Des spermatozoïdes sans testicules et des ovocytes sans ovaires : Les cellules souches adultes « pluripotentes », ayant le potentiel d’être différenciées en plusieurs types de tissus cellulaires, rien n’empêchera la médecine de les utiliser comme sources d’ovocytes et de spermatozoïdes « artificiels » [1]. Que dira le parlement  lorsque ces cellules seront fécondées in vitro, pour produire des  "embryons dits artificiels" ? On nous opposera un soi-disant "principe d’utilité" en arguant que cette technique évitera des prélèvements douloureux d’ovocytes naturels chez la femme ! 
Ces embryons, tout "artificielle" que soit leur origine, n’en seront pas moins des embryons. Leur utilisation sera-t-elle éthique ? Qui y veillera ? Certainement pas l’Agence de Biomédecine composée exclusivement de chercheurs. Il ne s’agit donc pas de dire que les cellules souches adultes ont toutes les vertus. En revanche, aujourd'hui, le parlement a une occasion unique de demander à la société un moratoire pour éviter la précipitation des chercheurs. C’est une opportunité majeure pour le parlement de se poser en garant éthique de la recherche. Sinon, ultérieurement et de dérives en dérives, rien ne pourra arrêter l’utilisation des embryons comme simple matériel de recherche, quelques soit leur origine, naturelle ou artificielle. Il ne s’agit pas d’obscurantisme, mais de s’appuyer sur quelques principes simples de bon sens…

Commentaire de "les2ailes.com" 

Le professeur Samir Hamamah, Professeur au CHU de Montpellier, a d’ailleurs montré que la production de ces embryons artificiels était inquiétant : en laboratoire, de tels souriceaux artificiels n’ont pas grandi normalement.

En 2009, chez l’homme les premiers spermatozoïdes artificiels humains produits in vitro à partir CSE humaines viennent de voir le jour [2].

Le professeur Samir Hamamah n’hésite pas à écrire : « L’obtention de gamètes fonctionnels dérivés des cellules souches (CSE ou iPS) permettrai dans l’avenir de traiter la stérilité des couples. L’ultime frontière, en stérilité, est l’absence de gamètes mâles ou femelles. Jusqu’à présent, le recours au don de gamète est la seule solution pour ces couples déclarés stériles. Imaginons une banque de cellules, prête à être orienter vers la production de gamètes à la demande des couples ? On pourra peut-être produire ces gamètes artificiels en laboratoire, avec un simple prélèvement de cellules de la peau. Les tests déjà existants de la viabilité et de la fonctionnalité pourront être appliqués à ces gamètes. Si l’on procède à une fécondation in vitro, tout cela pourrait aboutir à une naissance ».

Il n’est pas le seul !  Nelly Frydman,  endocrinologue et généticien de la reproduction à l’INSERM,  a entrepris un programme de recherche, partant de l’idée que  « des essais préliminaires de dérivation in vitro de GSC à partir de cellules ES ont été tentés chez l’homme… Forts des connaissances acquises chez la souris et en tenant compte des spécificités propres aux cellules ES humaines, nous souhaitons optimiser la dérivation in vitro et contrôler la qualité de GSC obtenues à partir de cellules ES chez l’homme » [3]

Il poursuit en imaginant « que la fertilité des femmes ne serait plus limitée à la ménopause et que les situations d’azoospermie verraient une solution à la préservation ultérieure de la fertilité. Science fiction : on arrache un cheveu pour le traitement de l’infertilité, les couples homosexuels pourront prétendre également à procréer avec des gamètes issus de leurs propres cellules. Allons plus loin, serait-il possible un jour de déterminer à partir du même individu des gamètes mâles et femelles et leurs fécondation mutuelle donnerait une reproduction monoparentale, avec les conséquences de la consanguinité ! »

Il conclut : « Si l’application de la thérapie cellulaire en reproduction humaine n’est pas pour l’immédiat, cette nouvelle arme thérapeutique tient plus d’une réalité à venir que de la fiction. Ces recherches soulèvent bien sûr de profonds problèmes d'éthique. Anticipons, dans l’avenir les gamètes artificiels pourront être obtenus à partir de cellules reprogrammées ».

Le parlement, à l’occasion de la révision de loi de bioéthique de 2011, a une occasion unique de demander à la société un moratoire évitant la précipitation des chercheurs. C’est une opportunité majeure pour le parlement de se poser en garant éthique de la recherche. Sinon, ultérieurement, de dérives en dérives, rien ne pourra arrêter l’utilisation des embryons comme simple matériel de recherche, quelques soient leur origine, naturelle ou artificielle.


[1] Contribution aux « Journées de Techniques Avancées en Gynécologie et Obstétrique, PMA, Périnatologie et Pédiatrie – JTA » de 2010, par le Professeur Samir Hamamah, Service AMP/DPI, Département de Médecine et Biologie, de la Reproduction, Hôpital Arnaud de Villeneuve, Montpellier, F_34000 France

[2] Nayernia K, Lee JH, Lako M et al. Derivation of Human Sperm from Embryonic Stem Cells. Stem Cells and Development 2009 Jul 7

[3] Projet de recherche du « Stem pole-Ile de France, à l’hopital Antoine Béclère »