La Bouche de la Vérité

(Église Santa Maria in Cosmedin à Rome)

Par opposition au domaine dogmatique ou doctrinal, le domaine prudentiel couvre les questions qui ne relèvent pas directement de la foi et des mœurs et sur lesquelles l’Église prend position tout en s’appuyant sur la vertu cardinale de prudence. L’économie est souvent citée comme exemple de sujet relevant du domaine prudentiel. La prudence (vertu) est dans ce cas définie comme l’attitude d'esprit de celui qui voit loin, et aussi calcule les conséquences d'une situation, d'une action qui pourraient être fâcheuses ou dangereuses moralement ou matériellement, et qui règle sa conduite de façon à les éviter[1].
Un  décret du Concile Vatican 2 exprime bien ce que l'Église entend par cette expression : « On trouve dans l’Église un certain nombre d’initiatives apostoliques… dont la gestion relève de leur propre jugement prudentiel... »[2]. Le cardinal Ratzinger ajouta plus tard : « Dans le domaine des interventions d’ordre prudentiel, il est arrivé que des documents magistériels ne soient pas toujours exempts de déficiences. Les Pasteurs n’ont pas toujours perçu aussitôt tous les aspects ou toute la complexité d’une question. (…) Certains jugements du Magistère ont pu être justifiés à l’époque où ils furent prononcés (…) Ce n’est souvent qu’avec le recul du temps qu’il devient possible de faire le partage entre le nécessaire et le contingent »[3].
L’inévitable complexité du jugement prudentiel empêche souvent des personnes de bonne volonté, même bien informées, de faire des choix  identiques. Puisque la question du contexte s’avère capitale dans l’évaluation prudentielle, le degré et l’honnêteté des  informations dont disposent le citoyen deviennent déterminants.

Commentaire "Les2ailes.com"

[1] Dictionnaire de Théologie Catholique, Infaillibilité de l’Église, T 4, col. 2185, 2186

[2] Concile Vatican II, décret sur l’apostolat des laïcs « Apostolicam actuositatem » (§ 24)

[3] instruction Donum veritatis de la Congrégation pour la doctrine de la foi, 1990