Un nouveau communiqué  prétend que la toxine produite par le maïs génétiquement modifié Mon 810, entre autres, pourrait affecter la viabilité des cellules humaines. Ces résultats seraient issus d’une recherche récente menée par l’université de Caen sous l’égide du professeur Séralini. Les auteurs de cette étude n’ont que le mot d’indépendance à la bouche. Mais comment définir « l’indépendance » ?

Source : - AGRA Presse Hebdo - 27 février 2012 - N° 3339 (page 45)
               Communiqué du CRIIGEN

Commentaire  "les2ailes.com"

Les prétendues études

Le communiqué  du CRIIGEN, publié le 17 février, est disponible sur le site du CRIIGEN. Il fait également mention d’une étude sur le fameux « RoundUp », selon laquelle « des doses extrêmement faibles de Roundup (formulations de glyphosate) peuvent endommager les cellules humaines, …[en particulier] les cellules testiculaires ».

Le communiqué précise les références de l’étude : « Clair et al. 2012 Tox in Vitro ».

Qu’en est-il de cette étude ?
L’étude s’intitule : « Cytotoxicité sur les cellules humaines de Cry1Ab etCry1Ac toxines Bt insecticide, seuls ou avec un herbicide à base de glyphosate ». Elle a été menée par  R. Mesnage, E. Clair, S. Gress, C. Then, A. Székács, G.E. Séralini.

Le résumé précise entre autres  : « …  Les effets secondaires potentiels de ces pesticides combinés sur des cellules humaines sont étudiés dans ce travail.  Nous avons testé ici, pour la première fois, les toxines Bt, Cry1Ab et Cry1Ac, (10 ppb à 100 ppm) sur la  ligne de rein embryonnaire humain 293, ainsi que leurs actions conjuguées avec  Roundup, dans les 24 heures, sur trois bio-marqueurs de la mort cellulaire… Dans ces résultats, nous soutenons que les toxines modifiés  Bt … peuvent présenter des effets secondaires combinés avec d'autres résidus de  pesticides  spécifiques aux plantes  génétiquement modifiées ».

On note plusieurs choses. D’abord que l’étude porte sur une « ligne de rein embryonnaire humain ». Il n’est pas dit si cette recherche a été effectuée dans un laboratoire français et si le protocole a eu l’autorisation préalable de l’Agence de BioMédecine, comme la loi française le rend obligatoire.

Par ailleurs, est-il besoin de mener une étude et de soumettre des cellules à des doses de toxines. Par définition, les toxines sont des « substances toxiques pour un ou plusieurs organismes vivants » [1]!  Quoi d’étonnant, donc, que ces substances soient toxiques sur des tissus cellulaires. Chacun sait que des « pesticides » sont toxiques, comme tous les produits pharmaceutiques d’ailleurs ! Ce qui importe, c’est de faire une analyse des bénéfices et des risques avant l’usage. Sinon, il faudrait militer pour faire interdire les produits pharmaceutiques.

Ce type d’étude devrait être fait sur des animaux vivants. En effet, « les toxines peuvent être détruites par les sucs gastro-intestinaux »[2].

Or il existe une expérimentation en vraie grandeur qui porte sur plus d’une centaine de millions de bovins et porcins[3] aux USA. On sait qu’une part importante de leur alimentation provient de maïs et de sojas OGM. On connait les mœurs juridiques américaines. Si la moindre trace de dégâts sanitaires se présentait sur les carcasses ouvertes dans les abattoirs, avec les contrôles vétérinaires permanents dont elles sont l’objet, les éleveurs, bouchers ou consommateurs ne manqueraient pas de porter plainte et  les avocats américains se précipiteraient pour faire un procès contre Monsanto. Rien de tel !

Certes, dira-t-on : « ce qui est bon pour une espèce peut être toxique pour une autre ». Ce ne serait pas parce que rien ne serait constaté dans les abattoirs que l’homme pourrait être à l’abri d’une toxicité. Peut-être, mais, dans ce cas, il faudrait supprimer tous les essais sur les animaux et se demander pourquoi le CRIIGEN, lui-même, s’est targué d’avoir fait des essais sur des rats pour prouver une soi-disant toxicité des OGM.

Le CRIIGEN: indépendant ?

Le CRIIGEN se qualifie d’indépendant avec son appellation : « Comité de Recherche et d'Information Indépendantes sur le génie Génétique ». En fait d’indépendance, il s’agit seulement d’une indépendance « vis-à-vis des producteurs d’OGM, ce qui ne signifie pas, malgré sa déclaration sur internet que ce soit un « comité apolitique et non-militant »

En effet, son conseil d’administration est composé de

  • Corinne Lepage, ancienne présidente du CRIIGEN jusqu’à ce qu’elle soit candidate à l’élection présidentielle.
  • Jean-Marie Pelt, cofondateur et secrétaire général du CRIIGEN
  • Michèle Rivasi, député européenne et membre d’Europe Ecologie, dont on dit qu’elle est amie de Corine Lepage, et qui a fondé ou présidé d’autres comités dits- « indépendants » traitants de toutes les grandes thématiques écologiques, comme :
    • CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité), … qui se dit également « être indépendante des exploitants du nucléaire, de l'État et de tous partis politiques » alors que la CRIIRAD a été crée par Michèle Rivasi
    • CRIIREM (Centre de Recherche et d'Information Indépendant sur les Rayonnements Électro Magnétiques non ionisants), dont la Vice Présidente est également Mme Rivasi !

On ne peut donc pas dire, malgré sa déclaration sur internet que le CRIIGEN soit un « comité apolitique et non-militant ». Tous ces organes sont d’ailleurs affiliés au « who’s who de l’écologie militante » !

Le directeur du CRIIGEN

Le Professeur Gilles-Eric Séralini  a reçu en février 2012  le prix du « Scientifique International de l’Année 2011 » ! Voilà un titre ronflant. De quoi s’agit-il ?

Tout simplement d’un « prix » qu’il suffit de s’acheter pour la modique somme de 370$ auprès de l’ « International biographical Center of Cambridge » (IBC), qui n’a rien à voir avec la très célèbre université de Cambridge !l IBC distribue ainsi près de 70 prix différents scientifiques, artistiques, littéraires, philosophiques ou commerciaux[4].

Faut-il en arriver là pour essayer de séduire les chercheurs de l’INRA ?

Le président du CRIIGEN n’a pas hésité à faire, sur France Culture, une offre de service à l’INRA. Il a déclaré le 24.2.2012 : « Je serais très heureux si l’INRA finançait le CRIIGEN pour faire des études sur l’impact sur la santé au long cours. Je suis preneur aujourd’hui du financement et on vous fait une étude sur deux ans sur des rats. Vous choisissez l’OGM et je suis tout à fait partant. »[5] !

Autrement dit, le CRIIGEN veut bien recevoir de l’argent de l’INRA, mais ne condamne jamais les faucheurs volontaires qui détruisent les champs d’essais du même INRA à Colmar en août 2010 !


 

[1] Source : wikipedia

[2] Source : wikipedia

[3] La production américaine concerne 98,5 millions de têtes de bovins, 62,2 millions de têtes de porcins

[4] Source : wikipedia

[5] Source : France culture : « science publique »