Le fameux Rigi

Eh oui, le motif de cette étape impromptue est le suivant :

« Notre bagage était réellement trop fort pour être porté par un homme. c’est l’expérience et l’habitude qui nous ont fait entrevoir qu’il y avait un moyen de simplifier beaucoup notre paquet et de le réduire à la charge d’un suisse.
C’est ce que nous venions de faire en renvoyant à Berne où nous repasserons, le surplus de nos effets.

Le motif principal de tout ceci est de simplifier notre marche et de nous rendre indépendants. Depuis Berne, nous avions la même voiture à 14 francs par jour, mais sans retour et devant nous.
C’était une excellente petite calèche à un cheval, dont pourtant nous étions pressés de nous défaire parce que, même avec elle, nous allions par goût ou pour des excursions obligées, beaucoup à pied et qu’à présent surtout, nous n’avons pas besoin d’une voiture tout le jour. Nous nous sommes donc séparés de notre suisse qui était un fort brave homme. »

A Lucerne, ils descendent à l’hôtel des Balances. Les archives familiales conservent encore le dépliant publicitaire de cet hôtel disant que « cet hôtel, récemment agrandi et reconstruit à neuf, offre des appartements bien meublés avec vue magnifique et pittoresque sur le lac des quatre cantons, la chaine des Alpes, le Mont Pilate et le Mont Rhighi. On y trouve les journaux anglais, français et allemands. »

Lucerne: vue de l’hôtel des Balances

Le Rigi, vu de Lucerne

Les voilà donc près à partir le lendemain pour ce fameux Rigi !

Voilà la description détaillée de cette étape tant attendue : « Nous montons en voiture et nous faisons conduire au pied du Rigi. En chemin de la montagne, la pluie et un orage nous prennent (nous avons du guignon). Nous arrivons à l’auberge du petit Rigi, au dessus de Notre-Dame des Neiges, à 7 h. du soir. Ce pauvre Antoine qui avait égaré la clé de sa culotte depuis trois jours, n’avait plus de jambes. Il était éreinté. Le soleil qui paraissait un peu allait se coucher. Tout cela nous a engagé à coucher à cette auberge, ...

L'auberge du petit Rigi

On ne voit pas à dix par de soi ; on ne voit que du blanc ; il semble qu’on soit enfermé dans un bonnet de coton. Nous sommes gens à précaution et nous avons apporté de quoi mettre notre correspondance au courant. Tu conçois maintenant pourquoi je t’écris de si haut ; je ne me suis jamais trouvé si près de mon créateur.

Je suis content de moi. Je vais comme un lapin. Je monte bien les montagnes, beaucoup mieux que je ne les descends, du moins c’est là ce qui me fatigue le plus. Je t’ai tracé rapidement notre marche, mais je ne t’ai pas dis que nous sommes toujours dans le même enchantement du pays que nous parcourons. Que de la beauté ! Quelle variété !.. C’est vraiment délicieux, et l’on voudrait être toujours à pied.

Nous avons eu de belles poussées de chaleur pendant 5 ou 6 jours, aussi sommes nous déjà passablement tannés. Nous sommes gens, Antoine et moi, à ne pas descendre encore demain de notre perchoir. Si le soleil de demain matin ne nous donne pas satisfaction. Il est dur de venir de si loin et avec tant de peine pour manquer son but … »

Après le Rigi, le calendrier a été le suivant :

  • 4 août : retour par le Lac de Zug
  • 5 au 7 août : 2 jours de repos à Luzern

Repos nécessaire car, après ce premier mois en Suisse, il est prévu un séjour en l’Italie.

Lac de Zug

Lac de Zug


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Miguel de Larminat nous informe qu'il a achevé son livre sur la vie de son Grand-Père Jacques de Larminat, un pionnier de la Patagonie.