Le 26 mars 2017, Robert Royal, Président de l’Institut Foi et Raison à Washington, est revenu sur le colloque sur  la biodiversité organisé à l’Académie pontificale des sciences les 27 février et 1er mars 2017. Le thème de ce colloque parlait de lui-même « L’extinction des espèces ».

Robert Royal regrette que les religieux n’aient que de faibles connaissances en science et que les scientifiques soient dépourvus de sens moral.

Source : France Catholique du 26 mars 2017

Transcription: "les2ailes.com"

Nous reprenons, ici, l’intégralité de l’article de Robert Royal[1] publié dans la France Catholique et traduit par « Pierre ». Les sous titres sont ceux retenus par "les2ailes.com":

« Quand des religieux parlent d’environnement, ils n’ont pratiquement que de faibles notions de cette science, et donc s’expriment avec un langage moral. Quand des scientifiques parlent d’environnement, ils ne sont pas dépourvus de sens moral, mais leur sens moral est fondamentalement utilitariste.

Ce qui revient à dire qu’ils auraient tendance à considérer les questions directement humaines — et plus qu’humaines — comme des éléments structurels, y-compris de structure sociale.

Dans ce contexte l’élément de base peut se traduire par : une population trop nombreuse consomme ce qui (selon l’idée de scientifiques) provient de sources "non renouvelables". Il faudrait donc réduire la population, avoir moins d’enfants par tous les moyens, et réorienter l’usage des ressources. Un éminent environnementaliste américain a publié, voici quelques années, un livre intitulé « Pourquoi pas un seul ? plaidoyer pour de petites familles »[2], un titre bien explicite.

Ce comportement s’est faufilé dans toute la culture occidentale actuelle, même parmi les gens qui ne sont pas spécialement concernés par l’environnement. Il en résulte que l’Europe souffre d’un effondrement démographique, tout comme la Russie. Et même l’Amérique subit la pression pour admettre des immigrants clandestins afin de tenir des emplois que les Américains sont trop peu nombreux pour les tenir. Les Agences des Nations Unies font la promotion des préservatifs et de la pilule, ainsi — quand c’est possible — que le recours à l’avortement dans les pays les plus pauvres. Le bien-fondé de tout ceci est fortement suspect, c’est le moins qu’on en puisse dire. Mais hors l’Église catholique on considère comme normalement humain de veiller à ce qu’il y ait moins de naissances et moins d’êtres vivants sur la planète Terre.

Et peut-être bien aussi à présent au sein de l’Église. À cet égard il est intéressant de considérer comment l’Académie Pontificale pour les Sciences a défini ce qui est prévu lors du cercle d’étude débutant ce 27 février 2017, et les jours suivants. Voici de quoi il est question : la brève période de vie sur la planète Terre évoquée par l’Académie Pontificale est un résumé fallacieux dans le cours des milliards d’années d’évolution cosmologique et les preuves géologiques susceptibles de jeter le trouble chez les scientifiques participants. Mais demeure un argument constant : l’accent toujours mis sur la destruction de la terre prétendument par l’accroissement de la population.

Plutôt qu’y voir notre capacité d’improvisation et notre survie (nous sommes 7 milliards à présent) comme preuve de la réussite des hommes, inventivité, créativité, cette croissance est présentée comme un développement abominable. Et, en conclusion, cet argument insensé : "Global Footprint Network" [Réseau mondial de l’empreinte humaine] mesure avec précision notre consommation dans tous les domaines possibles de la productivité mondiale et a calculé que vers 1970 nous consommions 70 % de la capacité mondiale renouvelable, et, à présent nous en consommerions 156 %.

Halte-là. comment peut-on consommer 156 % de quelque-chose ? Énigme logique. Ce serait plus convainquant de dire de préférence : « Certains scientifiques estiment que nous consommons une fois et demie ce que nous devrions prendre comme limite de renouvelables. » Mais même si les idées sur« renouvelables » étaient claires, acceptées aveuglément comme le scénario-catastrophe, il n’en reste pas moins un concept virtuellement dénué de signification.

Il peut signifier n’importe quoi — ou rien du tout.

Si en 1900 on avait demandé à quelqu’un s’il serait possible de produire assez de foin pour nourrir les chevaux nécessaires aux labours pour nourrir les 7 milliards d’hommes, la question aurait semblé totalement « insoutenable ».

Mais on n’est plus dans le cas des chevaux et du foin. Et si on n’écarte rien, on pourrait  -qui sait- avoir encore quelques bonnes idées avant notre disparition.

Nous ne savons pas qui a bâti ce fatras de programme, mais ce n’était certes pas un génie, même choisi parmi les pires alarmistes. Et retenons que malgré le titre « Cercle d’étude sur la Bio-extinction » il n’y a rien de bien urgent si ce n’est la question de la croissance de la population mondiale. Les scientifiques estiment déjà que un pour cent des espèces ayant vécu sur terre ont échappé à l’extinction, les humains étant dans ce lot.

Il n’est pas étrange que ce colloque s’ouvre par un exposé des buts par Sir Partha Dasgupta, co-auteur de nombreux articles avec Paul Ehrlich. Ce duo vient un après-midi pour parler de « Pourquoi nous sommes en Sixième Phase d’Extinction, et comment en est touchée notre humanité ». Ce ne sera sans doute pas une bonne nouvelle pour nos humains déjà conçus ou qui le seront sans doute un jour. Et cependant un aspect positif : Paul Ehrlich - bombe de population, est sans nul doute un faux prophète.

Se posent évidemment des questions légitimes à propos de l’impact de l’homme sur l’environnement. Et nul ne devrait les négliger, les chrétiens moins que quiconque à qui, dans le jardin d’Eden, le Créateur a confié la responsabilité d’y travailler et de l’entretenir. L’Académie Pontificale pour les Sciences retient le commandement transmis par la Genèse — « Prenez soin du Jardin » — et omet « Croissez et soyez féconds ».

Une conséquence du divin commandement, est mesurable par le nombre de participants, mais manque son aspect positif : plus de six milliards d’hommes vivent plutôt bien sur terre de nos jours. Les centaines de millions qui restent au bord du chemin pourraient, devraient être emmenés dans ce que saint Jean-Paul II appelait « le cercle de production et d’échange ».

Ce qui ne signifie pas qu’on puisse résoudre aisément chaque problème, ni que nous puissions savoir quelle pourrait être la solution. Seuls ceux qui pensent qu’on peut avoir la maîtrise de la vie l’imaginent. Mais en fait nous pouvons avoir un bien meilleur espoir de trouver une solution que ceux pour qui le salut réside dans la réduction de la population.

Il est étrange que dans la mise au propre de la question il n’est fait aucune mention de Dieu. La seule approche se trouve dans la citation de E.O. Wilson, biologiste de Harvard, à propos de notre « péché environnemental ». Mais hors ce cas, il semble que nous puissions tous être écologistes tels les Égéens de l’antiquité Grecque. Il nous reste à écouter les scientifiques à la pensée d’avant-garde et agir simplement selon leurs dires.

Dieu et Jésus sont absents, mais une religion se trouve là.

Une religion de gestion de notre race par des scientifiques internationaux, empaquetée dans un discours de justice sociale. On en a déjà vu tout plein au XXe siècle. Il en est résulté des monceaux de cadavres.

Nous ferions mieux de garder un œil vigilant sur les nouveaux tenants de cette attitude. Ce qu’on fera au cours des jours à venir ».

 

 

[1] Robert Royal  est diplômé de Brown University et de l’Université Catholique d’Amérique, il a enseigné à l'Université Brown, au Rhode Island College et à The Catholic University of America. De 1980 à 1982, il a été rédacteur en chef du magazine Prospect à Princeton, dans le New Jersey. De 1986 à 1999, il a été vice-président du Centre d'éthique et de politique publique, ainsi que le président George Weigel de 1989 à 1996.

Il est rédacteur en chef de The Catholic Thing, une publication en ligne qu'il a lancée avec Michael Novak.  Il occupe également le poste de doyen diplômé de l'Université à distance catholique et en tant que membre du conseil d'administration de l'Institut catholique de la famille et des droits de l'homme.  Il est administrateur de CFam

[2] « Maybe One - A Case for Smaller Families Paperback », de  Bill McKibben (June 1, 1999) . Il est journaliste, auteur et militant écologiste américain. Il a consacré l'essentiel de sa carrière journalistique à l'environnement et plus particulièrement au réchauffement climatique. En 2007, il fonde l'association 350.org et remporte pour cela le Prix Nobel alternatif.