Une règle de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité stipule que « lorsque l’humour est utilisé, il ne doit pas s’exercer contre la gravité des enjeux environnementaux en visant à les relativiser ». C’est ce que rappelle une lettre mensuelle « Ecoraison Action » le 30.6.2011. Le texte date de 2009. Est-ce à dire qu’un ton non catastrophiste sera sanctionné ? Y a-t-il là une mise en suspens de notre liberté d’expression ?

Source : Lettre mensuelle « Ecoraison Action » de l’Institut pour un Environnement Raisonné - Numéro 10 du 30.6.2011

Commentaires "les2ailes.com"

Une chose manque toujours chez les élites messianiques, l’humour.

Le caractère messianique réside dans cette idée que, seule, une prise de pouvoir par une élite éclairée, sera susceptible d’assurer le salut au monde et à la planète. Comme tous les messianismes, on assiste dans l’écologisme à la mise en place de discours de peur, de menaces, de mensonges et de cynisme, de violence verbale contre les dissidents, d’une avance masquée derrière des dissidents autorisés ou derrière la manipulation d’ « idiots utiles », mais surtout de l’asservissement des populations. Tout cela est incompatible avec l'humour.

L’écrivain Antoine Sénanque écrivait à propos de l’écologisme: « Les avez-vous bien regardés, ces protecteurs de notre avenir qui prolifèrent autour de nous comme des mousses … ? Ils pensent que le quidam est aussi dangereux qu’une usine nucléaire. C’est sur lui que tous les efforts doivent porter par une rééducation purifiante. Ce ne sont pas seulement des soixante-huitenaires prêcheurs, mais des jeunes gens concernés, énergiques, des bons petits qui, pour nous sauver, sont prêts à nous pourrir la vie avec une motivation éternellement renouvelée. Ils ont presque toutes les qualités, il leur en manque une, toujours, l’humour. Un écologiste avec humour intégré n’en est pas un. Le sourire trahit le transfuge. L’écologiste drôle s’occupe de son propre développement durable pas de celui de la planète »[1].

Nous écrivions dans « les contrevérités de l’écologisme » qu’on aimerait imaginer un Molière se riant, à l’Elysée, d’un Toinette déguisé en Nicolas Hulot et criant à Argan, déguisé en déesse Gaïa, qui souffrirait d’une maladie imaginaire : « Le CO², le CO², vous dis-je ! C’est du CO² que vous êtes malade » ! Molière lui ferait répéter, à propos de tous les autres climatologues : « Ignorant, ignorant »! Notre Docteur Hulot parlerait latin : « Sçavantissimi doctores … Salus, honor et argentum,… En moi satis admirari,… Totus mundus, currens ad nostros remedios,… »[2] ! La censure royale de Louis XIV acceptait l’humour !
Serions-nous à une époque de despotisme moins éclairé que la sienne puisqu’elle ne le permet plus ?

Non seulement, l’écologisme est dépourvu d’humour, mais il s’efforce de l’interdire !

Le Conseil paritaire de la publicité (CPP), composé de professionnels et d’associations, a pour rôle d’élaborer des règles de déontologie et d’alerter l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) si besoin est.

L’ARPPR a fait entrer en vigueur le 1.10.2009 le texte suivant: « La publicité ne doit pas discréditer les préoccupations éco citoyennes. Lorsque l’humour est utilisé, il ne doit pas s’exercer contre la gravité des enjeux environnementaux en visant à les relativiser ». (§5)

Connaissant la sacrosainte indépendance des créateurs publicitaires, on imagine que la pression a été forte sur eux pour que les annonceurs acceptent pareille limitation de leur liberté. L’ARPP reconnait d’ailleurs sur son site[3] que le CPP, auquel participent notamment "France nature environnement" et la "Fondation Nicolas Hulot", avait rendu le 2 avril 2009 un avis demandant à l’ARPP de rédiger une Recommandation renforçant les principes relatifs à l’utilisation de l’argument écologique dans la publicité.

Les procureurs de l’expression artistique

Non seulement, les ONG environnementale réussissent à imposer une autocensure sur les créateurs, mais elles s’érigent en procureurs de la pensée : l’ « Alliance pour la planète » a ainsi lancé un « Observatoire Indépendant de la Publicité ». Il est composé de membres d’associations écologistes, d’associations de consommateurs, de personnalités reconnues dans le domaine de l’environnement, du secteur de la communication et de la publicité, du marketing, et de la recherche. Il fait « en sorte que soit limité et contrôlé l’impact de la publicité sur l’environnement et stoppée l’utilisation abusive de l’argument écologique ».

Même TF1 s’érige en censeur puisque elle avait décidé, aussitôt après la publication de ce texte, de  pratiquer un tarif réduit pour les annonceurs qui apporteront sur TF1.fr des preuves des affirmations environnementales ou éthiques de leurs publicités. Heaven, 1ère régie publicitaire à s'être positionné sur les blogs, décida, de son côté, de lier une partie du prix de ses espaces en fonction des notations de la société civile[4]. Cela pose bien sûr,  la question de l'objectivité, de la certification et du contrôle de ces informations.

Peut-être interdira-t-on demain ce type de photo, surtout si elle était le fait d’une grande maison de coiffure ?

La publicité et ses tabous !

La publicité fait souvent appel à la religion pour choquer, pour interpeller, capter l'attention. C’est ce qu’avait fait Benetton lorsqu'il faisait s'embrasser langoureusement un prêtre et une religieuse. La dérision n’est pas nouvelle : la littérature libertine du XVIII°s'en était déjà chargée.

Rappelons-nous également l’affiche de la marque de vêtement Marithé et François Girbaud, En 2005, la marque de vêtement avait exposé une bâche à Neuilly-Sur-Seine représentant une reprise de la Cène, célèbre tableau de Léonard de Vinci, où Jésus prend son dernier repas entouré de ses disciples. Jésus et ses disciples y étaient illustrés par des jeunes femmes, tandis que la seule présence masculine était un homme nu de dos.
L'affiche avait fait l’objet d’une plainte de l’association Croyances et Libertés pour « intrusion agressive et gratuite dans le tréfonds des croyances intimes ». Elle avait été interdite d'affichage public par le tribunal de grande instance de Paris, mais cette interdiction avait finalement été levée par la Cour de cassation.
Par sa décision du 14 novembre 2006, la Cour Suprême s’était attachée à sauvegarder la liberté de création et la liberté d’expression en s’assurant de la stricte application des dispositions de la loi de 1881 sur la presse.
La Cour de cassation avait considéré qu’ « en retenant l’existence d’un trouble manifestement illicite, quand la seule parodie de la forme donnée à la représentation de la Cène qui n’avait pas pour objectif d’outrager les fidèles de confession catholique, ni de les atteindre dans leur considération en raison de leur obédience, ne constitue par l’injure, attaque personnelle et directe dirigée contre un groupe de personnes en raison de leur appartenance religieuse, la Cour d’appel a violé les articles 29 et 33 de la loi du 29 juillet 1881 ainsi que l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme ».

Verra-t-on un jour la Cour de Cassation estimer qu’une publicité parodiant la forme donnée à la Déesse Gaïa n’aurait pas pour objectif d’outrager les militants écologistes, ni de les atteindre dans leur considération de leurs dogmes écologistes, ne constitue pas une injure ni une attaque personnelle ? Il y a fort à parier qu’aucun annonceur ne prendra jamais le risque de porter plainte contre l’ARPP pour abus de droit contre la création artistique.
Ce qui pouvait toucher ou heurter les catholiques n’est plus un tabou publicitaire, mais ce qui pourrait heurter la déesse Gaïa en est maintenant un.

Gaïa pourrait ne pas être miséricordieuse envers ses agresseurs : «  mandatera-t-elle ses grand-prêtres pour l’organisation des sacrifices humains de nature à laver dans le sang l’affront du sacrilège, dans la tradition du paganisme auquel on nous exhorte à  revenir ?… »[5].


[1] Antoine Sénanque – Ecrivain – Médecin spécialisé en neurologie et licencié d’histoire à la Sorbonne, Le Monde – 5 juillet 2009

[2] Extraits du « Malade imaginaire »

[3] http://www.adequations.org/spip.php?article1008

[4] http://french.feeder.ww7.be/spip.php?site=803&debut_syndic=50

[5] Pages « actualité commentée » sur notre site [www.les2ailes.com] du 10.2.2010