Il faut « des espaces pour que les gens raisonnables reconnaissent, sans controverse, que le climat est en train de changer et mettre en lumière l’importance de s’adapter en conséquence ». C’est ce qu’on peut lire sur le site de l’épiscopat américain qui publie une lettre envoyée au secrétaire d’Etat Rex Tillerson, le 17 février 2017.
Reste à savoir si l’analyse des conséquences est aussi consensuelle qu’on veut bien le croire. Car, si la politique d’adaptation doit se faire «indépendamment de ces causes», faut-il encore que l’analyse des conséquences soit faite de façon objective. Que dit cet appel épiscopal ? Que dit le GIEC sur les conséquences en matière de réfugiés climatiques, de typhons et de sécheresses ?

Source : United States Conference of Catholic Bishops du 17.2.2017

Commentaire "les2ailes.com"

La lettre de l’épiscopat américain.

Comme dans Laudato si, souvent citée plusieurs fois dans cette lettre, il y est évoquée l’importance d’agir pour réduire les émissions de carbone et ainsi de contribuer à limiter les conséquences du changement climatique sur les populations les plus vulnérables. «L’accord de Paris est un pas fondamental concernant ces objectifs», assurent-ils.
Mais il faut lire intégralement le document pour voir que l’épiscopat américain fait état d'une "compréhension nuancé du changement climatique", comme d’ailleurs dans l’Encyclique Laudato si.
Seule une lecture intégrale de cette lettre permet de sentir les nuances [1], l'appel aux "gens raisonnables" et la nécessité de se préoccuper plus d'Adaptation (anticiper les conséquences) que de Mitigation (peser sur les causes).

Que dit le GIEC sur les conséquences des variations climatiques ?

Pour s’adapter aux conséquences, faut-il encore qu’elles soient scientifiquement identifiées. Or les sources les plus officielles ne concordent pas avec ce qu'affirme le consensus médiatique:

1- Concernant les vagues de chaleur et les sécheresses
« 
Les épisodes de sécheresse du dernier millénaire étaient d’une plus grande ampleur et d’une durée plus longue que ceux observés dans de nombreuses régions depuis le début du XXe siècle (degré de confiance élevé) ».
(Rapport GIEC - AR5)

2- Concernant les inondations :
« 
On peut dire avec un degré de confiance élevé que des inondations plus importantes que celles observées depuis 1900 se sont produites au cours des cinq derniers siècles dans le nord et le centre de l’Europe, dans l’ouest de la région méditerranéenne et dans l’est de l’Asie ». { Rapport GIEC - AR5 § 2.6.2 et 5.5.5}

3- Concernant les cyclones
« La confiance reste faible quant aux changements d’activités sur le long terme des cyclones tropicaux".... "les chiffres actuels n’indiquent pas de tendance significative dans la fréquence des cyclones tropicaux par rapport au passé" (« Rapport pour les décideurs » du Giec p. 2/60)

4- Concernant les réfugiés climatiques
Le rapport de référence, "Global Estimates 2014 - People displaced by disasters", est établi par deux institutions reconnues par l’ONU:
- le Norwegian Refugee Comite (NRC)
- et l’Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC).
Les auteurs donne la liste de "catastrophes liées aux risques géophysiques", en précisant qu’il s’agit de "risques naturels liés au hasard ".
Les chiffres indiquées sont, par ordre décroissants :
- Typhon Haiyan = 4.1 millions de personnes déplacées,  
- Typhon Trami = 1.7 millions,
- Tremblement de terre de Visayas = 0.35 millions,
- Typhon Man-Yi (Japon) = 0.260 millions,
- Inondations Alberta canada = 0.120 millions...
Ces grandes événements ne sont pas liés au changement climatique (cf § ci-dessus).
"Les chiffres, dit l’étude, ont augmenté parce que les villes ont triplé de dimension, parce que les mesures de prévention sont plus efficaces et qu’il y a donc plus de survivants qui sont déplacés".
Concernant l’Afrique :"la population de l'Afrique croît plus rapidement que les autres régions,  ... Sa population devrait doubler d'ici à 2050".
On perçoit un double cynisme :
1- il y a cent ans, moins de personnes déplacées parce qu’il y avait plus de morts !
2- La question démographique est toujours présente
"Les chiffres, dit l’étude, ont augmenté parce que les villes ont triplé de dimension, parce que les mesures de prévention sont plus efficaces et qu’il y a donc plus de survivants qui sont déplacés".

Conclusion

Plus que jamais, la question climatique doit donc s’appuyer sur de véritables confrontations scientifiques. Faute de cela les problèmes mal posés seront politiquement insolubles. Or, en science, les consensus n’ont pas leur place. Seules les preuves comptent. Dans nos sociétés postmodernes, les consensus concernent de moins en moins, le contenu des accords, permettant de s’approcher de la vérité scientifique. Ce sont des processus d’adhésion, cherchant à tout prix les compromis entre des courants opposés plus soucieux de conformisme idéologique que de vérité. L’Église serait dans sa mission à organiser de telles confrontations plutôt qu’à surfer sur ces compromis

Nous citons volontiers cette phrase de Benoit XVI tirée de son dernier ouvrage de 2016[2]: On lui demande s'il avait accompagné activement l'"ospolitik" de Jean-Paul II. Benoit XVI répond: "La politique de Casaroli, architecte de la politique vaticane sous Jean XXIII et Paul VI) avait fondamentalement échoué. La nouvelle ligne de Jean-Paul II s'inspirait de sa propre expérience vivante, de son contact personnel avec ces puissances et ces forces. Évidemment personne ne pouvait alors espérer que le régime allait bientôt s'effondrer. Mais il est clair qu'au lieu de chercher à l'amadouer par des compromis, il fallait lui tenir tête. C'était le point de vue de Jean-Paul II et je l'approuvais"
On peut extrapoler  cela à la "ONUpolitik" pour contrer le malthusianisme de la culture mondiale actuelle  (on pourrait extrapoler également  à l'Islam et son rêve d'imposer la charia [3]).

Il faut être capable, comme le dit Benoit XVI, de "tenir tête" à tous ces messianismes temporels et ne pas rêver à des "compromis" en les amadouant de bonnes paroles.


[1] Dear Secretary Tillerson, It is our prayer that you may be blessed with wisdom as you begin your term of office as Secretary of State. Today, we write about our shared obligation to care for the environment. The Judeo-Christian tradition has always understood “the environment” to be a gift from God. From time immemorial, the people of our nation have recognized this gift in our abundant and beautiful lands, pristine waters and clear skies. Rooted in this tradition, Pope Francis called on the world’s leaders to come together to protect the gift of our common home. Sadly, environmental issues can be politicized for partisan agendas and used in public discourse to serve different economic, social, political and ideological interests. By presenting the care for creation from an ethical and moral standpoint, the Pope has invited all to rise above these unhelpful divisions. We have one common home, and we must protect it. There is no environmental issue that has been as ideologically contested as climate change. In his encyclical letter, Laudato si’, Pope Francis rejected a narrow understanding of climate change that excludes natural causes and other factors. At the same time, he recognized that “a number of scientific studies indicate that most global warming in recent decades is due to the great concentration of greenhouse gases (carbon dioxide, methane, nitrogen oxides and others) released mainly as a result of human activity” (LS 23). This nuanced understanding of climate change, which you appear to share, creates space for reasonable people to recognize, without controversy, that the climate is changing and highlights the importance of adaptation in response. Adaptation policy is fundamentally concerned with helping God’s creatures and all human beings, especially those who are poor, to adapt to the effects of climate change, regardless of the causes. From the perspective of Catholic social teaching, adaptation ranks among the most important actions we can take. The poor and vulnerable disproportionately suffer from hurricanes, floods, droughts, famines and water scarcities. Climate change is one more good reason for Christians to live up to what we should be doing in the first place: “For I was hungry you gave me food, I was thirsty you gave me drink, a stranger and you welcomed me” (Mt 25, 35). Globally, the Green Climate Fund (GCF) furthers the cause of adaptation by supporting developing nations in building resilience and recovering from the impacts of climate change around the world. Such resilience improves lives and promotes stability and security. We urge you to support the GCF through your role as Secretary of State. Letter to the Honorable Rex Tillerson February 17, 2017 Page 2 Uncompromising support for adaptation policies in no way excludes efforts to mitigate the anthropogenic contributors to climate change. The future of mitigation is intimately connected to global energy use, where progress will necessarily require an energy revolution. As you know, the global community currently faces a tremendous challenge in delivering not only sustainable, efficient and clean energy, but also energy that is secure, affordable, accessible and equitable. This will require ingenuity, investment and enterprise, all virtues of the American people. Our leading scientists and engineers, research institutions and energy companies have already made great strides towards developing affordable clean energy. Through investments in infrastructure and technology the U.S. government has the unique opportunity to reach energy security and assert its global leadership in growing a sustainable energy sector. We want to reaffirm the importance of U.S. leadership and commitment to the Paris agreement. In 2015, the United States Conference of Catholic Bishops affirmed that funding for climate change related adaptation and mitigation programs as part of the Paris agreement - especially through the GCF - is urgently needed if we are to meet our common and differentiated responsibilities for the effects of climate change. We also underscored the importance to act within our own country to curtail carbon emissions that contribute to the problem and assist vulnerable populations. The Paris agreement is a key step towards both these goals. This is a time of both uncertainty and significant opportunity for our nation and world. Filled with hope in God, we pray that your work may contribute to America’s material, social and spiritual wealth and further solidarity across the world. Sincerely yours,
(source : lettre du 17 février 2017
destinée à  « The Honorable Rex Tillerson Secretary of State U.S. Department of State 2201 C Street, NW Washington, DC 20520 »
et signée par
- Most Reverend Oscar Cantú, Bishop of Las Cruces , Chair, Committee on International Justice and Peace , United States Conference of Catholic Bishops
- Most Reverend Frank J. Dewane , Bishop of Venice , Chair, Committee on Domestic Justice and Human Development,  United States Conference of Catholic Bishops
- Sean L. Callahan, President and CEO Catholic Relief Services

[2] « Benoit XVI- Dernières conversations ave Peter Seewald » (Ed Fayard- 2016, p.198-199)

[3] Lire la "déclaration islamique des droits de l'homme"… signée y compris par la Turquie et qui fait une  référence fondamentale à la charia:  "Tous les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration sont soumis à la charia islamique" (art 24)