« La biodiversité n’est pas inversement  proportionnelle à la densité de population» . Ce propos a été tenu par le géographe et démographe français au colloque sur  la biodiversité à l’Académie pontificale des sciences les 27 février et 1er mars 2017. Le thème de ce colloque parlait de lui-même « L’extinction des espèces ». Ce titre avait vocation à attirer tous ce que les organisations et universités  mondiales peuvent compter comme malthusiens. Une seule prise de parole détonnait dans ce concert alarmiste, celle de Gérard- François Dumont qui a affirmé par ailleurs que  « la biodiversité n’est pas un capital fixe.... Même la situation de la biodiversité de l’Afrique au XIX° siècle résultait en réalité de l’héritage des comportements que les populations locales avaient eus au fil des siècles ». Parlant de démographie, sa discipline, il a affirmé que « le concept de population mondiale n’a pas beaucoup de pertinence scientifique». Gérard-François Dumont  a donné plusieurs exemples montrant que l’homme pouvait avoir un facteur positif sur la biodiversité. Faut-il encore deux conditions : que l’homme en ait les moyens et que les décisions soient pris au bon niveau : « Assurer au niveau local, là où elle se pose, la question de la biodiversité suppose de faire reculer la pauvreté... pour que l’homme puisse remplir sa mission consistant, ...il doit disposer de moyens, ce qu’il ne peut guère s’il est trop pauvre ».
Nous donnons ici le texte intégral de son intervention :

Source : Video de l’intervention- Académie Pontificale des Sciences

Transcription : « les2ailes.com »

Gérard-François Dumont,  Il est géographe, économiste,  démographe  et Professeur à l’université Paris-IV. Il enseigne à l’Institut de géographie et d’aménagement. Il est académicien pontifical des sciences sociales.
Nous reproduisons ici l’intégralité de l’intervention du Français au colloque "l'extinction biologique" du 27 février au 1er mars 2017:

« Sur la biodiversité, deux postulats plus ou moins implicites sont souvent  en présence dans la littérature.
- Le premier consiste à considérer que la biodiversité est une donnée de la nature, un capital offert par la nature à l’humanité. Et comme de nombreuses études montrent une diminution de la biodiversité, en moyenne dans le monde,  on cherche une cause, ou plutôt, un responsable. Ceci conduit à un second postulat selon lequel
-  l’homme  serait un empêcheur de biodiversité.

L’addition de ces deux postulats conduit à vouloir écarter l’homme de la nature, donc à réduire la natalité. Pourtant nous savons que la croissance démographique des deux derniers siècles n’est  nullement due à la hausse de la natalité qui a, au contraire, fortement baissé, mais  aux inédits, imprévus et extraordinaires  progrès qui ont fait considérablement baisser les taux de mortalité et augmenter l’espérance de vie.
D’un autre côté, dans son encyclique Laudato si, le Pape François ne conclut nullement ainsi . Je vous rappelle le § 50 de l’encyclique qui dit ceci : « Au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de “ santé reproductive ”. Mais s’il est vrai que la répartition inégale de la population et des ressources disponibles crée des obstacles au développement et à l’utilisation durable de l’environnement, il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire » .

Ce qui précède montre qu’il y a deux réponses  totalement opposées :
- l’une qui considère qu’il faut réduire la natalité pour qu’il y est d’avantage de biodiversité
- l’autre réponse qui considère que la croissance démographique  est compatible avec le développement intégral. Il faut donc donner priorité à la lutte contre la pauvreté  pour aller vers une meilleure biodiversité

Face à ces deux points de vue, qu’est ce que la géographie et la démographie nous enseigne ? Je vais vous proposer six enseignements donnés par la géographie et la démographie sur cette question de « population et  biodiversité »

Premier enseignement : la biodiversité n’est pas un capital fixe

La nature n’a pas légué aux hommes un capital fixe puisque les lois de la nature ne cessent de modifier les écosystèmes. Toutes les espèces ont une durée maximum de vie. Elles-mêmes se développent, vivent et disparaissent  et la biodiversité des territoires se modifie continuellement. Pour durer, il faut changer : ne durent que les espèces qui évoluent et s’adaptent.

Cette idée d’une biodiversité qui serait à capital fixe donné à l’humanité est issue d’une vision occidentale et coloniale. Par exemple, les découvreurs de l’Afrique au XIX° siècle présentaient les richesses de l’Afrique comme naturelles  donc indépendantes de l’histoire du peuplement de l’Afrique et considéraient les africains comme des sauvages. Et ils s’appuyaient sur le mythe du bon sauvage de Jean-Jacques Rousseau. Mais le « bon sauvage » n’a jamais existé. Et la situation de la biodiversité de l’Afrique au XIX° siècle résultait en réalité de l’héritage des comportements que les populations locales avaient eus au fil des siècles.

D’ailleurs, le grand géographe, Jean Demangeot, qui a publié un livre très important sur « les milieux ‘naturels’ du globe » met entre guillemets l’adjectif « naturel » pour bien signifier qu’il existe très peu de milieux naturels où l’homme ne soit pas intervenu.

Prenons l’exemple en France de la Bourgogne. Quand nous la parcourons, nous pouvons penser qu’il s’agit d’un milieu naturel. Pas du tout ! Les paysages de la Bourgogne résultent d’un travail de défrichage et d’aménagements réalisés au moyen-âge sous l’impulsion des moines cisterciens. Et nous pourrons citer de très nombreux exemples semblables dans le monde.

De même le fait que la biodiversité ne soit pas un capital fixe,  conduit à rejeter la théorie du Climax[1] selon laquelle, naturellement, il y aurait un équilibre qui se mettrait en place alors qu’en réalité, il n’y a aucun équilibre stable. Malheureusement, cette théorie continue d’exercer une influence  significative.

En conclusion de ce premier enseignement, la nature est donc un système complexe dans laquelle l’humanité se trouve toujours impliquée depuis des milliers d’années. Il n’existe d’équilibres qu’instables, temporaires,  et en perpétuels réajustements.

Deuxième enseignement : la biodiversité n’est pas naturelle, et s’améliore avec le travail d’hommes responsables.

En effet, la biodiversité ne peut se valoriser de façon dynamique que lorsque l’homme y travaille et l’entretient.

Prenons l’exemple en France de la forêt de Fontainebleau. Là aussi, en parcourant cette forêt, on pourrait croire qu’elle es naturelle. Elle n’est absolument pas naturelle puisque c’est une forêt qui a été créée  à la suite de vagues de plantations décidées au fil des siècles. Mais cette forêt est très intéressante, parce que en 1853, les peintres de Barbizon, comme Corot, ont considéré que sur une partie de cette forêt,  il fallait que l’homme cesse d’intervenir pour préserver les plantations de chênes  faites deux siècles auparavant  du temps de Colbert. Résultat : on a cessé d’intervenir sur 1.000 ha de la forêt de Fontainebleau. Le résultat, c’est que, faute d’intervention de l’homme, les jeunes plans de chêne ont été étouffés et donc les chênes de Colbert, ou du moins les successeurs des chênes de Colbert ont totalement disparu. On voit ainsi que l’absence de présence de l’homme est souvent un mal pour la biodiversité.

Prenons un autre exemple en Australie où on a décidé de constituer des parcs naturels de Kakadu et d’Uluru. Et dans un premier temps, les australiens ont obligé les populations aborigènes  à quitter ces parcs naturels qu’on venait de créer et qui devaient continuer à vivre en l’absence de l’homme. Le résultat ne s’est pas fait attendre : la biodiversité végétale et animale a considérablement  reculé. EN conséquence, en 1980, les responsables ont à nouveau permis aux aborigènes de revenir dans ces parcs pour y utiliser leur système de feux séquentiels qui permettaient de satisfaire les régénérations favorables  à une dynamique de la biodiversité .

Je pourrais aussi citer l’exemple de la forêt en France. Au XVII° siècle, Colbert, le grand ministre de Louis XIV déclare : « la France périra par manque de bois » puisqu’il constate la consommation croissante des forêts françaises.  Or ceci a induit à mettre en place une politique forestière qui s’est développée au fil des décennies et des siècles. Le résultat, c’est qu’aujourd’hui en 2017, il y a des superficies de forêt en France qui sont le double de la superficie de la forêt telle qu’elle existait il y a un siècle et demi. L’une des raisons étant que l’homme, par  exemple, a reconstitué des forêts qui avaient disparu comme à l’Etoile[2], ou bien créé de toutes pièces de nouvelles forêts comme la forêt des Landes qui est aujourd’hui  la plus vaste forêt d’Europe.

Donc nous voyons bien que l’humanité n’a cessé d’interagir avec la nature.

Prenons l’exemple d’espèces qui nous paraissent faire partie des paysages africains. Le manioc, le maïs, le taro, le manguier, le papayer. En réalité, ce sont des espèces qui ne sont absolument pas originaires d’Afrique.  De même que l'Aloé vera qui égaie les paysages des Canaries, mais n’est absolument pas originaire des Canaries.
En fait, la plupart des plantes que l’humanité utilise ne sont pas naturelles. Elles sont le produit de millénaires, d’interventions  de l’homme, à l’exemple des choux dont il n’existait à l’état de nature qu’une seule sorte d’espèce sauvage et que l’homme a diversifié ce qui a conduit aujourd’hui à des dizaines de variétés de choux.

Plus généralement, tous les produits alimentaires consommés par les populations d’aujourd’hui, ont  été obtenus  par les agriculteurs à partir de formes sauvages et rustiques.

Troisième enseignement : il n’y a aucune corrélation entre la densité de population et la richesse et le niveau de biodiversité des pays.

Effectivement, certains pensent que la densité de population ou le niveau de PNB/habitant sont inversement proportionnels à la biodiversité.

Nous avons montré, dans une précédente session de l’Académie Pontificale des Sciences Sociales que, par exemple, les émissions de CO2 /hab ne sont absolument pas corrélées, ni à l’effectif de population, ni à la densité de population des pays, mais aux politiques conduites dans chaque pays. En réalité, lorsque l’homme se met à l’écart de son rôle de responsable du bon entretien de la terre,  ceci a souvent des effets négatifs.

Prenons le cas des terres montagneuses qui ont  été délaissées par l’homme ces dernières décennies avec l’évolution de l’agriculture : on y voit plus d’avalanches qui sont dangereuses et destructrices d biodiversité par absence de pâturages.

Retournons dans les Alpes et prenons l’exemple du Lac d’Annecy qui est le lac le plus important des Alpes après le lac Léman... Ce lac d’Annecy , dans les années 1950, était le déversoir de toutes les eaux usées des communes environnantes. Le lac était en train de pourrir par absence de biodiversité et certains considéraient que c’était une fatalité inévitable que  la destruction de la biodiversité que représentait ce lac. Et pourtant, depuis, le lac d’Annecy a recouvré une réelle biodiversité. Pourquoi ? La raison fondamentale est que le nombre des habitants autour du lac d’Annecy  a augmenté et que cette augmentation des habitants et que ceci a augmenté le nombre des contribuables payant des impôts. Ceci a permis de financer de multiples infrastructures et  aménagement dont il résulte qu’aujourd’hui on considère que le lac d’Annecy est un des lacs les plus propres et ayant une des plus grandes biodiversités du monde. Vous comprenez que, si la population des riverains du lac avait diminué, il n’y aurait pas eu suffisamment de financements , non seulement pour investir dans des infrastructures et des réseaux, mais tout simplement pour assurer des coûts de fonctionnement de ces infrastructures.

En conclusion de ce troisième enseignement,  la croissance démographique - résultat des progrès- conduit depuis deux siècles créer des obligations favorables à la biodiversité.

Quatrième enseignement : l’analyse des évolutions démographiques suppose de faire preuve d’une grande humilité

En réalité, l’analyse de la littérature sur les questions démographiques et leur conséquence comprend de nombreux textes et livres dont l’histoire a totalement démenti les analyses.

Qu’il s’agisse de Platon, dans « La république » ou  « Les lois », en passant par Machiavel  ou Malthus. Néanmoins, il faut être indulgent avec les auteurs anciens parce qu’ils ne disposaient pas de statistiques démographiques et ne pouvaient pas connaître les processus que la science démographique a mis, depuis, en évidence.
Néanmoins, pour bien montrer  ces erreurs extrêmement fréquentes et  très présentes dans les medias, je citerai deux auteurs disparus pour ne pas faire polémique : le premier est  l’anglais John Graunt, au XVII° siècle et le second sera le français René Dumont dont  je précise qu’il ne faisait pas partie de ma famille.
- John Graunt qui est un homme exceptionnel puisque c’est lui qui a rédigé le premier traité de démographie, s’inquiète dans son travail  de l’évolution de la ville de Londres qui connait une croissance démographique qui se traduit par une ville de plus en plus insalubre et  par une baisse de la biodiversité à Londres. Il constate une surmortalité, un excédent des décès sur les naissances à Londres et la seule raison qui explique l’augmentation de la population à Londres vient, en fait, de l’arrivée de provinciaux dans cette ville.   John Graunt considère que la ville de Londres avec ses 484.000 habitants est une ville qui va souffrir de surmortalité. Et d’ailleurs, il ne se trompe pas, car il va y avoir une nouvelle peste après 1662 et le grand incendie de Londres de 1666 parce que les incendies se répandent beaucoup plus dans le villes. Or que constate-t-on aujourd’hui. Londres a 20 fois plus d’habitants qu’en 1662 et la biodiversité y est beaucoup plus présente qu’en 1662 parce que, justement, des politiques ont été conduites en ce sens. Il suffit de parcourir les grands parcs du centre-ville de Londres pour en être conscient.
- Passons, trois siècles plus tard, en 1966 avec l’agronome français René Dumont. Il publie en 1966 un livre intitulé « Nous allons à la famine ». Dans ce livre il explique que il craint une famine généralisée à travers la majorité du tiers-monde et il considère que, en l’an 2000, 80% de la population du globe sera sous-alimentée. Cette analyse est, en fait, erronée d’abord parce qu’il oublie que la famine qui a eu lieu en Chine quelques années auparavant n’a pas une cause démographique mais une cause uniquement politique avec la  fameuse politique de collectivisation du « grand bond en avant ». Mais comme il ne veut pas reconnaître cette réalité, il précise « il faut limiter les naissances » et dans un nouveau livre « L’utopie ou la mort », publié quelques années plus tard, il demande de supprimer toutes les dispositions publiques en faveur de ceux qu’il désigne comme des « procréateurs irresponsables ». Bref, il appelle à la suppression de toutes les politiques existantes en matière familiale.
Heureusement, la catastrophe annoncée par René Dumont ne s’est pas produite. Il craignait un taux de sous-alimentation de 80%. Il n’est plus que de 14%. Il a même reculé de 16 points depuis le livre de René Dumont. Bien sûr, 14%, c’est encore trop, mais on voit bien que lorsque l’humanité a atteint le chiffre de  6 milliards d’habitants,  on devine les progrès considérables qui ont été opérés dans la lutte contre la sous-alimentation. En réalité, René Dumont ne fait que reformuler une crainte de surpeuplement que l’on trouve très fréquemment dans la littérature depuis des millénaires et son erreur repose sur trois méconnaissances

- La première est la croyance que la croissance démographique serait due à la croissance de la natalité, alors qu’elle n’a été due qu’à la baisse de la mortalité et aux progrès considérables mis en œuvre  et il faut citer à cet égard l’excellent anglais Edward Jenner grâce à qui nous devons le vaccin contre la variole et dont le livre qui date de 1798 est beaucoup plus important pour l’humanité que le livre de Malthus qui est également de 1798. Ensuite, le françai sLouis Pasteur a contribué, par ses découvertes, à lutte contre la morbidité et la mortalité.
- Deuxième méconnaissance de personnes comme René Dumont,  c’est l’oubli de l’importance des innovations. Et il faut, en particulier, à cet égard, souligner les travaux de l’économiste danoise Ester Boserup[3] qui a mis en évidence comment la pression démographique impose l’évolution des techniques agraires. Elle montre, dans ses travaux scientifiques, qu’à l’inverse, il y a un « trap » [4] de faible densité de population, c’est à dire que la faible densité de population s’accompagne d’une utilisation du sol qui est défavorable à la biodiversité.
- La troisième méconnaissance de René Dumont est tout simplement géographique : le concept de population mondiale n’a pas beaucoup de pertinence scientifique compte tenu des considérables diversités spatiales des populations du monde

En conclusion de ce quatrième enseignement, il convient quand même de préciser que , même si de nombreux malheurs annoncés ne se sont pas produits,  on peut s’interroger sur le futur qui annonce, à l’échelle mondiale une poursuite, certes ralentie, de la croissance démographique. Ce qui nous conduit à notre :

Cinquième enseignement : les évolutions démographiques futures ne sont pas écrites

En effet, si nous lisons la littérature ou les medias, nous constatons très souvent qu’on nous annonce 9,6 milliards d’habitants en 2050 comme étant une certitude et sans recourir au conditionnel.  Et on fonde sur ce chiffre de nombreux raisonnements, par exemple sur la question des besoins alimentaires futurs. En réalité, ce chiffre n’est pas une prévision, mais n’est qu’une projection qui est dépendante des hypothèses faites au départ. Or, par rapport à ces hypothèses, de nombreuses ruptures peuvent se produire d’ici 2050 susceptibles de modifier, à la hausse ou à la baisse,  le nombre d’habitants à l’horizon 2050.

b) La problématique climatique : un consensus qui n’a pas sa place en science.

Malheureusement, cette place éminente accordée aux facteurs climatiques n’est le résultat que d’un argument d’autorité, celui du consensus élaboré par le GIEC d’une dite cause humaine du réchauffement climatique. Or en sciences, les votes ou consensus n’ont pas leur place. Seules les preuves comptes. Comment apporter une cohérence entre les travaux de milliers de scientifiques, experts dans leur domaines, mais dont les uns s’occupent des causes (climatologues, hélio-sismologues, thermodynamiciens, chimistes, etc) et les autres ne s’occupant que des conséquences (glaciologues, agronomes, biologistes, océanographes, etc...). Seule la systémique permet de chiffrer réellement le poids des relations de cause à effet. Or le GIEC ne réunit que quelques spécialistes d’identification des systèmes complexes (Gabriele Hegerl et autres) qui ne se sont jamais confrontés à la communauté internationale de cette discipline. Dès lors ils n’ont pas corrigé deux erreurs méthodologiques majeures :
- celle de s’appuyer sur des séries de données observées sur 150 ans, période beaucoup trop courte pour expliquer les variations de l’ « optimum médiéval » ou du « petit âge glaciaire » qui a suivi.
- Celle de confondre les causes et les effets en retenant des phénomènes comme ceux de El Nino comme une cause, alors que chacun sait que leur existence dépend de facteurs climatiques.
Une étude française fondée sur l’identification des systèmes dynamiques a démontré et chiffré pourquoi il fallait rechercher dans la variation de l’activité solaire, l’essentiel de l’explication de la période chaude récente. Cette étude a été publiée dans la revue Elsevier le 26 octobre 2016, après validation par un comité de relecture constitué de pairs en systémique. Elle est intitulée « Identification du système climatique vs. détection et attribution » (Accès version française)
Comment, dès lors, accorder une crédibilité à des indicateurs d’empreinte écologique qui accordent plus de 50% de leurs calculs à un impact du CO² qui n’est pas fondé ?

Tout cela pourrait être sans importance s’il ne s’agissait que d’un outil de communication pour médias ou ONG en mal de créer de l’émotion dans les esprits.
Or il ne s’agit pas de cela :

6- Les dangers politiques et économiques du concept d’empreinte écologique

a) L’enjeu politique et démocratique ?

Ces indicateur ne relèvent pas de la plaisanterie. Pour parvenir à calculer l’empreinte écologique de chaque état, les Nations Unies ont progressivement imposé la mise en place d’un véritable « système de comptabilité économique intégrée à l’environnement » (SEEA-Système of Environnemental and Economic Accounts). Ces comptes dits « satellites » s’imposent progressivement à la comptabilité des entreprises. Il devient difficile d’échapper à ce concept dont les fondements sont pourtant dépourvus de toute fiabilité. Or, pour calculer l’empreinte écologique de chaque pays, ce sont des milliers de fonctionnaires qui sont mobilisés à la FAO et dans d’autres administrations mondiales.  Tout cela sur un fondement scientifique douteux ! Curieusement, cette méthode est utilisée par tous les pays du monde alors qu’elle n’a jamais été validée ni par des panels scientifiques ni par des accords politiques !
Tout cela a-t-il finira par devenir prescriptif : il n’est qu’à voir comment le Sommet Mondial de Johannesburg a retenu comme objectif primordial la mise en oeuvre d’objectifs de réduction de l’empreinte écologique ! Et, nulle part, cela ne fait l’objet de débats démocratiques transparents et honnêtes.
L’honnêteté voudrait que ces débats soient contradictoires et, au nom de la transparence, ils  ne doivent pas être confisqués par les ONG mais les minutes des expertises plurielles doivent être rendus publiques.
En effet l’enjeu n’est pas mince :

b) L’enjeu économique

Comment faudrait-il répartir la BioCapacité (BC) planétaire entre les pays ?
Le poids du CO² dans ces calculs est tel qu’on en arrive à une évidence : les Émirats Arabes Unis et le Qatar sont les deux premiers pays au classement de la mauvaise empreinte écologique. Mais, paradoxalement, c’est Cuba qui serait le pays de cocagne avec un Indice de Développement Humain (IDH) idéal de 0,8 et une empreinte écologique qui ne dépasserait pas 1,8 hag.
Un pays comme la Belgique est qualifiée de débiteur écologique alors que l’Australie est créditrice, mais l’Empreinte Écologique (EE) par habitant de l’Australie dépasse celle de la Belgique ! Or, pour qu’un pays réduise son déficit écologique, il devrait soit réduire son EE (à BC constante), soit augmenter sa BC (à EE constante).
- La réduction de l’EE ?
L’influence d’un état sur le rendement moyen mondial des différents types de surfaces et sur le « facteur d’équivalence » est nul. Il ne peut que réduire son EE en réduisant les quantités produites et importées,  puisque s’il augmente ses productions exportées, cela aurait des conséquences sur l’EE d’autres pays !
- L’augmentation de la BC ?
Convertir des surfaces à rendements faibles en surfaces à rendement plus élevés, aurait des impacts sur les zones forestières ou de montagnes. Il faudrait donc favoriser l’agriculture conventionnelle ou l’élevage intensif au détriment de l’agriculture biologique ou de l’élevage extensif qui ont des « rendements » plus faibles ! L’autre solution consisterait à acquérir des terres à l’étranger. La mise en oeuvre de ces indicateurs finit par devenir un enjeu concurrentiel entre les états dont les vainqueurs ne seront pas les pays pauvres !

7- Conclusion- Du malthusianisme au messianisme ?

 

On voit comment cette indicateur risque de n’être que la justification pseudo scientifique du malthusianisme. Les auteurs de ces calculs ne se cachent pas dans leur discours : ils sont persuadés de la nécessité de réduire drastiquement la démographie humaine.
Par ailleurs, la dimension planétaire de ces indices induit un discours simple : « A problème global, gouvernance mondiale ». La problématique ainsi posée favorise ceux qui souhaitent réduire le poids politique des états et mettre en place une gouvernance mondiale gouvernée par des intérêts faisant peu de cas du principe de subsidiarité ou du désir des peuples. Tout cela ressemble à un messianisme, c’est à dire à la stratégie de minorités se considérant comme des élites qui organisent la peur et le mensonge pour que les opinions publiques suivent un programme sensé apporter le salut temporel. Une illusion !


[1] http://www.footprintnetwork.org/content/images/uploads/Belgium_working_pager_11_10.pdf

[2] https://reporterre.net/La-croissance-impossible

[3] [archive], Bioscience, vol. 19, pages 1065-1071, 1969.

[4] "Halte à la croissance ?" (Écologie - Fayard – 2nd T 1972) - (Figure 31)

[5] Il enseigne la géopolitique de l'énergie à l'Université libre de Bruxelles; docteur en Sciences appliquées; fonctionnaire à la Commission UE