De manière unanime, la presse relaye une nouvelle fois une étude qui voudrait que le meilleur « éco-geste », pour sauver le climat terrestre, soit de ne plus avoir qu’un seul enfant.
Le journal Le Point a ouvert le feu, le 18 septembre 2018, avec un éditorial de Marylou Magal : « Faire moins d'enfants, le geste écolo ultime ! »
Aleteia réagit en contre point le 6 octobre: « “Démographie responsable: un concept écolo-malthusien ? » avec une tribune de Stanislas de Larminat.
Valeurs Actuelles réagit également le 6 octobre et cible l’AFP : « Écologie : quand l'AFP recommande d'“avoir un enfant en moins” ».
Rien n’y fait : la campagne se poursuit !
Le Nouvel Obs continue le 8 octobre avec Jean-Paul Fritz qui titre : « Pourquoi empêcher les ados de procréer pourrait... sauver la planète ». Le titre est violent car il instrumentalise les ados pour qu'ils soient les véritables agents de changement dans cette guerre culturelle.
Le Monde titre, le 9 octobre: « Climat : « Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue »
Le Figaro continue le 9 octobre avec Edouard de Mareschal : « Faire moins d'enfants pour sauver la planète : itinéraire d'une thèse vivace »
Pourquoi cette soudaineté ? Tous les articles font référence à la même étude vieille de plus d’un an, publiée le 12 juillet 2017[1] et « les2ailes.com » avait aussitôt  publié une traduction intégrale.
La réponse réside dans un décryptage attentif : qu’y a-t-il de commun dans ces articles ?

Commentaire "les2ailes.com"

Que dit la funeste étude de référence ?
L’étude donne l’apparence d’un fondement scientifique en recourant à des « calculateurs de carbone » qui prennent pour acquise la responsabilité humaine des variations climatiques. Il n’est pas étonnant que les calculateurs utilisés en arrivent à cibler les familles nombreuses. Elle s’était engagée sur un terrain glissant surtout en faisant des contorsions pour expliquer que « ne pas posséder de chien ... répond également à nos critères pour les actions recommandées à fort impact, mais elles ont ...un mérite douteux ».
L’étude date de juillet 2017. France Info l’avait déjà relayée en boucle le 18 juillet 2017, de même que  « Le Figaro avec l’AFP » et la presse régionale avait évoqué cette étude dans « La dépêche », « Sciences et Avenir », etc…

 « Démographie responsable », une ONG déjà active en 2015
Une association « Démographie responsable » (Le Point), présidée par Denis Garnier.  Son titre est très insidieux, car il surfe sur le concept chrétien de « paternité responsable » en en tordant totalement les valeurs.
L’association est très présente sur les réseaux sociaux. Ils publient des commentaires à chaque fois que possible en réaction à des articles ou émissions. Ainsi, après la chronique de géopolitique intitulée "Carte blanche", diffusée le 24 octobre 2015 sur Radio Notre Dame , on a vu Didier Barthes, promouvoir deux conférences sur ce thème le jeudi 19 novembre à 20 h 30 à la « Fiap Jean Monet » à Paris en précisant : «  la question sera évoquée de front par différents orateurs (notamment Yves Cochet et Antoine Waechter). La réunion est organisée par l'association Démographie Responsable ». Il recommande de lire, sur le même sujet, l'ouvrage "Moins nombreux plus heureux" publié aux éditions Sang de la Terre, en se réjouissant de voir que « si le sujet est tabou, certains quand même osent l'aborder ».

Le mouvement « Nokids »

Aux USA, Lisa Hymas a lancé le mouvement des Ginks « Green Inclination, No Kids » 
Pour elle il s’agit bien d’une « inclination environnementale qui l’a mené, en 2010, à lancer une charte pour promouvoir l’enfant unique. En France, le mouvement NoKids est animé par Corinne Maier. Son site fait la promotion de 10 sites de voyages pour « childfree ».
Ces deux mouvements ne doivent pas être inactifs. il est symptomatique que le premier article paru dans le Point cet automne cite ces deux mouvements.

Une date bien choisie pour relancer la campagne

Le rapport de la session plénière du GIEC a été publié le lundi 8 octobre. Il est une fois de plus alarmiste, faisant croire, non plus que la température va monter vers les 2 à 6° dans le siècle. plus grand monde n’y croit, puisque nous sommes dans une phase de plafonnement des températures. La co-présidente du Giec , Mme Valérie Masson-Delmotte, avait fait état, en novembre 2016 dans Le Monde, de nombreuses publications qui sont en train d’être publiées pour essayer d’expliquer ce hiatus.
Dans ce contexte de ralentissement, le seul moyen de sauver la face est de ne plus parler que de 1,5 °, mais de dramatiser en faisant croire que ce seuil arrivera plus vite que prévu. Il y a fort à parier que cette prévision du Giec sera autant entachée d’erreurs que les précédentes et que tout dépendra du soleil et de la poursuite ou non du ralentissement actuel de l’irradiance solaire.
Après la campagne de 2017, il y avait donc urgence, pour les malthusiens, à relancer la campagne en s’appuyant une seconde fois.

Quand la « toile » réagit, l’AFP se sent accusée

Après l’article du Point, l’AFP a diffusé sur twitter, le 8 octobre, une infographie  montrant les divers impacts sur le climat de tel ou tel comportement.  La publication a largement fait réagir les internautes. L'AFP a été obligée de se justifier en publiant un nouveau tweet précisant l'origine de son graphique. « Comme vous l'aurez compris, l'AFP ne vous invite pas à faire moins d'enfants. Cette infographie, qui vous fait beaucoup réagir, est tirée de cette étude parue en 2017 dans la revue Environmental Research Letters », écrit l'agence sur le réseau social.

Une campagne très orientée

Quand on sait à quel point la science militante ne se fonde que sur des calculateurs de carbone, on s’étonne qu’aucune publication en vienne faire prendre la défense de la famille pour « sauver le climat ». Il serait intéressant de montrée que, même avec un seul enfant, une famille décomposée a un impact carbone deux fois plus élevé que celui d’une famille traditionnelle (multiplication des voitures, dépenses de chauffage dans deux logements, etc….).
A contrario, une famille de quatre enfants ne « carbonise » pas beaucoup plus la planète  que celle de trois enfants. Ils vivent, dans les deux cas, dans le même nombre de chambres en mettant un lit supplémentaire dans une des chambres. Ils circulent circulent dans une même voiture. Ils prennent rarement l’avion, n’en n’ayant pas les moyens. Enfin, une famille accueillant les grands-parents plus âgés plutôt que de les mettre en maisons de retraite/en soin à domicile réduit considérablement sa consommation d'énergie.

De nouvelles campagnes à prévoir

La lecture des articles annoncent les prochains axes de communication, avec, entre autres :

‐ La consommation de viande sera ciblée par des campagnes véganistes. Alain Finkielkraut a eu raison de dire, dans Mariane, le 6.10.2018, que "le terme de terrorisme est justifié", arès l’incendie d’un abattoir par des militants.

‐ L’instrumentalisation des enfants. Il n’est pas anodin de lire cet appel dans la funeste étude de 2017: "Présenter ces choix de vie pour débuter des conversations avec les adolescents pourrait être prometteur, surtout si ces discussions soulignent également les problèmes de souplesse de comportement, de souplesse des politiques et de l'échelle de temps, et encouragent à prêter attention aux moyens de faciliter les changements ayant le plus fort impact".
L’idée a hélas été soutenue jusqu’à l’Académie pontificale des sciences avec une intervention de Pierre Lena, en septembre 2016,  qui a plaidé pour une école favorisant l' "autonomisation des enfants", l'éducation devenant  une "manière de communiquer .. aux parents". Les enfants sont ainsi appelés à "devenir les agents du changement". On est loin de la doctrine sociale de l’Église qui rappelle que "le droit-devoir des parents d'éduquer leur progéniture est quelque chose d'essentiel ...d'irremplaçable et d'inaliénable, qui ne peut donc être totalement délégué à d'autres ni usurpé par d'autres" (CDSE § 239 - Jean-Paul II, Familiaris consortio, § 36- Catéchisme de l'Église Catholique, 2221).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] « The climate mitigation gap: education and government recommendations miss the most effective individual actions », publiée par Seth Wynes et Kimberly A. Nicholas dans « Environmental Research Letters »