Une pétition réclamant un  moratoire sur la recherche embryonnaire a été lancée sur ce site le 10 décembre 2010. La complexité du sujet est souvent invoquée par ceux qui préfèrent ne pas prendre position sur le sujet.
Nous proposons une rapide vulgarisation sur la question… Les choses ne sont pas aussi compliquées qu’on veut bien le dire. Ces lignes sont destinées aux lecteurs qui, ayant de la compassion pour tant et tant de malades, sont réticents à s'engager dans la signature d'une pétition destinée à encadrer la recherche médicale....

Commentaire de "les2ailes.com"

Pourquoi les  cellules souches intéressent-elles la médecine ?

Chacun sait que notre corps se reproduit en permanence. Quand nous nous lavons les mains, nous éliminons des cellules de peau. Il en est de même de nos cellules d’intestins qui finissent dans les selles ou des cellules sanguines qui sont éliminées par le système rénal.
Heureusement, toute une mécanique permet aux cellules de nos organes de se reproduire. Certains organes se reconstituent rapidement, d’autres moins, mais au bout d’un certain temps, notre corps est le même, mais constitué de cellules nouvelles.

Malheureusement, si un organe est malade, la multiplication cellulaire réplique, la plupart du temps, la maladie d’un organe. Par exemple, un foie cirrhosé se régénère cirrhosé.

Or à l’état d’embryon, notre foie n’était pas cirrhosé. On appelle ces cellules saines, des « cellules souches ». On en trouve, bien entendu dans l’embryon.

Quelles sont les caractéristiques des « cellules souches embryonnaires » ?

Juste après la fécondation, l’œuf embryonnaire se divise en deux cellules, puis quatre, puis huit. A ce stade, toutes les cellules peuvent donner des cellules de foie, de nerf, d’os ou de sang, .. et même de placenta. On dit que ces cellules sont « totipotentes », car elles ont un devenir potentiel dans toutes sortes d’organes. Ce n’est qu’à un stade plus avancé que les cellules de l’embryon puis du fœtus se différencient.

Ces cellules ont le grand mérite, en principe, d’être saines.

Le grand rêve est donc de les transfuser dans un organe malade en espérant qu’elles se multiplieront dans l’organe pour régénérer les cellules malades. On met en avant ces espoirs de « thérapie génique » pour justifier la recherche embryonnaire.

Qu’appelle-t-on des « cellules souches adultes » ?

De la même manière que dans les roches il y a des « fossiles » qui sont les traces de la vie dans l’histoire de notre planète, il existe dans nos organes des « traces » de nos cellules dans l’état où elles étaient au stade fœtal.

Ces cellules souches adultes ont le grand mérite, comme les cellules souches embryonnaires, d’être saines.

Ce qui les différencie, c'est que les cellules souches adultes ne sont pas en général « totipotentes », car elles ont déjà suivi un processus de différentiation pour devenir, un muscle, du sang ou du tissu nerveux… On les qualifie de « multipotentes », car elles peuvent toutefois encore se multiplier en plusieurs sortes de muscles, ou plusieurs types de tissus nerveux. Avec un certain nombre de précautions cliniques, elles peuvent donc ne pas faire courir de risque de rejets ni de cancers.

On en trouve dans la plupart de chacun de nos organes. Elles sont, également, très abondantes dans le « sang de cordon ombilical ».

Quels sont les avantages cliniques de chacune de ces thérapies géniques ?

Le gros inconvénient des cellules souches embryonnaires est que, lorsqu’elles sont transfusées dans un organe, elles risquent de se multiplier en d’autres types de cellules que celle de l’organe qu’on souhaite soigner. Ce sont des mécanismes proches des développements cancéreux, même si la comparaison n’est pas parfaite. C’est la raison pour laquelle la recherche embryonnaire ne permet toujours pas à la médecine de se lancer dans des essais cliniques sur des malades sans leur faire courir des risques graves !

Au contraire, les essais cliniques à partir de "cellules souches adultes" sont déjà l’objet, depuis plusieurs années, d’essais cliniques partout dans le monde.
Ces lignes qui ont une vocation de vulgarisation ne doivent pas être lues comme une promesse de thérapies géniques efficaces dans un avenir immédiat. Beaucoup de recherches sont encore indispensables sur les cellules souches adultes, maladie par maladie.

Alors pourquoi cet acharnement en faveur de la recherche embryonnaire ?

La science en appelle à la liberté, comme à un absolu. N’est-on pas en pleine transgression éthique ? Les chercheurs font-ils une forme de chantage à la thérapie génique pour, en fait, faire des recherches sur le clonage ?

L’objet de cet article n’est pas de répondre à ces questions. Il ne s’agit que d’un article de vulgarisation, toujours critiquable, parce que simplificateur.

Mais, au nom de la simple utilité de nos pratiques, une chose est sûre : il faudrait déjà réclamer un moratoire sur la recherche embryonnaire pour que les budgets soient alloués à la voie royale, celle des cellules souches adultes !