Depuis que l’UE a renouvelé pour 5 ans la licence de commercialisation du glyphosate, les médias se plaisent à reprendre en boucle le fait qu’existeraient des produits alternatifs
On parle de produits mis au point à partir d'orties par l’entreprise Osmobio en Bretagne ou à partir de chardons par Novamont en Sardaigne.
Qu'en est-il? Peut-on parler d'une substitution potentielle, tant au plan technique qu'au plan économique.
L'aspect économique doit-il être traité à la légère quand on sait que la SNCF est le premier utilisateur de glyphosate en France. Son standard est le "zéro végétation sur les voies". C'est un impératif de sécurité: la végétation pourrait retenir l'eau et déformer la plateforme (et donc les rails). Les touffes d'herbe pourraient en outre gêner les rayons laser vérifiant l'écartement des voies. "On n'a pas encore trouvé la solution" dit le patron de SNCF Réseau, Patrick Jeantet et le coût du traitement des voies sans glyphosate atteindrait environ 500 millions d'euros par an (plus de 1% du Chiffre d'affaire de la SNCF)!
L'opinion publique à mépriser l'attachement des agriculteurs à rester attachés au glyphosate. La SNCF semble dans la même problématique. L'alternative au glyphosate n'est pas simple, ... si tant est que le glyphosate soit reconnu comme dangereux, ce qui n'est pas évident.

Commentaire: "les2ailes.com"

1- Les produits proposés par l’entreprise Osmobio 

Sous la marque « osmobio », il existe toute une gamme de produits :
- Croq’Mousse, Engrais organo minéral contenant des oligo-éléments N-K NFU 42-002-1, à base d’algue marine bio-stimulant naturel. Le produit est  sensé « détruire la mousse dans la pelouse dans l'heure qui suit l'application ».
- Purin d’ortie, sans précision des dosages, ni de la température et de la durée de la fermentation alors qu’on sait que ce type de produit peut être toxique pour l’homme si son processus de fabrication n’est pas respecté…
- Anti limace, composée d’algues et de coquilles marines broyées, se présente sous forme de cristaux coupants et a pour but de rendre difficile le déplacement des limaces sur le sol afin qu’elles n’atteignent pas les plantes à protéger
- Anti puceron qui « agit comme un répulsif », contenant de l’eau de pluie et 142 g/litre d’ortie
- Osmolyth, activateur biologique du sol, contenant 5 % d’Oxyde de Potassium (K2O) soluble dans l’eau en provenance du sulfate de potasse organique – 5 % d’Anhydride Sulfurique (SO3) soluble dans l’eau – 30 % d’Oxyde de Calcium (CaO) d’origine marine – 4 % d’Oxyde de Magnésium (MgO) soluble dans l’eau + Un complément énergétique à base d’algues marines micronisées et d’Extraits d’Algues riches en polysaccharides sulfatés.
- Anti mildiou de la pomme de terre, contenant Eau de pluie, 142g/litre d’ortie (urtica s.p)
- « Master cuivre » Association des Algues Marines avec le Cuivre 
- Revitalisant rosier, contenant 2 % de Fer (Fe) total soluble dans l’eau – 1 % de Manganèse (Mn) total soluble dans l’eau, 6.6 % de sulfates (So3) totaux solubles dans l’eau + Extraits concentrés d’algues marines.

On voudrait faire croire que la pauvre petite entreprise familiale OSMOBIO et son président Jacques Le Verger seraient bloqués par l’ANSES incarnant une administration corrompue faisant le jeu des multinationales. Or, le 16 novembre 2017, les députés ont longuement auditionné plusieurs membres de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). Son directeur général délégué, Gérard Lasfargues, a rappelé que « les ‘produits de biocontrôle’ peuvent également présenter des dangers pour la santé humaine ».  Il a objecté, à propos de l’entreprise Osmobio : "Depuis 2014, à part une lettre, nous n'avons aucun dossier à expertiser, ni même le Cerfa qui n'a pas été rempli par l'entreprise". Il n’apparaît pas hors de portée, pour une "petite entreprise familiale",  d’accéder via internet au dossier Cerfa n° 11906*02.
Aucun média ne précise des détails sur ce produit alternatif. Même le site internet de l’entreprise Osmobio ne donne la moindre information sur la composition de son produit, sur son mode d’action (anti-foliaire ?), sur son mode d’emploi (type de culture ciblée ?), sur la nature des plantes sur lequel le produit serait efficace, sur le prix commercial envisagé pour ce produit. On peut légitimement s'inquiéter quand on voit qu'Osmobio propose un produit anti mildiou pour pomme de terre contenant de l’« Eau de pluie et 142g/litre d’ortie » pour 49.50 € /2 litres ! Le Kg d’Ortie est ainsi proposé à plus de 200 € le Kg d'ortie !!!!. Pour qu'un produit ait la prétention d'être une alternative au Glyphosate, il faudrait un minimum d'information technique et économique.
Enfin, dans un dossier de mise sur le marché, il est légitime de fournir des résultats d'essais en plein champ sur des cultures bien précisées. Or, il semble que rien n'ait encore été testé à échelle agricole! Ce n'est pas parce que le produit aurait été testé sur des routes ou des voies de chemin de fer qu'on peut extrapoler sur des surfaces agricoles alimentaires. Si Monsanto pratiquait de la sorte, toutes les ONG hurleraient au scandale !
On est toujours très prompt à reprocher à Monsanto son manque de transparence, mais un minimum d’effort d’enquête des medias serait bien venu. Le président d’Osmobio ne peut se contenter de regretter « la complexité du dossier est lourde pour une petite entreprise familiale ». On condamne volontiers une forme d’oligopole de la part des multinationale. Il s’explique, malheureusement, par le coup élevé des dossiers de sécurité alimentaire exigés par les associations de consommateur. Pourquoi les « petites entreprises » devraient-elles être exonérées de ces lourdes procédures ? La santé des consommateurs est un enjeu qui mérite un peu plus de sérieux qu’une dialectique opposant de petites entreprises victimes des puissants !
Le  discours incantatoire disant que le produit contient des algues marines ne suffit pas à alléguer qu’il existe une alternative au glyphosate !
Nous proposons ci-dessous quelques informations factuelles sur les produits proposés par Osmobio.

2- Les produits à base d'acide pélargonique proposés par Novamont

Dans une  conférence organisée le 10.9.2017 par le Zermat Matterhorn, le très médiatique Gunter Pauli, créateur du concept d'économie bleue, a évoqué l'existence de l'usine de Matrica, en Sardaigne, dans laquelle les sociétés Versalis et Novamont, une société italienne pionnière dans le domaine des bioplastiques à base végétale, ont effectivement investi 1 milliards d’€.  Cette usine triture des chardons pour en tirer de l’huile, des enzymes pour faire du fromage de chèvre,… du sucre dans sa tige, des nutriments dans sa racine. Gunter Pauli ajoute dans la série des produits, "le plus important (sic)" (28’29), un "remplaçant" (sic) du glyphosate.
L’acide pélargonique, extrait des chardons, est une substance aux effets herbicides naturellement sécrétée par le géranium (ou pélargonium, d'où son nom). Il agit par contact en détruisant la cuticule cireuse qui recouvre, comme une peau, les tiges et les feuilles des plantes. Privées de cette protection, ces dernières se dessèchent et meurent en quelques heures sous l'effet des rayons ultraviolets solaires. 
Il existe un désherbant sous le nom commercial de « BELOUKHA® », produit par Jade, et contenant  680 g/l d’acide pélargonique. La société Jade, basée à la périphérie de Bordeaux, a un accord de distribution exclusif avec la société chimique italienne Novamont.
Toutefois, plusieurs inconvénients majeurs qui ne peuvent, en aucun cas, en faire un substitut du glyphosate :
- Le Beloukha a un usage recommandé limité au défanage des pommes de terre  et à la destruction des rejets dans la vigne et une « maîtrise » des adventices de la vigne. On est donc loin d’un usage généralisé comme le Round’Up. Par ailleurs la dose recommandée est de 16 l/ha, et son prix était en 2015 de  18,60 €/litre soit un coût de 288 €/ha pour chaque traitement.
- D’autre part, ce produit ne tue que les adventices annuelles jeunes dont la hauteur ne dépasse pas 10 centimètres. Au-delà, il faut procéder à une seconde application 10 à 15 jours plus tard.
-  Troisième problème et non le moindre: comme il s'agit de défoliants qui n'agissent que par contact, l'acide pélargonique ne permet pas de contrôler les adventices les plus coriaces une fois qu'elles sont solidement implantées. Si vous « ratez le coche », en raison d'une longue séquence de pluie ou d'une absence, liserons, pissenlits, oseilles sauvages repousseront par la racine aussi sec. …Ce qui peut conduire à procéder à 3 voire 4 applications par an pour un coût 5 à 30 fois plus élevé qu'avec les désherbants chimiques classiques... 

3. Conclusion

On ne remarque jamais assez à quel point ce type d'initiative médiatique sans intérêt marquent les esprits. Les journalistes ne font pas le plus petit travail d’investigation sur les allégations consistant à dire qu'il existe des produits de substitution au glyphosate. 

Commentaires  

# les2ailes.com 15-09-2019 19:05
@ Johan.m
En tant que modérateur, j'aurais pu ne pas diffuser votre mail. Il est exemplaire de l'incapacité de dialogue sur ces sujets. L'invective tient lieu d'argument. J'aurais aimé que vous disiez en quoi je suis mal documenté. Ne vous donnez pas la peine de répondre si vous souhaitez renouveler des invectives: je me verrai obligé de le bloquer. C'est sans intérêt!
Les2ailes.com
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# Johan.m 15-09-2019 07:45
Que ne faut il pas lire...
Douche de monsanto pour le redacteur de cet article
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# BALADOU 20-06-2019 10:33
Un tout grand merci pour cet éclairage. Et je ne me priverai pas de relayer le contenu de cet article
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