Le 16 décembre 2009, la cour d’assise du Bas-Rhin a acquitté Valérie Goeller, 24 ans, accusée d'infanticide.
L’affaire rappelle celle de Véronique Courjault qui est sortie de prison le 15 mai 2010, seulement 7 mois après sa condamnation pour infanticide de ses trois enfants.
Dans les deux cas, les avocats avaient joué du concept de « déni de grossesse », et le Pr Israël Nisand, avait dit, à ce propos: «Il ne suffit pas d’être enceinte pour attendre un enfant. S’il n’y a pas de parole, il n’y a pas d’enfant, il y a de la tumeur humaine».
Dans ces affaires, il ne s'agit pas de fermer les yeux sur certaines détresses réelles. Mais, à l'inverse il ne faut pas faire preuve d'un obscurantisme conceptuel.
Pourquoi ne pas parler d’enfants « victimes du nominalisme » ?

Source : France3.fr Alsace du 16 décembre 2009
Libération.fr du 17 mai 2010

Commentaire « les2ailes.com »

Quels sont les faits ?

  • Véronique Courjault avait reconnu trois infanticides. Le premier sur un nouveau-né mis au monde clandestinement au cours de l’été 1999 en Charente-Maritime, les deux autres sur deux bébés nés en septembre 2002 et décembre 2003 à Séoul où son mari, ingénieur, travaillait pour une société américaine. La découverte le 23 juillet 2006 par Jean-Louis Courjault de deux bébés dans le congélateur de la maison du couple à Séoul, en Corée, avait été le point de départ de l’affaire des «bébés congelés».
  • Valérie Goeller, préparatrice en pharmacie et titulaire d'un baccalauréat Sciences Médico-sociales,  ne voulait pas s’encombrer d’un bébé, car elle avait d’autres projets. Elle dissimula sa grossesse. Le 8 mai 2005, elle accouche dans sa voiture, dans la forêt de Haguenau, d'un bébé viable de 7 mois environ, mort peu après de «mort naturelle». Le soir même, elle l'abandonne dans un village avant de se présenter deux jours plus tard aux gendarmes. Elle affirmera tout au long de l’enquête et du procès qu'elle ignorait sa grossesse.

Des plaidoiries qui ont fait appel au concept de « déni de grossesse ».

N’est-ce pas un concept mis en place par des psychiatres verbeux et des obstétriciens mégalomanes qui radotent entre eux ? Le professeur Nisand, à ce titre, est l'exemple même de la baudruche académique - il s'invente un savoir qui n'a aucune validation objective et qui relève uniquement de l'idéologie et de la revendication. A chaque procès il se fait démonter par les experts psychiatres, mais aucun journaliste ne semble bon de rapporter leurs arguments.

Le Pr Israël Nisand avait dit, à l’époque : "S’il n’y a pas de grossesse psychique, il n’y a pas d’enfant, mais de la chair humaine. Il ne suffit pas d’être enceinte pour avoir un enfant."

"L’enfant décède de ne pas avoir été attendu ", ajoutait Sophie Marinopoulos, psychologue et psychanalyste longtemps attachée à la maternité du CHU de Nantes.

Pourquoi parler de nominalisme ?

Pourquoi parler de « concepts verbeux » ? Parce qu’il s’agit de la définition même du nominalisme, "théorie philosophique selon laquelle les concepts n'existent pas en eux-mêmes comme des essences mais ne sont que des mots qui désignent des choses individuelles réelles".

On se croit moderne, ouvert et tolérant en tenant de tels propos. On devrait plutôt parler d’approche ringarde puisque cette philosophie a eu cours au moyen âge avec Roscelin de Compiègne (1050-1120), considéré comme le fondateur du nominalisme. Le nominalisme n’est, ni plus ni moins, qu’un refus des bons vieux principes du « réalisme » de la philosophie d’Aristote selon lesquels il existe des concepts qui ont une existence immanente a priori. Un « enfant » est un concept universel, « par rapport à ses parents, en tant qu'il en est issu » dit le dictionnaire. Pour les nominalistes, ce type de concept n’existe que par le nom « nomina » que lui donne l’esprit qui l’observe !

Bref, rien de bien moderne là-dedans. A une époque qui se veut « scientifique », on se demande ce que serait notre science moderne dans un système de pensée nominaliste poussé à l’extrême !

Vers une dépénalisation du « néonaticide » en cas de détresse de la nouvelle mère ?

Le nominalisme est poussé très loin puisque l’avocate de Véronique Courjault a demandé l’introduction d’une infraction spécifique dans le Code pénal : le « néonaticide », afin de différencier « les mères qui tuent à la naissance, des mères qui tuent un enfant ».

Quelle serait alors la frontière entre un « néonaticide » et un « infanticide » ?

A l’évidence, il s’agit de relativiser le crime, comme « néonaticide » entre l’avortement et l’infanticide. Après la dépénalisation de l’infanticide prénatal (l’avortement), qui est devenu un « droit » des femmes, certains voudraient la dépénalisation du « néonaticide ». Après avoir privé l’enfant non encore né d’existence juridique, il ne resterait plus, alors, qu’à priver le nouveau-né du statut d’être humain.

En fait, ce droit au néo-naticide est, en France juridiquement préparé depuis 1996. En effet un arrêté du 24.12.1996 instituait : "à compter du 1.1.1997, deux certificats de décès. Le premier concerne les décès néo-natals (sic!) jusqu'à 27 jours de vie (morts-nés exclus). Le second concerne les décès à partir du 28ème jour."
Cette procédure avait-elle une utilité ? On prétend que certains certificats permettent des statistiques d’ordre socio-professionnels et d’autres concernant l’accouchement récent. Mais tout cela aurait été possible sur un même modèle. Veut-on prévoir qu'arrivera un jour pas très éloigné où les responsabilités juridiques afférentes aux deux certificats seraient bien différentes!

Conclusion

L’introduction de concepts nominalistes pour distinguer des étapes dans des réalités qui ne sont en fait que des processus continus et immanents, conduit à des absurdités :

  • Entre la conception et la nidification une pilule abortive est qualifiée par l’OMS de « contraceptive »
  • Entre la nidification et les 12 premières semaines de grossesse, l’IVG est dépénalisée en cas de situation de « détresse » de la mère
  • Entre la 12ème semaine et la naissance, l’interruption médicale de grossesse –IMG- est dépénalisée en cas de diagnostic d’une maladie « grave » sur l’enfant à naître
  • Entre la naissance et le 27ème jour de vie, un infanticide fait l’objet d’un acte de décès « néo-natal » !

On voit qu’on est en plein nominalisme, relativiste de surcroît, puisque les étapes sont qualifiées non pas sur des faits, mais sur des sentiments (détresse, gravité,…).