Les jardins bibliques ont laissé peu de traces tant, à la renaissance, ils ont été supplantés par la mode des "jardins humanistes" dans une toute autre logique [1]
Dieu aime les jardins: il en fait des lieux de salut et la Bible visite un nombre incalculable de jardins. Les moines avaient bien compris, dans leurs jardins bibliques, la tension existant entre le déjà accompli de la création et un pas encore achevé. Ils avaient intégré cette vision eschatologique de toute vie chrétienne, et l’avait radicalisée dans leur vie monastique.
Olivier Ricomini, dans une thèse sur les jardins bibliques, a rappelé qu'un tel jardin se devait être « un lieu de culture, dans tous les sens du terme, lieu aussi d’une exigence particulière : celle de l’esprit qui interroge, en quête de sens [1bis] ». S’il répond à cette exigence de l’esprit humain, tout jardin peut être dit spirituel pour les croyants, et, pour d'autres, devenir la concrétisation d'une véritable "romance écologique"©.
Le jardin du cloître symbolisait cette double vision et pouvait être divisé en quatre zones[2] qui entourent le destin de l’humanité: (A) le jardin d'Éden, paradis perdu depuis le péché originel, (B) le jardin des Oliviers, (C) le jardin du Golgotha dans lequel le Christ fut crucifié, puis déposé au tombeau d'où il ressuscita, et (D) la terre nouvelle, paradis désiré ressemblant à une ville, la Jérusalem céleste.  

Nous proposons un exemple de jardin biblique pour ceux qui voudraient se lancer dans une aventure paysagiste et biblique. Dans ce jardin, tout est symbole. Dans la vision chrétienne le symbole est « ce qui donne sens en reliant deux réalités : une visible, l’autre invisible »[2bis]. 
Nous appelons donc les spécialistes de symbolique des plantes à compléter ce projet en intervenant dans la rubrique commentaire.
L’idée n’est pas de rassembler un maximum de plantes mais il appartiendra au jardinier en charge de cette implantation
- de privilégier celles qui ont une hauteur raisonnable pour pouvoir limiter ce jardin biblique à une trentaine ou une quarantaine de mètres de côté et permettre, ainsi d’un seul regard, de voir l’ensemble du jardin,
- de sélectionner les plantes  à la fois les plus symboliques et les plus belles pour assurer à l'ensemble la beauté de l'ensemble
- d'intégrer les plantes en veillant à l'échelonnement de leurs dates de floraison pour flatter l'oeil des visiteurs quelques soient les saisons. 
Dans le cadre d'un lieu ouvert aux visiteurs, on pourrait imaginer une scénographie (téléchargeable ICI) dans laquelle le père novice d'un monastère, dénommé "père Irénée" ferait visiter le jardin biblique à son jeune novice, "Nathanaël", en lui expliquant toute la romance du plan divin pour les hommes et les symboles qui y sont attachés. Ce type d'évènement viendrait compléter, en le racontant, un dépliant pour les visiteurs isolés (téléchargeable ICI).

Proposition: "les2ailes.com"

1-  Une "romance écologique"©[3]

Le moine, Jean de la Croix, écrivit en 1577 à Tolède une romance racontant l’histoire d’un père disant à son fils : « je t’aime tellement que j’ai décidé de te donner une épouse ». Le fils lui répond : « Je t’aime tellement que je prendrai sa condition et lui apprendrai à chanter ton nom… et je lui construirai un palais ».
Le jardin Biblique illustre concrètement la construction de ce palais construit par l’amour de ce fils, en deux étapes : le jardin d’Éden au NE, puis la "terre nouvelle" au NW.
Le fils devait donc prendre la condition humaine et proposer aux habitants du 1er jardin de le suivre, par libre choix, et d'entrer dans le  jardin de la "terre nouvelle", pour y être divinisés et prendre la condition d’épouse de Dieu. Ce plan initial sera bouleversé par un gigantesque Big-bug et le Fils, après avoir "pris la condition" de son épouse, passera par les jardins des oliviers et du Golgotha. 
Telle est la romance d’une « écologie divine » dans laquelle tout est lié : le respect de la nature commence par le respect de notre nature déïfiable ! Irénée, l’évêque de Lyon, avait dit : « Le fils s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».

2- Le jardin d’Éden, (à l’Orient) – « Monde préternaturel »

C’est par cette déclaration d’amour du Père à son Fils que tout a été créé, à partir de rien, à partir d’un chaos.

a) Le chaos original

Dans le coin NE, il est symbolisé par des fleurs noires (tulipes noires, pensées noires, lys noirs "calla", hellébores noirs, pétunia noir, Aeonium "Zwartkop", ophiopogon noir,...). Le noir dissimule le secret des origines.
La limite SW en est ronde, évoquant le Big-bang... même si le Big-bang n'est pas une preuve de la création initiale. Un autre évènement dramatique, un vrai Big-bug, ontologique celui-là, pourrait bien être le signe de l'avènement de notre monde actuel ! L'angle SW du jardin d'Eden aura un forme convexe pour évoquer cette idée de big-bug!

b. Un premier fleuve

Un premier fleuve sort de la fontaine centrale[4] et coule vers l’Éden.  Il se ramifie en quatre (Hiddekel, Euphrate, Pishon et Gihon). Certains géographes créationnistes comme Fernand Combrette ont été jusqu'à y voir les sources du Gange, du Tigre, de l'Euphrate et du Nil, avant le début de la dérive des continents! Ils entourent diverses régions, dont trois sont identifiées (Havila, Kouch, orient de l’Assyrie) séparant le jardin en trois zones: des plantes utiles, des plantes ornementales (c) et les deux arbres centraux (d)

c. Des plantes luxuriantes

- Les plantes utiles comestibles, symbole d’abondance, seront regroupées dans une première zone: Graminées, rhubarbe, angélique, poivron, et tant d’autres plantes …   ou, d'autre part, des plantes médicinales: chardon Marie (contre les maladies du foie), polygonatum-secondo Salomon (rhizome bienfaisant pour la cicatrisation des plaies, la goutte et le rhumatisme), citronnelle  (vermifuge), saponaire (maladies de la peau), ... autant de plantes chères à Sainte-Hildegarde, mais dont Benoit XVI disait que, pour elle, "la nature... ne fournit que des éléments d'information qui deviennent souvent une occasion d'erreur et d'abus"[4 bis].
- Les plantes ornementales pourront être regroupées dans une seconde zone, par exemple: Strelitzia (ou oiseau de paradis), rose sans épines (Rosa ‘Smooth Prince’), symbole du paradis avant la faute originelle, iris (également appelé lys héraldique), symbole de la majesté divine et la royauté, et un "arbre du paradis" (Erythrostemon gilliesii), communément appelée en Turquie Paşabıyığı (Pasabiyigi), Cennetkuşu ağacı (Cennetkusu agaci), ce qui signifie en turc «arbre du paradis», et Bodurakasya, qui signifie «acacia nain».

Mais rien ne pousse dit la Genèse, texte fondateur de notre romance : « aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n'avait encore poussé, car Yahvé Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n'y avait pas d’homme pour cultiver le sol » (Genèse 2, 5). La création initiale n’est pas terminée : elle attend l’homme. Adam et Ève seront appelés à cultiver et garder le jardin pour achever la création.

On pourra recourir à des couleurs multiples[5] étant donné que le Père créateur est lié au blanc, resplendissement de la lumière, le rouge, celle du souffle de l'Esprit créateur et le bleu, celle du fils. 
Le bleu est également la couleur de l’azur, du ciel, donc du paradis. Il symbolise la vérité et la présence divine[6].

d. Deux arbres au centre

  • L’Arbre de vie,  (« …arbre de vie au milieu du jardin… » Gen 2,9), ou symbolisé par le chêne (nain) ou par une vigne. 
  • L’Arbre de la connaissance,  (« …du fruit de l'arbre [de la connaissance] qui est au milieu du jardin …» Gen 3,3), symbolisé par un pommier  (nain, 'Garden Sun Red ou "Malus Evereste")

Enroulée comme un serpent autour de ce second  arbre, une liane, dite « liane du diable », (Scindapsus aureus pothos n joy), a des feuilles séduisantes bicolores, blanches et vertes.

e) Un big-bug imprévu[7]

Le serpent commence par une fausse vérité ; il vous a été dit : « Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin » (Gen.  3.1) »
Dès lors Ève est en pleine confusion et parle d’un autre arbre qui est au milieu du jardin : « l'arbre qui est au milieu du jardin, … Vous n'en mangerez pas, … sous peine de mort » (Gen. 3.3). Elle confond cet arbre avec l’arbre de vie qui est « au milieu du jardin » (Gen 2,9)!
Ayant semé la confusion entre ces deux arbres du "milieu du jardin", le serpent poursuit sa stratégie en usant d’un vrai mensonge : « Pas du tout! Vous ne mourrez pas! » (Gen. 3.4)
Big-bug ! La femme succombe, l’homme la suit. Aussitôt, la peur les saisit. « J'ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché » ! (Gen. 3,8-9). Ils se sentent perdus : Le mensonge a engendré la peur. L’écologie des hommes n’est-elle pas fondée sur la peur : peur des OGM, du réchauffement climatique, de la disparition de l’ozone, du glyphosate, d’une pénurie d’eau, des virus coronariens, des pesticides, de la 6ème extinction des espèces et des abeilles, de la surpopulation, de la raréfaction des ressources et du jour du dépassement planétaire, peur pour les générations futures…
Bref, de quoi n'avons-nous pas peur ? Et s’il y avait un vrai mensonge derrière chacune de ces peurs ? Et si tout n’est pas faux ? C’est bien ce qui fait le succès de ce mélange de fausses vérités et de peurs !
Dès lors, Adam et Ève « se cachèrent devant Yahvé Dieu parmi les arbres du jardin ». C’est parce qu'ils se cachent qu'on ne trouve aucune représentation humaine dans ce jardin biblique (hormis celles de la Vierge qui est la "nouvelle Ève" et du Christ en croix qui est le "nouvel Adam"). Notre humanité, elle aussi se sent perdue et se cache dans la nature, au sein d’une nouvelle déesse, Gaïa.

f) La porte du jardin

On connaît la suite : le menteur joue au diviseur. Le réflexe est classique : ce n’est pas moi, c’est l’autre : « C'est la femme que tu as mise auprès de moi qui m'a donné de l'arbre, et j'ai mangé!... C'est le serpent qui m'a séduite, et j'ai mangé », répond Ève (§ 3,12-13). La suspicion engendre la division. L’issue fatale est logique : « Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua » (§ 4, 8). Caïn et Abel, les descendants d’Adam et Ève, vont s’entretuer.
Ils seront chassés du jardin. À la porte du jardin, deux statues de Chérubins tétramorphes (taureau, lion, aigle et homme) montrent que le retour au paradis perdu serait illusoire. Ils indiquent la seule sortie possible, dans la diagonale, celle du chemin de la croix, nouvel arbre de vie. 

g) Éden et Adam : ni du côté de l’Éthiopie, ni du côté de Cro-Magnon.

Adam et Ève étaient dotés de dons qui n’avaient rien de naturels :

  • Don d’immortalité : ils pouvaient ne pas mourir. … Mais, ensuite, nous mourrons
  • Don d’intégrité, exempt de tout désir de puissance, tant de l’un vis-à-vis de l’autre que vis-à-vis de la création, ...Mais ensuite, nous voulons tout maitriser
  • Don d’exemption de toute souffrance... Mais, ensuite, l'homme "travaillera à la sueur de son front"
  • Don de science... Mais, ensuite, nous ne comprenons plus le sens de la vie.

Adam et Ève pourvus de ces dons "préternaturels", c'est-à-dire en dehors du réel, étaient appelés à être les rois d’une création (préternaturelle). Ils sont devenus de pauvres « animaux raisonnables » issus de l’évolution biologique et livré à un monde (naturel) nourricier, monde soumis à la "servitude de la corruption" ! Deux mondes, préternaturel, puis naturel ! Deux matérialités qui font dire à Olivier Clément qu’on pourrait parler d’une évolution, qui « s'accomplit à l'intérieur de l'Homme, de sa chute, de sa recomposition, pour s'accomplir dans la résurrection du Christ qui permet l'ultime mutation de l'humain, l'apparition de "ressuscités"»[8].

3- Le jardin des Oliviers.

Ainsi, le fils avait prévu de prendre la condition de son épouse. Noël était prévu de tout temps. Mais le big-bug du Jeudi et du Vendredi saints n’était pas prévu. C’est en ce jardin de « Gethsémani »,qui veut dire le pressoir à huile, que Jésus est venu prier la veille de sa mort. C’est aussi au sommet de ce jardin que les actes des apôtres situent l’Ascension [8bis].

a) Les plantes du jardin des Oliviers

On trouve donc dans ce jardin, toutes sortes de plantes oléagineuses : Olivier, lin, coton, arachide, ricin, colza (demi nain), tournesol (nain aux couleurs mixtes), Maïs (variété "fraise") … réparties en désordre « à l’anglaise ». C'est de cette huile que sont marqués, au nom du Christ livré, les baptisés, les confirmés, les malades, les ordinands.
Les pépins de raisins sont également des oléagineux. Un pied de vigne, placé au centre du jardin, rappelle donc le thème du pressoir mystique. Le Fils de l'Homme sera livré au pressoir de la croix. Ce thème évoque le Christ de la Passion dans un pressoir à raisins, d’où s’écoule un liquide qui est aussi bien le jus des raisins que le sang du Christ. Certains voient dans la traverse du pressoir, la croix pesant sur les épaules de Jésus [9]. 

Seront plantés dans ce jardin:
- Quelques palmiers, dont les fruits sont oléagineux, rappellent que leurs feuilles ont été utilisées pour accueillir le Christ à Jérusalem, le jour des Rameaux
- trois iris, en bordure du jardin, symbolisent Pierre, Jacques et Jean, les 3 apôtres endormis.
- et, dans le coin SE, un conifère conique symbolisant l’ascension du Christ  (Juniperus communis ‘Compressa’, ou un Cyprès blanc de l'Arizona) .

Les fleurs jaunes symboliseront la trahison de Judas couleur de la robe de Judas dans les vitraux). La couleur orange, apparue dans les vitraux de la Renaissance. Comme le jaune, la signification de l'orange n'est pas la même selon sa brillance et sa teinte dominante : s'il tire vers le jaune, il évoque le mensonge, si ses reflets sont roux, c'est la disgrâce, et s'il tend vers l'or, c'est alors l'union de l'homme et de Dieu.
Le "mauvais vert" symbolisera l'infidélité.
Le violet associe rouge et noir - vie et mort, joie et souffrance, symbolise le deuil et illustre la Passion du Christ

b) Le jardin contourné par le Cédron

La fontaine centrale est semi cylindrique, adossée à une face verticale symbolisant la muraille du temple de Jérusalem d’où Ézéchiel vit jaillir de l’eau vive.
Deux gargouilles alimentent par débordement les fleuves de l’Éden et de la parole (cf § 5), et une gargouille traversant la muraille pour alimenter le Cédron.
Les géographes savent qu’à l’angle SE du jardin, entre le jardin des oliviers et le Golgotha,  le Cédron a "capturé"[10] la Gehenne. Ce phénomène aurait-il été prémonitoire du texte d'Ezéchiel: « L'eau sortait de dessous le seuil du Temple, vers l'orient…, descend dans la Araba et se dirige vers la mer, se déverse dans la mer en sorte que ses eaux deviennent saines. » (Éz 47 : 1-8). C’est également au pied du Golgotha, que le flanc du Christ, temple de l’Esprit, percé d’une flèche, laissera couler de l’eau qui revivifiera l’humanité entière.

4- Le jardin du Golgotha et de la résurrection

Autant la crucifixion du Fils est la conséquence d’un funeste Big-bug, autant son apparition dans la gloire est prévue de tout temps. C’est bien ce qu’évoque la romance de Jean de la Croix disant que le Fils, après avoir pris la condition de son épouse, la diviniserait et lui apprendrait à chanter la gloire du Père.
Les deux évènements de la crucifixion, et de la résurrection dans la gloire, se sont déroulés dans « un jardin au lieu où il avait été crucifié, et, dans ce jardin, un tombeau neuf... » (Jn 19,41).

a)  Au centre : la Crucifixion

Quatre espèces de rosacées (symboles de résurrection) sont disposées en forme de croix: dont des roses, spirées, potentilles et ronces (Rubus phoenicolasius ou Rubus Eubatus 'Illini Hardy', ou encore Runus Théodor Reimers, toutes avec épines évoquant la couronne d'épines du Christ). Les roses rouges symbolisent la rédemption, la souffrance, le sacrifice du Christ et des martyrs, l'amour et la charité.
Dans les angles de la croix : des œillets roses (dont le nom grec latinisé, Dianthius, signifie « fleur de Dieu », l’un des nombreux symboles floraires du Christ. Sa forme rappelle, en effet, celle du clou et a été rapprochée des clous de la Passion), mêlés de fraisiers. Quelques agapanthes blanches (symbole de l'amour).
Au centre : un calvaire bas, (style : la Lèverie à 50-Coulonges)[11].

b) Dans l’angle ouest, le tombeau de Joseph d’Arimathie,

Il est ouvert vers l’Orient, du côté où se lève la lumière au petit matin de Pâques.
Il  est légèrement enterré et recouvert de liane de fleurs de la passion et entouré d’Euphorbia milii (« épines du Christ »). Le tombeau est bordé d’un oranger du Mexique, fleur symbole de résurrection.
Au-dessus du tombeau, des "roses de Jéricho" (Selaginella lepidophylla), symbole vivant de renaissance et de résurrection. Un acaia nain, (symbole solaire et d'immortalité par son bois dur et presque imputrescible et ses fleurs blanches), des chrysanthèmes d'été (Chrysanthemum coronarium), symbole d'éternité et non de mort).Le tombeau est entouré de verdure, couleur de l'espérance et de la nature qui repart à chaque printemps (à peu près à l’époque de Pâques).

5- Le labyrinthe qui mène à la Terre-Nouvelle (à l’Ouest) - (Monde surnaturel)

Grâce à la résurrection, le chemin de la Terre nouvelle est à nouveau ouvert. Ce chemin est symbolisé par trois passages :

a) Le jardin intérieur

Une partie en gravier symbolisant le désert de nos vies si la parole ne l’irrigue pas, des joncs symbolisant notre vie creuse, quelques oignons d’Égypte regrettés par les israélites dans le désert. Ce fleuve de la parole sort également de la fontaine centrale.

b) Le jardin de la Vierge

La mère du Christ est représentée par une statue telle qu’elle apparut à la Salette. Elle est couronnée de roses et son châle est bordé également d'un chapelet de roses. Un rosaire, c’est une couronne de roses; quant au chapelet, c’est un petit chapeau de fleurs. Dire son Chapelet ou réciter le Rosaire, c’est tresser à la Sainte Vierge une couronne de prières. 
La statue est entourée de lys (dont le nom grec latinisé, Dianthius, signifie « fleur de Dieu » est l’un des nombreux symboles floraires du Christ. Sa forme rappelle, en effet, celle du clou et a été rapprochée des clous de la Passion), de muguet (ou larmes de Notre Dame), de nivéoles, et de fraisiers (dont le rôle médicinal était de combattre les états de nervosité et avait le pouvoir de chasser les démons), de « chardons de Marie », pâquerettes (ou fleur de la Sainte-Mère), Giroflée (ou fleur de ND), …
Le bleu est symbole de la chasteté, de l'innocence et de la foi: c'est la couleur de la robe de la Vierge Marie.
Les fleurs dorées pourront être symbole de la foi et les violettes seront la couleur de la prière (confirmation en 1215, au Concile de Latran IV).
La Vierge, médiatrice auprès de son Fils, est positionnée à l'entrée du labyrinthe comme pour symboliser ce cantique de la communauté de l’Emmanuel composé par  Claudine Blanchard : « Invoque Marie, elle te conduit sur le chemin »... ce chemin constitué par le labyrinthe de la vie! 

c) Le labyrinthe de la vie

Pour l’atteindre, il faut parcourir un labyrinthe de haie de buis verts. Ce labyrinthe est le chemin de nos vies, allant tantôt vers le nord, vers la mort, tantôt vers la lumière...  Les pèlerins que nous sommes se croisent, chacun par son chemin d’un côté à l’autre, parfois dans des chemins inverses ! Dieu est patient et nous attend dans le jardin désiré et non plus dans le jardin perdu de l’Éden.
Dans une des allées du labyrinthe, un palmier nain (Chamaerops humilis compacta ou chamaedorea du genre elegans, microspadix ou radicalis), taillé en douze ramifications, symbolise la procession des 12 apôtres, eux-mêmes représentant la foule des bienheureux décrits par l'apocalypse. La palme symbolise le martyre, le sacrifice, la vitalité et donc la victoire sur la mort et le mal, la glorification des martyrs et l'immortalité. Pour les hébreux, le palmier symbolisait la terre promise (Josué 5, 12).
A l'entrée du labyrinthe, un figuier nain (Ficus carica 'Figality), rappellera cette phrase de Jésus: « Quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu » (Jean 1, 45-51). Pendant tout le parcours tortueux de notre vie, Dieu nous voit et notre nom est "inscrit dans les cieux" (Luc 10, 19).

Dans l’angle SW du labyrinthe, un des buis du labyrinthe sera taillé en forme de grande tour ronde verte,  correspondant à la « tour du salut » évoquée dans les visions de Sainte-Hildegarde de Tubingen. La sainte avait vu en 1151 cette tour, comme arrimée à la Jérusalem céleste. Elle « représente l’Église … [et]  la force de cette tour, par laquelle l’Église a été si bien fortifiée qu’aucun déchaînement de la fureur diabolique ne pourra en venir à bout »

d) La Jérusalem Céleste

La terre nouvelle avec la Jérusalem céleste est représentée par 12 buis [Buxus microphylla Golden triumph qui garde une couleur dorée pour évoquer  "La cité est d'or pur" (Ap 18, 16)]. Ils sont taillés en forme de tours ouvertes d'un petit passage, portant chacune le nom des 12 tribus d'Israël. Ce sont les portes du jugement dernier auquel chacun est confronté. Selon Ezéchiel (§ 48, 31-34), sont...,

tournées vers le nord, les portes... 

  • de Ruben, (elle aurait dû être la porte de la repentance, car Ruben avait été déchue de son droit d’ainesse en trompant son père. Bien qu’il soit digne fort et puissant, sa souillure, lui coupa l’accès à toute bénédiction possible. Ils ont tenu secret leur péché)
  • de Juda (pour ceux qui, par leur travail, reçoivent un salaire)
  • et de Levi, (par laquelle est vérifiée l’authenticité du repenti et son attachement au Seigneur. Ceux qui n’ont pas les fruits devront repasser par la première porte celle de Siméon)

tournées vers l'orient, les portes... 

  • de Joseph, (Au départ c’est Dina le septième enfant de Jacob et de Léa qui devait assignée son nom à cette porte ; mais elle a été déshonorée puis vengée par ses deux frères Siméon et Lévi. Alors l’histoire nous montre que Jacob, devenu Israël, va  bénir Joseph d’une manière totalement inattendue)
  • de Benjamin, (pour ceux qui seront nés d’eau et d’Esprit pendant les tribulations de l’Église qui les mèneront à la mort.)
  • et de Dan, (A l’approche de cette porte, le cavalier tombera à la renverse. La puissance de Dan sera un serpent, un ennemi sur son chemin, il fera tomber à terre les ennemis, les faux-oints, les antéchrists.  Tous ces orgueilleux veulent être au-dessus de la masse, c’est pourquoi ils montent à cheval. Ils se sont élevés au-dessus de tous, à tel point, qu’ils se sont assis même sur le temple de Dieu et se proclamant eux-mêmes Dieu. Ils ne se sont pas occupés des nécessiteux)

tournées vers le midi, les portes... 

  • de Siméon, (pour ceux qui ont invoqué le nom du Seigneur, ont reçu leur exaucement : la repentance) 
  • d'Issacar (pour ceux qui ont reçu le Saint-Esprit, ils sont purs par le sang du sacrifice de Jésus et ils ont la deuxième clé du royaume)
  • et de Zabulon (elle va surprendre celui qui y frappera car il verra un héritage auquel il n’a pas pensé; il verra que la maison de Dieu n’est pas à la Jérusalem qu’il pensait, mais que Dieu a une habitation aux extrémités du pays, "sur la côte des mers". Ils sont placés loin, aux extrémités car ils font honte par leur indigence, et leur handicap. Ils ont méprisé et aveuglé un peuple béni par Dieu)

tournées vers l'occident, les portes... 

  • de Gad, (elle résiste à l’oppresseur, à tous ces combattants de la foi qui arrivent en bandes armées. Ils ont mené un faux combat en ligotant et oppressant la famille du Seigneur.)
  • d'Aser (par laquelle le Seigneur met en lumière l’ingratitude de certains croyants qui ont été des rois, des dirigeants, d’assemblées et d’Églises. Ils ont été bénis, et heureux (Asher) par les dons spirituels qu’ils ont reçus de Dieu ; et qu’ils ont pu manifester à leur guise et pour finir ils se sont réjouis de leur puissance. Ils ont même été aussi une source de bénédictions pour d’autres.  Mais, ils ont déplacé les bornes et les lois pour régner sur un peuple)
  • et de Nephtali (pour ceux qui ont préféré l’adultère et l’abomination au bon combat de la foi)

Toutes ces portes aident à se juger soi-même (dans le sens de discerner, percevoir, reconnaître) et permettront aux prétendants d'être jugés dignes ou indignes de porter la tunique blanche des noces de l’Agneau. Car malheureusement il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Ceux qui seront confrontés à ces portes seront privés d’héritage. Ils seront coupés de leurs liens généalogiques, retranchés de leur famille et déchus de leurs possessions. Ils seront comme le roi d’Assyrie et seront les vrais étrangers : Ils n’entreront point dans la ville, ils n’y lanceront aucune flèche, (ils n’auront aucun argument pour répondre); ils s’en retourneront par le chemin par lequel ils seront venus (Esaïe 37 :33). Les portes de la nouvelle Jérusalem mettent en lumière la totalité de ce que nous sommes. Elles ont toutes des pierres précieuses, rappelant nos œuvres de justices faites dans le sacrifice ou au contraire celles qui demeurent absentes et qui feront que la porte est fermée.

e) Le jardin au centre de la Jérusalem céleste

Comme le précise l'Apocalypse, la création nouvelle ne s'identifie pas à une œuvre architecturale de la Jérusalem. L’eau vive de la parole qui irriguait la terre intérieure des hommes, rejoint dans la cité céleste avec "le fleuve de Vie, limpide comme du cristal, jaillissait du trône de Dieu et de l'Agneau" et, "au milieu de la place, de part et d'autre du fleuve, il y a des arbres de Vie qui fructifient douze fois, une fois chaque mois" (Ap. 22, 1-2).Le trône est sculpté dans une souche d'érable jaspé, rappelant que le  jaspe évoque la solidité et la puissance divine, avec une trinité sculptée sur les accoudoirs et le paneau facial et une couronne sur le dossier.

Autrement dit, au centre de la Jérusalem, nous retrouvons un jardin. Le monde que Dieu promet est donc une nature parfaitement réconcilié avec l'homme et avec ses œuvres. Dans l'avenir que Dieu promet, il y a une place pour la nature. 


 [1] Terry Comito publie un article sur ce sujet dans "Histoire des jardins de la renaissance à nos jours" (p. 33, Flammarion-1991 - sous la direction de Monique Mosser et Georges Teyssot): "A compter de Pétrarque, les humanistes furent souvent des jardiniers actifs, ... moins par leurs créations dont bien peu de traces existent encore que par leur contribution à l'idée que la Renaissance se fit de la nature... La villa, qui doit être le cadre de cette fête de l'esprit, ... où l'être humain retrouve son pouvoir originel sur le monde, un endroit où la nature n'est plus silencieuse, mais nous parle tout le temps. Les jardins de Charles I de Liechtenstein et de son fils Karl Eusebius, sont d'inspiration géorgique et non bucolique. ...Le jardin ne peut finalement que devenir un endroit seyant à la divinité, avec des plates-bandes et terrasses régulières, leurs jeux d'eau disciplinés, leurs perspectives étendues.... Petrarque fut le premier jardinier passionné des temps modernes et le premier à concevoir ses travaux horticoles à l'imitation des Anciens. Son "Helicon transalpin", à Fontaine de Vaucluse, a des  jardins dédiés à Apollon et à Bacchus, avec une surenchère sur l'île-jardin de Cicéron".

Il faut également lire: "La planète Catholique: une géographie culturelle" de Jean-Robert Pitte:  
"On assiste aujourd'hui en Europe, en France en particulier" à une renaissance de l'art du jardin monastique d'inspiration médiévale" Celui-ci privilégie l'immersion dans un espace clos et intime, ordonné en vue de la gloire de Dieu, de la méditation et du salut des humbles religieux...
On attribue fréquemment à Pétrarque  l'invention du regard paysager en se fondant sur le récit de son ascension du mont Ventoux en 1336. Ce n'est qu'un timide frémissement... Le néerlandais landscape serait apparu en 1493 sous la plume du poète Molinet, originaire de Valenciennes. Pendant longtemps, il ne s'appliquera qu'aux tableaux ... avec perspectives dégagées sur le lointain...
A la Renaissance, la vision d'en haut a connu de plus en plus de succès. C'est l'effet du désenchantement progressif du monde  auquel, au départ, la Réforme n'est pas étrangère.
Du Bel Paesaggio au jardin à la française
Hérité de l'Orient et de Rome, le jardin représente le paysage idéal, celui qui permet le mieux de méditer sur la condition humaine et sur le don de Dieu.... Au cours de la Renaissance, l'héritage antique du jardin-artifice revient en Italie avec éclat...
Nulle place pour le sauvage, pour une nature "en liberté" dans les jardins de Schönbrunn, aménagés à la gloire du gouvernement éclairé des Habsbourg. Tout y parle du bien-fondé de la théologie caatholique, soutenue par des princes papistes, embusqués au limes méridional de l'Europe protstante. ...
Pensé dans le même esprit que les jardins italiens ou "à la française", l'urbanisme renaissant et classique a pour but de proclamer l'ordre divin et le fait du prince dont la mission est de le servir...
Cet idéal paysager ordonné qu'aime l'élite des contrées catholiques ne s'impose pas dans la durée. L'asymétrie envahit les arts décoratifs dès le milieu du XVIIIe. Le jardin dit "anglo-chinois" qui triomphe en Europe est un modèle qui doit neaucoup à l'influence de la réforme protestante. Il accompagne le temps des "lumières"... Il préfigure l'avènement des révolutions bourgeoises qui reconnaissent la "liberté" laissée à la nature comme une valeur fondatrice et métaphorique de la liberté revendiquée pour les hommes.  Si le jardin à l'italienne ou à la française est "orgueilleux", le jardin à l'anglaise serait quant à lui "hypocrite en ce qu'il demande autant d'efforts d'aménagememnt que le premier avec pour but ultime de faire illusion, de faire croire qu'il est une portion de nature vierge de toute transfomation humaine. Il est en outre l'expression d'un pessimisme profond par ses fabriques, ses fausses ruines de monuments antiques ou médiévaux, y compris religieux, suggérant la supériorité de la nature sur les oeuvres humaines..." (Chapitre VIII - "Paysages catholiques")

[1bis] Olivier Ricomini, étudiant en 2011 en Master II de théologie fondamentale au Centre Sèvres, Cultiver la Parole nourricière : le jardin dans la tradition monastique.

[2] Idem.

[2bis] Glossaire de L'Eglise catholique en France: Site internet « Église catholique en France, édité par la conférence des évêques de France » (glossaire, symbole). https://eglise.catholique.fr/glossaire/symbole/ (consulté le 28/08/19).

[3] Citer Stanislas de Larminat et son blog, « les2ailes.com » en cas d’usage de cette expression.

[4] Il en sort un réseau d'eau, raccordés de manière sous-terraine (en pointillé) et reliant trois fleuves (en trait plein sur le plan). L'assistance d'un spécialiste d'hydraulique et d'irrigation sera nécessaire pour veiller à l'alimentation permanente de ce réseau, sans débordements ni assèchement.

[4bis] Lettre apostolique de Benoit XVI, proclamant saint Hildegarde de Bingen, religieuse professe de l'Ordre de Saint Benoît, docteur de l'Église universelle. (§ 4, al. 3), voir traduction en français.

[5] file:///C:/Users/Stanislas/Downloads/dossier-entre-ombre-et-lumiere.pdf

[6] http://antiochus.over-blog.com/article-symbolisme-de-la-couleur-bleue-58435295.html

[7] Certains théologiens des origines (protologie) voient plutôt dans le Big-Bang un signe de l'existence du péché originel (Mgr Léonard, le P. FLorent Urfels, les orthodoxes Nicolas Berdiaev et Vladimir Lossky à Olivier Clément,...). L'extrémité SW du jardin d'Eden pourra, à cette fin, avoir une forme convexe entre les deux chérubins.

[8] Olivier Clément "Orient-Occident: deux passeurs, Vladimir Lossky et Paul Evdokimov" (p. 53-54)

[8bis]  Le mont des Oliviers est aussi associé à l’ascension de Jésus au ciel. Luc, dans les actes des apôtres, la situé sur le mont des Oliviers: « Alors, ils retournèrent à Jérusalem depuis le lieu-dit « mont des Oliviers » qui en est proche,– la distance de marche ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat ». (Act 1, 12)
Une première église de l'Ascension y a été édifiée entre 388 et 392. L’intérieur de cette église n’avait ni toit ni voûte et restait ouverte sous le ciel nu; seul son autel était couvert d’un petit toit. Sur ses ruines, les Croisés élevèrent en 1152 un nouveau bâtiment octogonal avec une coupole. Selon la Tradition, l’aglise contient la dernière empreinte du pied de Jésus sur terre avant son ascension vers les cieux. Elle est devenue une mosquée, la seule au monde qui autorise, chaque année, la pratique de l’Eucharistie à l'occasion de l’Ascension.

[9] Certaines images peuvent paraître choquante en allant plus loin et montrant le Père participant activement au supplice du Fils, en tournant de ses propres mains le levier de serrage qui entraîne l’écrasement dans la cuve !  C’est l’idée d’« une justice divine implacable », où « le Père se fait justice lui-même » (Selon François Boespflug « Dieu dans l’art à la fin du Moyen Âge », (éditions Droz, 2012).
Voir à ce sujet le tableau de l’église Saint-Gumbert d’Ansbach où l’on voit bien Dieu le Père, coiffé d’une couronne impériale, tourner la vis du pressoir, au-dessus d’une Vierge au cœur percé de cinq épées. Ce qui s’écoule de la cuve, ce sont… des hosties, recueillies dans un calice par saint Pierre coiffé de la tiare papale.

[10] Une capture est un phénomène géographique par lequel la source d’une rivière, en l’occurrence celle du Cédron »,  remonte en amont et détourne le cours d’une autre rivière (la Gehenne), parfois plus importante. Dès lors, il arrive que la vallée victime de ce détournement  s’en trouve asséchée. Le père Fontaine, dominicain,  prêcheur de la "Bible sur le terrain" et domicilié à Jérusalem expliquait, carte à l’appui, l’ancrage de la parole biblique jusque dans la géographie : Le Cédron, comme le côté du Christ, comme la source du Temple, ont revivifié la vie….
Les pères Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.successeurs du Père  Fontaine, confirment cette tradition. Les cartes utilisées étaient à Qyriat Yearim où sont entreposées le matériel de pèlerinage. 
Le secrétariat de l'Ecole biblique archéologique française de Jérusalem suggérait de contacter à ce sujet le Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., professeur de Topographie à l'Ecole Biblique. Sinon, il faudrait consulter les sites des départements de géographie ou de géologie des universités de Tel Aviv, Haïfa et/ou Jérusalem.

[11] Sculpté par Louis Polinière, vers 1600, arrière grand-père de Pierre Polinière, célèbre physicien qui faisait des expériences de physique devant Louis XIV