Titre : « Les quatre sens de la nature »
Année de parution :4ème trim. 2020
Auteur : Mgr Pascal IDE
Éditions : Emmanuel
Sous-titre:  "De l'émerveillement à l'espérance"
 
CV de l’auteur : Prêtre de la communauté de l'Emmanuel, docteur en médecine, en philosophie et en théologie.
Derniers ouvrages :
"Les sept péchés capitaux", (Mame)
"Des ressources pour guérir", (DDB)
"Manipulateurs", (Emmanuel) 

Résumé

Comme les écritures, la nature est un livre où Dieu se révèle. Or, selon la tradition, la Bible présente quatre sens: littéral, allégorique, moral et eschatologique, qui nous permettent de la recevoir dans sa plénitude. 
En transposant ces quatre  grandes lectures à la nature, Pascal Ide élargit notre regard et nous apprend à la contempler dans toute son ampleur, afin d'y trouver notre juste place. Ni prédateur de la nature, ni simple hôte de la Terre, l'homme est appelé à reconnaître sa connexion avec toute la création et à s'inscrire dans la grande histoire qui la conduit à son accomplissement.
Face à l'urgence écologique, un livre qui nous convoque à l'émerveillement, la compassion, la responsabilité et l'espérance.

Plan 

   Chapitre 1 – Les quatre sens de l’Écriture.
Première partie : Création.
   Chapitre 2 – La nature, un livre.
   Chapitre 3 – La nature, une histoire.
   Chapitre 4 – Le sens théorétique de la nature.
   Chapitre 5 – Le sens allégorique de la nature.
   Chapitre 6 – Le sens écologique de la nature.
   Chapitre 7 – Le sens eschatologique de la nature.
Deuxième partie : Décréation.
   Chapitre 8 – Le paradigme technocratique.
   Chapitre 9 – Le paradigme éco-centrique.
   Chapitre 10 – Le paradigme écologique.
   Chapitre 11 – Le paradigme transhumaniste.
Troisième partie : Recréation.
   Chapitre 12 – Reconnaître.
   Chapitre 13 – Éprouver.
   Chapitre 14 – S’engager.
   Chapitre 15 – Espérer.

Extraits

Chapitre 1 – Les quatre sens de l’Écriture

« La Bible présente quatre sens : historique, allégorique, tropologique et analogique… »

  • Une première approche (p.13)
    - Le sens littéral … renvoie le plus souvent à un évènement. Aussi parle-t-on d’un sens historique
    - Le sens Allégorique désigne une figure de style qui parle d’une chose en en évoquant une autre présentant une ressemblance… Ce ses est aussi qualifié de spirituel
    - Le sens tropologique est appelé moral. Du grec tropos qui signifie notamment « manière » : ici façon d’agir.
    - Le sens anagonique. Ce dernier sens est qualifié d’eschatologiqe . Il concerne notre avenir ultime. Le terme nous élève vers la maison du père éternel.
  • L’écriture comme un tout (p. 17)
    Les quatre sens forment un tout. … On n’accède à la vérité totale de l’Ecriture qu’en conjuguant les quatre sens qui y sont déposés.
  • Les quatre sens une histoire (p 18)
    - Le sens historique (temps de l’ancien testament) et le sens allégorique (temps du nouveau testament) correspondent au passé
    - Le sens tropologique est le temps présent de l'Église
    - Le sens anagogique est tourné vers l’avenir des derniers temps
  • Les quatre sens : une lumière
    Chacun des quatre sens honore l’un des transcendantaux : le sens littéral, la beauté ; le sens allégorique, la vérité ; le sens tropologique ; le bien, et le sens eschatologique, l’unité.

Première partie : Création

Chapitre 2 – La nature, un livre

  • La nature comme un livre (p. 29)
  • L’analogie (p. 31)
    Nature et Écriture sont semblables, … toutes deux des dons de Dieu…
    La différence entre nature et Écriture, c’est sombrer dans l’erreur panthéiste
  • Les quatre sens du livre de la nature (p. 36)
    - Le sens littéral de la création intéresse le physicien
    - Le sens allégorique, c'est-à-dire spéculatif intéresse le théologien
    - Le sens tropologique, c'est-à-dire éthique, intéresse le maître spirituel

Chapitre 3 – La nature, une histoire

  • La nature comme une histoire (p. 38)
  • L’histoire de la vie (p. 41)
    La première histoire naturelle est celle de la vie. Tous les biologistes sont évolutionnistes ou transformistes (de Lamarck à Cuvier, puis à Darwin)
  • L’histoire du cosmos (p. 42)
    La deuxième histoire, celle du cosmos, n’est pas linéaire avec … l’hypothèse du Big-Bang de Georges Lemaître)
  • L’histoire de la Terre (p 44)
  • La troisième histoire, celle de la Terre, 
    avec Wegener qui était météorologue et donc peu crédible aux yeux des géologues..
    Le livre de la nature est d’abord un livre d’histoire

Chapitre 4 – Le sens théorétique de la nature

  • Le sens littéral de l’écriture (p. 47)
    - Le sens littéral demande à être scruté (p.48)
    - Le sens littéral est historique (p. 50)
    Si le récit de la création et celui de la chute, étaient purement et simplement légendaire, comment pourrions-nous hériter des bienfaits de celle-là et porter les stigmates de celle-ci.
    - Le sens littéral forme un tout (p. 51)
    - Le sens littéral est fondateur
  • La nature, un don (p. 53)
    Comme l’Écriture, la nature est un don et non une intervention. La nature nous précède.
  • Le sens théorétique de la nature (p. 53)
    Les lois de nombreux phénomènes physiques nous échappent… et requièrent, pour être comprises, de mobiliser tout son esprit.
    Du sens nait la science. Albert Einstein disait : « Ce qu’il y a d’incompréhensible est que le monde soit compréhensible ».
    Le mot théorétique signifie « voir Dieu ».
  • Dans la nature, tout est lié (p.55)
  • Dans la nature, tout est histoire (p. 57).
    Tout est lié dans et par une histoire

Chapitre 5 – Le sens allégorique de la nature

  • Le sens allégorique de l’Écriture
    Le double sens trouve son fondement dans l’économie divine… « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap. 21, 5)
  • Une question insensée ? (p. 63)
  • « La fenêtre de Dieu » (p. 64)
    Tout est grâce et tout m’appelle à l’action de grâce…. Tout dit l’appel à la contemplation. Mais qu’est-ce que la nature nous donne à voir ?
  • La tension vers l’avant (p. 67)
    Un être apparaît d’autant plus puissant qu’il agit … et atteste cette puissance face aux autres. A l’inverse, un être manifeste d’autant plus sa bonté qu’il laisse l’autre intervenir et qu’il lui donne le pouvoir d’agir. Un Dieu puissant donne seulement d’être ; un Dieu bon donne aussi de donner.
  • La vérité de la nature (p. 69)
    Qu’est-ce que la vérité ?  Le premier sens de la nature, le sens théorétique en restait à la première définition (l’adéquation de l’intelligence aux choses) qui est la moins décisive. Le deuxième sens allégorique entre dans le mystère de la nature pour y déchiffrer son attente de l’homme et de l’harmonie entre l’homme et la nature
  • L’homme, sens allégorique de la nature (p. 73)
    La nature tend vers l’homme. Autrement dit, l’homme constitue le sens allégorique de la nature.
    - L’homme, successeur des êtres naturels
    C’est parce que l’homme arrive après la nature qu’il en est le sens.
    - L’homme, même et autre que les êtres naturels
    - L’homme, plus achevé que les êtres naturels
    - L’homme en relation avec la nature
    « L’homme achève la nature au pire sens du terme : il l’extermine,… l’utilise jusqu’à la faire souffrir… ». Mais cet exposé pêche par abstraction : il parle de l’homme et de la nature en eux-mêmes, séparément comme s’ils n’interagissaient pas.
    - L’homme, enrichissement de la nature
    - L’homme, accomplissement de la nature
    L’homme ne crée rien,… il se contente de transformer ce qui existe déjà (la croisée d’ogives utilise la gravitation, avant Mozart, le vent n’avait pas été transformé en concerto pour flute et harpe…)
    Bienheureux avènement de l’homme qui nous valut un tel déploiement de la nature.
    Le sens allégorique de la nature signifie que l’homme et lui seul accomplit la nature, … la porte à son accomplissement, tant les ressources de cette nature semble infinies.
    - L’homme, attente de la nature
    La nature attend l’homme. La terre a besoin du travail de l’homme pour porter du fruit (cf. Gn 2, 4b-5). Pour la Bible, la nature apparaît inachevée et ne peut pleinement fructifier tant que l’homme n’a pas été créé

Chapitre 6 – Le sens écologique de la nature

  • Le sens tropologique de l’Écriture (p. 83)
    Nous pouvons distinguer trois actes principaux : recevoir le Christ, se laisser transformer par lui ; se donner à lui. … L’accueillir pour être métamorphosé pour se livrer…
  • Se recevoir (p. 86)
    Dans le sens éthique, le but n’est plus de comprendre le cosmos (sens théorétique) ou de le changer (sens allégorique) : ce faisant, l’homme cherche son propre bien
    Dans le sens écologique, c’est vers le bien de la nature que se tourne l’homme.
  • Se laisser transformer (p. 87)
    La nature n’est pas seulement un objet à disposition, mais constitue mon être[1].
    Se laisser transformer par la nature, c’est accepter d’en dépendre. Or, les Lumières ont affirmé l’indépendance de l’homme à une double hétéronomie : celle de la nature et celle de Dieu.
    Nous en faisons l’expérience en nous, avec ce qui participe le plus à la nature, notre corps : il s’agit de se mettre à son écoute.
  • Se donner ou garder (p. 89)
    Si cultiver est utile à l’homme, préserver est utile  la nature.
    « Soumettez la Terre » (Gn 1,28), a une signification mal comprise : « le propre de la puissance est de protéger » (Blaise Pascal[2])… « Régner, c’est servir » (Pape François- Ls § 67 ?)
  • Trois questions (p. 91)
    - Est-ce à dire que la Terre serait plus qu’un bien d’usage ?
    - Si tout est en relation, cela ne signifie pas que tout est relation.
    - Le bio-mimétisme, nouvelle discipline qui nous invite à nous mettre à l’école de la nature… Mais qui va trop loin : l’homme ne doit pas demander à la nature ce qui concerne ses actes spirituels, sauf en respectant l’analogie.  … L’animal est parfois généreux… mais par automatisme répétitif et muet et son extension est toujours limitée…
    Quand il prétend régir l’entièreté de l’être et de l’agir de l’homme, le bio-mimétisme est fils du matérialisme et du réductionnisme. 

Chapitre 7 – Le sens eschatologique de la nature

  • Le sens anagonique de l’Écriture (p. 96)
    L’avenir suscite une espérance. Mais comment préciser le contenu de cet avenir qui est par définition imprévisible et indéductible. Néanmoins, il se présente comme une unification progressive.
    Si le sens allégorique de l’Écriture réside dans le Christ, le sens anagogique, lui, est le Christ total, c’est  dire sponsalement uni à son Église : cette union n’est pas individuelle mais collective. Dieu veut épouser son peuple.
  • Ouvrir un avenir (p. 100)
    La terre se montre particulièrement résiliente. Elle a su surmonter bien des drames…
    Les espèces disparues libèrent des niches écologiques pour d’autres espèces. Ce qui est vrai de la nature sans l’homme, vaut a fortiori de la nature avec l’homme.
  • Susciter une espérance (p. 100)
    Les ouvrages de Yuval Nohah Harai[3] et de Ken Wilber[4]… sortent nos contemporains de la morosité induite par la fatalité, voire de la dépression culpabilisée d’être responsables de notre actuelle course à l’abîme. S’ils sont coupables, aussi victimes,   ils ont les ressources de leur sauvetage.
    La nature attendait  l’homme. Et l’homme est arrivé. Mais qu’attend l’homme ?
  • Tendre vers l’unité (p. 102)
    Dans l’avenir que Dieu promet, il y a une place pour la nature. La « terre nouvelle » que Dieu a préparée pour l’homme n’est pas un jardin : « la ville sainte, la Jérusalem nouvelle » (Ap 21,2). Mais  la création nouvelle ne s'identifie pas à une œuvre architecturale de la Jérusalem. En effet, jaillissant du trône de Dieu et de l'Agneau", il y a "un fleuve de vie limpide comme du cristal; de plus, au milieu de la place de la ville, entre les deux bras du fleuve, il y a un arbre de vie qui donne des fruits" (Ap 22, 1-2). Autrement dit, au centre de la Jérusalem, nous retrouvons un jardin, un jardin contenu dans une ville. Le monde que Dieu promet est donc une nature parfaitement réconcilié avec l'homme et avec ses œuvres. Dans l’avenir que Dieu promet, il y a une place pour la nature, pour l’homme et pour leur fruit qu’est la technique !
  • Croire en la continuité (p. 104)
    Le magistère s’est prononcé en faveur de cette continuité : « Tous ressusciteront avec leur propres corps qu’ils ont maintenant » (Concile Latran IV)
  • Vivre la fraternité universelle (p. 105)
    « Tout est lié… nous sommes unis comme des frères et des sœurs… entrelacés par l’amour que Dieu porte à chacune de ses créatures » (Ls § 228)
    Nous n’attendons pas un troisième terme après la nature et l’homme, avec ses productions (idées, techniques, institutions, etc…), mais leur réconciliation.
  • Conclusion (p. 109)
    - Sens littéral de l’Écriture et sens théorétique de la nature : « la nature en elle-même, sans l’homme »
    - Sens allégorique : « La nature dans sa relation avec l’homme »
    - Sens moral de l’Écriture et écologique de la nature : « la nature dont l’homme est responsable »
    - Sens anagogique de l’Écriture, et eschatologique de la nature : « La nature dans son unification finale avec l’homme en Dieu ».

Deuxième partie : Décréation

En nous polarisant sur le paradigme technocratique, nous courons des risques de culpabilisation, d’éco-centrisme et d’absolutisation.

Quatre modèles déformants de lecture de la nature survalorisent chacun un sens au détriment des trois autres sens:
- Le paradigme éco-centrique survalorise le sens théorétique
- Le paradigme technocratique (ou anthropocentriqque) survalorise le sens allégorique
- Le paradigme écologique (ou éco-centrisme) survalorise le sens écologique
- Le paradigme transhumaniste survalorise le sens eschatologique. (p. 113)

Chapitre 8 – Le paradigme technocratique

Aujourd’hui dominant

  • La lecture allégorisante de l’Écriture (p.115)
    Une lecture des évangiles allégorisante ignore l’enracinement dans l’histoire du salut.
  • Trois réformateurs : Galilée, Bacon, Descartes (p. 116)
    Le paradigme anthropocentrique ou technocratique limite le sens de la nature à sons seul sens allégorique. Galilée, Bacon et Descartes ont joué un rôle décisif en ce sens. « Pourquoi ce redoublement de Descartes : « Maîtres et possesseurs » ?
    Descartes a étudié le droit. Or dominium et possessio sont des termes juridiques distincts. En  droit médiéval, vis-à-vis de ses vassaux, un seigneur exerce une souveraineté politique (dominium) et non pas économique (possessio). En revanche, vis-à-vis des serfs, le seigneur est à la fois « maître et possesseur ». Dans la formule cartésienne, l’homme traite la nature comme un serf, autrement dit l’asservit.
  • Le paradigme anthropocentrique ou technocratique (p. 117)
    De nombreuses analyses sont consacrées à l’anthropocentrisme (cf. les travaux de Fabien Revol – voir bibliographie sur pascalide.fr)
    Le discernement est un des maîtres-mots du Pape François.
    L’anthropocentrisme a le mérite:
    - De dénoncer l’anthropophobie de nombreux militants écologistes
    - De relever la fascination pro-bouddhiste et antichrétienne
    - D’interroger avec pertinence des prétendues évidences (éolien, particules fines,…)
    - de récuser l’intolérance qui identifie le climato-scepticisme à un négationisme
    L’anthropocentrisme trouve sa limite dans son caractère réactif et polémique. Cette perspective oppose ce qu’il convient de composer.  Il bloque également ce qu’il conviendrait de  dissocier (traditionalisme ecclésial, climato-scepticisme, critique du Pape)
  • Discernement du paradigme technocratique : Évaluation positive (p. 120)
    Pour évaluer un paradigme, il faut appliquer une grille de lecture des quatre sens. Le paradigme technocratique et son anthropocentrisme soulignent trois vérités qui sont aussi des valeurs ( >0) :
    - La valeur inestimable de l’homme
    Le pape condamne l’anthropocentrisme accompagné d’une épithète, soit historique « moderne », soit morale « dévié »
    - Le Génie technoscientifique de l’homme
    La valeur de la technique se fonde sur la distinction juridique de l’usage (usus) et de l’abus (abusus)… Sauf quelques exceptions (lorsqu’elle transforme l’homme en touchant à son intégrité), la technique est moralement neutre et non pas violente par essence ; c’est son utilisation qui la rend humanisante ou aliénante.
    Le pape semble nier la neutralité de la technique : « les objets produits par la technique ne sont pas neutres » (LS § 107). En fait, il critique la technocratie. La technique est une compétence. Le paradigme technocratique est un style de vie.
    Enfin, la technophobie est contradictoire : « je vitupère contre la technoscience en employant un micro-ordinateur…
    - La vérité du présent
    Le paradigme technocratique a le mérite d’habiter le présent sans nostalgie du passé. Il n’est pas polarisé par l’avenir. Il investit pleinement le moment actuel afin de déployer au mieux son intelligence technique et le sens allégorique de la nature.
  • Discernement du paradigme technocratique: Évaluation négative (p. 123)
    Le paradigme technocratique est destructeur s’il nie les trois autres sens:
    - La négation du sens théorétique
    La négation du sens de la nature qui… « porte un message inscrit dans ses structures mêmes » (Ls. § 117).
    Je dois me mettre au rythme de la nature … En matière d’OGM, les risques ne sont pas dus à la technique, mais à son application excessive… Dans la nature, ces processus ont un rythme lent qui n’est pas comparable à la rapidité qu’imposent les progrès technologiques actuels » (Ls § 133)
    La négation du sens théorétique se traduit par la négation de la valeur intrinsèque de la nature. Ce mépris conduit au mépris de l’homme et de son propre corps.
    Le paradigme technocratique nie également le passé en ne voyant pas combien l’homme est lié à la nature. Il finit par perdre le sens même de l’homme.
     - La négation du sens écologique
    Le sens écologique de la nature éveille chez l’homme la conscience que celle-ci a une valeur intrinsèque… et donc une attitude de responsabilité … et de compassion qui suppose la proximité.
    Le sens écologique introduit une mesure donc des « limites ». « La technique séparée de l’éthique sera difficilement capable d’autolimiter son propre pouvoir » (Ls § 136)
     Tout ce qui sera possible, « fais le », ou bien, « il faut le faire », ou bien « sera fait » !
    - La négation du sens eschatologique
    Le sens eschatologique ouvre un avenir. Au contraire, les partisans de l’anthropocentrisme nient et dénient la catastrophe écologique qui vient et qui est déjà là. Or le paradigme technocratique sépare les hommes les uns des autres et « a fini par mettre la raison technique au-dessus de la réalité » ( Ls § 115), par la diviniser.

Chapitre 9 – Le paradigme éco-centrique

Il coupe la nature de l’homme et le passé de son avenir.

  • La lecture historiciste de l’Écriture (p. 131)
    L’historicisme réduit la Bible à sa seule littéralité… St-Paul fustige la lecture judaïsante, c'est-à-dire la négation de la nouveauté apportée par le Christ.
    Les études dites historico-critiques, lorsqu’elles sont absolutisées … enferment l’Écriture dans le passé et ne nourrissent plus la vie présente. C’est la tradition qui assure la médiation entre le passé et le présent… la théologie unifie l’approche exégétique et l’approche dogmatique …
    Le défi d’une écologie intégrale est de réconcilier émerveillement pour la nature et émerveillement pour l’homme.
  • Les trois Spielberg (p. 133)
  • Une histoire de l’éco-centrisme (p. 135)
    - La réaction contre la technique (Paul Shepard)
     - La réaction contre l’homme (Anne Naess)
    - La réaction contre le christianisme (Lynn Townsend White Jr)
  • Discernement du paradigme éco-centrique : Évaluation positive (p.139)
    L’éco-centrisme a le sens de la valeur intrinsèque de la nature, du lien entre les êtres naturels avec l’homme. Il réapprend la patience des longues durées…
  • Discernement du paradigme éco-centrique: Évaluation négative  (p. 140)
    - la négation du sens allégorique
    L’éco-centrisme dévalorise l’homme… qui est un bourreau par essence.
    - la négation du sens écologique
    - Dans un 1er temps, cette négation est une fuite de la responsabilité écologique.
    Dans un 2nd temps, la visée n’est plus la protection de la proie (la nature), mais la disparition du prédateur (l’homme). La visée cachée de l’éco-centrisme unilatéral est le désamour de l’homme…. La psychologie précise que dans le ressentiment se mêle une colère chronique et un désespoir qui conduit à des actes désespérés.
    La société ne peut subir aucune réforme au sens conventionnel du terme. Le Khmer vert n’est pas qu’un personnage de fiction. Il existe ! Son idéologie mêle l’anti-spécisme, l’anticapitalisme et l’anarchisme… inscrits dans une démarche révolutionnaire.
    - un discernement
    La violence injustifiée faite à une femme a poussé le féminisme à confondre toute différence entre l’homme et la femme avec une inégalité. Analogiquement, la violence injustifiée faite au vivant et à la Terre a conduit l’anti-spécisme et l’éco-centrisme à confondre la supériorité de l’homme sur l’animal avec la domination. … Comme si la femme ne se comportait pas non plus en prédatrice à l’égard de son environnement.
    La vision analogique qui unit l’homme et la nature tout en les différenciant sauve la part de vérité contenue dans les deux paradigmes anthropocentrique et éco-centrique…
    L’homme n’est pas mauvais par essence, mais par choix.
    - la négation du sens eschatologique
    Le paradigme éco-centrique invite à espérer une progressive convergence avec l’absolu divin… Jusque, parfois, à une religion de la nature…
    Auguste Comte adorait l’univers enveloppant l’humanité : « une juste adoration de la Terre, siège et station du Grand-Être »[5].
    Le paradigme technocratique adore l’homme, le paradigme éco-centrique adore la nature..
    L’homme n’a le choix qu’entre trois théologies implicites :
    * l’athéisme est la théologie implicite du Paradigme technocratique
    * le panthéisme qui est celle du Paradigme éco-centrique
    * le monothéisme qui est celle du paradigme biblique
    l’exemple de la dénatalité
    Les éco-centristes sont tentés par le No Future, dont le signe est le désinvestissement de la natalité. Arne Naess préconise la lutte contre la natalité… Lovelock parle de rester « en dessous de 10 milliards d’individus ». Hans Jonas prône une limitation de la liberté individuelle et de la démocratie : « on peut esquisser… un projet de dictature en vue de sauver l’humanité »[6].
    - une relecture critique de White.
    - Que penser de la prétendue relation de cause à effet entre Bible et crise écologique?
    * Primo, faute d’une attention au texte biblique, il manque un enseignement essentiel du 1er récit de la création : … en instituant le repos du 7ème jour, Dieu l’invite à faire mémoire de sa libération qui n’est pas seulement extérieure, mais intérieure.
    * Secundo : d’autres passages bibliques parlent d’une relation à la terre en termes d’intendance
    * Tertio : si le christianisme est responsable du désastre écologique, comment expliquer les destructions massives des terres peu christianisées comme la Chine ou l’Inde ?
    * Quarto, White lui-même, en 1967, « propose saint François d’Assise comme saint-patron pour les écologistes »[7].
  • Conclusion (p. 152)
    Le paradigme éco-centrique a raison en s’émerveillant de la nature, mais il a tort en ne s’enthousiasmant pas pour l’homme et pour le fruit de ses épousailles avec la nature qu’est la technique.

Chapitre 10 – Le paradigme écologique

  • La lecture moralisante de l’Écriture (p. 153)
    La lecture moralisante privilégie les enseignements éthiques et spirituels de l’Écriture. (Ernest-Renan, Luc Ferry…).
    Ce type de lecture prédomine dans les homélies entendues le dimanche qui appliquent l’enseignement du Christ à nos vies. Or en identifiant l’Ecriture à ce que nous appelons « les valeurs », nous en manquons le cœur qui est une personne.

D’où vient ce moralisme ? D’une séparation de la raison théorique et de la raison pratique.

  • L’écologisme moralisant (p. 154)
    Le risque est grand de passer d’un défaut de conscience écologique à un excès, induisant une pression moralisante et bientôt décourageante.
    Le moralisme écologisant consiste, pour celui qui dit : « je ne vois pas » à lui donner des informations bien documentées.  À celui qui sachant, voulant et soupirant « je ne peux pas », jusqu’à dire « je ne peux plus », il reste seul le sens eschatologique.
  • Valeur intrinsèque ou valeur d’utilité ? (p. 156)
    La nature présente-elle une valeur intrinsèque ou seulement une valeur d’utilité ? Quatre étapes pour répondre à cette question :
    - La réponse utilitariste
    La nature est un bien utile
    - Une réaction trop anthropocentrée (John Passmore)
    Passmore distingue la tradition judaïque théocentrée de la tradition chrétienne anthropocentrée (selon lui). Il distingue deux modèles : celui de l’ « intendance » avec une création achevée, et un modèle de « coopération » avec l’homme et son devoir d’achever les potentialités de la création
    - La réponse écocentriste (Richard Sylvan Routley)
    Pour lui, toutes les tentatives d’éthique environnementale ont anthropisé la nature, que ce soit sous forme de la domination, de l’intendance ou de la coopération : la valeur de la nature est suspendue à l’évaluation que l’homme en fait.
    Richard Sylvan Routley imagine l’argument du « dernier homme », sans descendant qui ne lèsera pas la génération future. Après sa mort, le monde sera un lieu hideux. Donc, la nature a bien une valeur en elle-même, une valeur intrinsèque. Une éthique environnementale est éco-centrée, fondée non pas sur l’homme, mais sur la valeur intrinsèque de la nature.
    La notion de valeur intrinsèque est objective épistémologiquement : « elle existe indépendamment de l’évaluateur »[8]. Bref, les valeurs de la nature sont purement et simplement.
    - La réponse éco-psychologique (Joanna Macy)
    Pour elle, face au péril écologique, deux attitudes : le déni et l’activisme volontariste. Comment être moral sans être moralisant ?
    Avec elle, la valeur intrinsèque est reconnue, mais elle n’est plus séparée de celle de l’homme.
  • Discernement du paradigme écologiste: Évaluation positive (p. 161)
    L’écologisme souligne la primauté du présent face à l’urgence d’une réponse humaine à la catastrophe écologiste.
  • Discernement du paradigme écologiste: Évaluation négative (p. 162)
    - Le déficit en sens théorétique
    Le paradigme écologiste est focalisé sur l’action
    - Le déficit en sens allégorique
    C’est l’admiration et pas seulement la curiosité qui est la source de la science
    - Le déficit en sens eschatologique
    En sur-moralisant le militant, l’écologise décourage
    - La proposition de Joanna Macy
    L’écopsychologie est un travail qui relie. Trois limites à sa proposition :
    * La reliance universelle de la nature et de l’homme s’opère au détriment de la hiérarchie ontologique de ce dernier
    * La gratitude est beaucoup plus grande pour la nature que pour l’homme.
    * Elle ne propose qu’une espérance à court terme

Chapitre 11 – Le paradigme transhumaniste

  • La lecture eschatologisante de l’Écriture (p. 167)
    La lecture millénariste se centre seulement sur le sens analogique.
    L’explosion des sites millénaristes, scrutant les signes, … est fascinée par ce que l’Écriture révèle des « derniers temps ».
  • Trois scenarios de l’avenir (p. 171)
    - Scenarios anthropiques
    Joanna Macy affirme que la prise de conscience de la catastrophe écologique engendre le déni : « on fait comme d’habitude ». La croyance de notre société est que notre bonheur dépend de notre apparence et de notre richesse. Il y a un processus mimétique puissant qui pousse à cette avidité galopante correspond une productivité elle-même dérégulée. Notre complicité est inconsciente : jusqu’où laisserons-nous ce modèle guider notre mode de vie ?Jusqu’où notre société ne descendra-t-elle pas ?
    - Scenarios entropiques
    Opposée au scenario anthropique, l’entropie affirme que tout système tend de lui-même vers un état de désordre croissant. L’entropie mesure le degré de désorganisation du système.
    Joanna Macy a cinq grands domaines de préoccupation :
    * Le déclin économique
    * L’épuisement des ressources,
    * le changement climatique,
    * la division sociale et la guerre
    * l’extinction massive des espèces
    - Scenarios extropiques
    Il dessine une asymptote montante puissamment  optimiste. Ce courant consiste à réparer l’homme, le changer afin de le rendre immortel, lui donner des capacités illimitées  en fusionnant l’homme avec une machine…
  • Discernement : Les scenarios entropiques (p. 177)
    Ces scenarios post-apocalyptiques ont un caractère expiatoire, … avec une double révolte de la nature et de la technique.
    Le schéma sous-jacent est celui de la dialectique du maître et de l’esclave.
    « L’homme a commencé sans l’homme et s’achèvera sans lui » (Claude Levi –Strauss)[9].
  • Discernement du scenario transhumaniste – évaluation positive (p. 179)
    Le transhumanisme voit trois vérités
    - Ouvrir un avenir
    Le transhumanisme propose un nouveau projet, ultime et démocratique : une humanité libérée de la mort…
    - Honorer la technique
    A l’humanité tentée par la techno-phobie, il répond en se félicitant des réussites techniques et du génie humain
    - Chercher la convergence
    A l’humanité tentée par la spécialisation à outrance, il fait de la convergence le trait caractéristique de l’avenir (NBIC= nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information et sciences cognitives)
  • Discernement du scenario transhumaniste – évaluation négative (p. 181)
    Les vérités qu’il voit l’obnubilent au point de devenir des erreurs :
    - La négation du sens théorétique
    Le paradigme transe-humaniste ne voit pas l’harmonie présente dans la nature et ce qui dans l’homme en est le plus proche, son corps.
    Il se substitue à cette merveille qu’est l’homéostasie, propriété d’un système à se maintenir en équilibre quand les paramètres extérieurs varient
    Ce n’est pas un hasard si la vie est fondée sur le carbone et l’inerte sur le silicium… tous deux tétravalents, … ce qui leur ouvre le maximum de capacités pour nouer des relations. Mais le carbone possède une seule couche électronique ce qui lui donne plus de flexibilité que  le silicium deux qui lui a plus de solidité. Le vivant est plus vulnérable, jusqu’à en être mortel, mais c’est le prix à payer pour son ouverture à l’infini. Le transhummanisme ne veut pas choisir : il perd les deux.
    - La négation du sens allégorique et anthropique
    Le transhumanisme est secrètement dégouté et emprunte à la gnose. Sa conviction est que notre corps est une irrémédiable imperfection.
    - La négation du sens écologique
    Le transhumanisme est élitiste et reconduit le rêve marxiste. Il nie la vulnérabilité, incapable d’y discerner une valeur positive.
    - L’Idolâtrie de l’avenir
    Le transhumanisme idéalise le futur. Au nom des lendemains qui chantent, le prophète est prêt à sacrifier des populations entières sur l’autel de l’histoire. Le marxisme devenu communisme  a éliminé 180 millions de personnes (1/9 homme emprisonné). Le transhumanisme violente le présent.  Avec deux buts : réparer-soigner et augmenter. La réponse n’est pas celle du minimum et du toujours moins, mais de l’optimum et du toiujours mieux. Nous ne répondrons aux partisans du transhumanisme qu’en proposant une eschatologie alternative : « vous serez comme des dieux » (Jn 10, 34)
    - Une lecture ajustée de l’Apocalypse
    L’Apocalypse est prise entre deux lectures :
    * La 1ère millénariste et catastrophiqu
    * La 2nde étant une révélation

Troisième partie : Recréation  (p. 189)

« La nature n’est pas une mère, elle est une sœur et même une sœur cadette, une petite sœur dont on peut rire et que l’on peut aimer »[10].
Déformés par une vision de l’un des sens au détriment des trois autres, nous blessons, souvent non sans complicité, notre vision et notre action.
Aujourd’hui deux chemins semblent pertinents :

  • Celui de Joanna Macy
    - S’enraciner dans la gratitude
    - Honorer sa peine pour le monde
    - Changer de perspective
    - Aller de l’avant
  • Celui du père Frédéric Louzeau avec un itinéraire spirituel en 6 étapes:
    - Percevoir douloureusement ce qui se passe dans la maison commune
    - Bénéficier d’une vision synthétique de l’évangile de la Création
    - Remonter aux causes profondes du désastre écologique
    - Instaurer un nouveau paradigme de relations : l’écologie intégrale
    - Décider d’agir par une méthode inédite, le dialogue
    - Proposer une éducation et une spiritualité écologique

Chapitre 12 – Reconnaître

  • Le don de l’Écriture, source de gratitude (p. 194)
    La quête de l’intelligence est d’abord un acte d’amour.
    « À Dieu qui appelle par sa parole, l’homme répond » par une parole de gratitude éblouie ; et cette parole de louange « que l’homme adresse à Dieu devient à son tour Parole de Dieu » (Benoit XVI, verbum Domini § 22-24)
  • S’enraciner dans la gratitude (p. 195)
    De même que notre gratitude répond au don de l’Écriture, de même répond-elle au don de la nature. Mais pourquoi commencer par la gratitude ?
    - Une première raison est pédagogique et psychologique
    Si elle ne s’enracine pas dans un émerveillement, elle devient moralisante.
    - Une seconde raison est ontologique
    Le beau précède le vrai et le bien. En effet, sans le beau, la vérité reste froide et le bien (moral) desséchant. La beauté suscite notre gratitude.
    Le beau est la porte d’entrée dans le vrai

Le pape commence par ce diagnostic sombre, fidèle à l’esprit des exercices de St-Ignace : méditer sur le péché de l’homme conduit à la conversion.

  • Les trois composantes de la gratitude (p. 199)
    - La gratitude à l’égard de la nature
    Darwin a acclimaté le concept anthropologique … de la compétition et de la sélection. Ce concept a exercé une influence sur le paradigme technocratique. Or, l’environnement fait appel à la coopération, au moins autant qu’à la compétition. Lynn Margulis a montré que les différents organites présents dans le cytoplasme de la cellule, comme les mitochondries étaient d’abord des bactéries que cette cellule a incorporées.
    - La gratitude à l’égard de l’homme
    L’homme est bon
    - La gratitude à l’égard de la technique
    L’homme mérite notre gratitude, y compris dans ses œuvres, c'est-à-dire la technique… La technique est en quelque sorte l’application de l’inventivité de l’homme à la disponibilité de la nature.
    Il ne faut être ni technophobe, ni technolâtre, mais technophile, quand la technique le justifie.
    Maximilien Kolbe a prolongé le cantique des créatures en parlant de « sa sœur la machine »
  • Pratiquer la gratitude (p. 206)
    La gratitude est un mouvement en 3 temps :
    - La reconnaissance d’un don gratuit
    - Le sentiment suscité par cette reconnaissance
    - Le retour en un acte gratuit
  • Exercices de la gratitude  (p. 207)
    - Reconnaître le don
    En psychologie, la gratitude est proportionnelle à la perception de la gratuité
    - Éprouver le don
    C’est le plus performant des trois actes constituant la gratitude. En effet, le bien (moral) fait du bien (affectif)
    - Répondre au don
    Le don a une dynamique provoquant une émotion qui transforme le cœur du bénéficiaire
    - Remercier le Donateur- lecture symbolique de la nature
    La gratitude est d’autant plus intense que nous percevons la gratuité du don. Or, la source de la gratuité est l’amour.
    - Apprendre des peuples premiers
    Ce n’est pas un hasard si les grecs ont appelé l’univers cosmos, mot dont nous retrouvons  la racine dans cosmétique », Le vrai s’enracine dans le beau !

Chapitre 13 – Éprouver

  • Pourquoi écouter nos émotions (p. 216)
    L’émotion est motion, c'est-à-dire mise en mouvement  Elle constitue donc une ressource pour agir. Qui n’a jamais ressenti l’énergie que lui donne l’amour ? Que serait l’avocat sans la colère ajustée qui lui permet de défendre son client ?
    Selon l’image de Platon, les émotions sont deux puissants chevaux, obéissants ou récifs, et la raison en est le cocher[11].
    L’affectivité est une ressource  précieuse pour l’action, elle peut aussi la paralyser.
    Le discours scientifique, fier et fort de sa neutralité, [devrait] prohiber toute irruption de l’émotion.
  • Ressentir-éprouver (p. 220)
    Aujourd’hui le constat de notre monde peut induire de multiples sentiments : tristesse, colère, amertume, culpabilité, fuite, angoisse, désespoir. Il vaut la peine de les questionner.
    L’insensibilité peut conduire au désengagement, voire au déni, … à un peut être liée à l’orgueil, … s’expliquer par un utilitarisme, voire un égoïsme…
    Passer de la répression des sentiments à leur expression suppose un lieu et des personnes ressources.
  • Discerner (p. 223)
    Chaque émotion est porteuse de sens
    - La tristesse éprouvée par la violence subie par la nature
    - La colère, face au mal immérité que subit la nature
    - La culpabilité naissant de la prise de conscience de notre responsabilité
    - La peur  pouvant conduire à des attitudes survivalistes, nous paralyser et nous sidérer
    - Le désespoir face à une forme d’inévitabilité
    - L’impuissance, sentiment le plus toxique de tous
  • Intégrer (p. 227)
    Une fois discernée les émotions :
    - La tristesse transformée en compassion
    La tristesse écoutée devient une puissante ressource
    - La colère transformée en justice
    Il ne s’agit pas de nier la colère, mais de l’enrôler pour la justice. La vertu de justice fait passer la colère par un triple crible :
    * Que le préjudice soit réel
    * Que l’intention soit droite
    * Que les moyens soient mesurés
    - La culpabilité transformée en pardon
    Que faire de la honte coupable ? Une seule voie possible, la demande de pardon. Mais à qui l’adresser ? … Le sacrement de pénitence et de réconciliation précède l’engagement  à prendre les moyens de ne plus rechuter
  • Susciter (p. 233)
    - Prendre conscience de la souffrance de notre monde
    Les arguments d’autorité ont leur valeur…
    - Prendre conscience de notre souffrance
    La violence faite à la nature me concerne ici et maintenant.
    - Accompagner la prise de conscience
    - Prendre conscience de notre connexion avec la nature
    - Se connecter, non pas fusionner

Chapitre 14 – S’engager

  • Intention et Vision (p. 244)
    - L’écologie intégrale
    - Les quatre connexions
    L’écologie est intégrale parce qu’elle intègre quatre relations à la nature, à l’autre, à soi et à Dieu 
  • Conversion (p. 247)
    - Nous arracher à notre égoïsme
    - Nous arracher à notre utilitarisme. Le débat
    - Norme utilitariste et norme personnaliste
    - Une relation à la nature utilitaire et gratuite
  • Décision (p. 255)
    Dans une vision de sagesse, l’écologie devient écosophie.
    Joanna Macy propose trois composantes d’un changement de cap :
    - Les actions de résistance (pétitions, poursuites judiciaires, boyoctts…)
    - Les pratiques de soutien : inventer de nouvelles manières de vivre ensemble et avec la nature
    - Le changement de conscience
    Le choix appartient au secret des coeurs
  • Exécution (p. 258)
    - Faire sa part…
    - … toute sa part
    Arrêter de râler : les décisions qui nous changent sont les décisions quotidiennes
    - … et seulement sa part
    L’homme ne s’épuise pas d’avoir trop chois, mais d’avoir mal choisi
    - S’enraciner dans l’émerveillement
    - S’enraciner dans la gratitude
    - Connecter les vertus
    Les vertus morales sont connectées entre elles et se soutiennent mutuellement (Saint-Thomas d’Aquin[12])
    - Croître infiniment, décroître ou croître avec mesure
    Le désir est bon en lui-même. Il ne s’agit donc pas de le supprimer, mais de le purifier de son narcicisme et de l’orienter vers le bien commun, celui-ci englobant aussi la nature
  • Conclusion (p. 267)
    Notre action envers la nature sera durable en quatre actes :
    - Une intention qui porte sur l’écologie intégrale
    - La conversion écologique qui nous arrache à l’égoïsme et à l’utilitarisme
    - Une décision incarnée
    - Et une exécution prudente, juste et sobre

Chapitre 15 – Espérer

  • État de la question (p. 270)
    - La position pessimiste concède tout au « no future »
    - La deuxième posture nie le drame présent (positions de Jacques Lecomte de Steven Pinker, de Johan Norberg)
    - La troisième attitude : « on ne pourra empêcher des changements considérables du climat » (Clive Hamilton), ou le catastrophisme éclairé de Jean-Pierre Dupuy
  • Pourquoi espérer ? (p. 272)
    Toujours la vie peut renaître de ses cendres, même après le plus catastrophique des drames… pour trois raisons :
    - Nourrir notre besoin de sens
    L’un des sentiments les plus toxiques est le désespoir… Le besoin le plus fondamental de l’homme est le sens
    - Passer de la petite à la grande espérance
    Benoit XVI distingue de manière éclairante ce qu’il appelle la « petite espérance » qui porte sur des biens humains, et la « grand espérance » qui porte sur Dieu lui-même (Benoit XVI Spe Salvi § 3)
    - Conjurer la tentation bouddhiste
    En affirmant l’impermanence de toute réalité finie, le bouddhisme fait aussi le procès du temps pour le réduire à la seule réalité de l’instant. Or « l’espoir vous extrait du moment présent. Donc, « dans la tradition bouddhiste, il n’y a pas de place pour l’espoir » (Joanna Macy)
  • Qu’est-ce que l’espérance ? du côté de celui qui espère (p. 278)
    - L’espérance, une fuite du réel ?
    L’espérance doit répondre à quatre critères :
    * L’espérance n’est ni optimiste ni pessimiste
    * Le consentement aux multiples sentiments contrastés
    * La prise en compte de l’action
    * La vue longue et large que seule donne l’espérance théologale
    - L’espérance, une fuite dans le futur ?
    Regarder l’avenir, n’est-ce pas désinvestir le présent ?
    Pour le judaïsme, le salut est placé dans l’avenir. Pour les chrétiens, le Messie est le Christ et il a apporté le salut en mourant et ressuscitant.
  • Qu’est-ce que l’espérance ? du côté de ce qui est espéré (p. 82)
    - Le futur et l’avenir
    La langue française utilise deux mots :
    * Le futur, construit sur le participe futur du verbe être en latin : que la flèche du temps va du passé au présent,
    * L’avenir qui renvoie à la durée vécue par la personne : la flèche du temps vient de l’avenir vers le présent… comme si l’avenir s’invitait dans le présent
    Le Seigneur se présente comme « Celui qui est, qui était et qui vient » (Ap. 1, 4.8). L’avenir est ce qui vient.
    - L’espérance comme invitation
    - Redécouvrir l’unité : l’unité dans une communion
    - Sauver l’homme de l’auto- et de l’éco-destruction
    La désespérance est une forme dissimulée d’acédie, la toute dernière des tentations ourdies par l’adversaire
  • Comment cultiver l’espérance (p. 287)
    - Combattre le désespoir
    - Allonger notre vision du temps
    Espérer c’est envisager l’avenir sur une longue durée
    - Passer du principe de responsabilité au principe d’espérance
    La vision à court terme conduit au désespoir
    - Distinguer fin d’un monde et fin du monde
    Saint Augustin a connu cette tentation de confondre ces deux fins, en voyant d’effondrer l’Empire romain. La tentation transhumaniste est de changer le monde extérieur alors qu’il faut d’abord changer le monde intérieur. L’attitude juste consiste  nous changer nous-mêmes et notre monde intérieu
    - Oser imaginer
    Exercer la gratitude a mobilisé sa mémoire (du passé) et éprouver ce qu’il ressent son affectivité (au présent). Espérer enrôle l’imagination (qui projette dans l’avenir)
    Nourrir notre espérance
    Le faire par des initiatives
    - La nature gémit parce qu’elle espère
    La Terre n’est pas seulement douée de résilience, mais de créativité : elle ne cesse de se renouveler, notamment avec l’aide paradoxale des catastrophes survenues régulièrement. Notre monde aspire à un renouvellement final.
    En 1793, Jean-Philippe Dutoit-Membrini expliquait la présence du mal dans la nature : « les corps et la matière brute … ont comme une fièvre intense qui fermente et cherche à se dégager de ce qui leur est étranger… »[13]
    - Poser des actes d’espérance : avoir ou non des enfants
    L’espérance la plus irrécersible est le don de la vie. La fécondité a été remplacée par la consommation : Quand on fait moins d’enfants, on a plus de moyens de consommer » (Hervé le Bras). Les trois collapsologues Pablo Servigné, Raphaël Stevens, et Gauthier Chapelle disent ne pas vouloir entrer dans ce débat.
  • Conclusion (p. 294)

Les actes

Reconnaïtre

Eprouver

S’engager

Espérer

Les sens de la nature

Sens littéral et allégorique

Sens écologique (affectif)

Sens écologique (effectif)

Sens eschatologique

Les vertus

Gratitude

Humilité

Responsabilité

Espérance

Les transcendantaux

Beau et vrai

Bien éprouvé

Bien accompli

Unité

 


[1] Cf Gabriel Marcel, « être et avoir » (paris Aubier, 1935)…. L’avoir est inférieur à l’être

[2] Blaise Pascal, Pensées, (Ed. Brunschvicq, n° 310, 41 et 310 bis) ; (Ed. Lafuma n° 797 et 798)

[3] Traduction par Pierre-Emmanuel Dauzat (Albin Michel : « Sapiens, une brève histoire de l’humanité (2015), « Homo deus ; une brève histooire de l’avenir (2017) ; 21 leçons pour le XXI° siècle (2018)

[4] Cf. Pascalide.fr : « Annexe 15. Bibliographie sélective en français de Ken Wilber »

[5] Auguste Comte, Synthèse subjective ou système universel des conceptions propres à l’état normal de l’humanité, (Paris, Victor Dalmont, 1856-reprint 1871, Introduction, tome 1, p 14… 23, 34, 50, etc..)

[6] Hans Jonas, Une éthique pour la nature, trad. Sylvie Courtine-Denamy, (paris DDB, 2000, p. 28)

[7] Lynn T. White « the historical Roots… », art.. cité  p. 1207, trad p.24

[8] John O’Neil « Las person arguments » in Hugh La Folette, the International Encyclopedia of ethics, (Oxford, Blackwell Publishing, 2013)

[9] Tristes tropiques (Paris Plon, 1973, p. 495)

[10] Gilbert Keith Chesterson, Orthodoxie,  trad. Charles Grolleau, Paris, L. Rouart et J. Watelin, 1923, chap 3, p. 34 (cft rad. Lucien d’Azay, Paris, Climats, 2010, p. 171)

[11] Platon, Phèdre, 246 a-b

[12] Somme de Théologie, Ia-IIae, q. 65, a.1.

[13] Jean-Philippe Dutoit-Membrini, La Philosophie divine, appliquée aux lumières naturelle, magique, astrale, surnaturelle, céleste et divine, (s. 1,3 vol, Paris, Libraires associés et Lausanne Henri Vincent, 1793, t 1, p 4 s.)