Le Vatican propose désormais deux minibus électriques pour la visite de ses Jardins.
Par ce choix, le Vatican prétend privilégier le développement durable, grâce à l’émission zéro, «qui garantira le respect des lieux, de la faune et de la flore» ! Est-ce à dire que le Vatican reconnait le rôle des émissions de CO² sur le climat ?

Source : L’Osservatore Romano dans son édition italienne des 23-24 juillet 2012

Commentaire « les2ailes.com »

Le contexte de l’événement.

Les deux minibus électriques, de 14 places chacun, sont offerts au Vatican par l’entreprise LeasePlan Italia, spécialisée dans la location de véhicules. C’est donc un cadeau fait à l’Eglise, et il importe qu’elle gère « en bon père de famille ce qu’on lui offre.

Le propos  tenu par le cardinal Giuseppe Bertello, président du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican, n’est donc pas un discours destiné à un colloque scientifique de météorologue. Quand il dit que, par ce choix, le Vatican privilégie le développement durable, grâce à l’émission zéro, «qui garantira le respect des lieux, de la faune et de la flore», il se place en position de diplomate pour flatter le donateur. Alfonso Martinez Cordero, administrateur délégué de LeasePlan Italia, a d’ailleurs répondu  que son entreprise était  « flattée d’être au côté du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican dans ce projet ».

Un comportement classique en la matière

Ce n’est pas la première fois que l’urgence d’un propos peut, en effet, amener certains prélats à des approximations. Ils sont l’objet de pressions qui sont quelquefois couronnées de succès. Il n’est qu’à voir la manière dont les médias ont récupéré deux évènements pour en faire un symbole d’une soi-disant politique écologique du Vatican :

  • La pose de des panneaux photovoltaïque sur le toit de la salle Paul VI des audiences générales.

Lors de son inauguration, le 26 novembre 2008, le Cardinal Giovanni Lajolo, président du gouvernorat de l'Etat de la Cité du Vatican de l’époque, avait même cru pouvoir annoncer : « J'ai entendu dire que dans la prochaine encyclique qui devrait être une encyclique sociale, le pape abordera aussi le thème écologique, outre celui de la globalisation ».  En fait, on a vu, par la suite, que l’encyclique « caritas in veritate »  parlait pour l’essentiel d’ « écologie humaine ».

La note officielle du président du gouvernorat n’avait pas, pour autant, été rédigée sous l’effet de pressions. Son contenu avait, malgré tout, une connotation quelque peu « écologiquement correcte » puisque cette note disait : « L’état de la Cité du Vatican a manifesté son attention pour les problèmes de l’environnement qui touchent la planète… L’énergie produite permettra une réduction de la pollution »[1]. On imagine mal, en effet, que le Vatican ait eu un souci de réduction des émissions de CO², un an après le séminaire scientifique qu’il avait réuni et dont les conclusions étaient plus que prudentes.
Nous prenons donc le risque de classer ce type de propos dans la catégorie des discours de circonstance pour remercier, simplement, la société allemande SolarWorld AG d’avoir fait don au Vatican d’une installation dont il convenait d’inaugurer l’exploitation.

  • L’annonce de la création d’une « forêt climatique du Vatican » sur 7.000 ha. dans le parc national Bükk de Hongrie.

Le 13 juillet 2007, le cardinal Poupart, lui aussi, s’était laissé aller à un discours très « écologiquement correcte »:  il avait dit à propos de cette forêt que cela permettrait au Vatican de « créer en Europe une nouvelle forêt climatique … qui va initialement compenser toutes les émissions CO2 du Saint-Siège pour cette année…. De cette façon, le Vatican va jouer un petit rôle en contribuant à l’élimination des émissions polluantes de CO2 qui menacent la survie de la planète »[2].
Comment comprendre qu’il ait pu se laisser aller à un discours de peur en parlant de « menaces pour la survie de la planète », seulement 3 mois après le même séminaire et les conclusions qu’en avait tiré le Cardinal Renato Raffaele Martino, directeur du Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix ? En fait, le Vatican avait simplement, là encore,  « accepté avec reconnaissance l’offre de Planktos-KlimaFa[3] » qui permettait « grâce à cette donation, [qu’une] section entière d’un parc national d’Europe centrale [soit] reboisée ». C’était une belle opération de marketing pour Planktos-KlimaFa de promouvoir son image de leader mondial du reboisement et pour se présenter comme la plus verte des entreprises du secteur en annonçant ce mécénat lors de la quatrième édition annuelle de l'Expo international du carbone à Cologne, les 2 et 5 mai 2007.

Ces exemples, anecdotiques, cachent donc des opérations de mécénat de grandes multinationales qui cherchent, par là, à récupérer une soi-disant politique écologique du Vatican.


[1] http://www.catho.be/index.php?id=155&id_news=933&L=0

[2] http://www.cardinalrating.com/cardinal_80__article_5799.htm

[3] Entreprise américano-hongroise engagée dans la reforestation à grande échelle.