Titre : «Le secret de la prière »
Année de parution : 1960
Auteur : John-Henry NEWMAN
Éditions : Alsatia
Traduction : Dr. Denys Gorce
 
CV de l’auteur : Bienheureux cardinal John-Henry Newman (1801-1890), prêtre anglican. Ses travaux sur les Pères de l'Eglise le conduisent à défendre l'indépendance de sa religion face à l'Etat britannique. Il se convertit au catholicisme en 1845. Léon XIII le créé Cardinal en 1879.
Autres ouvrages :
« Apologia Pro Vita Sua » (1867)

Résumé

Comment « se laisser doucement attirer à Dieu » ? Les conseils du Bienheureux Newman nous plongent aux racines de la tradition catholique, pour nous aider à prier au quotidien. Ces huit Sermons sur la prière datent de la période où John Henry Newman, encore anglican, redécouvre les sources de la tradition catholique. "Toute la spiritualité de Newman est en germe" (L. Bouyer, 1958) dans ce maître ouvrage sur la prière. Il en développe tous les aspects et propose une psychologie religieuse pleine d'humanité pour le chrétien d'aujourd'hui : prière en assemblée, etc...

Chapitre 1: L'intercession

"Nous avons beau avoir fait ce qu'il faut, nous n'en sommes pas moins des serviteurs inutiles (Luc 17, 10) et ne pouvons nous demander de récompense pour nos services" (p. 48)

"Ne pouvons-nous pas dire que notre roi, notre pays, notre Eglise, nos institutions et nos milieux sociaux respectifs seraient trouvés en bien meilleur situation si nous avions prié habituellement pour eux d'une manière plus fervente et plus grave? Comment est-il juste de nous plaindre de difficultés nationales ou personnelles; dans quelle mesure blâmer et dénoncer les gens mal intentionnés et puissants, si nous n'avons usé que faiblement de l'intercession qui nous est offerte dans la litanie, les psaumes et la sainte communion? Comment nous justifier à nos yeux pour les âmes qui, à notre époque, ont vécu dans le péché et y sont mortes, les âmes qui se sont perdues et attendent maintenant le jugement, les infidèles, les blasphémateurs, les libertins, les avares, les concussionnaires ou encore ceux qui nous ont quittés avec des signes de foi douteuse, pénitents du lit de mort, nondains, trompeurs, ambitieux, déréglés, badins, entêtés, en voyant, pour ce que nous savons, que nous avions pour mission d'influencer ou de retourner leur destinée présente et que nous ne l'avons pas fait" (p. 59)

Chapitre 2: Formules pour la prière privée

"L'image des formules comme secours pour la mémoire ressort lorsque nous tenons compte des sollicitations du monde qui circonviennent la plupart des hommes. Soucis et affaires de la vie s'imposent à eux avec une réalité impossible à éluder. Allons-nous confier ce qui a trait à la vie future aux pensées hasardeuses de nos esprits qui viennent un moment et s'en vont l'instant d'après, et que nous pouvons ne plus avoir sous la main quand arrivera le temps d'en user, telles ces visions irréelles qui n'ont ni substance ni permanence? Ce monde est la forme efficace de Satan, l'instrument dont il se sert pour étendre, en les rendant ordonnés et attrayants, ses nombreux pièges" (p. 72)

Chapitre 3: Les heures pour la prière privée

"Le devoir d'observer à des heures précises, la prière privéen est beaucoup plus important que ne le croient généralement ceux qui l'accomplissent" (p. 85)

"... Des heures fixes pour la prière sont nécessaires... pour mettre l'esprit au calme et rtendre plus religieux notre humeur du moment; comme moyen, ensuite, d'exercer notre foi avec sérieux et, par là, de recevoir en gage une bénédiction que nous ne pourrions obtenir autrement" (p. 89)

Chapitre 4: Le culte public, remède aux passions

"Les causes d'agitation sont de deux sortes: séculière et religieuses. Envisageons d'abord les premières... Ainsi, un homme se voit-il devenir esclave de ce monde. Il n'a en tête qu'une idée, et une seule, qui dvient son idole. Jour par jour, elle l'accapare et son coeur lui rend un culte" (p. 100)

"Il nous faut considérer ensuite comment l'agitation religieuse est opportunément combattue par la même médecine divine... " (p. 104)

"On entend dire souvent que le schisme et la dissidence ne sont que les accidents d'un tempérament religieux... Ainsi la mentalité d'un dissident, quand on le considère de près, est tout à fait distincte de la mentalité du Christ et de sa sainte EGlise Catholique dans la mesure où elle peut ou non prendre corps dans les individus. C'est une mentalité pleine de suffisance, d'irrévérence et d'esprit critique, d'étalage et d'agitation" (p 105-106)

"... C'est ici, à condition de les bien employer, qu'interviennent les cérémonies de l'Eglise pour tranquiliser et guider les esprits agités" (p. 110)

Chapitre 5: Le service quotidien 

"Les troubles qui augmentent dans le monde, la furie de Satan, la folie des gens, l'effroi causé par le soleil, la lune et les étoiles, la détresse et la perplexité des nations, le coeur des hommes défaillant de crainte, le mugissement des mers et les vagues, tous ces témoignages de la colère divine ne sont pas autre chose que des appels à demeurer plus persévéramment unis dans la prière" (p. 119)

"Ceux qui considèrent le tumulte et la fièvre qui travaillent la nation entière disent qu'ils convient que nous soyons affairés et troublés nous aussi pour y correspondre; que le cours des événements va dans un sens unique et que nous devons nous y associer, si nous voulons être gens pratique; que c'est chose inutile que de s'essayer de s'y opposer, alors que ce serait une grande chose de le diriger... Que ces personnes considèrent sérieusement l'exhortation de saint Paul à persévérer dans la prière, et cela "en tout lieu" (1 Tim 2, 8), et cela d'autant plus que les affaires de ce monde devienne de plus en plus troublantes et préoccupantes...
Cette règle de "continuité dans la prière" est illustrée par l'exemple de saint Pierre. Il avait appris du Sauveur son maître à ne pas considérer celle-ci comme une perte de temps. Le Christ l'avait pris avec lui sur la sainte montagne, bien que la multitude attendit en bas la guérison.." (p. 120)

"En conséquence, saint Pierre, dans sa première épître, nous donne cet avertissement: "la fin de toutes choses est proche. Aussi, soyez calmes et veillez en prière" (1 Pierre 4, 7)" (p.121)

Chapitre 6: Prière mentale

"Prier toujours est là un devoir naturel... Que nous enseigne la nature nous concernant?... Que nous sommes des créatures du Dieu suprême, ... et que, en tant que tels, nous sommes tenus... de nous comporter comme des êtres religieux... Un homme ne peut être réellement religieux une heure et pas la suivante. Autant voudrait dire qu'il peut être en bonne santé une heure et en mauvaise la suivante..." (p. 140) [1]

"Être religieux, c'est avoir l'habitude de la prière ou prier toujours" (p. 141)

"Comme la vie de notre corps se manifeste par son activité, ainsi en est-il de la présence en nous du St-Esprit qui se manifeste par une activité spirituelle qui est l'esprit de prière continuelle" (p. 143-144)

"Si vous pouviez voir seulement quel est celui qui vous suggère toutes les pensées légères que vous substituez à la communion avec Dieu, le choc qui en résulte vous rendrait sérieux, même s'il ne vous rendait pas religieux. Si vous pouviez voir ce que Dieu voit, à savoir ces pièges et ces surprises que place sur votre sentier le démon, et comment toutes les pensées frivoles auxquelles vous vous affectionnez, qui semblent si attrayantes et plaisantes, tellement plus que les pensées religieuses, sont inspirées par cet ancien séducteur de l'humanité, l'auteur du mal, qui se tient à vos côtés, tandis que vous tournez en dértision la religion, sérieux lui-même, alors qu'il vous fait rire, incapable de sourire de ses propres railleries, tandis qu'il vous mène en dansant à la perdition, vous trembleriez, à n'en pas douter" (p. 149-150)

Chapitre 7: Marthe et Marie

"Ceux qui sont comme Marthe et ceux qui sont comme Marie, les deux Le glorifiant à leur manière, ou par leur labeur, ou par le repos, prouvant dans l'un comme dans l'autre cas qu'ils ne s'appartiennent pas, mais ont été achetés à grand prix, pratiquant l'obéissance et réguliers à exécuter sa volonté. Travaillent-ils? C'est en faveur de Lui. Adorent-ils? C'est encore par amour pour Lui. Au surplus, ce n'est pas d'eux-mêmes que ces deux catégories de disciples choisissent leur genre de service; c'est Lui qui le leur attribue. Marthe peut-être la plus âgée, Marie la plus jeune... Dans l'ensemble, chacun a sa place marquée par Lui, s'il veut bien l'occuper, dans le cours de la providence; du moins en est-il sans aucun doute qui sont faits pour les soucis du monde..." (p 157)


[1] NDLR: A lire
- J Gouillard "Petite philocalie de la prière de coeur" (Collection livre de vie n° 83-84)
- Anonyme "Récits d'un pèlerin russe"  (Poche - 1999 - traduction jean Laloy)