S.E. le Cardinal Pell, Préfet du Secrétariat pour l’Économie du Saint-Siège, a préfacé un ouvrage « Climat- Et si la vérité (nous) rendait libre », qui révèle qu’un débat contradictoire a eu lieu à la maison des Évêques de France, début 2015. Une version provisoire de ces échanges est publiée par Stanislas de Larminat, qui, épaulé par son frère Philippe de Larminat, expert reconnu en systémique, a participé à cette confrontation avec deux représentants du GIEC.

Nous reprenons le texte intégral de l'annonce faite par IHSnews, service de presse internationa s’appuyant sur le vaste réseau que constitue l’Eglise catholique. Il inclut l'inerview de son auteur, Stanislas de Larminat.

Source: IHSnews

Transcription "les2ailes.com"

Un an après Laudato si, le débat climatique relancé dans l’Église de France ?

 S.E. le Cardinal Pell, Préfet du Secrétariat pour l’Économie du Saint-Siège, a préfacé un ouvrage « Climat- Et si la vérité (nous) rendait libre », qui révèle qu’un débat contradictoire a eu lieu à la maison des Évêques de France, début 2015. Une version provisoire de ces échanges est publiée par Stanislas de Larminat, qui, épaulé par son frère Philippe de Larminat, expert reconnu en systémique, a participé à cette confrontation avec deux représentants du Giec.

Ce document indique que le débat n’est pas tabou dans l’Église même si, jusqu’ici, Mgr Marc Stenger en charge de la pastorale écologique dans l’Église de France et qui animait personnellement les débats, n’a pas encore reconnu l’existence de ces échanges scientifiques.

Il ressort de cet ouvrage que la cause humaine des changements climatiques n’a rien de définitive.

Cette collaboration de deux frères est originale : le premier, Philippe de Larminat est un des plus grands scientifiques en Identification des systèmes dynamiques. Il a appliqué cette discipline aux données climatiques. Le second, Stanislas de Larminat, est reconnu pour son attachement à la Doctrine Sociale de l’Église (DSE). Cette conjugaison donne un positionnement assez rare ne tombant ni dans le climato-scepticisme, souvent mal fondé scientifiquement et pouvant véhiculer simultanément un certain malthusianisme écologique, ni dans le travers de certains militants écologistes chrétiens, attachés à la Doctrine Sociale de l’Église, mais ayant des difficultés à prendre du recul sur des arguments dont l’apparente unanimité n’exclut pas qu’ils puissent être remis en cause.

Stanislas de Larminat a 70 ans. Il est  ingénieur et bio-éthicien de l’Institut Politique Léon Harmel de Paris. Il  a soutenu un mémoire de 3ème cycle sur les liens entre bioéthique et écologie. Il a vulgarisé ce travail dans deux ouvrages: Les contrevérités de l’écologisme (Préface de Jean-Marc Nesme, député de Paray le Monial, Ed. Salvator, 2011) et L’écologie chrétienne n’est pas ce que vous croyez (Préface de Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles,  Ed. Salvator, 2014)

Stanislas de Larminat est intervenu, en septembre 2013, devant le groupe de travail "Sauvegarde de la création" de la Commission "Caritas in veritate"  du CCEE, présidé par Mgr Léonard, Primat de Belgique.

Mgr Crepaldi, ancien secrétaire du Conseil Pontifical Justice et Paix, a été, à ce titre, le principal contributeur de l’incontournable « Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église » a sollicité Stanislas de Larminat écrire un article « L’écologie dans le Compendium de la DSE » dans le bulletin spécial du bulletin  de l’Observatoire Cardinal van Thuan , consacré, en italien, au dixième anniversaire du Compendium (N° 4-année 10 d'Octobre-décembre 2014).

Nous avons demandé à Stanislas de Larminat l’esprit qui l’a conduit à rendre public ce débat.

 

IHSnews- Après « L’écologie chrétienne n’est pas ce que vous croyez », préfacé par Mgr Léonard,  vous rendez maintenant public un document : « Climat- Et si la vérité (nous) rendait libre ! » soutenu par le Cardinal Pell. En quoi cette publication rendrait-elle libre ?

Stanislas de Larminat - J’ai ressenti le besoin de rendre public un débat scientifique qui s’est déroulé avec des représentants du Giec. Il m’a semblé que cela pourrait aider à nous libérer de la fausse idée du consensus. Larousse évoque, à propos de ce mot, « une procédure » pour obtenir «  un consentement …qui évite de faire apparaître les objections et les abstentions ». On est loin du concept de Vérité. Dès-lors, que penser du consensus en matière de climatologie ? Le Cardinal Pell, dans la préface de ce document, n’hésite pas à dire que « l'appel complaisant au consensus scientifique est un appel à l'autorité, tout à fait inconvenant en science, voire une façon de se défiler et d’éviter les questions fondamentales ». S’appuyant sur Thomas d’Aquin, il explique que c’est « la forme d'argument la plus faible ». Seul un dialogue scientifique honnête et transparent permet d’éviter ce piège.

IHSnews- Mais le dialogue scientifique est affaire de spécialiste difficilement accessible ?

Stanislas de Larminat - Il ne suffit pas de se dire : « les uns pensent que le réchauffement est dû aux émissions de carbone, les autres croient aux causes naturelles ! Ne pouvant juger, je prends le parti de la majorité ! ». Cette remarque est classique et compréhensible. Mais, le Cardinal Pell, dans sa préface, dit bien que « l’argumentation sur les phénomènes climatiques a besoin d’être examinée tant par des personnes non initiées que par des scientifiques ». Même un non initié doit s’impliquer pour juger de la qualité d’un débat sous peine de devenir un peu le complice d’une forme d’esquive. Point besoin d’être expert pour lire le document que j’ai intitulé à dessein « Climat- Et si la vérité (nous) rendait libre ! ». Il n’est pas très compliqué de deviner la différence entre les deux disciplines qui y sont évoquées : d’un côté l’identification qui permet d’affirmer que l’activité solaire, en tant que variable explicative causale, constitue effectivement l’explication première du changement climatique, affirmation étayée par une probabilité de 90% issue de calculs statistiques effectifs ; d’un autre côté, la détection-attribution du Giec qui prétend détecter un effet, la température, et l’attribuer à une cause, les émissions de CO2, mais en l’assortissant dune probabilité de 95% plus qu’approximative puisque, écrit le Giec, « les niveaux de confiance ne sont pas des statistiques fréquentistes, mais des probabilités subjectives qui représentent les degrés de croyance …qui existent parmi les auteurs principaux !!! ». Degré de croyance ! Point besoin d’être spécialiste pour ressentir qu’on n’est pas loin d’une croyance quasi religieuse. Même un  non initié comprend qu’une probabilité subjective n’est pas un critère scientifique. Pourquoi de tels écarts dans les conclusions ? Le lecteur non initié découvrira que la détection-attribution ne retient que 150 ans d’observations alors que l’identification retient 1.000 ans de données paléo-climatiques  reconstruites par le Giec lui-même.

IHSnews- Tout cela est-il vraiment grave ? Cela ne relève-t-il pas d’une simple querelle d’experts ?

Stanislas de Larminat - Il y a souvent, derrière des consensus scientifiques, une instrumentalisation de nos consciences. On a vu comment, pendant 30 ans, le monde entier nous a fait croire à la recherche embryonnaire comme salut thérapeutique. Tout cela ne cache-t-il pas une idéologie trans-humaniste permettant aux laboratoires de préparer le clonage humain ? En matière écologique, il pourrait bien en être de même. Il faut prendre parti. Je suis un hélio-centriste convaincu, c'est-à-dire que l’activité solaire, explique bien des choses, même si les mécanismes en cause, magnétiques ou autres, sont complexes à comprendre. Or, il est une forme de géocentrisme qui voit en l’homme la cause de nos difficultés. Tout cela ne sert-il pas d’alibi à des idéologies malthusiennes en matière de démographie ? Qui d’entre nous n’est pas sensible à l’idée que nous sommes trop nombreux sur terre ? D’autres ne surfent-ils pas sur de prétendus problèmes écologiques globaux pour justifier une gouvernance mondiale sensée nous apporter le salut ? Le cardinal Pell n’hésite pas à y voir le retour d’un « projet de Babel … défiant les limites politiques ».

IHSnews- Quel parti, selon vous, doit prendre l’Eglise dans ces débats ?

Stanislas de Larminat - Laudato si  appelle à « un débat honnête et transparent, pour que les… idéologies n’affectent pas le bien commun » En revanche, elle n’a pas à « prendre parti ». Le pape François dit bien que « l’Église n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques » (Ls § 188). Quand l’Eglise prend parti pour ce qui ne relève pas de sa compétence, elle court le risque de syncrétisme, c'est-à-dire d’un processus dissolvant qui ne différencie pas les idéologies et le message chrétien. C’est un phénomène dont le magistère a dit en 2004 qu’il « est un des plus graves problèmes pastoraux de notre temps ». Syncrétisme quand on parle de sobriété heureuse : une sobriété mal comprise reviendrait à privilégier le faire -pour sauver la planète?-, alors qu’elle est un chemin vers plus d’être et plus de charité. Syncrétisme quand on confond les concepts de limite et de vulnérabilité. Le second des "Objectifs de développement durable" (ODD) adopté par l’ONU pour les années 2015-2030 évoque des "limites planétaires", et la nécessité de "stabiliser la population mondiale d’ici le mi-siècle". Or le Christ n’est pas venu sur terre pour nous aider à gérer des limites. Ce sont nos vulnérabilités qu’il a endossées jusqu’à en mourir. Syncrétisme, encore, quand on ramène le bel hymne à la création de St-François à un rêve d’harmonie fusionnelle avec notre sœur lune ou Gaïa notre mère. Le Poverello, dans son hymne de louange, nous renvoie plutôt, par sa vie même, à cette question : Que faisons-nous de notre relation avec le Créateur, en particulier à travers notre relation avec le pauvre ?

IHSnews- N’est-ce pas ce que Laudato si nous rappelle : « on ne reconnaît pas la valeur d’un pauvre,... on écoutera difficilement les cris de la nature »… ?

Stanislas de Larminat - Le pape François a eu raison de répéter que tout est lié. Mais certains responsables pastoraux ne tombent-ils pas dans le piège d’un certain « catastrophisme éclairé », c'est-à-dire le mélange d’un zeste de mensonge et d’une pointe de peur, le tout pour une cause prétendue éclairée ? L’Eglise n’a pas besoin de cela pour appeler chacun de nous à une conversion évangélique. Le corpus de sa doctrine sociale est suffisant  avec ses concepts de destination universelle des biens, indispensables pour vivre et survivre, ou de bien commun, socle prioritaire incontournable puisque « le développement social est impossible, s’il n’y a pas des hommes politiques fortement interpellés dans leur conscience par le souci du bien commun ».

IHSnews- Concrètement, que proposez-vous ?

Stanislas de Larminat - Concrètement, point besoin de catastrophisme pour appeler au changement. Faut-il réduire notre addiction aux carburants fossiles ? Oui ! Mais pas pour sauver la planète : libérons-nous de fournisseurs qui, avec les revenus de nos achats, à la fois, asservissent les chrétiens d’Orient et mettent nos démocraties sous dépendance  en finançant nos déficits publics. Faut-il que nos économies soient plus solidaires des pays les plus pauvres ? Oui, mais cela doit commencer par les règles de commerce mondiale : car, le dogme de la surpression des frais de douane est le moyen égoïste d’assurer des débouchés des agricultures du Nord en anéantissant les agricultures faibles du Sud. Autrement dit, les tenants de la cause humaine du réchauffement et ceux de la cause solaire ont peut-être beaucoup de solutions à mettre en commun. Mais, il y a des idéologies qui instrumentalisent la science à un tel point que cela génère des gaspillages considérables. Comme le dit le Cardinal Pell dans sa préface : « Plutôt que de dépenser de l'argent pour produire un effet indiscernable sur la hausse des températures, ces budgets devraient être utilisés  pour élever le niveau de vie et réduire la vulnérabilité aux catastrophes ».

IHSnews- Avez-vous le sentiment que le document que vous rendez public puisse convaincre ?

Stanislas de Larminat - Il y a une nuance entre le fait de convaincre et celui de dire ses convictions. Je ne cherche à convaincre personne. Comme tout laïc, je suis sensible à l’appel du concile : chaque chrétien  « dans la mesure de [ses] connaissances, de [ses] compétences et de [sa] situation » doit user de sa « faculté et même [de son] devoir de manifester [son] sentiment en ce qui concerne le bien de l’Église » (Lumen Gentium § 37).

Commentaires  

# Henri-Alain Audran 21-07-2016 08:32
Si je ne me trompe, la magnifique joute dialectique, j'allais dire à la façon antique bien que faisant référence à des acquis scientifiques modernes, que l'on trouve en pages centrales du livre, constitue une première en ce qui concerne la question climatique. Je trouve très à l'honneur de l'Eglise que ce soit au sein de celle-ci qu'une telle joute, à défaut d'avoir pu, à ma connaissance, se tenir ailleurs, se soit enfin tenue, sans que l'Eglise cherche à l'arbitrer pour autant.
Henri-Alain Audran
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