(réactualisé 05.12.2016)

"Les hommes ne savent plus distinguer leur droite de leur gauche" 
(jonas  4, 11)

Les programmes politiques, sur le long terme, laissent l'électeur rêveur. Avec le jeu des alternances, le pouvoir vire tantôt à gauche, tantôt à droite, mais la route semble aller infailliblement dans la même direction, celle d'un "progrès" guidé par ce que le pape François a qualifié, dans une homélie du 18 novembre 2011, "d’esprit de progressisme adolescent". Pour lui, le phénomène est mondial: "Ce n’est pas la belle globalisation de l’unité de toutes les Nations, chacune avec ses us et coutumes mais unies, mais plutôt la globalisation de l’uniformité hégémonique, c’est le règne de la pensée unique". Les partis sont en adéquation avec ce que nous sommes. Or "nous sommes progressistes, nous allons dans le sens du progrès vers lequel tous vont"[1].
Si  c'est donc le même progrès vers lequel vont la gauche et la droite, où est le clivage? Seule un nouveau type d'analyse permettra d'élaborer un programme ad'equat pour les élections présidentielles et législatives.

Commentaire "les2ailes.com"

1. L'EXPERIENCE DES ALTERNANCES DROITE-GAUCHE

L'expérience montre certes de légères différences entre ce qu'on appelle communément la droite et la gauche.

1.1. En matière économique

La création d'impôts nouveaux est souvent le fait de partis plus à gauche. Mais croit-on sérieusement que l'économie sera bouleversée, par 10 ans de divers pouvoirs d'alternance qui ont fait passer les prélèvements obligatoires français de 43 à 44%,. Croit-on un instant que les partis français dits d'alternance seraient capable de ramener les dits prélèvements à 27 % comme aux USA ou au Japon, ou même à seulement 35% comme en Allemagne ? Croit-on que les "contrats de génération" qui ont remplacé les "contrats d'emploi jeune" seront plus efficaces sur le long terme?

1.2. En matière sociétale

Il est exact que les lois dites, à tort, "de progrès" avancent souvent plus rapidement pendant les périodes de gouvernements de gauche.  Mais faut-il rappeler que c'est Giscard d'Estaing qui avait annoncé que la France serait "étonnée par le changement"? C'est lui qui chargea son premier ministre, J. Chirac de mettre en œuvre la loi Veil, et son ministre souriant de la Justice, Jean Lecanuet, une loi sur le divorce par consentement mutuel ? Oublie-t-on que l'enseignement de l'éducation sexuelle et affective à l'école par l'association homosexuelle AIDES, a été agréée par F. Bayrou, sous un gouvernement de Jacques Chirac, ouvrant ainsi la porte à la culture du Gender à l'école ? COmment expliquer que les partis dits du "front républicain" (PS, LR, etc...) refusent tous d'abroger purement et simplement la loi Taubira?

Dès lors, si les frontières ne sont pas claires entre la droite et la gauche, où se situent les vrais clivages ?

2. NOUVELLE MISE EN PERSPECTIVE

 

Nous proposons une méthodologie en trois temps:
- une grille d'analyse pour distinguer les nouveaux systèmes de pensée qui s'opposent
- une liste de propositions politiques typiques illustrant les systèmes en question
- des "mappings" positionnant divers partis, think-tank ou mouvements de militants

2.1. Grille d'analyse pour distinguer les nouveaux systèmes de pensée

Cette grille consiste à ne plus se focaliser sur un axe linéaire droite-gauche, mais à proposer cinq nouveaux axes avec, pour chacun, deux extrêmes:

  • Ceux qui privilégient le social pour aider les plus démunis et ceux qui font une priorité du sociétal et du bien commun;
  • Ceux qui cherchent à répondre à promouvoir l'individualisme comme fondement de la construction de la personne, là où d'autres pensent que, sans altérité, on ne peut se construire;
  • Ceux  qui légifère au non de l'éthique de responsabilité et ceux qui se fondent sur l'éthique de conviction;
  • Ceux qui attachent de l'importance aux programmes au point de construire un véritable messianisme temporel, quand d'autres ne voient, dans leurs propositions, que les étapes d'un salut qui, en toute état de cause n'est pas de ce monde;
  • Ceux qui, en matière de laïcité, veulent une société laïque et ceux qui se limitent à la non ingérence d'un État laïc dans le fait religieux.

2.2. Liste de propositions politiques typiques illustrant les systèmes de pensée

Approfondissons les éléments de cette grille de lecture. Deux types de points de vue s'opposent avec des fondements prioritaires répartis  en deux colonnes. On peut illustrer le tout par des exemples de lois symptomatiques  de tel ou tel propos:

2.2.1. Le social  ou  le sociétal  ?

Le parti à prendre est de savoir s'il faut  privilégier le social pour aider les plus démunis ou donner une priorité au sociétal et au bien commun?

Définitions et cadre de la réflexion

  • Certains biens matériels, donc appropriables et consommables, ont une destination universelle en ce sens qu'ils sont primaires et indispensables à la survie, pour se nourrir, croître, se protéger.
  • La "destination universelle des biens" relèverait de la politique sociale.
  • Au nom d'une certaine "option préférentielle pour les pauvres", il faudrait privilégier des critères qui semblent essentiels pour l'avenir: la justice sociale, l'accueil de la diversité et la cohésion.

  • Le bien commun ne serait que la défense de droits humains constitués de manière subjective selon les époques.

 


  • Le bien commun est la dimension sociale du bien moral. Il est indivisible et ne se consomme pas: il n'est possible à atteindre et à conserver qu'en société.
  • Le principe du "bien commun" concerne des questions d'ordre sociétal.
  • Sans souci du bien commun interpellant fortement des hommes politiques, le développement est impossible, car, quand on cède au relativisme, les pauvres deviennent plus pauvres.
  • Le bien commun a pour objectif de permettre à chaque membre social d'atteindre sa perfection d'une manière plus totale et plus aisée

 

Priorités politiques?
  • Il faudrait commencer par s’investir pour soulager uniquement les pauvretés, les misères, les souffrances et les maladies physiques
  • Il est certainement nécessaire de donner du pain à celui qui a faim ; c’est un acte de justice. Mais il y a aussi une faim plus profonde, la faim de dignité.

Exemples de propositions politiques

  • Le droit au travail et les droits matériels, droit au logement, droit alimentation, droit à l'eau, droit aux soins, etc...
o Instauration d'un "droit au logement"
o Création de la "couverture maladie universelle"
  • Le devoir de travailler et de contribuer à sa propre subsistance, dans une société rendant universelle la possibilité pour chacun de satisfaire ses besoins fondamentaux.
o Garanties de ressources sous condition d'un service civique

 

 

2.2.2. Satisfaire l'individu ou  construire la personne?

Pour l'épanouissement des personnes, faut-il promouvoir l'individualisme comme fondement ou privilégier la mise en commun de toutes les formes d'altérités pour construire la personne ?

Définitions et cadre de la réflexion

 
  • Exprimer son individualité serait une manière de se construire pour éviter les stéréotypes.
  • Notre identité serait quelque chose que l'on créé individuellement. Nous serions ce que nous choisirions d'être, ex nihilo.
  • Nous serions libres de nos actes. Le subjectivisme serait une libération.
  • Notre liberté serait une construction auto-protectrice : se mettre à l'abri des intrusions d'autrui.
  • Seul l'individu est juge des valeurs qu'il doit respecter.
  • Exprimer sa dépendance d'autrui  permet d'assumer les réalités et de s'épanouir.
  • Notre identité est quelque chose qui est reçu de la nature, d'une tradition familiale, culturelle ou religieuse, voire de Dieu lui-même.
  • Il y a, dans nos actes, ceux qui nous rendent libre et ceux qui nous aliènent.
  • Notre liberté a un but altruiste: être au service d'autrui rend libre
  • Les valeurs anthropologiques s'imposent à l'individu.
Exemples de propositions politiques
  • L'engagement serait une entrave à la liberté: personne ne devrait être redevable de quiconque d'autre.

o La libre répudiation dans le PACS

  • Chacun serait libre de son propre projet d'auto-création, véritable "constructivisme"  et "déconstruction des réalités".

o Apprendre à l'enfant à "devenir homme ou femme" (programme officiel du gender)
  • Le corps serait à usage personnel dont on pourrait user à son gré, un objet sur lequel ni autrui, ni la loi sociale ne doivent empiéter.

o Autorisation du suicide assisté
o Autorisation de la mutilation comme contraception définitive
o La libre disposition de son corps
  • L'engagement rend libre, car il me permet d'assumer ma relation à autrui et m'aide à être responsable d'autrui.
  • Assumer les réalités permet de s'épanouir et de devenir ce à quoi on est destiné.

o Apprendre à l'enfant à assumer ce à quoi il est destiné

  • La personnalité se façonne pour être au service d'autrui . On se révèle et on se rend présent à autrui avec un corps qui est nôtre mais qui a vocation à être au service d'autrui.

o La loi doit protéger le faible contre le fort, mais aussi notre corps contre nous-mêmes lorsque nous sommes affaiblis par une détresse temporaire (interdiction du suicide assisté, de l'automutilation, etc...)

  • Vision individualiste de la sexualité dissociée d'une procréation devenue socialement assistée. L'État devient garant pour qu'autrui  n'entrave pas la licence sexuelle devenue symbole d'individualisme.

o Généralisation de la Procréation Assistée ou de la Grossesse par Autrui pour les stérilités sociales
o Libre distribution de toute contraception aux mineures sans autorisation parentale

  • Morale sexuelle et  justice sociale s'appuient  sur la même vision de la personne qui a vocation à se donner.


o Dimension procréative de la famille justifiant les avantages fiscaux que la société lui accorde

 

  • Les valeurs postmodernes sont tolérance, non-discrimination, souci humaniste de bienfaisance,  refus de toutes formes d’obscurantisme ou d’intégrisme, consentement libre et informé.
  • Le principe de précaution  pour garantir le zéro risque individuel.

o Sexe sans risque, avortement sans risque, maternité sans risque (DPN et DPI)

  • La science devrait être autonome
o le contrôle de la recherche médicale confiée à l'Agence de la biomédecine", véritable autorité juge et partie!
  • Les valeurs traditionnelles sont le respect et la dignité de la personne, le droit de la défense, la distinction entre l’acte et la conscience de celui qui agit, le caractère central de la cellule familiale pour la société,  la liberté de conscience,..
  • Le principe prudentiel  avec une pesée optimisée des bénéfices et des risques en fonction des besoins à satisfaire

o Développement raisonné des OGM et du nucléaire

  • La "vérité scientifique" n'est pas un absolu et la science doit accepter le contre pouvoir de l'éthique

 

 

2.2.3. L'éthique de conviction ou l'éthique de responsabilité ?

Définitions et cadre de la réflexion

  • L’éthique de responsabilité  serait fondée sur l’étude sociologique des conséquences d’une décision généralement d’ordre politique
  • L’éthique de responsabilité accepte de prendre subjectivement conscience des risques et des conséquences prévisibles qu'entraîne logiquement toute décision, analyse qui s'appuie sur une estimation raisonnée, mais qui n’en reste pas moins subjective.
  • L’éthique de responsabilité voit, dans le naturalisme, un humanisme selon lequel la raison humaine et la nature humaine restent maîtresses et souveraines
  • L’éthique de conviction  se fonde sur la loi naturelle, un instrument culturel pour que l’homme ne soit prisonnier d’aucune de ses cultures et qu’il affirme sa dignité personnelle dans une vie conforme à la vérité profonde de son être.
  • L’éthique de conviction se préoccupe des sources présidant à l'action, Vérité, Liberté et conscience objective des résultats de l’acte.
  • L’éthique de conviction  a le souci du résultat d’un acte d’assistance
Exemples de propositions politiques
  • L'utilitarisme est érigé en principe

o Libéralisation de la recherche embryonnaire

  • La loi morale doit accompagner l'évolution des mœurs.

o Pacte d'Union Civile ou IVG

  • L’objectivité devrait se soumettre à la subjectivité pour définir de nouvelles règles morales au gré de l'évolution des consensus des sociétés

o Acquittement d'un meurtre après un déni de grossesse

  • Le droit dérogatoire doit permettre d'accompagner les mœurs

o Dérogation au droit à la vie dans la loi sur l'IVG

  • L'utilité est une pratique indispensable sans pour autant être érigée en principe.
  • La loi morale est transformative et la loi naturelle dirigée vers un but: l'épanouissement humain



  • L’obligation morale fait en sorte que ce soit la subjectivité qui s’adapte à l’objectivité

o Jugement sur la base des principes assorti d'éventuelles  circonstances atténuantes

  • Le droit positif est à préserver

o Présomption d'innocence,
o preuve à charge de l'accusation

 

2.2.4. Le "messianisme temporel" ou le "développement intégral" ?

Faut-il privilégier l'élaboration de programmes d'actions détaillés, véritables promesses de salut temporel, ou se contenter de simples proposition ayant le souci du développement intégral, c'est à dire des vertus sociales de vérité, de beauté, de liberté, de spirituel, permettant aux membres d'une société de développer l'intégralité de leurs inclinations naturelles ?

Définitions et cadre de la réflexion

  • L'élaboration de programmes d'actions ultra-détaillés peuvent devenir de véritables promesses de salut temporel,  des formes de messianismes politiques.
  • L'importance est donnée aux programmes collectifs
  • Le pouvoir normatif est donné à une  forme d'"experto-cratie" chargée d'établir des "bonnes pratiques".
  • Le politique devrait proposer les conditions d'un "développement intégral" pour une société où règne davantage de justice et de vérité plus juste et plus vraie, anticipation d'un messianisme intemporel pour ceux qui croient en une "nouvelle terre"
  • L'expérience individuelle peut devenir exemplaire.
  • Trop de "bonnes pratiques" finit par déresponsabiliser  le citoyen qui désespère de toute initiative personnelle pour améliorer les situations.
Exemples de propositions politiques
  • La peur utilisée comme outil d'asservissement

o Écologisme idéologique, surpopulation,

  • La liberté d'opinion érigée en absolu avec les risques de caricatures et de scandale

o Golgota picnic, Piss christ, caricatures sur Mahomet...

  • La gouvernance  mondiale par l'affaiblissement des gouvernements

o Mise en exergue d'une prétendue faillite des états

  • Le "principe d'exacte adéquation" qui voudrait que chaque niveau de collectivité reçoive compétence pour résoudre les questions qui, en raison de leur nature, ne sont solubles que là.
    Ces pouvoirs juridiques seraient accordés par une source supérieure mal définie.

o L'exacte adéquation peut devenir le paravent d'idéologies mondiales
o Directive Estrella

  • La démocratie participative assise sur le consensus et le partenariat d'ONG non représentatives

o Organisations de "Grenelle" de toutes sortes
et d'États généraux artificiels

  • L'éducation nationale

o Mission donnée à l'école d'arracher l'enfant au déterminisme familial

 

  • Les partenariats mis au service de l'universalité

o Les parents cantonnés au statut de simples protagonistes des systèmes éducatifs

  • La vérité utilisée comme outil de libération



  • La liberté d'expression au service de la vérité et du bien commun

 

  • Le gouvernement et la souveraineté nationale, outil du "vivre ensemble"

 

  • Le "principe de subsidiarité" par lequel chaque niveau délègue à la collectivité, dite supérieure, les pouvoirs qu’elle n’est pas à même d’exercer convenablement.
    La collectivité supérieure se construit alors à partir de la base.

o La subsidiarité est garante des équilibres de pouvoir et de la justice

  • La démocratie représentative à travers des contrat de sociétés et de gouvernement



  • L'instruction publique

o Priorité donnée à l'Etat d'assister les familles dans la transmission des savoirs et non de soumettre leurs enfants à aux déterminismes nouveaux d'une dite morale laïque

  • L'autorité et les hiérarchies légitimes au service du bien commun

o Les parents sont les premiers responsables de l'éducation donnée à leurs enfants

 

2.2.5. Une société laïque  ou   un État laïc  ?

Définitions et cadre de la réflexion

  • Une société laïque devrait être préservée de toute référence au fait spirituel.
  • Les religions devraient se mouvoir dans des mondes séparés
  • Le fait religieux renverrai à un "autre monde"
  • Un état laïc se limite à la non ingérence de l'état dans la compétence des religions
  • La religion est une donnée culturelle et sociale indissociables d'une société.
  • Un monde terrestre sans Dieu est un monde inhumain
Exemples de propositions politiques
  • La société devrait limiter l'expression publique des cultes

 

  • L'expression religieuse devrait être cantonnée à la sphère privée.

o Interdiction des sonneries de cloches ou des statues d'hommes religieux sur le domaine public

  • Distinction du droit d'état et de la compétence relevant du religieux; le droit canon est, par exemple, indépendant du droit d'État.

o L'État ne peut interdire à une religion de refuser le mariage religieux homosexuels

  • La profession publique d'un culte est un droit relevant de la liberté religieuse.

o Les chemins de croix, processions prières de rue sont un droit inaliénable, premier par rapport à la liberté de circulation (Cour européenne des Droits de l'homme)

2.3. Mapping des partis et mouvements politiques

La grille d'analyse précédente, illustrée par des exemples de mesures politiques, doit être illustrée graphiquement pour être plus compréhensible.
Faute de pouvoir illustrer graphiquement de nouveaux positionnements dans un espace à 5 dimensions, les cinq axes que nous avons proposés, nous avons retenu des mappings classiques à deux dimensions.

  • Un mapping socioculturel
  • Un mapping politico-religieux

2.3.1. Mapping socioculturel.

Il oppose les deux premiers axes précédemment décrits :

  • Satisfaction de l'individu ou construction de la personne (en abscisse)
  • Fait social ou fait sociétal (en ordonnée)Quelques explications simples permettent de justifier les choix retenus:
  • Le "Front de Gauche" incarne plutôt un communautarisme de classe plus qu'un véritable individualisme
  • Les jeunes partis "Sens Commun", "Poissons Roses" et "Semaines Sociales de France" et le Printemps Français", ont des discours qui pourraient tirer leur positionnement vers l'Est, mais leurs appels électoraux, l'un vers le PR, les deux autres vers le PS, et le dernier vers le Front National les ramènent  vers le centre
  • PS et PR, malgré leurs discours opposés l'un à l'autre pour exister sont positionnés assez proches l'un de l'autre dans la mesure où l'expérience montre aussi que la plupart des réformes faites par l'un n'ont que très rarement été abolies par l'autre, et que les politiques internationales se ressemblent, les positions prises dans les instances internationales comme le FMI ou l'OMC étant les mêmes.
  • Le quart NW est difficile à franchir. Comment, en effet, défendre à la fois le bien commun et l'individualisme? Curieusement, "Avenir pour tous" y parvient avec Frigide Barjot, son leader, qui est à la fois soucieux de bien commun, en défendant la filiation, mais souhaite institutionnaliser des questions relevant de l'individualisme gay. Il n'est qu'à voir les couleurs du logo qu'elle a retenu avec l'arc en ciel emblème du lobby LGBT.
  • Paradoxalement, le Front National devient un parti centriste. Il propose des mesures disparates, souvent aussi éloignées du bien commun que des questions économiques, et d'autres qualifiables tantôt de communautaristes, avec l'immigration, ou de personnalistes, pour satisfaire les milieux chrétiens traditionalistes

2.3.2. Mapping politico-religieux.  

Il oppose les deux premiers axes précédemment décrits :

  • Société laïque ou Etat laïc (en abscisses)
  • Messianisme temporel imaginant un humanisme entendu comme le "progrès" de l'humanité ou le développement intégral de la "personne" (en ordonnées)

Les explications précédentes s'expliquent pour l'essentiel, avec ces nouveaux axes:

  • Les quarts SE et NW incarnent des valeurs incompatibles
  • Le Front National franchi le quart SW dans la mesure où il craint l'expression publique des cultes, et donc se rapproche d'un souhait de société laïque. D'autre part, il fait la promotion d'un certain messianisme temporel avec des mesures parfois très directives dans certains domaines (liberté d'expression), autant que le font d'autres partis dans d'autres domaines (écologisme malthusien).

2.3.3. La difficulté pour l'engagement chrétien en politique .

L'Église propose quelques recommandations:

  • Le devoir de s'engager: "La politique est la forme la plus haute de la charité" (pape François)[2]
  • Les points non négociables: "la vie naissante qui doit être défendue sans instrumentalisation de l’embryon, la famille qui doit être fondée sur l’union d’un homme et d’une femme, et l’éducation qui relève de la responsabilité des parents" (Benoît XVI)[3]
  • Une forme de priorité au bien commun par rapport, même si on ne transige pas une priorité au bénéfice d’une autre car une personne ne se dissèque pas en tranches. Malgré tout, "il n’y a ni de véritable promotion du bien commun, ni de véritable développement de l’homme quand on ignore les piliers fondamentaux qui soutiennent une Nation, ses biens immatériels: la vie. Il y des maladies et des misères humaines beaucoup plus graves qui menacent notre humanité : ce sont ces sociétés dominées par l’éros de l’argent et du sexe, les destructions du mariage et de la famille et les profondes déviations anthropologiques et morales" (Pape François)[4].

Sur ces bases, chacun a pu faire des choix,

  • Celui d'intégrer des "partis de gouvernement" existants, en espérant faire "bouger les frontières",  être ferment pour "devenir l'opportunité des opportunistes" comme le dit Madeleine de Jessey, une des fondatrices de "Sens commun". Ils pensent que "c’est toujours la minorité la plus engagée qui finit par entraîner avec elle la majorité indolente",
  • Celui de militer dans des partis pour l'instant écartés des opportunités de pouvoir politique,
  • Celui de militer dans des courants de "démocratie démonstrative" ou de participer à des "think-tank".

3. CONCLUSION:
Gauche-droite : un "progrès adolescent" qualifiable d'Apostasie?

 

L'évolution des clivages politiques et des systèmes de pensée ne relèvent pas du hasard mais de ce que nous sommes profondément. L'électorat est convaincu, ou se laisse trop facilement convaincre,  comme le précisait le pape François, "qu’aller de l’avant dans n’importe quel choix est préférable au fait de rester dans les habitudes de la fidélité"? Le Pape nous met pourtant amèrement en garde sur ce type de conviction: "on connait la suite de l’histoire : les condamnations à mort, les sacrifices humains.... Vous pensez peut-être qu’aujourd’hui on ne les pratique pas, les sacrifices humains ? Et bien, que du contraire, on en pratique tellement, tellement. Et des lois existent même pour les protéger".

Le traditionnel clivage gauche-droite est un héritage du siècle dit "des lumières" et de la révolution à laquelle ce siècle a donné naissance. Il prétendait opposer
- une vision religieuse de la société à une autre plus républicaine
- un pouvoir despotique à un autre plus populaire.

Aujourd'hui, nous sommes passés d'une société moderne  incarnée par des hommes politiques, dictateurs compris, à une époque postmoderne désincarnée véhiculant des idéologies animées par des structures politiques globalisantes.
Si les véritables clivages ne sont plus entre la droite et la gauche, ne seraient-ils donc pas quelque part entre ceux qui font "n'importe quels choix" et ceux qui privilégient "la fidélité à ce à quoi nous sommes appelés"?  Le pape François a carrément dénoncé le fait de négocier sa propre identité : "C’est ce qu’on appelle l’apostasie", a-t-il poursuivi,  « ce n’est pas qu’ils sont en train de négocier certaines valeurs, non, ils négocient carrément l’essentiel, à savoir la fidélité au Seigneur"[5].


[1] Homélie du Pape François lors de sa messe à Ste-Marthe le lundi 18.11.2013, commentant un passage du Premier livre des Maccabées (1, 10-15, 41-43, 54-57, 62-64).

 

 

[2] Discours du pape François le 7 juin 2013 lors d’une rencontre à Rome vendredi avec des milliers d’élèves d’écoles jésuites avec leurs parents et professeurs.

 

[3] Devant les Journées d'étude sur l'Europe organisées par le Parti populaire européen, Rome, 30 mars 2006.

 

[4] Visite à la communauté de "Varginha (Manguinhos), au Brésil pendant les JMJ, 25 juillet 2013

 

[5] Homélie du Pape François lors de sa messe à Ste-Marthe le lundi 18.11.2013, commentant un passage du Premier livre des Maccabées (1, 10-15, 41-43, 54-57, 62-64).