A l’unanimité, la commission de l’Économie du Sénat a émis un avis favorable à la nomination de M. Jean-François Dhainaut à la présidence du "Haut Conseil des Biotechnologies" (HCB). Rappelons que cette institution a pour missions d’éclairer le Gouvernement sur toutes questions intéressant les organismes génétiquement modifiés (OGM) ou toute autre biotechnologie et de formuler des avis en matière d’évaluation des risques pour l’environnement et la santé publique que peuvent présenter l’utilisation confinée ou la dissémination volontaire des organismes génétiquement modifiés, ainsi qu’en matière de surveillance biologique du territoire.
Il faudra juger son nouveau président à ses actes, mais les déclarations de l’intéressé devant le sénat sont, dans un premier temps, rassurantes…

Source : Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. Mardi 03 Mai 2011 - Séance de 17 heures- Compte rendu n° 44

Commentaire "les2ailes.com"

Nous mettons en exergue quelques extraits de l’Audition de M. Jean-François Dhainaut, jusuq’ici Président de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), dont la nomination au poste de président du Haut Conseil des biotechnologies est envisagée par le Président de la République.

« Trouver un consensus entre les deux comités – au passage sans doute impossible – n’est pas le sujet ». Jean-François Dhainaut parlait des deux comités du HCB: le comité scientifique et le comité économique, éthique et social. Le futur président de l’HCB n’est donc pas un maniaque des consensus souvent faux. Il a raison. Ils se cachent souvent derrière des sémantiques « fourre-tout » qui ouvrent la porte à l’idéologie plus qu’à la connaissance.

Alors que faire ? « La seule méthode pour [remonter la pente] est de convaincre, et pour cela d’informer sans relâche et d’être extrêmement transparent ». En disant cela, Jean-François Dhainaut montre déjà qu’il a le souci d’essayer de « remonter la pente ». Il est vrai qu’en matière d’OGM, les débats auxquels nous ont conduit les ONG écologistes ont fait tomber l’opinion publique à un niveau particulièrement bas, celui de la peur. Il faudra que chacun soit transparent, y compris les ONG.

Jean-François Dhainaut ajoute : « La réflexion du comité scientifique doit absolument s’efforcer d’être à la pointe de la science et de fournir des avis scientifiques. Le travail du comité économique, éthique et social est en revanche plus un travail de réflexion tous azimuts, de critique, de questionnement du comité scientifique, à qui il revient de répondre, où d’admettre qu’il ne le peut pas ! C’est vers ce mode de fonctionnement que nous nous acheminons. La fonction sans doute la plus essentielle du président, c’est la mise en œuvre de modalités de travail en commun entre les deux comités, non pas forcément en les regroupant – ils se réunissent ensemble quatre fois par an environ – mais d’abord en constituant des groupes de travail mixtes, capables chacun d’élaborer une réflexion commune. ». Tout cela parait sage.

Pour conclure, Jean-François Dhainaut évoque, sans prononcer le mot, la question du principe de précaution : « Ensuite, il faut promouvoir l'originalité de l'approche du HCB à l’échelle européenne ; celle-ci, qui est triple, est fondée non seulement sur l'évaluation des risques mais aussi sur l'analyse des impacts et des enjeux socio-économiques ainsi que sur le débat sociétal ». Il s’agit bien d’une « évaluation des risques et des impacts, et non pas d’une précaution paralysante, souvent fondée sur des fantasmes et des peurs infondés.

Il faut croire que Jean-François Dhainaut doit être inquiétant pour le « scientifiquement correct », car on commence à l’attaquer sur des terrains qui n’ont rien à voir. Par exemple on lui reprocherait d’avoir déclaré le 8 janvier 2009, lorsqu’il était président de l’AERES «  les femmes en plus de leur métier doivent s’occuper de la maison, des enfants. Elles n’ont donc pas de temps à consacrer à l’Aeres ». Il a parfaitement démenti le propos au cours d’un droit de réponse[1]. Madame Eliane Daphy[2] a, d’ailleurs témoigné sur le sujet : « C’est moi qui avait posé la question sur l’absence des femmes à Jean-François Dhainaut, président de l’AERES, le 8 janvier 2009. Le compte-rendu de sa réponse était inexact, et rapportait des propos que Dhainaut n’avait pas tenus »[3] Les attaques sont parfois bien basses quand on veut discréditer un adversaire.


[1] http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article1743

[2] Éliane Daphy, née à La Rochelle le 23 juillet 1952, ethnologue de formation, entrée comme ingénieur d'études au CNRS en 2002, responsable des archives ouvertes de l’IIAC (Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain, institut fondé sous la tutelle commune de l’EHESS et du CNRS)

[3] http://evaluation.hypotheses.org/1242