La presse laisse entendre, avec quelque malice que l’Académie Pontificale des Sciences aurait reconnu la cause humaine du réchauffement. L'Académie a réuni un groupe de travail du 2 au 4 avril 2011. Cette réunion aurait été suivie de la publication, le 11 mai 2011, d’un rapport invitant « tous les peuples et les nations à reconnaître le  caractère sérieux et potentiellement irréversibles des impacts du réchauffement climatique causé par les émissions anthropogénique de gaz à effet de serre ». Un tel appel aux nations est, en général, l'apanage des instances politiques du Vatican. Cela nous conduit donc à une série d'interrogations.
Quels sont les faits ? Que faut-il en penser ?

Source : Avenir des Glaciers de Montagne pendant l'Anthropocène – rapport du groupe de travail de l’Académie Pontificale des Sciences.
Programme des journées du 2 au 4 avril 2011 dudit groupe de travail

Commentaires: "les2ailes.com"

Un préalable

Dans l'encyclique Populorum Progressio, Paul VI affirmait en 1967 que l'Eglise s'intéresse "au développement intégral de tout l'homme et de tous les hommes" (§42). Il ne faut donc pas s'étonner de l’intérêt de l’Eglise pour la question de l'avenir des glaciers, sujet particulièrement important pour les populations de certaines régions du Globe, dans la mesure où il s'agit potentiellement de l’approvisionnement en eau, vital pour le bien-être, la santé et même la survie de ces  populations.

Un rapport qui ressemble plus aux minutes d'un colloque!

Le rapport a été précédé d'un colloque qui s'est tenu à l'Académie pontificale les 2-3 avril 2011.
Qui sont les participants de ce colloque?
Il est tout à fait symptomatique qu'aucun académicien n'y a participé. Seul le président y a fait un discours de bienvenue de 10 minutes. L'Académie n'était donc représentée que par son chancelier, Mgr Sánchez Sorondo [4]. il s'agissait d'une présence diplomatique, on peut l'imaginer.
Les participants étaient, en fait, les intervenants eux-mêmes, et pour une grande partie des collaborateurs du GIEC, emmenés par leur président en personne, auxquels s’ajoutaient quelques personnalités choisies en fonction de leur contribution spécifique dans le domaine de la glaciologie.

Comment s'est déroulé le colloque? 
Le programme de ces journées était divisé en 23 points relatifs aux sujets suivants :
-       Analyse de la régression des glaciers et de leurs causes (13 points)
-       Généralités sur le réchauffement climatique (3 points)
-       Pistes d’actions et suites à donner (7 points)
Chaque « point » a fait l’objet d’une présentation de l’un des intervenants, pour une durée totale de 30 minutes par point discussion comprise. Cela fait donc au total une heure et demie sur le point de la "cause humaine du réchauffement climatique", dont,  25 minutes de monologue des représentants du GIEC et 5 minutes de "discussions" sur chacun des trois points clefs.
La réaffirmation de la doctrine du GIEC sur la cause humaine du réchauffement n'a évidemment pas pu être discutée sérieusement. Ce n'était d'ailleurs pas à l'ordre du jour officiel de la réunion. Mais c'est malgré tout le seul point que les commentateurs ont retenu.
Si tel était le but, les participants auraient pu faire l’économie financière et écologique du déplacement, la cause étant entendue avant toute discussion. Le titre de la conférence, « L’Avenir des Glaciers de Montagne pendant l'Anthropocène », (choisi AVANT celle-ci), démontre en effet sans fard l’absence de question et la réponse toute faite ; « l’anthropocène » est en effet défini  comme « la nouvelle époque géologique que nous avons créée », caractérisée par le réchauffement climatique d’origine humaine. CQFD !
On note d'ailleurs qu'aucun congrès de géologue n'a jamais enterriné le concept d' "ère anthropocène"!
Tout cela est-il suffisant pour faire croire que le Vatican adopte l'idéologie de la cause humaine du réchauffment climatique"?

Que dit le rapport ?

Concernant l'analyse de la régression des glaciers et de leur cause, il est intéressant de comparer le contenu du « rapport du 11 mai 2011» au dernier rapport du GIEC (IPCC-4).  Il est heureux de ne plus entendre parler de la menace d’une disparition des glaciers de l’Hymalaya à l’horizon de 2035 (Cf Rapport WG-II, §-10.6.2). Cette assertion aussi catastrophique que fantaisiste avait en son temps soulevé un tollé tel qu’il avait contraint le GIEC à faire amende honorable.
On constate également une sensible évolution sur l’analyse des causes de la récession des glaciers. Le rapport IPCC-4 y voyait essentiellement la cause du réchauffement climatique, tout en admettant que la baisse des précipitations puisse aussi avoir une contribution (rapport WG-2, §-4.5.2). Il est regrettable que la sortie du petit âge glaciaire ne soit pas même évoqué, alors qu’il était en bonne place dans le « prologue » de la convocation de cette réunion.

Le résumé du "rapport" du 11 mai 2011 dit ceci : « Nous invitons tous les peuples et les nations à reconnaître le  caractère sérieux et potentiellement irréversibles des impacts du réchauffement climatique causé par les émissions anthropogénique de gaz à effet de serre et d'autres polluants ainsi que par les changements d’utilisations des forêts, des marécages, des prairies et d'autres terres. Nous faisons appel à toutes les nations pour développer et mettre en œuvre, sans retard, des politiques efficaces et justes pour réduire les causes et le changement d'impacts du climat sur les communautés et les écosystèmes, y compris les glaciers de montagne et leurs lignes de partage des eaux, conscient que nous vivons tous dans la même maison. En agissant maintenant, avec esprit de responsabilité commune mais différenciée, nous reconnaissons notre devoir les uns envers les autres et à l'intendance d'une planète bénie avec le cadeau de vie ». Le rapport reconnaitrait donc la « cause anthropique –c'est-à-dire humaine- du réchauffement climatique. Il y croit d’autant plus qu’il appelle à « des politiques efficaces et justes ».

Le "rapport" propose trois mesures :
-     Réduire les émissions de dioxyde de carbone mondiales sans retard, en utilisant tous les moyens possibles pour atteindre des objectifs de réchauffement climatique internationaux ambitieux et assurer la stabilité à long terme du système climatique
-     Réduire d’au moins 50% les concentrations de pollutions de l’air facteurs de réchauffement (les suies sombres, le méthane, l'ozone dans l’atmosphère basse et les hydrofluorocarbures),
-     Se préparer à une adaptation aux changements climatiques, tant chronique que brusque, que cette société sera incapable d'atténuer.

Le "rapport" ne cite aucune source autre que celle du « rapport 2007 du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat ».
Il joue un peu de la peur en disant : « Il est temps maintenant d’agir si la société veut avoir une chance raisonnable de vivre au-dessous du seuil de 2 ° C de sécurité ».
Enfin il évoque la « geo-engineering » en reconnaissant que « La Geo-engineering a besoin d’une large représentation, d’une évaluation multi-partie-prenante exécutée avec les normes les plus strictes, basées par exemple sur le modèle IPCC. …Il peut être prudent d'envisager la geo-engineering si des impacts climatiques irréversibles et catastrophiques ne peuvent pas être gérés par des mesures de prévention ou d’adaptation. Un système de gouvernance pour peser les risques et les avantages de la geo-engineering et une prise de décisions de consensus transparent et largement consultatif pour déterminer les risques les plus acceptables doivent être développés avant que n'importe quelle action ne puisse être prise ».

Que penser de ce contenu en première analyse ?

Le ton n'est pas celui d'un rapport scientifique. Il reprend sans beaucoup de nuance, le seul point de vue du GIEC-IPCC. Il en reprend quasiment intégralement les constats et les recommandations.
Le GIEC y est présenté comme un modèle pour servir à l’évaluation de solutions nouvelles comme la "géo-engineering", c'est-à-dire de techniques massives permettant à l'homme de refroidir délibérément la terre, par des modifications de l'environnement, afin de contrer le réchauffement climatique. On a du mal à imaginer que le Vatican et l'Académie Pontificale cautionner de tels scénarios qui relèvent soit de l’apprenti sorcier, soit de mesures dis-qualifiantes par leur manque de sérieux (repeindre les maisons en blancs pour augmenter l'albédo[1] des zones urbaines, cultiver des plantes qui réfléchissent davantage le rayonnement solaire, épandages massifs de fer dans les océans pour favoriser le développement du plancton qui absorberait le CO2, Installer des miroirs géants dans l'espace, entre la terre et le soleil, injection artificielle de particules de sulfate dans la haute atmosphère, Création de nuages ​​bas sur les océans par atomisation de l'eau de mer … ! Ne parlons pas de cette idée insignifiante du forage de puits de carbone. Imagine-t-on le Vatican prétendant que le géo-engineering constituerait un « Plan B pour la planète »[2], et le Pape dire que notre technique imparable va s'occuper de la refroidir.
Cette idée de la terra-formation est un ressort puissant de la littérature de science fiction. Depuis Robinson Crusoë, les utopies doivent se dérouler sur des lieux éloignés que l'on va domestiquer. Il en est ainsi des planètes hostiles qui seront géo-engineerées pour accueillir les hommes en danger sur leur planète mère.
Avec une telle science fiction, avec de telles séductions et les élans prométhéens qu'ils font naître chez ceux qui écoutent de tels discours, on est loin, nous semble-t-il, de la doctrine sociale de l’Eglise. On imagine mal le Vatican prêt à cautionner de telles expériences sur cette planète sur laquelle nous vivons... en hôte respectueux, et non en despote voulant faire plier la nature « dans l'alambic de la technoscience »[3].

On ne peut manquer d’envisager un scenario où dans quelques années ou décennies l’échec de ses prévisions catastrophistes s’avérerait patent. Pour maintenir la stratégie du GIEC, il serait alors indispensable de pouvoir mettre en avant des actions humaines que l’on présenterait comme la cause du renversement de tendance. Le jeu des partisans de la « geo-engineering » consistera alors à mettre en parallèle des futures évolutions réelles avec les projections hypothétiques de ce qu’aurait été, nous dira-t-on, la situation réelle si l’on n’avait rien fait. L’exercice sera d’autant plus facile qu’aura été exagérée la présentation de la « catastrophe » antérieure à cette action « réparatrice ».

Qui sont les auteurs du rapport ?

Faut-il s’étonner du contenu de ce "rapport" quand on découvre qui en sont les auteurs? Ils se présentent comme « Groupe de Travail mandaté par l’Académie Pontificale des Sciences » pour « analyser le retrait des glaciers de montagnes, ses causes et conséquences ».
Il ne s’agit ni d’un rapport  rédigé par les académiciens eux-mêmes, ni cautionné par eux. On reviendra sur ce point.

La liste des signataires mérite d'être analysée en détail:
Il faut d'abord souligner la présence, en personne, du Président du GIEC, R. Pachauri. Imagine-t-on que les autres experts ont pu, en sa présence, s’exprimer de façon autonome quand on sait qu’ils sont tous, à plusieurs titres, collaborateurs du GIEC.  Imagine-t-on que l’indépendance de ces experts aura pu être effective quand on sait la personnalité de R. Pachauri, son manque de probité et les soupçons de conflits d’intérêts dont il est l’objet ou quand on sait les manques de rigueur scientifique qu’il a couvert, justement sur la question des glaciers.
Quant aux 22 autres "experts",
-     Certains n’ont aucune qualification pour juger de l’éventuelle cause humaine. On pense en particulier à David Breashears[5] qui est un réalisateur cinématographique distingué. Cependant, il y a une nuance entre avoir des qualités d’observation et celle d’analyser les causes de ce qu’on observe !
-     Certains affichent ouvertement collaborer au GIEC. La biographie des participants annexée au programme des conférences du groupe de travail donne leurs noms. Il s’agit de Wilfried Haeberli[6], de H.J. Schellnhuber[7], de Thomas F. Stocker[8], de O.Brian Toon[9].
-     Les autres semblent ne pas souhaiter mettre en avant leur collaboration, pourtant connue, avec le GIEC ou avec son agence mondiale de tutelle, le PNUE (Programme des nations unies pour l’environnement). Il s’agit de Thomas. H. Painter[10], de Joellen L. Russell[11], de Lonnie G. Thompson[12], de Durwood Zaelke[13], de Georg Kaser[14], Charles Kennel[15], V. Ramanathan[16], …
-     Enfin, certains autres ont pu contester antérieurement la cause humaine du réchauffement, mais le rapport n’exprime absolument pas l’existence d’un quelconque débat. Il s’agit de Lennart Bengtsson[17], Hendrik Tennekes[18] qui n’hésite pas à se dire « très en colère » contre un des autres experts, Paul-J. Crutzen[19], de Walter W. Immerzeel[20], Anil V.Kulkarni[21],...

Peut-on conclure que ce rapport sur les glaciers est « vérité d’Eglise » ?

Toute personne un tant soit peu attachée à l’Eglise se doit de faire preuve d’un minimum de prudence et de sérieux dans ses interrogations.
Il nous semble que cette question des « vérités d’Eglise » est primordiale.
Notre référence en la matière sera Mgr Bruguès, l’actuel secrétaire de la congrégation pour l'éducation catholique. Dans un magnifique ouvrage[23], il fait la distinction entre :

1-   Intervention du « magistère extraordinaire »
Elle s’exerce « ex cathedra » par le Pape ou lors d’un concile œcuménique. Il propose alors un enseignement « infaillible », par exemple lors du concile Vatican 1 (avec la Constitution « Pastor aeternus » codicille 4), ou du concile Vatican 2 (Lumen Gentium, 25).
Ce type de « vérité » requiert de la part des fidèles un « assentiment absolu » de la foi théologale.

2-   Intervention du « magistère ordinaire »
Il en existe quatre degrés :
-     La proposition d’une « Doctrine de foi ».
Elle a un caractère universel et est de l’ordre d’une vérité divinement révélée.
Ce type de déclaration  requiert, de la part des fidèles, la même adhésion que celle  qui est due au Magistère extraordinaire infaillible, une « adhésion de la foi théologale ».    Les refuser peut équivaloir à  une forme d’auto exclusion de l’église.
-     La proposition d’une « Vérité définitive ».
Elle a un caractère irréformable concernant la foi ou les mœurs qui, même si elle n’est pas « divinement révélée », se trouve cependant dans un rapport d’étroite connexion avec la révélation.
Une telle déclaration  requiert de la part des fidèles une « adhésion fermement acceptée et tenue ». Par exemple, le Concile qualifie l’avortement de « crime abominable », et « Humanae Vitae » le place sous le coup de l’interdiction divine, refuser cette proposition équivaudrait à une rupture morale avec l’Eglise.
-     La proposition d’une « vérité non-définitive ».
Elle est destinée à faciliter la compréhension des vérités de foi et leur connexion avec les mœurs.
L’adhésion passe par un « assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté ». Par exemple: l’Eglise ne considère pas comme vérité définitive que l’embryon soit une personne. Elle se contente donc d’affirmer qu’il doit être considéré « comme une personne ».
-     L’appel à la « prudence ».
Il est destiné à nourrir la réflexion des croyants. Cet enseignement n’est pas définitif et peut être révisé.
Un chrétien lui doit un « acquiescement loyal et respectueux, même s’il peut être critique ».  Par « loyal », on entendra une critique à la condition que l’enseignement ait été préalablement travaillé, étudié et entendu.
On est dans ce cas quand il s’agit de doctrine sociale de l’Eglise et d’écologie.

C’est donc un droit -peut-être même un devoir ?- de faire preuve d’un « acquiescement critique »  à condition qu’il soit « loyal et respectueux ». Mgr Bruguès ajoute que « la matière économique, sociale et politique ne pourra jamais permettre une réflexion de théologie morale aussi rigoureuse ni aussi nette que celle qui a cours en morale personnelle »[24]. Il faut se résigner, conclue-t-il, à placer l’ensemble de la doctrine sociale de l’Eglise dans la catégorie des enseignements de type prudentiel. La Commission Théologique Internationale (C.T.I.) n’hésite pas à remarquer que, « dans une société marquée par le pluralisme, et dans une communauté ecclésiale à différenciations plus prononcées, le Magistère s’acquitte de sa mission en recourant de plus en plus à l’argumentation »[25].

Dès lors, qui écouter dans l'Eglise?
Sur le site « les2ailes.com »,  le parti est pris de ne citer qu’un seul type de documents : des extraits du « Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise ».
Pourquoi ? Parce que si chacun se laisse aller à ses propres « morceaux choisis » de citations qui l’arrangent, il se fera opposer d’autres « morceaux choisis » qui iront dans le sens opposé. Il faut préférer s’en tenir aux « morceaux choisis » par le très officiel Conseil Pontifical « Justice et Paix » qui a mis plusieurs années à en peser l’importance, et qui a reçu la bénédiction du Bienherueux Jean-Paul II. Nous éliminerons le reste !
Malheureusement, ou heureusement, le « Compendium », ne tranche pas les débats scientifiques.
J.-L. Bruguès dit d’ailleurs « que le magistère cherche à convaincre, mais il encourt un … danger : ... la force de ses interventions ne vient pas de la pertinence rationnelle des arguments utilisés, qui parfois peut se montrer faible, mais de leur pertinence prophétique »[26].

Que penser de ce document de l’Académie des Sciences ?

Rappelons que le Conseil Pontifical Justice et Paix, avait organisé en avril 2007 un séminaire sur le changement climatique. Il avait été très prudent et ouvert dans le choix de ses « experts ».
Mgr Crepaldi, secrétaire du Conseil Pontifical Justice et Paix avait conclut dans un interview de Fides le 4 janvier 2008 dans les termes suivants : « Pour les uns, où se trouve la fine fleur du monde scientifique, dont les positions aujourd'hui sont indubitablement dominantes, la cause des changements climatiques est attribuée aux activités humaines, surtout industrielles ; l'autre école — qui a moins de visibilité et qui est moins aguerrie — soutient que l'homme pèse marginalement sur les changements climatiques et que la cause est imputable aux cycles naturels du réchauffement et du refroidissement de l'atmosphère. Le Conseil pontifical Justice et Paix a pris acte de ce débat et se réserve de proposer, dans un futur proche, des clés de discernement ». Autrement dit, ce n’est pas parce qu’existe une école dominante qu’une école ayant moins de « visibilité » ne peut pas apporter sa contribution au débat. L’Eglise est bien placée pour savoir que ce n’est pas parce qu’une thèse est majoritaire dans une communauté scientifique qu’elle devient vérité.

Alors qui croire ?
-    Mgr Crepaldi, à l’époque secrétaire du Conseil Pontifical Justice et Paix ?
-    Les minutes d'un colloque réuni dans les locaux de l'Académie des Sciences ?
Le bon critère ne peut être de choisir le dernier qui a parlé.
Nous pourrions préférer le premier qui a le mérite d’avoir été le principal rédacteur du « compendium de la doctrine sociale de l’Eglise ».

Pourtant les procédures de l'Académie Pontificale des Sciences, sont sérieuses. Il convient de les connaître.

Les procédures en vigueur à l’Académie pontificale.

L’Académie Pontificale des Sciences, si elle est placée sous la protection du souverain pontife, est une entité qui bénéficie d'un statut autonome: l'Académie est en effet libre de définir par elle-même sa propre activité. Dans un message adressé aux Académiciens en 1940, Pie XII avait rappelé que l'Académie était libre de toute forme d'inquisition : « À vous, nobles champions des arts et disciplines humaines, l'Église reconnaît une totale liberté dans vos méthodes et vos recherches ». En raison de leur indépendance totale par rapport à tout point de vue national, politique ou religieux, les délibérations et les études de l'Académie peuvent constituer une inestimable source d'information objective sur laquelle le Saint Siège et ses nombreux organes peuvent s'appuyer dans leurs réflexions, à la condition, on le verra, que ses travaux soient qualifiés par un certain nombre de procédures de ladite académie.

L'Académie est dirigée par un Président qui est nommé, parmi les Académiciens, par le Souverain pontife. Le Président est assisté par un Conseil et par un Chancelier. Le Président actuel est Werner Arber, biologiste, premier président protestant de cet organe. Mgr Sánchez Sorondo est, depuis 2001, le chancelier de l'Académie pontificale des Sciences.

Parmi les académiciens, quelques français :
-    Stanislas Dehaene, né en 1965, psychologue
-  Nicole Le Douarin, née Nicole Chauvac en 1930 à Lorient, est une chercheuse française en biologie et embryologie, et est depuis 2004 membre du Conseil de surveillance de la "Fondation pour l'innovation politique" et secrétaire perpétuelle honoraire de l'Académie des sciences depuis janvier 2006.
-   Jean-Marie Lehn, né le 30 septembre 1939, est un chimiste français, prix Nobel, signataire du manifeste "Sauvons le Climat".
-    Pierre Léna, né le 22 novembre 1937 à Paris, est un astrophysicien français, ancien président du comité d'Ethique du CNRS.

Quel est le fonctionnement de l’Académie des Sciences ?
L'Académie produit de nombreuses publications. Outre les Acta qui sont des comptes rendus et délibérations des sessions de l'Assemblée pleinière de l'Académie, trois séries se distinguent particulièrement: les Scripta varia, les Documenta et les Commentarii.
-    Les Scripta varia regroupent les travaux majeurs, comme les rapports complets des Semaines d'étude organisées par l'Académie. Jouissant d'une certaine importance scientifique, plusieurs volumes des Scripta varia ont été co-édités avec des éditeurs étrangers. Par exemple, en 2006, l'académie a classsé dans cette catégorie un travail sur "les signes de la mort" et sur le pourquoi le concept de mort cérébrale est valable comme définition de la mort
-     De format plus réduit, les Documenta permettent de publier dans un temps plus bref les résumés et les conclusions des Semaines d'études. C'est aussi dans cette série que sont publiés les messages adressés par le pape aux Académiciens, ainsi que certains documents significatifs comme la Déclaration sur la prévention de la guerre nucléaire.
-    Les Commentarii contiennent des notes et des mémoires, ainsi que des études spécifiques sur certains sujets scientifiques. C'est dans cette catégorie qu'on trouve un document sur la "bioengineering- Optimisme sur le court terme et risque sur le long terme", produit par Christian B Anfinsen.

Le rapport sur les glaciers ne relève d'aucune de ces catégories.
Rappelons, d'ailleurs, un exemple antérieur, à propos de la déclaration finale d'une semaine d'étude (15-19 mai 2009) sur les plantes transgéniques (OGM) et la sécurité alimentaire dans le contexte du développement (« Transgenic Plants for Food Security in the Context of Development »). Cette session avait conclu, pour faire bref, que les OGM n'étaient pas intrinsèquement dangereux.
Qu’avait conclu le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège? Il avait rappelé que cette déclaration « ne doit pas être considérée comme une déclaration de l'Académie pontificale des Sciences, parce que l'Académie, qui compte 80 membres, n'a pas été en tant que telle consultée sur cette déclaration, et une telle consultation n'est pas non plus à son agenda ». Les 80 membres de l’Académie ont-ils été consultés sur le rapport concernant les glaciers? Leur silence est à souligner et personne n’entend dire que l'adoption du rapport soit à son ordre du jour!
Face à des rapports qui n'ont pas été adoptés par l'Académie, les tenants de l'écologisme ne peuvent pas conclure que l'Eglise est contre les OGM, ni, dans la même logique, brandir un rapport sur les glaciers pour prétendre que l'Eglise reconnaît la cause humaine du réchauffement climatique.

Conclusion

Nous ne nous risquerons pas à une conclusion définitive. 
Toutefois les faits nous amènent à penser que le GIEC aurait pu approcher l'Académie pour lui proposer un colloque, laissant entendre que l'Académie ne pouvait rester silencieuse sur un sujet si important.
Difficile de trancher:
- Ou bien l'Académie refusait le principe du colloque, et le GIEC n'aurait pas manqué de crier à l'obscurantisme!
- Ou bien elle acceptait et le GIEC faisait croire que l'Académie cautionnait la cause humaine du réchauffement climatique. 
Nous nous emploierons à enquêter pour savoir si cette hypothèse est crédible.

Malheureusement pour le GIEC, si tentative de provocation il y a eu, elle a échoué. Personne ne parle de ce rapport.
Les académiciens n'ont pas assisté au colloque sur les glaciers. Ils ont probablement laissé les intervenants du colloque faire ce que bon leur semblait pour que le rapport se discrédite lui-même. Cette hypothèse permet d'expliquer les grandes différences qui existent entre le rapport sur les glaciers et celui sur les OGM.
* Le rapport sur les glaciers a été signé à l'unanimité des experts, ce qui ne correspond strictement à aucune pratique internationale, dans quelque congrès scientifique que ce soit. Celui sur les OGM reprenait en détail chacune des interventions.
* Le rapport sur les OGM faisait état de quelques 1072 documents, études et références sur lesquels s'étaient fondés les intervenants. On est loin des déclarations incantatoires des membres du GIEC qui se citent eux-mêmes en mettant en avant les seules études du GIEC! 
* Le rapport sur les OGM donnait, en annexe, la liste de toutes les diapositives présentées, ce qui n'est pas le cas du rapport sur les glaciers.
* Le rapport sur les OGM reprenait la position de 35 experts dont 5 académiciens en personne, ce qui n'a pas été le cas pour le rapport sur les glaciers.
* L'étude sur les OGM avait été "menée par l'Académie pontificale des Sciences du 15 au 19 mai 2009 et organisée, au nom de cette académie, par le Professeur Membre de l'Académie Ingo Potrykus, avec le soutien des autres membres de l'Académie". Aucun soutien des académiciens n'est annoncé pour le rapport sur les glaciers!

Les académiciens pontificaux n'ont ni cautionné ni adopté les conclusions du rapport sur les glaciers. Ce rapport ne laisse personne dupe: il n'est pas dans l'habitude des rapports de l'académie pontificale des sciences de contenir un "appel aux nations"! Cela relève davantage du Vatican lui-même que de son Académie des Sciences.

Seul Patrice de Plunkett s'est précipité pour se réjouir de ce que "sur le sujet des OGM, l’Église catholique s’en tient encore officiellement au principe de précaution". Seul Patrice de Plunkett s'est précipité pour affirmer « prétendre que l'Eglise catholique nie le rôle humain dans le changement climatique est une désinformation » !  Tout cela relève d'un manque total de recherche des informations. Pour un journaliste, il s'agit d'une faute professionnelle.  Où est la désinformation?


[1] Notion comparable à la réflectivité

[2] Expression proposée par Steve Connor, Science Editor and Chris Green, dans un article de “the independent” du 2.1.2009

[3] Citation d’Hervé Le Crosnier

[4] S.E.R. Msgr. Marcelo SÁNCHEZ SORONDO, Cancelliere della Pontificia Accademia delle Scienze e della Pontificia Accademia delle Scienze Sociali, Casina Pio IV, V-00120 CITTÀ DEL VATICANO.

[5] David Breashears, né le 20 décembre 1955, réalisateur cinématographique et alpiniste américain. Il est connu pour être le premier américain à avoir atteint le sommet de l'Everest à deux reprises, en 1985.

[6] Wilfried HAEBERLI, géographe, Impliqué dans diverses fonctions de l’IPCC (groupe de travail I et II)

[7] H.J. Schellnhuber, professeur à Potsdam et pendant longtemps membre de l’IPCC et membre du  « High Level Expert Group »

[8] Thomas. F. Stocker,  professeur de climatologie à l’université de CH-Berne, il a été pendant plus de 10 ans au service de l’IPCC  et élu Co-président du groupe de travail « the Physical science Basis »  à l’IPCC en 2008

[9] O.Brian Toon, Il a été reconnu par le PNUE (Programme des NU pour l’environnement)  en 2007 pour sa contribution aux rapports de l’IPCC qui lui ont valu l’attribution du Prix Nobel

[10] Thomas. H. Painter,  National Snow and Ice Data Center, à l’Université du Colorado, auteur avec M. Schimel d’une étude reprise par le GIEC sur le cycle du carbone. « Climatic, edaphic, and biotic controls over storage and turnover of carbon in soils”

[11] Joellen L. Russell, Atmospheric and Oceanic Sciences, Princeton University, Princeton, New Jersey,  auteur d’une « Inter-comparaison des Circulations Océaniques du Sud avec le Modèle de  Contrôle –Simulations de l’IPCC »

[12] Lonnie G. Thompson, paléoclimatologue de l’université d’Ohio, au sujet de qui, M. Brian a dit : « Je pense qu'il serait juste que M. Gore devraient se répartir les 1 / 2 son prix Nobel » puisque c’est lui qui a fourni à Al Gore la plupart des données du film « une vérité qui dérange ».

[13] Durwood Zaelke- president of the Institute for Governance & Sustainable Development, souvent cité dans les publications du PNUE. Source: « Action Ozone » N° spécial du PNUE (Programme des NU pour l’environnement) de 2010

[14] Georg Kaser, glaciologue et professeur à l’Université d’Innsbruck, en Autriche. Il écrit dans « Dans Pour La Science de décembre 2007 » : "Le recul des glaciers du Kilimandjaro n’est pas imputable au réchauffement global de la Terre. Des chutes de neige moins fréquentes et moins abondantes en sont responsables." Il avait également commenté un rapport du GIEC sur les glaciers en disant  à l’AFP le 18.1.2009   : "c'est tellement faux que ce n'est même pas la peine d'en discuter". Malgré tout, il a été l’auteur principal du groupe de travail I du 4ème « IPCC Assessment report » et a aussi contribué au 5ème «  Assessment report”

[15] Charles Kennel, professeur émérite de sciences de l'atmosphère, Université de Californie, San Diego qui ne tarit pas d’éloge sur le GIEC, dans une interview de 2009, en disant, entre autres, que « Le GIEC a inventé un langage bien pensée afin de transmettre le degré de leur certitude sur la façon dont la science porte sur les principales questions politiques »

[16] . Ramanathan,  de Californie, est qualifié de « report review editor » au GIEC

[17] Concernant plus particulièrement la relation entre la terre et le soleil au sujet des changements climatiques, Lennart Bengtsson nous dit que ces modifications sont dues à des variations de l'orbite de la terre autour du soleil provoquées par la présence d'autres planètes. Ceci permettrait notamment d'expliquer les périodes de glaciation

[18] Dans un article intitulé "Un appel pour la modestie, l'honnêteté et le sens de l'équilibre ", Hendrik Tennekes , Directeur de Recherche (retraité) de l'Institut de Recherche Météorologique Royal des Pays-Bas, ancien professeur d'ingénierie aéronautique de l'Etat de Pennsylvanie et expert universellement reconnu pour l'étude de l'atmosphère écrit en Janvier 2007 dans un article intitulé "Un appel pour la modestie, l'honnêteté et le sens de l'équilibre " : « Je suis en colère contre Paul Crutzen pour ses spéculations pour un remède technique de plus » (NDLR pour réparer le climat)

[19] Paul Crutzen est un prix nobel de Chimie qui a suggéré en 2006 qu'il peut être possible d'injecter artificielle des particules de sulfate dans la haute atmosphère - la stratosphère !

[20] Walter W. Immerzeel, l'Université d'Utrecht aux Pays-Bas, Il a constaté que les glaciers de 100 m d’épaisseurs qui sont à la source du Gange ont « maigri » au rythme 22 centimètres par an. Mais The glaciers that sit at the head of the Indus grew at a rate of 19 centimetres per year on average, while those that melt into the other rivers in the study were unchanged.les glaciers qui sont  à la tête de l'Indus ont vu augmenter leur épaisseur à un taux de 19 centimètres par an en moyenne. Ceux qui se fondent dans les autres rivières sont demeurés inchangés. « Il est peu probable que les glaciers de l'Himalaya auront complètement disparu d'ici 2035 », comme le prétendait un rapport du GIEC. Source : 14 juin 2010 « Himalayan ice is stable, but Asia faces drought » forum des journalistes environnementalistes

[21] Anil V.Kulkarni, of the Space Applications Centre in Ahmedabad. Il declare: “Bien que les modèles de [telles] montrent une baisse de la couverture de neige dans l'Himalaya, quelques-unes des observations réelles infirment cette baisse ». Kulkarni et ses collègues ont montré, dans une étude publiée dans ’La cryosphère discussions‘ le 2 Mars 2010, que la couverture de neige en fait augmenté dans certaines régions de l'Himalaya Hindu Kush entre 2000 et 2010

[23] J-L Bruguès, « Précis de théologie morale », Mame, 1995, p. 41-45.

[24] Ibid, p. 43

[25] « De l’interprétation des dogmes » (CTI, 1990, B II 4) in « Esprit et Vie. L’ami du Clergé », n°15, 12 avril 1990

[3] http://www.cardinalrating.com/cardinal_80__article_5799.htm

[4] http://www.catho.be/index.php?id=155&id_news=933&L=0

[26] J.-L. Bruguès, « Précis de théologie morale », Mame, 1995, p. 43.