L'information est reprise en boucle par tous les médias abonnés à l'Agence France Presse: 7 millions de décès prématurés seraient liés à la pollution de l'air chaque année. Quel chance de pouvoir justifier la circulation par alternance dans Paris! HuffPost a bien compris l'impact de cet amalgame en illustrant cette information d'une tour Eiffel noyée dans la brume atmosphérique récente.
Comment croire à un message qui voudrait que la pollution soit à l'origine de un décès sur huit! Nous avions déjà fait état de nos doutes sur l'allégation selon laquelle les particules fines dans l'air serait à l'origine de 42.000 décès par an. Que dit l'étude de l'Organisation Mondiale de la Santé et sur quoi se fonde-t-elle?

Source: Communiqué OMS du 25 mars 2014

Commentaire "les2ailes.com"

Un problème principalement rencontré dans les pays pauvres

L'OMS précise d'emblée que "les pays à revenu faible ou intermédiaire des Régions OMS de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental sont ceux qui ont enregistré la charge la plus lourde liée à la pollution de l’air en 2012". Or, les medias en relayant cette étude savent que l'information tombe sur un terreau d'opinions publiques sensibles à l'écologie. Or, le préalable posé par l'OMS montre bien que le problème renvoie d'abord à la question du développement économique des pays les moins avancés.

Un problème de pollutions intérieures

Sur les 7 millions, 55 à 60 % des problèmes sont liés à la pollution intérieure.
La respiration d'atmosphères intérieures polluées du fait "de fumées et la suie que dégagent les fourneaux à bois ou à charbon mal ventilé". Le problème serait donc plutôt celui du développement économique qu'un problème écologique global. Les décès prématurés en 2012 se chiffrent à 4,3 millions dans les ménages cuisinant sur des réchauds à charbon, à bois ou à combustibles de la biomasse. Le problème n'est pas nouveau. En 1999, l'affaire de la "dioxine" présente dans les poulets élevés en Belgique, avait défrayée la chronique. Or aucune étude ne prouve formellement que la dioxine puisse provoquer des cancers à long terme chez l'homme à des doses infinitésimales.
En revanche, on avait compris, à cette époque, que le premier producteur de dioxine était la ménagère faisant bruler des graisses animales dans sa cuisine pour faire cuire son beefsteak.
L'OMS a donc raison de souligner le risque, même si les chiffres cités sont probablement surestimés du fait de la méthodologie retenue

Des mesures qui ne reposent pas sur des analyses épidémiologiques

Quelle est la méthode retenue par l'OMS pour faire ses chiffrages? "Les estimations de l’exposition à la pollution extérieure dans différentes parties du monde ont été élaborées au moyen d’une nouvelle cartographie mondiale des données comportant des données obtenues par satellite, des mesures de surveillance au sol et des données sur les émissions polluantes à partir de sources clés, ainsi que sur une modélisation des déplacements de la pollution dans l’air".
On est, une fois de plus, en présence d'études résultant de l'application de modèles établis a priori et qui veulent prouver ce qu'elles cherches à démontrer. Or l'évaluation d'une relation de cause à effet quand on est face à des questions complexes et multifactorielles devraient passer par des études épidémiologiques.
Ainsi, quand l'étude dit que 6% des cas de ces 7 millions de morts, sont dus à des cancer de poumons, qu'est-il dit de l'addiction de ces personnes au tabac? Rien! La même question se pose pour les accidents vasculaires cérébraux ou les cardiopathies.

Des incertitudes sur la crédibilité des données.

- Le communiqué de presse de l'OMS, concernant les pollutions extérieures, se contente d'une affirmation: la pollution serait "souvent la conséquence des politiques non durables menées dans les secteurs comme le transport, l’énergie, la gestion des déchets et l’industrie". Rien n'est dit sur la nature de ces pollutions, particules fines, émissions de gaz nocifs, CO², ??? Si l'OMS disposait de données, nul doute qu'elle communiquerait le détail. Ce silence est suspect. Il est d'autant plus suspect que l'OMS se contente de proposer des solutions dogmatiques: " des stratégies plus saines seraient plus économiques à long terme en raison des économies en dépenses de santé, mais aussi des bénéfices pour le climat". On en revient toujours à cette idéologie de la cause humaine du réchauffement climatique!

- L'OMS réclame "la mise en place d’une plate-forme mondiale hébergée par l’OMS sur la qualité de l’air et la santé afin de produire de meilleures données sur les maladies liées à la pollution de l’air". On ne peut pas, à la fois affirmer des certitudes sur la mortalité due à la pollution de l'air et, en même temps, réclamer des budgets et moyens pour produire des données chiffrées.