On savait que l’idée d’une taxe CO² sur les familles nombreuses fait le tour du Monde. En France, Yves Cochet en a parlé, puis France Prioux, directrice de recherches à l’INED, a aussi écrit : « Si l’empreinte écologique d’un enfant est telle qu’il le dit, je ne comprends pas pourquoi on se contente de s’attaquer au troisième enfant ! Pourquoi ne pas le faire dès le premier ? ».
Dabi-Schwebel, du cabinet de conseil de stratégie en développement durable Green Inside, vient de commenter les résultats d’un Observatoire du bilan carbone des ménages français. Certes, M. Dabi-Schwebel souligne qu’ "On ne va pas empêcher les gens de divorcer, mais cela pose clairement des questions en termes de bilan carbone".
Il ne s'agit pas de charger qui que ce soit, mais il n’est toutefois pas inintéressant de voir ce que dis cette étude ?...

Source: Express.fr du 28.3.2011
Le Figaro.fr du 28.3.2011
Liberté Politique.fr du 5.4.2011

Commentaires "les2ailes.com"

Une Taxe CO² sur les familles ?

L’idée est partie de New York, le 18 septembre 2006, lorsqu’au cours d’une conférence, Al Gore avait appelé à soumettre les foyers domestiques au même type de système de quotas d’émission que celui mis en place pour les entreprises, un système qu’il a baptisé « Association of Mortgage Carbon Neutral »[1].
Après le voyage d’Al Gore en Australie, un professeur australien d’obstétrique, Barry Walters, a proposé en décembre 2007, que son pays institue une « taxe carbone » sur les bébés au-delà des deux enfants que l’on pourrait accorder aux couples comme « valeur de remplacement » : 5.000 dollars australiens à chaque naissance supplémentaire, plus 800 dollars par an par tête de trop, en raison de l’empreinte écologique laissée par tout petit d’homme. On s’en servirait pour planter des arbres,… et pour donner des bonus aux couples acceptant la stérilisation ou recourant aux moyens contraceptifs qui seraient par ce biais subventionnés.
Il ne s’agit pas de l’élucubration d’un fou isolé. Il a reçu le soutien d’un autre professeur australien, Garry Egger, directeur du « Centre pour la Promotion et Recherche pour la Santé » du New South Wales. Son discours est dans la droite ligne du raisonnement écologiste. Il répond à celui des Verts qui dénoncent « l’égoïsme » des familles nombreuses, un égoïsme que les pays riches du Nord, selon « Friends of the Earth Australia », commencent à identifier et à dénoncer. « En tant que citoyens du monde, je crois que nous n’avons pas droit à davantage de concessions en matière de population que l’Inde ou la Chine », a déclaré le Pr Walters."
L’idée s’est rapprochée de l’Europe en février 2009 quand le porte-parole de la Commission du développement durable et conseiller auprès du gouvernement britannique, Jonathon Porritt, a rendu un rapport appelant à limiter la croissance démographique pour préserver l'environnement. Pour Jonathon Porrit, "les familles comptant plus de deux enfants ont un impact irresponsable sur le milieu". Il conseille donc aux ministres de voter une loi limitant le nombre d'enfants par couple et allouant un budget plus conséquent au Planning Familial afin de financer la contraception et l'avortement[2].
L’idée est arrivée en France avec Yves Cochet, député du parti socialiste : il est intervenu  le 4 avril 2009 au Colloque[3] de la revue « Entropia » pour proposer la « grève du troisième ventre » pour sauver la planète. Il reprend les arguments qui commencent à être utilisé dans le monde entier, consistant à dire qu’un enfant européen aurait « un coût écologique comparable à 620 trajets Paris-New York », les « aides » devraient diminuer « sensiblement à partir du troisième » nouveau-né [4] !
France Prioux, directrice de recherches à l’INED, elle aussi écrit : « Si l’empreinte écologique d’un enfant est telle qu’il le dit, je ne comprends pas pourquoi on se contente de s’attaquer au troisième enfant ! Pourquoi ne pas le faire dès le premier ? ».
Comme du temps des gnostiques, c’est l’existence qui, pourrait-on dire, serait par elle-même péché et source de mal.
A force de répéter ces arguments, la démagogie des politiques prendra le relai. Le Président Sarkozy proposait, à l’Elysée, lors de son discours du 12 février 2009 sur la Famille, « une réflexion sur l'évolution du congé parental, qui doit être "plus court" pour faciliter le retour au travail des mères de famille »[5]. Etait-ce-ce pour satisfaire une demande du MEDEF ou pour commencer à aller dans le sens des écologistes ? Ou bien verra-t-on un jour la disparition du « quotient familial » sous le bel alibi qu’il s’agirait d’une simple « niche fiscale » comme les autres ? Tout cela satisfera au plus haut point nos écologistes gnostiques.

Familles nombreuses : plus écolo, on ne fait pas!

C’est ce que titre « Liberté politique ». Nous en reprenons le commentaire :
Une enquête Ipsos a été menée par internet, pour le cabinet Green Inside, auprès de 2.036 personnes, chefs de famille, du 26 mai au 3 juin 2010, auprès d'un échantillon représentatif des ménages français, méthode des quotas en 2010 Inside. Elle a été rendue publique fin mars 2011.
« Cette étude révèle que, plus un foyer compte de membres, moins son empreinte écologique par tête est élevée. En effet, la mise en commun des dépenses d’énergie, telles que le chauffage ou les transports, est une pratique courante et structurelle de la vie des familles, et permet à chaque individu de voir ses émissions de CO² proportionnellement diminuées.
À dire vrai, on se doutait plutôt de cette découverte, qui n’est pas loin de constituer une évidence pour tous ceux qui vivent à plusieurs sous le même toit, mais désormais, on a les chiffres : quand « un individu seul émet en moyenne 10 685 kilos de CO²», deux personnes vivant ensemble n’en émettent « individuellement que 7 093 ». Et « dans un foyer hébergeant 5 âmes ou plus, […] le bilan n’affiche plus que 3 221 kg de CO² par personne. » Les postes les plus responsables de la pollution de l’atmosphère sont clairement identifiés dans l’étude : le premier regroupe les transports (54% des émissions de CO²), le second est le logement (30%), le troisième est l’alimentation (12%).
Les familles n’auront pas pour autant la possibilité de voir leur vertu écologique si récompensée, avec une nouvelle hausse du prix du gaz de 5,2% le 1er avril dernier, qui devrait porter sa progression à près de 20% sur l’année écoulée, dans un climat général d’augmentation des prix de l’énergie. Et l’on parle encore d’une nouvelle hausse à prévoir début juillet. Le gouvernement s’est d’ailleurs attelé à ce défi, et cherche à protéger la facture des Français, en évoquant même la solution prochaine d’un « gel des prix » du gaz, du moins… jusqu’en 2012.
Nathalie Kosciusko-Morizet a de son côté la formule toute trouvée à cette situation, répétant que « la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas ». L’amélioration de la performance énergétique des bâtiments neufs ou anciens est ici en question, avec l’ensemble des dispositions fiscales incitant à y travailler, que la ministre envisage encore d’améliorer.
En attendant, elle pourra aussi désormais conseiller aux Français célibataires de devenir colocataires. Dans son étude, le cabinet Green Inside souligne en effet l’importance qu’auraient une « politique structurelle » permettant « une mutualisation » des dépenses, comme « le covoiturage, la colocation pour les jeunes », ou encore l’emploi commun… des machines à laver. Pour vivre moins cher, vivons ensemble ».

Conclusion
Il ne faut pas attacher plus d’importance à cette étude qu’elle n’en mérite. Bien que ses conclusions semblent réhabiliter les familles nombreuses. Mais il ne faut pas oublier l’erreur grave qui consiste à juger nos comportements à l’aune du critère des émissions de CO². On sait combien ce concept est assis sur des théories soi-disant scientifiques qui sont mensongères.
Mais il faut lire également lire entre les lignes d'autres commentaires sur cette étude. Il n’y a qu’un pas pour pousser nos citoyens à toutes les formes collectives de la vie sociale : "C'est là qu'il y a besoin d'une politique structurelle, de voir comment réfléchir à une mutualisation, comme le co-voiturage, la colocation pour les jeunes, ou comment on pourrait mutualiser les machines à laver", explique M. Dabi-Schwebel. Chez les retraités, le bilan carbone moins bon que la moyenne est notamment dû au logement, en raison de la taille généralement réduite du foyer. On n’ose pas imaginer qu’Yves Cochet ne justifie l’euthanasie pourrait régler ce problème !
Il est dommage que les auteurs de l'enquête partent d’un concept erroné pour terminer par une vraie question : « on voit poindre aussi la problématique des solidarités intergénérationnelles» commente un des auteurs. C’est un sujet qui dépassent les seules préoccupations environnementales.


[1] Nom destine à rappeler les objectifs de gel nucléaire des décennies précédentes. - http://r-sistons.over-blog.com/article-19745144.html

[2] Source : 7.be  du 2 février 2009  et  Life News 2 février 2009

[3] Intitulé « Crise éthique, éthique de crise, sociétés humaines et décroissance »

[4] Source : Libération du 6 avril 2009

[5] Source : le Point 13 février 2009