"Le peuple ne se laisse guider ni par la raison ni par le conseil ; il ne fait aucune distinction entre le bien et le mal; il  apprécie et estime peu de choses selon la vérité, beaucoup de choses selon l'opinion générale;
il est inconstant, facile à être trompé
et à être conduit à tous les excès
"
(Allocution "Quare lacrymae" du pape Pie VI le 13 juin 1793 ")

La "loi de Brandolini", également appelé "principe d’asymétrie des idioties", a été formulé publiquement pour la première fois en janvier 2013 par Alberto Brandolini, un programmeur italien. Il énonce que  « la quantité d'énergie nécessaire pour réfuter des idioties est supérieure …à celle nécessaire à les produire ». Il prétend illustrer que la désinformation a un avantage important, rétablir la vérité étant particulièrement coûteux.
Un corollaire de ce théorème serait que « la quantité de dollars nécessaires pour produire une contrevérité est supérieure aux budgets à disposition de ceux qui sont en mesure de les réfuter et de démontrer l’incohérence d’une allégation consensuelle ». Ce corolaire pourrait s’appeler le principe de Brunelleschi. Pourquoi ?

Analyse "les2ailes.com"

La loi de Brunelleschi

C’est Marcel JB Tardif, MBA, Coach de dirigeants, qui a opposé à cette loi de Brandolini à celle de Filippo Brunelleschi (1377-1446), architecte, sculpteur, peintre et orfèvre de l'école florentine. En 1418, Brunelleschi gagna le concours pour doter la cathédrale de Florence (Santa Maria del Fiore) d'une coupole. Loin de se contenter de copier l’architecture antique, il en réadapta le vocabulaire à un édifice qu'il conçut comme un tout organique, sublimement régi par des mesures et des proportions harmoniques ».
En science, on pourrait dire que Brandolini c’est la platitude de l’activité et de la gestion, formulées en reconduction infinie des choses. Brunelleschi, c’est l’imagination rendue en créativité, par produit d’offre et par travail accompli. Or, le brandolinisme domine toujours largement le paysage mediatico-politique qui, pour ne pas dépenser d’énergie, traite les dissidents comme des fantômes, c'est-à-dire qu’ils les ignorent, se drappent dans la posture du superbe qui prétend tout savoir, se drape dans l’affirmation antiscientifique de Valérie Pécresse qui avait déclaré, au sujet du climat, « le débat est clos »,... comme si en sciences, un débat pouvait être clos ?

Le corollaire de la loi de Brandolini

La logique de ce corollaire apparaît clairement au vu des budgets qui sont alloués au Giec et à la communauté majoritaire des climatologues. "La quantité de dollars nécessaires pour produire une contrevérité" est considérable. A contrario, "les budgets à disposition de ceux qui sont en mesure de les réfuter et de démontrer l’incohérence d’une allégation consensuelle" est infiniment inférieure. Force est de constater que les universités sont tenues à une forme de soumission au cadre imposé par le politique. Les universitaires s’autocensurent en n’osant réclamer des budgets de recherches sur les causes solaires des variations climatiques expliquant la période chaude contemporaine. Les responsables de chaires ne veulent pas, non plus, risquer de briser la carrière de jeunes chercheurs en les lançant sur la piste d'une cause solaire.

Proposition concrète : la procédure « Équipes rouges / équipes bleues »

Rappelons que, en sciences, le consensus n’est qu’un argument d’autorité et n’apporte aucune autorité aux arguments. Seul le débat  fait avancer la science, à condition qu’il soit « honnête et transparent » (Laudato si § 188), c'est-à-dire contradictoire et public.
Le corollaire de Brandolini voudrait donc que  le débat contradictoire, essentiel, soit aidé par les autorités ou par les entreprises. Il s'agit de compenser le fait que la totalité des budgets publics est toujours allouée à des « équipes bleues », la couleur du consensus. Les « équipes rouges », de la couleur de la dissidence ne sont jamais financées. Elles pourraient pourtant utilement rechercher les failles dans les travaux des équipes bleues.
Ce type de financement ne reviendrait pas uniquement aux états. Il serait bienvenu dans les entreprises, ne serait-ce que pour contribuer à améliorer la culture interne. Par exemple :
- en matière d’allégation santé, des entreprises alimentaires pourraient financer des études épidémiologiques,
- en matière de modèles climatiques, des sociétés énergétiques,  pourraient également le prévoir…

Les états pourraient exonérer les dites entreprises de l’obligation de provisionner des risques environnementaux qu’aux deux conditions expresses,
- que leurs budgets de recherche sur ces questions respectent bien l’équilibre « red team » et « blue team », 
- que des débats publics et télévisés soient diffusés périodiquement
Ces coûts alourdiraient, bien sûr, le compte de résultat des entreprises et les consommateurs seraient toujours les contributeurs finaux de ce processus. Mais, en contrepartie, ils pourraient bénéficier d’un surcroît de culture générale lors de la diffusion publique en prime time des débats entre les deux équipes retenues.

Ces procédures, dites « red teams /  blue teams »  sont utilisées  couramment utilisées dans certaines universités, mais aussi dans  l’armée, ou dans certaines entreprises pour tester des stratégies.
Faute de suivre cette idée, qui financera le débat contradictoire? Qui évitera la mort annoncée du débat scientifique contradictoire en écologie et en épidémiologie?  

Commentaires  

# CHENEBEAU 24-08-2020 08:56
Bonjour,
Une fois n'est pas coutume, je partage ce point de vue du Pape St Pie VI. La raison n'est pas le fort de l'homme. J'attendais cependant une critique de nos médias en très grosse partie contrôlés par , qui matraque à longueur de journée les même balivernes ou puérilités. En ce jour l'information primordiale c'est la défaite du Paris St Germain en foot ball, qu'elle catastrophe nationale n'est-ce pas ?
Ou est l'information !
Voilà un vrai sujet à traiter.
Bien cordialement
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# les2ailes.com 24-08-2020 10:16
Je n'apprécie pas les medias. Mais, me semble-t-il, ils surfent sur l'opinion plus qu'ils ne la créent. Je suis plus critique sur les politiques : "Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes" (Machiavel)"!
Pie VI disait aussi: "La société est une foule d'hommes ineptes, dont la stupidité les fait se prosterner devant les prêtres par qui ils sont trompés". ("Inscrutabile divinae", 25.12.1775).
Que l'Eglise ne surfe pas sur la peur elle non plus. Le Cardinal Ratzinger disait: « Dans le domaine des interventions d’ordre prudentiel, il est arrivé que des documents magistériels ne soient pas toujours exempts de déficiences. Les Pasteurs n’ont pas toujours perçu aussitôt tous les aspects ou toute la complexité d’une question. (…) Certains jugements du Magistère ont pu être justifiés à l’époque où ils furent prononcés (…) Ce n’est souvent qu’avec le recul du temps qu’il devient possible de faire le partage entre le nécessaire et le contingent".
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