A l’origine on pouvait se réjouir de ce que la loi de bioéthique ait autorisé la congélation d’ovocyte pour éviter des congélations d’embryons surnuméraires réalisés en vue d’une « Fivette ». Malheureusement, la technique peut être utilisée également pour permettre à des femmes de retarder l’âge de leur première maternité. C’est une occasion de chantage de la part de certains organismes de santé. Dans un article du Figaro-Santé du 10 décembre 2012, Jean-Philippe Wolf,  Chef du service de biologie de la reproduction, hôpital Cochin  reconnait que « oui, la vitrification permet de retarder l'âge de la grossesse ». Il ajoute : «  Reste à savoir si cela est nécessairement souhaitable ».
Que dit-il exactement?

Source: Le Figaro Santé 10 décembre 2012

Commentaire "les2ailes.com"

Nous reprenons intégralement l'article du Figaro-santé, les sous-titres étant ceux de "les2ailes"

Un but éthique : éviter la congélation d’embryon

La vitrification ovocytaire est une technique extrêmement rapide de congélation des ovocytes autorisée en France par la loi de bioéthique de juillet 2011. Contrairement à la congélation lente, pratiquée jusqu'à maintenant, la vitrification permet une meilleure restitution des ovocytes. Elle est couramment utilisée dans les centres d'assistance médicale à la procréation (AMP) et permet des fécondations et des transferts embryonnaires à distance du moment du recueil des ovocytes.
Or l'âge moyen de la première grossesse est passé, au cours des vingt dernières années, de 21 à 30 ans. À cause du tabagisme très répandu chez les jeunes femmes, l'âge de la ménopause tend, lui, à diminuer. La période durant laquelle les femmes se proposent d'avoir un enfant et peuvent le faire, se réduit donc dangereusement.
En effet, au-dessus de 37 ans, les femmes ont une perte physiologique très rapide de leur fertilité due à l'âge de leurs ovocytes. C'est effectivement dû à l'âge de l'ovule et non pas à celui de la femme. Nous le savons grâce aux programmes de don d'ovocytes. Pour le don, les ovocytes proviennent de donneuses qui ont 30 ans environ. Avec les embryons obtenus, les taux de grossesse par don ne diminuent pas avec l'âge au-delà de 37 ans.

Une tentation : retarder encore l’âge de la  première maternité

L'idéal serait donc de congeler les ovocytes chez la femme jeune. La dernière loi de bioéthique l'autorise à la condition que la femme en laisse une partie pour le don. Plus exactement, la loi dit que des femmes sans enfants peuvent donner leurs ovocytes, ce qui n'était pas le cas auparavant puisque les donneuses devaient être nécessairement mères. L'objectif est bien sûr d'assurer une plus grande disponibilité des ovocytes pour le don en France. À titre de compensation, la loi prévoit donc que la donneuse non mère, puisse, si elle le souhaite, garder une partie des ovocytes pour elle-même. Toutefois, ceux-ci ne seraient mis à sa disposition plus tard que si elle présentait elle-même une indication à l'AMP.
De facto, les premières femmes qui se sont présentées dans les centres d'AMP pour donner leurs ovocytes étaient des femmes de 35 ans et plus sans enfant, moyennement intéressées par le don, mais très intéressées par l'autoconservation de leurs ovocytes. Cette situation pose néanmoins plusieurs questions.
On compte actuellement qu'il faut une vingtaine d'ovocytes par bébé. En congeler moins pourrait donc n'être qu'une fausse sécurité. De plus, s'il faut en donner la moitié, il va nécessairement falloir faire plusieurs stimulations et ponctions ovariennes, ce qui n'est ni anodin, ni gratuit.
Il serait logique que la solidarité nationale paie pour donner d'égales chances à toutes les femmes quels que soient leurs revenus, mais c'est une source de dépenses sans fin. On pourrait imaginer aussi congeler le sperme de tous les jeunes gens, et non de le faire seulement sur indication médicale, comme aujourd'hui. Mais ce serait une dépense astronomique non justifiée, car on fait encore heureusement beaucoup de bébés dans un lit.

Une dérive : le chantage au don d’ovocytes

Quelques très jeunes femmes se sont également proposées pour donner leurs ovocytes. Le problème est alors de savoir si elles sont vraiment autonomes dans leur démarche et si elles ne subissent pas de pressions de la part de leur environnement familial, pour rendre service à une sœur stérile, par exemple.
Enfin, donner ses ovocytes n'est pas un geste qu'on oublie, surtout si la receveuse obtient l'enfant souhaité et qu'il advienne par la suite, hasard de la vie, que la donneuse ne puisse pas en avoir elle-même. Il faut donc que la donneuse « autoconservatrice » mesure bien la portée de son geste de don et la signification psychologique qu'il peut avoir.
Et si l'ovocyte congelé permet d'obtenir des grossesses à un âge plus avancé, il n'est pas forcément bon d'avoir une grossesse à n'importe quel âge. En effet, toutes les complications possibles des grossesses augmentent de façon exponentielle avec les années. Passé 45 ans, cela devient problématique et il faut avoir un bilan de santé préalable très complet. Des grossesses commencées à l'étranger chez des femmes bien plus âgées ont été rendues possibles par des praticiens à peu près dénués de tout scrupule, mais pas d'intérêts financiers, et qui se sont très mal terminées, par des accidents vasculaires graves des femmes, voire leur mort en couches.