Dans un entretien qu’il a accordé le 23 mars 2013 sur RND, le Cardinal Vingt-trois s’est exprimé à l’approche du vote d’un projet de libéralisation de la recherche embryonnaire prévu au parlement début avril 2013. A la fin de cet entretien, il a élargi le débat en rappelant aux « français qu’ils doivent être conséquents avec leur droit de vote. Quand ils élisent des gens, ils doivent savoir qu’il y a des projets qui sont inscrits dans les programmes…»

Source : Radio-Notre Dame 23 mars 2013- 7h08

Commentaire "ordinatissima.com"

Nous reprenons ci-dessous l'intégralité de l'entretien du Cardinal au sujet de la recherche sur l'embryon:

"Je pense que c’est une erreur grave par rapport à l’équilibre de notre société, parce que quand on donne libre cours à toutes sortes de recherches sur l’embryon cela veut dire qu’on considère que l’embryon n’est rien et que c’est un matériau de laboratoire. Donc. Je sais bien qu’il y a des chercheurs qui considèrent qui sont beaucoup plus conscients de l’importance de l’acte qu’ils font et qu’ils ne sont pas tous irresponsables, mais le fait que la loi de bioéthique qui a été votée il y a quelques années à l’unanimité, prévoyait qu’il y a une autorisation préalable à la dérogation des interdits, avait l’avantage de maintenir l’interdit des principes qui rappellent la dignité particulière de l’embryon humain, et d’autre part d’obliger les chercheurs à étayer leurs demandes sur un certain nombre d’arguments qui fait qu’un certain nombre de demandes ont été soit récusées soit contestées en fonction de la faiblesse des arguments qui étaient présentés pour obtenir la dérogation. Le fait qu’on supprime l’interdit a priori, cela veut dire qu’on laisse le champ libre à tous ceux qui voudront essayer quelque chose.

Le statut humain de l’embryon est compromis, et en plus, c’est à mon avis une double erreur : une erreur d’investissements puisque depuis un certain nombre d’années, on nous annonce que les cellules embryonnaires vont être la source de traitements régénératifs des maladies nerveuses. Il n’y a pas à ce jour il n’y a pas de protocoles d’essais. On nous annonce que cela va venir incessamment sous peu, mais cela n’arrive jamais. Et d’autre part, on a d’autres pistes de recherches beaucoup plus prometteuses qui, elles, en sont à des phases de protocoles d’expérimentations scientifiques qui ont d’ailleurs été couronnées par un prix nobel… et donc, cela veut dire que ce combat est un combat d’arrière garde qui ne se livre que pour contester la valeur intrinsèque de l’embryon qui n’a pas de justification scientifique avérée. Donc c’est une tromperie à l’égard des gens, de leur faire croire que grâce à cela, ils vont avoir des traitements pour Alzeimer, Parkinson, etc. Cela n’aboutira pas. On le dit, on l’a dit, on l’a répété, et maintenant, dans d’autres pays, et même en France dans certains laboratoires de recherche, d’autres pistes sont explorées.

Alors, évidemment, la deuxième question qu’il faut bien se poser, c’est qui a intérêt à drainer les financements et les subventions à la recherche sur tel ou tel laboratoire plutôt que sur tel autre. Et, là-dessus, on n’a aucune information claire et transparente. Et donc, il faudra bien, un jour, qu’on sache pourquoi ce pouvoir économique des laboratoires pharmaceutiques ou des laboratoires de recherche restent obstinément dans l’ombre, quand ils n’utilisent pas des fonds de collecte publique qui sont recueillis avec des procédés de mobilisation affective considérables, mais dont, finalement, l’investissement n’est pas toujours absolument contrôlable. …

On ne peut que protester et rappeler, incidemment quand même, que dans le vote des lois dites de bioéthique qui ont eu lieu il y a quelques années, il était inclus que les amendements à ces lois seraient soumis aux mêmes processus d’états généraux que l’avaient été l’établissement de la loi. Or, là, non seulement on n’a pas procédé aux consultations minimales, mais on a logé, en tous les cas dans le calendrier du sénat et dans le calendrier de l’Assemblée Nationale, dans ce qu’on appelle une « niche parlementaire », c'est-à-dire dans un tiroir dans lequel on recueille un certain nombre de projets de lois sans importance que l’on fait passer à deux heures du matin quand la séance arrive à sa fin.

Cela n’est pas un objet de colère ni de découragement. C’est l’objet de protestations, mais les français doivent être conséquents avec leur droit de vote. Quand ils élisent des gens, ils doivent savoir qu’il y a des projets qui sont inscrits dans les programmes, ou dans les entours des candidats. S’ils ne prennent pas conscience de cela et qu’ils estiment plus important de croire qu’ils auront des rabais d’impôts plutôt que de voter des lois qui détruisent la dignité humaine, c’est un problème qui dépasse largement le cadre du débat parlementaire".