On se rappelle qu'en novembre 2009, certains fichiers informatiques de l’Unité de Recherches Climatiques (CRU) de l’Université d’East Anglia à Norwich ont été piratés. Cette unité de recherche est une de celles qui sert de base aux travaux du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC).
Sans entrer dans le débat moral du piratage en lui-même, la question de leur authenticité ne fait maintenant plus de doute. La question est de savoir si leur contenu remet ou non en cause la crédibilité. Que penser des pratiques découvertes: fausses statistiques, refus de transparence des données utilisées dans les études, menaces sur les comités de lecture des revues scientifiques, etc…
De nombreuses voies s’étaient élevées pour que soit menées des enquêtes en Angleterre, siège du CRU. Le CRU a répété, six mois plus tard, que les enquêtes officielles sur le scandale du Climategate ont lavé de tout soupçon les principaux scientifiques du GIEC impliqués, et que leur science a été « démontrée comme valide ». Qu’en est-il ?

Source : TF1 news du 8 juillet 2010

Commentaire de « les2ailes.com »

Qui est l'auteur du piratage?

A l'heure actuelle, le responsable de la fuite de ces documents n'est pas connu. Cependant, au vu de la connaissance précise du sujet par la personne ayant mis ces documents en ligne, il pourrait s'agir d'un employé du CRU, choqué par la façon dont la science y est traitée par les alarmistes du réchauffement. Les personnes ayant divulgué le contenu de ce dossier, qu'ils soient des pirates ou non, ont accompagné le dossier d'un message : "We feel that climate science is too important to be kept under wraps. We hereby release a random selection of correspondence, code, and documents. Hopefully it will give some insight into the science and the people behind it".

Qu'en ont dit les personnes concernées?
Plusieurs d'entre elles ont reconnu que les documents étaient authentiques et aucun n'a mis en cause la validité du moindre document. Les documents les plus discutés ont été reconnus comme authentiques par ou leurs émetteurs ou leurs destinataires.

Plusieurs enquêtes ont été menées :

  • Un memorandum rédigé par le Pr Edward Acton, Vice chancelier de l’université d’East-Anglia, qui a « accepté d’assister l’université » (§ 2.3 du memorandum).
    Source : « Memorandum de l’Université d’East-Anglia » du 10 février 2010. 
    Cette enquête a été demandée par le CRU lui-même et ses conclusions ne peuvent être qualifiées d'indépendantes.
  • L'enquête commandée par la commission scientifique et technologique de la Chambre des Communes, avec pour président Phil Willis, a rendu ses conclusions le 31 mars 2010.
    Les élus critiquent le Pr Jones et les climatologues en général, les accusant d'être trop possessifs et secrets sur les données scientifiques brutes et les codes informatiques qu'ils utilisent pour établir le lien entre le réchauffement climatique et les activités humaines.
    Les députés critiquent plus explicitement l'UEA pour avoir favorisé une culture de rétention de l'information, ce qui est contraire à la loi en vigueur sur la liberté d'information (Freedom of Information Act 2000). A cet égard, Phil Willis, président de la commission, qualifiait de "répréhensible", le refus de l'UEA de divulguer des informations en provenance d'une petite unité du CRU comprenant 4 personnes.
    Par ailleurs, le comité estime que l'acharnement médiatique sur le Pr Jones était disproportionné dans la mesure où ses actions furent conformes aux pratiques couramment adoptées par la plupart des climatologues à travers le monde.

    Les députés reconnaissent que leur enquête sur les courriels ne s'est limitée qu'à une seule audience parlementaire, et que les délibérations de la commission ont dû être précipitées par la perspective des élections générales du 6 mai 2010. Le rapport souligne notamment que les députés n'ont pas été en mesure d'examiner en détail les allégations selon lesquelles des données auraient été supprimées par le Pr Jones.
    Le rapport recommande toutefois que ce processus soit examiné lors de l'enquête sur l'analyse des publications scientifiques du CRU, dirigée par Lord Oxburgh, ex-président du Select Committee on Science and Technology de la Chambre des Lords.
    (Sources : Ministère Français des Affaires étrangères – Ambassade de France au Royaume uni du 7 mai 2010).
  • L’enquête de la « Société Royale », présidée par le géologue Ron Oxburgh qui est président de la société "Falck Renewables" qui fabrique des éoliennes au Royaume-Uni et en Europe, et dont la compagnie soeur, Actelios, a vu sa part en bourse fondre de moitié récemment (suite au ClimateGate et l’échec de Copenhague). Il est aussi président d’honneur de « Carbon Capture and Storage Association » dont le nom montre bien qu'elle milite pour le stockage de CO² dans de soi-disant puits de carbone.
    On a des difficultés à imaginer l’indépendance d’un comité présidé par une personnalité ayant de tels intérêts dans des entreprises qui tirent profit de la soi-disant cause humaine du réchauffement climatique. (Source : « Agence Science Presse » article de Yves Pelletier du 5 juillet 2010). 
    Le rapport Oxburgh fait état de 11 publications représentatives qui ont fait l’objet d’une sélection retenue par la Société Royale à la suite d’entrevues avec les scientifiques du CRU. On ne s’étonnera donc pas que aucun des 11 travaux sélectionnés ne figure parmi les travaux vivement critiqués, et aucun n’est en lien à la courbe en crosse de hockey objet des critiques. Ces articles sont en fait le fruit d’une sélection judicieuse permettant de conclure au blanchiment.
  • Quant à l'enquête menée aux États-Unis par l’université de Pennsylvanie (Penn State), elle avait surtout pour objectif de dédoauner son employé Michael Mann, l’auteur de la courbe en crosse de hockey et largement impliqué dans les courriels du ClimateGate.
    Les seules auditions menées auraient été effectuées par Gerry North. Or celui-ci a reconnu devant l’université de Rice  "ne pas avoir lu les courriels, et ne pas être au courant qu’il y avait des fichiers de programmation livrés dans le ClimateGate”. (Source : « Agence Science Presse » article de Yves Pelletier du 5 juillet 2010).
  • La dernière enquête a été publiée en juillet 2010, menée par un ancien fonctionnaire, l'ancien Doyen de l'Université de Glasgow, Sir Muir Russel.
    Les chercheurs se voient reprocher de n'avoir pas répondu ouvertement à des questions sur les données climatiques protégées par les lois sur la liberté d'information. "Nous avons observé une tendance à répondre à la mauvaise question ou à donner une réponse partielle", dit le rapport.
    L’analyse de Muir Russel est donc sévère sur le secret entourant les données [du CRU], concluant à « un manque de transparence chronique ». Des données clés pour le public - comme celles assemblées par le CRU sur les 160 années de mesures thermométriques terrestres - ne peuvent pas être considérées comme des biens privés.
    Malgré cela, il aurait dû se joindre à Oxburgh pour exiger une meilleure documentation des décisions d'ordre subjectif utilisées pour transformer les données brutes en graphiques de températures moyennes mondiales. La manipulation des données est l'essence même de la science, mais celle-ci doit être aussi ouverte et transparente que les données elles-mêmes.
    Mais, l'équipe de Russell a omis de se poser certaines questions. C'est ainsi qu'elle a décidé de ne pas analyser par le menu les courriels qui avaient fui dans le domaine public. Elle ne s'est penchée que sur trois cas d'abus possibles du processus de relecture par les pairs, et seulement deux cas où les chercheurs du CRU auraient abusé de leur rôle en tant qu'auteurs des rapports du GIEC. Il y en avait bien d'autres. Les membres de la commission Russel n'ont pas étudié les centaines de milliers de courriels non publiées du CRU.
    Si l'on ajoute à cela l'incapacité à vérifier si des courriels avaient été supprimés pour empêcher leur divulgation en vertu des lois sur l'information, rend peu crédible la conclusion de Russell que « la rigueur et l'honnêteté des scientifiques concernés ne sont pas de doute ».
  • La presse se plait également à citer l'étude de l'Agence néerlandaise d'évaluation de l'environnement (PBL) qui aurait confirmé, le 5 juillet 2010, la crédibilité du GIEC. En fait l’étude portait sur le rapport 2007 du GIEC et non sur l’affaire du Climategate. C’est donc une toute autre affaire. Cette enquête avait été commandée par gouvernement néerlandais à la suite de l'affirmation du Giec selon laquelle 55% des Pays-Bas se trouvent en dessous du niveau de la mer, au lieu de 26% selon le gouvernement.
    Or, le PBL relève plusieurs "erreurs", et estime que "l'accent a été mis sur les principaux effets négatifs du changement climatique". Concernant les polders, le PBL estime qu’il "aurait fallu lire que 55% des Pays-Bas sont susceptibles de subir des inondations".
    Concernant les glaciers de l’Himalaya, ils " ne disparaîtront pas d'ici 2035 pour la plupart, comme cela était indiqué dans le rapport du Giec", estime le PBL.
    En bref, "le GIEC devrait plus investir dans le contrôle de qualité afin d'éviter erreurs et raccourcis, dans la mesure du possible", ajoute le PBL, qui demande "plus de transparence et de clarté dans les argumentations qui mènent à certaines conclusions". (Source : Agence France presse du 5 juillet 2010 reprise par « Rormandie news »)
    Comment avec un tel contenu, le journal « Libération » a-t-il pu titrer le 7 juillet 2010 : « Climategate: une enquête indépendante blanchit les chercheurs accusés » ?
  • Pour en finir avec les diverses enquêtes, il faut souligner que celle de la police, est, pour sa part, toujours en cours.

 

Une série d’enquêtes relevant du « tour de passe-passe »

La presse anglaise est d’ailleurs très sceptique sur toutes ces enquêtes.

La BBC qualifie ces trois enquêtes de « tour de passe-passe », liste d'articles à analyser choisie par les scientifiques impliqués dans le scandale, pas de question sur la « science », seuls les gens de l'Université sont interrogés, aucun critique extérieur.
D’ailleurs, le principal incriminé, Phil Jones, a reconnu le 13 février 2010, dans une interview à la BBC, qu'il "est possible que le monde ait connu au Moyen-âge un réchauffement aussi important qu'aujourd'hui".

Le Guardian fait remarquer que personne lors de ces commissions d'enquête n'a posé à Phil Jones la question pourtant fondamentale quant à savoir s'il avait supprimé des données ou des courriels. Par ailleurs, pour Fred Pearce, ce dernier rapport est loin d'être une exonération complète des scientifiques impliqués.

 

Dans ces conditions, il nous parait difficile de justifier la conclusion d'Edouard Acton, vice-chancelier de l'Université d'East Anglia, que le CRU a été « totalement disculpé ».