipe du CNRS dirigée par Pierre Roubertoux, a montré que, dans la technique de PMA consistant à injecter un spermatozoïde dans l’ovule (ICSI), on met l’ADN du spermatozoïde en contact avec l’ADN mitochondrial de l’ovule ; quand ce processus a lieu naturellement, l’ovule choisit son spermatozoïde et l’élimine spontanément s’il y a incompatibilité.
Pierre Roubertoux parle d’une prudence nécessaire, et de la nécessité d’approfondir les recherches sur les mécanismes d’interaction entre l’ADN mitochondrial et l’ADN nucléaire. Une étude de New England journal of Medicine de mars 2002 annonce d’ailleurs un doublement des malformations congénitales (2,4% pour la FIV contre 1,2% pour les grossesses spontanées) et fait de la FIV associée à l’ICSI une technique à risques, même si on ne peut évaluer la part de responsabilité de l’ICSI dans ces résultats liés à la FIV.