Cette conférence (CDB) doit se dérouler du 18 au 29 octobre 2010 à Nagoya, au Japon. Elle doit valider les objectifs mondiaux en matière de biodiversité.  
Comment ne pas voir un clin d'oeil de l'histoire quand se tient, très exactement la même semaine, le Synode des Evêques pour le Moyen-Orient qui a donné l'occasion au Président Sarkozy de poser la question suivante: "Comment ne pas voir que le respect de la diversité [des religions] est la clé de l'avenir du Moyen-Orient ?"
Verra-ton un jour l'ONU défendre les chrétiens du Moyen Orient avec la même vigueur que la diversité végétale et animale ?

Toujours est-il que les médias, pendant la conférence de Nagoya, vont reprendre ce mot de "biodiversité" sans en connaître vraiment les enjeux. La biodiversité sera un nouvel argument, après celui du réchauffement climatique, pour accuser l’activité de l’homme.

Or de quoi s’agit-il ?

Commentaire de « les2ailes.com »

Qu’est-ce que la biodiversité ?

Elle exprime la variabilité des organismes vivants, sous toutes ses formes :

  • On parlera de biodiversité des écosystèmes. On pense aux récifs coralliens, aux forêts, etc… Mais pourquoi ne pas préserver également les déserts ; pourquoi ne le mériteraient-ils pas autant que les forêts vierges ? On doit également penser aux paysages ruraux cultivés qui sont des écosystèmes comme les autres… et qui sont indispensables pour nourrir 6 milliards d’habitants. Respecter la biodiversité  ne consiste donc pas à laisser faire la nature !
  • On parlera aussi de biodiversité des espèces
  • On parlera enfin de biodiversité des gènes et de leurs assemblages d’où provient la diversité entre les individus

En agriculture, la biodiversité a été enrichie par l’homme à partir d’espèces sauvages qu’il a domestiquées depuis la préhistoire. Il a créé des races animales et des variétés végétales.

Prenons l’exemple du blé :

Le Blé, c’est toute une histoire !

L’histoire du blé commence 10.000 ans avant JC.

  • Dès l’antiquité, l’homme, a su repérer, parmi les premières céréales issues de croisements spontanés, celles qui l’intéressaient. Il cultiva séparément l’engrain et l’amidonnier, les domestiqua au point d’en fixer génétiquement un certain nombre de caractères.
    C’est un croisement spontané entre les premiers blés amidonniers et une graminée sauvage, l’Aegilops squarrosa, qui donnera naissance à une graminée possédant 7 paires de chromosomes. C’est cette nouvelle espèce, le Triticum aestivum, qu’on appellera au moyen âge l’épeautre. Les échanges commerciaux entre blés grecs et blés romains contribueront à enrichir cette base génétique.
    L’épeautre sera l’ancêtre des blés tendres actuels. Le blé amidonnier de l’époque sera l’ancêtre du blé dur.
  • Au Moyen Âge, apparaissent de nouvelles techniques pour améliorer les cultures de blé : assolement triennal, labour avec charrue animale, apport de fertilisants naturels (fumier). C’est aussi le début du regroupement des terres en grandes propriétés.
  • Au XVIe siècle, on observe une spécialisation céréalière de la Beauce, de la Brie, du nord de la France et de la Haute-Auvergne. A cette époque, la culture d’un épeautre barbu rouge (dénommé rousset) domine. Les cultures de mélanges de plusieurs céréales (ex. blés et orges) sont fréquentes.
  • Le XIX° siècle voit les débuts de la sélection. Les agriculteurs français sèmaient des « variétés de pays » (dites land-races)  adaptées à leurs milieux qu’on a tort d’appeler « autochtones » puisque leurs origines étaient mésopotamiennes. A partir de 1850, ces « variétés de pays » sont remplacées par des blés dits aquitains (obtenus à partir de variétés venues de Crimée ou de l’actuelle Ukraine) et des blés anglais dans le nord de la France. Le plus connu des blés « aquitains » a été appelé « Blé Noé », du nom du Marquis de Noé (Gers) qui le diffusa en Beauce et en Brie.
    C’est à ce moment que Louis de Vilmorin réalise ses premiers travaux généalogiques sur le blé pour obtenir des lignées pures, c'est-à-dire qui conservent les mêmes caractères d’une génération à l’autre. Il obtient ainsi la première variété de blé moderne, Dattel, issue du croisement entre deux blés anglais (Chiddam et Prince Albert).
    Les variétés Vilmorin resteront une référence dans le monde de la sélection jusqu’au milieu du XXe siècle.
  • La fin du XX° siècle voit la recherche s’accélérer : on utilise de nouveaux géniteurs : d’une part, pour obtenir des variétés plus résistantes au froid et aux maladies, puis pour améliorer la qualité boulangère.
    A partir de 1960, les sélectionneurs utilisent des variétés de toutes les origines, et notamment celles issues d’Asie pour sélectionner des gènes intéressants, ceux du nanisme par exemple, pour privilégier le grain au détriment de la paille. Ils ont également à disposition une réserve de gènes de toutes les espèces apparentées sauvages et cultivées.

L’histoire du blé montre bien que c’est l’homme qui a créé de la diversité: aujourd’hui, les agriculteurs français disposent de plus de 350 variétés de blé tendre. La tendance à la diversification variétale est croissante et le renouvellement des variétés cultivées est rapide.

La sélection fait-elle disparaître des espèces ?

On soupçonne souvent les sélectionneurs d’imposer aux agriculteurs un nombre limité de semences.
Regardons quel est le comportement de tous ceux qui disposent d’un jardin potager.

Quels sont leurs critères d’achat en matière de semences. Ils sont multiples. Ils veulent des variétés résistantes aux maladies pour éviter des traitements phytosanitaires, une qualité d’apparence de leurs légumes, un goût qui flatte leur palais ou leur rappelle des souvenirs. Ils sont sensibles à d'anciennes variétés aux noms parfois si poétiques : oseille commune de Belleville, choux pommés, haricot Lingot, courges bouteille... Ils sont bel et bien dans une logique de jardinage productif en même temps que de plaisir.
Est-ce à dire que les variétés commerciales ont fait disparaître les anciennes variétés de légumes ?

En cette matière, comme en celle des blés, l'homme a contribué à enrichir la biodiversité et non l’inverse. L'homme a d'abord identifié des plantes sauvages comme plantes alimentaires (ou médicinales), il les a entraînées dans son sillage, les a acclimatées à des milieux très divers, et les a domestiquées. Chaque année, plus de 500 variétés, potagères et agricoles, sont inscrites au catalogue des espèces et variétés.

Une priorité pour tous : conserver les anciennes variétés.

Pour certains, les variétés anciennes peuvent paraître dépassées par des variétés récentes offrant de nouvelles qualités. En fait, les scientifiques, les chercheurs, les collectionneurs veulent conserver toute la biodiversité... et sont très attentifs à la préservation des anciennes variétés.
Pourquoi ? Parce que l'ensemble des variétés constituent un réservoir dans lequel l'homme puise pour créer de nouvelles variétés, résistantes à un parasite ou ayant une caractéristique particulière.

Mais ce serait un leure que d’imaginer que la nature pourrait, toute seule, comme un magicien, conserver les espèces. Au cours de l’histoire de notre planète, un nombre incalculable d’espèces ont disparu.

C’est pour cela que les sélectionneurs ont été les premiers en France à collectionner des variétés, et à maintenir et enrichir ces collections. Ils participent à des réseaux de ressources génétiques qui permettent de développer la conservation et les échanges.

Conserver la biodiversité est un véritable métier d’expert qui nécessite une gestion stricte. En effet, pour préserver les qualités d'origine d'une variété, il est indispensable de la répertorier et de décrire ses caractéristiques de façon précise.
Les états ne s’y trompent pas : en France, la coordination de ce travail est assurée par le Bureau des Ressources Génétiques (BRG), qui participe aux programmes internationaux de coopération. Le BRG s'appuie sur une trentaine de réseaux organisés par espèce (maïs, carottes, betteraves, céréales à paille, colza...) qui regroupent aussi bien les entreprises privées de sélection que les instituts de recherche publics.
Dans le monde, la FAO a recensé plus de 1470 collections de graines et de plantes, conservées dans des banques de gènes, réparties à travers 150 pays. On y dénombre 5,4 millions de spécimens de plantes cultivées.

En matière animale, la préservation de la biodiversité est également l’affaire des hommes. Sans l’intérêt que l’homme leur a porté, un grand nombre d’espèces de chevaux n’auraient jamais vu le jour, spécialisés dans le labour, dans la traction, dans la viande, dans l’attelage, dans la course de haie, ou de fond, ou de chasse. Et sans le rôle essentiel des haras, l’homme n’aurait pas conservé des races de labour. Or tout cela est un métier. A qui fera-t-on croire qu’il suffirait de congeler des embryons de chevaux pour préserver leur biodiversité ? On comprend bien que seul l’homme peut en préserver l’existence par un élevage qu’il pratique à cette seule fin.

Même l’agriculture biologique reconnaît la nécessitéde la sélection !

Les agriculteurs sous certification AB (Agriculture Biologique), se sont donné des règles à la fois strictes et contrôlées : de façon générale, les semences et les plants utilisés par les agriculteurs sont produits par d'autres agriculteurs spécialisés. Des techniques particulières ont été mises au point pour ces productions de semences, plus difficiles et plus risquées. Les débuts n’ont pas été simples !

Aujourd'hui encore, le métier des établissements semenciers impliqués dans la démarche Bio n'est pas de tout repos. Ils doivent en effet passer avec succès les contrôles classiques très stricts de la production de semences, auxquels s'ajoutent ceux des organismes certificateurs Bio. En tout état de cause, cela ne signifie pas que « Bio » soit synonyme de boycott des agriculteurs-multiplicateurs de semences sélectionnées.

Conclusion

De tout ce qui précède, il faut retenir que la biodiversité résulte de l’activité humaine. Or l’idéologie écologiste voudrait faire croire à une urgence d’une « croissance zéro » voire de décroissance pour que l’homme se retire et laisse la nature préserver la biodiversité. Or, sans l’homme, la nature privilégierait les mécanismes de dominance et ce sont les variétés les plus résistantes à leur milieu qui étoufferaient les autres.  Sans l’homme, les paysages que nous aimons ne seraient pas modelés comme ils le sont. Sans l’homme, nos forêts, même en zones tempérées, seraient inaccessibles au moindre promeneur du dimanche.

Sans une volonté délibérée de l’homme de « travailler » la nature, l'homme aurait, depuis longtemps, été éliminé, comme elle a su éliminer d’autres espèces. Car la nature est envahissante si on ne la tient pas au bout d’une serpe. Ce n'est pas pour rien qu'on parle de "loi de la jungle" quand l'homme n'est pas là pour maitriser la nature. La nature n’est pas « bonne » en soi. Elle ne le devient que si l’homme en tire du fruit par son travail.