L'ONU a réuni sa 20ème conférence sur le climat du 2 au 14 décembre 2014 dans la capitale du Pérou, à Lima. Les délégations de près de 190 pays vont se réunir. De nombreux experts du GIEC, spécialistes du climat seront présents. La prochaine réunion se tiendra à Paris en novembre 2015. Quels sont les enjeux de ce type de conférence?

Analyse publiée dans « Actuailes n° 27 »

De quoi s'agit-il ?

Une majorité d'experts climatiques considèrent que l'homme serait responsable de l'augmentation de la température planétaire. D'autres estiment que les variations d'activité solaire en seraient la vraie cause.
Chacun devine qu'un réchauffement de la planète pourrait avoir des conséquences importantes. Les questions qui se posent sont les suivantes: les déserts vont-ils augmenter et limiter les surfaces disponibles pour l'agriculture? Les glaciers vont-ils fondre en partie et augmenter le volume d'eau dans les océans? Le niveau de la mer va-t-il monter et engloutir des îles ou inonder les côtes les plus basses? Des villes entières ne risquent-elles pas devoir être déplacées comme au Bengla-Desh ? Une réponse positive à ces questions pourrait faire peur. Or la peur est souvent mauvaise conseillère, car un réchauffement pourrait aussi avoir des conséquences positives: l'activité des plantes serait favoriser et les rendements agricoles augmenteraient. Les quantités d'énergie à dépenser pour se chauffer l'hiver se réduirait.
Quelques soient les réponses à ces questions, il est légitime que les états se réunissent en conférence pour réfléchir aux causes et aux conséquences des aléas climatiques. 

Il y a un autre enjeu auquel il faut réfléchir qui est celui de la gouvernance mondiale. En effet, il y a une grande tentation qui consiste à penser que lorsqu'un problème est global au niveau de la planète, il faudrait un gouvernement mondial pour le résoudre parce que chaque état ne serait pas capable de le résoudre seul.
Cette vision des choses poserait d'autres problèmes qui relèvent de la démocratie. En effet, les peuples ne parviennent pas toujours à se diriger de manière démocratique dans un pays. Un grand gouvernement mondial serait très probablement encore plus difficile à diriger. C'est pourquoi on parle toujours du principe de subsidiarité comme une nécessité pour diriger les états.

Pour aller plus loin...

a) L'enjeu scientifique

Les journaux et la télévision reprennent généralement comme unique source d'information un résumé des experts du climat, le GIEC, qui indique que la température augmenterait dans une fourchette variant entre +2° et +4°, à chaque fois que la quantité de gaz carbonique doublerait dans l'air. Or, cette teneur augmente au fur et à mesure que les activités humaines progressent: plus l'humanité produit de biens, plus elle consomme d'énergie pétrolière ou de charbon. Or, la combustion de ces produits dégage du gaz carbonique. Cette thèse scientifique est généralement admise, mais d'autres scientifiques, moins entraînés au débat et disposant d'un moins grand nombre de chercheurs affirment, à partir de calculs très sérieux, que c'est l'activité solaire qui est responsable des variations climatiques. Ils constatent même que cette activité a diminué depuis 15 ans et que c'est ce qui explique un ralentissement du réchauffement dont tous parle. Or la vérité scientifique n'est pas toujours le fait d'opinions majoritaires. La question n'est pas simple.
De grandes découvertes ont été faites par des savants qui défendaient leurs recherches scientifiques seuls contre tous les autres. On peut citer, par exemple Galilée et Einstein

b) L'enjeu politique

Les états se sont engagés, lors d'une précédente conférence sur le climat, à verser une somme très importante 100 milliards de dollars par an en 2020, dans une sorte de banque mondiale qu'on appelle le "Fonds vert pour le climat", pour permettre à l'ONU de lutter contre le climat. François Hollande a déjà annoncé le 23 septembre 2014 à New-York que la France donnerait un milliard d’euros à ce "Fonds vert", ceci malgré les difficultés financières actuelles de la France. Ces sommes auront pour objectif officiel de réaliser le « transfert de fonds des pays les plus développés à destination des pays les plus vulnérables afin de mettre en place des projets pour combattre les effets des changements climatiques ».
L’enjeu est politique dans la mesure où il renvoie à la question délicate de la gouvernance mondiale. Suffirait-il de développer des discussions pour augmenter une coopération internationale utile et souvent souhaitable ou faut-il aller jusqu'à donner un pouvoir financier et exécutif à une gouvernance mondiale qui aurait ainsi le pouvoir de se substituer à celui des États ?

Concrètement, les fonctionnaires français chargés de gérer jusqu'ici les budgets de lutte contre les conséquences des aléas climatiques appartiennent à ce qu'on appelle l’ Agence Française de Développement (AFD). Or, jusqu’ici, la France était au 3ème rang des pays développés avec un budget d’environ 10 Milliards de $ sur un total de 100 Milliards. L’AFD a su prendre ses propres décisions pour aider ses partenaires à faire face aux grands défis du dérèglement climatique. Ainsi, elle a consacré , pour ne citer que les projets supérieurs à 10 M€:
- 150 Millions d'euros (M€) à l’aménagement des zones urbaines de Haïti et à l’amélioration des conditions de vie des populations vulnérables,
- 50 M€ à promouvoir le développement de l’énergie éolienne au Kenya pour renforcer l’accès à l’électricité,
- 50 M€ à faciliter les investissements des entreprises de Turquie dans le domaine de l’efficacité énergétique pour encourager un développement économique durable,
- 30 M€ à mieux gérer l’eau potable au Maroc pour améliorer la distribution dans les petites villes et moyennes villes,
- 20 M€ à soutenir le « plan climat » du Vietnam pour l’aider à mettre en place des économies moins émettrices de gaz carbonique
- 14,5 M€ à aménager durablement les forêts d’Afrique centrale et à lutter contre la déforestation,
- 11 M€ à la protection des ressources naturelles du lac Alaotra à Madagascar. 

On pourrait multiplier les exemples. La question n’est pas de savoir si ces choix sont bons ou les plus efficaces? Une chose est sûre, le débat démocratique permet aux Français de décider eux-mêmes des pays à aider en priorité. Est-il sûr qu'un "Fonds vert" international sera un progrès vis à vis du principe essentiel qu’est celui de la subsidiarité* ?

Conclusion

Abandonner nos souverainetés en matière de développement durable ira-t-il dans le sens du contrôle démocratique et de la subsidiarité ? Est-ce urgent quand on constate que les scientifiques ne sont pas tous d'accord entre eux sur la question climatique ? Il faut savoir se poser ce genre de question à l’occasion d’une conférence comme celle de Lima.

Pour approfondir...

Est-on sûr de la cause humaine des aléas climatiques ?

La question est à la fois scientifique et politique

a) Le consensus scientifique parait généralement admis. Pourtant une lecture attentive du dernier rapport du Groupe de Travail n°1 du Giec laisse percer un début de scepticisme sur les vrais causes du dérèglement climatique : comment interpréter cette phrase : "La plupart des simulations... ne reproduisent pas la réduction [de réchauffement] observée ... sur les derniers 10 ou 15 ans! ... Ces observations de 1998 à 2012 [sont] causées, à un degré substantiel, par la variabilité interne...". Le rapport reconnait même une "surestimation, par certains modèles, de la réponse [aux] gaz à effet de serre". (rapport GIEC 07.06.2013, p. 743). Serions nous donc face à une "panne" du réchauffement climatique due à une variabilité naturelle ? Les dites causes humaines ont-elles été surestimées dans les calculs ? D’autres scientifiques commencent à pointer les incohérences des discours officiels. Ainsi, les éditions anglaises ISTE-Edition viennent de publier un ouvrage "Changement Climatique- Identification et projections". L’auteur est un spécialiste de la modélisation par les techniques éprouvées de l’identification des systèmes dynamiques, selon l’optique "boîte noire". Il a utilisé ses compétences en reprenant toutes les données officielles du GIEC-IPCC (températures, émissions de CO², activités solaires et volcaniques). Dans sa conclusion l'auteur écrit : " L’hypothèse d’un impact insignifiant de l’ensemble des Gaz à Effet de Serre et de l’activité humaine en général ne peut pas être écartée. … On doit considérer comme un fait établi que l’activité solaire, en tant que variable explicative causale, constitue effectivement l’explication première du "changement climatique" …. Dans le scénario envisageable d’un retour aux faibles activités solaires des années 1700 ou 1800, les modèles identifiés font craindre, au contraire, une baisse des températures qui pourrait annuler la hausse du siècle dernier." Cette conclusion est appuyée par des calculs sérieux et le site internet de l’éditeur met à disposition tous les fichiers et calculs permettant aux scientifiques qui le désirent de vérifier son approche.

C’est dans ce climat scientifique que la conférence de Lima va rassembler les experts de 195 états membres. Sera-ce la bonne instance pour avoir un véritable débat scientifique ? 

b) L'enjeu est également politique. En effet la 5ème synthèse du GIEC, appelée résumé pour les décideurs, a été publiée le 2 novembre 2014. Ce résumé est-il cohérent avec le rapport scientifique ? Les médias ont laissé entendre que le Giec était de plus en plus alarmiste. Or l’approbation de ces "résumés" est devenu un « processus intensément politique, où s’exprime toute une gamme d’intérêts nationaux divergents ». C’est, mot à mot, ce qu’a rappelé un chercheur du CNRS, Amy Dahan Dalmedico, en rappelant[1] que le SBSTA [instance de l'ONU] a réussi à imposer « que le GIEC lui présente d’abord ses rapports d’évaluation afin de décider s’il peut ou non les recommander... aux autres institutions internationales ». Une mise en perspective de ce qui se passera à Lima doit être passée au crible des stratégies des principaux acteurs. Ils peuvent avoir des intérêts divergents et violemment opposés, tout en ayant le même intérêt à surfer consciemment sur une analyse scientifique tronquée. Il n’est qu’à comprendre l’intérêt de l’Europe à réclamer une baisse des émissions de CO² au motif de l’impact vertueux qu’aurait sa propre décroissance économique qu’elle ne parvient pas à enrayer, et l’intérêt des pays émergents à réclamer la mise en place de quota de CO²/habitant au motif que leur population importante leur donnerait un atout stratégique évident dans la délocalisation, vers leur territoires, d’industrie fortement émettrice de gaz à effet de serre.

[1] Amy Dahan Dalmedico, Modèles du futur, changement climatique et scénarios économiques: enjeux scientifiques et politiques; Coll. Recherches; Ed. La Découverte, 2007; pages 7-18, 113-139

 

Est-ce que la gouvernance mondiale fera mieux qu'un état pour favoriser un développement durable?

La gouvernance mondiale avait pris des résolutions sur le millénaire pour éradiquer, d’ici 2015, la vulnérabilité des peuples les plus pauvres. Mais, derrière ces objectifs louables et indispensables on a élaboré de grands programmes de
- promotion de l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes –grâce à la déconstruction des modèles familiaux,- réduction de la mortalité infantile –grâce au droit à l’avortement,
- amélioration de la santé maternelle –grâce à la contraception-,
- combat contre le VIH/SIDA –appuyé exclusivement sur des programmes inefficaces de diffusion du préservatif. 

Certaines ONG environnementalistes ne cachaient pas que ces objectifs avaient l’arrière pensée de réduire ainsi la démographie en particulier dans les pays les plus pauvres.


GIEC:

Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat.

Développement durable:

Mot utilisé en écologie qui renvoie à l'idée d'une croissance qui dure y compris jusqu'au générations futures. C'est un mot qu'on appelle quelquefois "fourre tout", car il rassemble tout le monde, depuis les gens raisonnables qui  souhaitent un développement économique, social et humain qui dure, mais aussi des extrémistes qui veulent, pour y parvenir, réduire la population mondiale avec des moyens contraire à l'éthique. Ces vocabulaires "fourre tout" peuvent faire croire à de faux consensus entre les écologistes.

Combustion:

Le pétrole ou le charbon sont des plantes qui sont mortes et ont pourri sous terre depuis des milliers d'année. Comme le bois, ces produits, constitués d'atomes de carbone, peuvent brûler au contact de l'oxygène de l'air. En brulant, ces produits dégagent de la chaleur et les fumées de combustion contiennent des poussières de carbone et du gaz carbonique.

Gaz Carbonique:

L'air que nous respirons contient de l'Oxygène (qu'on écrit de manière symbolique O²), de l'azote (symbole N), de la vapeur d'eau (symbole H²O) et du gaz carbonique (symbole CO²). Ce gaz provient des combustions et des fermentations de matières contenant du carbone depuis des millénaires.

Galilée:

Savant qui, vers 1620,  a fait des expériences pour démontrer les découvertes d'un autre astronome, Copernic, qui disait que la terre tournait autour du soleil. La majorité des savants de l'époque pensait le contraire.

Einstein:

Grand savant du milieu du 20° siècle qui a fait des découvertes permettant de mieux comprendre de quoi était constituée la matière. Lui aussi a eu raison contre les recherches des savants de son époque.

Vulnérable:

se dit d'une personne pauvre, ou plus généralement fragile.

Gouvernance mondiale:

Expression qui renvoie à l'idée d'un mode de gouvernement au dessus des états et qui déciderait  de règles d'organisation à l'échelle de la planète.

ONU

Organisation des Nations Unies. C'est la plus grosse organisation de gouvernance mondiale.

Souveraineté:

Synonyme de pouvoir politique. Un pays est souverain quand il peut décider de son avenir. Il peut déléguer sa souveraineté à une gouvernance de taille plus importante.

Subsidiarité:

C'est un principe politique qui veut que ce soit la cellule sociale la plus petite (par exemple la famille) qui décide des pouvoirs qu'elle veut donner à une cellule plus importante (par exemple une commune) pour l'aider à vivre (par exemple en construisant une école pour aider la famille à éduquer ses enfants. La subsidiarité existe aussi entre une commune et une région, entre une région et un état, entre un état et l'Europe, entre l'Europe et une gouvernance plus mondiale.

Zones urbaines:

Régions où se regroupent de grosses villes.