Un film documentaire, "Demain", réalisé par Mélanie Laurent et Cyril Dion, est sorti en salle le 2 décembre 2015. Son impact est grand auprès de tous ceux qui aujourd’hui croient, comme nous, que bien des travers de notre société trouveront des solutions à partir d'initiatives individuelles ou collectives, mixant imagination, intelligence, technologie, confiance et collaboration.
Faut-il encore poser les problèmes correctement sinon les solutions seront illusoires !  
Le "Courant pour une écologie humaine" fait la promotion de ce film. Mais c’est oublier le sens profond de l’écologie humaine : la famille est le premier écosystème de l’homme [1]. Pour l’homme, quel est l’environnement primordial pour vivre, se nourrir et se reproduire, si ce n’est la famille ? Jean-Paul II ajoutait d’ailleurs que "la première structure fondamentale pour une écologie humaine est la famille, au sein de laquelle l’homme […] apprend […] ce que veut dire concrètement être une personne" [2]
L’écologie humaine ne consiste pas à surfer sur une écologie comme les ONG ou l’ONU en font la promotion. Il ne suffit pas de rajouter,  à son sommet, une dose d’humanisme fut-il d’inspiration chrétienne. Si les fondements ne sont pas solides, cette pyramide s’effondrera, et le beau concept d’écologie humaine avec elle !
Sur quoi se fonde le Courant pour une écologie humaine pour dire que le film "Demain" a raison d’avoir "pris au sérieux la prophétie d’une fin possible de l’humanité". OUI, certes, il y a des travers à corriger dans notre relation au monde. Mais NON, l’apocalypse est d’origine divine. Elle n’est pas d’essence humaine, si grands soient les péchés de toute puissance de notre humanité.
Quel regard avoir sur ce film ?

source : Site "Ecologie humaine", du 23.12.2015

Commentaire: "les2ailes.com

1- Qui sont les réalisateurs du film "Demain"

Les deux réalisateurs,Cyril Dion et Mélanie Laurent, sont, tous les deux, des militants écologiques. 

1.1-  Cyril Dion
Cyril Dion est un ancien responsable de Colibris, une ONG qu'il a participé à fonder avec Pierre Rabhi.
Osons dire que Pierre Rabhi est un peu le nouveau Gandhi des écologistes ! Pourquoi cette comparaison avec Gandhi ? Pour comprendre, il faut avoir lu l’essai d’Arthur Koestler "Face au néant" (Calmann-Lévy, Paris, 1975) : « Il faut beaucoup d’argent pour permettre à Bapu de vivre dans la pauvreté » (« bapu » veut dire « père » dans la langue du Gujarât au nord-ouest de l’Inde où Gandhi est né en 1869).
Chez Pierre Rabhi comme chez Gandhi, il faudrait s’isoler du monde, un peu comme Gandhi critiquait le chemin de fer et les hôpitaux. Cyril Dion, malheureusement, trouve de l'écho auprès de certains chrétiens sensibles à l’écologie, qui n'ont pas compris le sens de cette conclusion de Koestler : « on ne peut s’empêcher de penser, aussi blasphématoire que cela puisse paraître, que l’Inde serait aujourd’hui en meilleure voie, et aurait une mentalité plus saine, sans l’héritage de Gandhi ».
Un rapport remis au premier ministre en 2014 par la « Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires » (MILIVUDES) fait état des liens entre le mouvement des Colibris de Pierre Rabhi et la mouvance Anthroposophique. L'anthroposophie se présente à la fois comme une spiritualité et une tentative d'aborder la nature humaine et les grandes questions qui animèrent de tous temps les religions par une nouvelle science des phénomènes de l'esprit. Cette philosophie se veut une pseudo-science, or elle dérive d'une doctrine précurseur du New-Age qui séduit progressivement des gens non-avertis en trompant la vigilance des institutions, tout en surfant sur la vague écologiste et altermondialiste[2bis]

Le film "demain" ne serait-il pas porteur d'une culture qui fera dire aux générations futures que les 10 milliards d'habitants que nous serons en 2050 auraient été dans une meilleur voie sans cela?

1.2- Mélanie Laurent
Mélanie Laurent a fait ses débuts d’actrice dans des longs métrages comme , "Les Adoptés"[3], et "Respire" [4] . Ces films n'ont pas fait l'unanimité de la critique:

La Croix titrait à propos de "Les adoptés" : « Une amitié toxique; Mélanie Laurent dépeint une amitié fusionnelle virant à la torture psychologique... »
L’Obs.fr parlait de "Respire" en disant: « Une fiction intense (d’après le roman homonyme de Anne-Sophie Brasme, Editions Fayard) où elle suit au plus près deux filles de 17 ans embarquées dans une amitié qui, peu à peu, tourne à la relation ambiguë et mortifère ».
- Ne parlons pas de ses nombreux clips vidéos, que Mélanie Laurent se complaît à laisser traîner sur le net, dans lesquels pornographie semble rimer avec écologie humaine ! 
Mais, ce qui nous intéresse ici est son engagement politique dans le militantisme écologique. 
Mélanie est engagée auprès d’ONG comme La Fondation Danielle Mitterrand ou Greenpeace.
Rappelons également que François Hollande avait choisie Mélanie Laurent pour l'accompagner pendant son voyage aux Philippines des 27-28 février 2015. Elle était une de ses deux ambassadrices retenue pour "incarner" son plaidoyer en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.

2- La bande annonce du film "Demain":

La bande annonce est articulé autour d'un dialogue entre des deux réalisateurs, Mélanie Laurent et Cyril Dion:

Les textes et images de la bande annonce sont les suivants. Dès les premiers propos, les sous-entendus malthusiens apparaissent (en gras):

- Cyril : "A été publiée il n’y a pas longtemps une information qui annonce la fin possible de notre humanité"
Des images apparaissent de tornades, de boues industrielles, de SDF, d’autoroutes, ... avec, comme sous titre des images: "réchauffement,  destruction des ressources, et surpopulation nous amènent à un point de bascule".
- Mélanie : "Il y a trois ans, Cyril est venu me parler de cette étude : elle disait que mon fils grandirait dans un monde où l’eau, la nourriture, le pétrole viendrait à manquer dramatiquement"
D’autres images présentent ce qui va mal : moissonneuses batteuses, élevages de poulets en batterie, nuages, avion,...
- Cyril : "Pendant sept ans, j’ai dirigé une ONG. J’ai essayé par tous les moyens de montrer que nous devons changer notre manière de vivre et les gens ne veulent plus qu’on leur dise que les choses vont mal. Tout va déjà trop mal. Alors, nous avons décidé de lancer quelque chose de nouveau".
Des images suivent pour illustrer ce qui est nouveau : les panneaux solaires, l’éolienne, le vélo, la cueillette agricole à la main, le commerce local,
- Mélanie "On est parti aux quatre coins de la planète pour trouver les femmes et les hommes qui proposent des solutions à tous ces problèmes".
- Un témoignage : "On se disait pas : Est-ce qu’on va sauver la planète ? On a juste commencé là où on était"
- Cyril : "Partout, des hommes et des femmes inventent un autre monde, qui respecte la nature et les humains,  d’autres façons de faire de l’agriculture, de l’économie, d’autres formes d’éducation, de démocratie"
- Un témoignage : "Faisons tout à la main sur un tout petit territoire ; ça peut produire autant qu’avec un tracteur sur un territoire dix fois plus grand !"
L’image est celle d’une plantation manuelle de plans de maïs. Les sous-titres : "San Francisco recycle 80% de ses déchets. Tout est réduit, réutilisé, recyclé ou composté".
- Cyril : "Que les personnes écrivent une nouvelle histoire. A la limite, il n’est pas trop tard. Il est possible de nous bouger"
On voit Pierre Rhabi, des indiens en train de pratiquer le sous-solage manuel avec des sous-titres : "Nous votons, nous gouvernons"
- Mélanie "On voulait mettre toutes ces solutions bout à bout. Comment faire  pour tenter de raconter une nouvelle histoire et montrer à quoi  notre monde pourrait ressembler".

3 - Les cinq solutions proposées par "Demain"

Nous reprenons ici, pour information, le texte exact des solutions proposées sur le site "Demain", avec leur "Pourquoi?" et leur "Comment".

3.1-  Manger bio et peu de viande

* Pourquoi (selon "Demain") ?
L’agriculture industrielle est responsable d’une majeure partie la destruction écologique sur la planète, de la disparition de milliers d’espèces et de millions de paysans (voir le rapport de la FAO).
Elle participe à l’épuisement des ressources en eau et contribue largement au réchauffement climatique.
L’élevage, à lui seul, est responsable de 18% des émissions de GES. 65 milliards d’animaux sont élevées chaque année dans des conditions insupportables pour être ensuite abattues. Pour les nourrir, des millions d'hectares de forêts sont rasés pour faire pousser du soja et du maïs qui épuisent et polluent les sols (à cause des pesticides). De nombreuses espèces et les populations qui y vivent sont chassées.
Quelques multinationales de l'agro-alimentaire contrôlent désormais une majeure partie des semences, tandis que les géants de la grandes distribution contrôlent une bonne partie de la production, de la distribution et des prix de la nourriture. La capacité de nous nourrir par nous-mêmes est mise en danger.

* Comment (selon "Demain") ?
Cultiver et se former à la permaculture ou à l’agro-écologie.
Trouver des producteurs sur des marchés, dans des magasins bio indépendants (comme les Biocoop par exemple), adhérer à une AMAP, rejoindre ou lancer un groupe Incroyables comestibles, passer par des systèmes directs vers le producteur comme La Ruche qui dit oui
Retrouver ici une carte des magasins et producteurs bio et locaux près de chez vous.

Commentaires "les2ailes.com"
On ne reviendra pas sur le caractère idéologique des thématiques d’épuisement des ressources en eau, du réchauffement climatique, de disparition de milliers d’espèces, de pollution des sols par les pesticides, de l’agriculture biologique, de la consommation de viande, etc...
Quant à la permaculture, elle mériterait un article à part entière. L’opinion publique imagine qu’il s’agit d’une méthode d’intégration de deux cultures alternées dans un même espace (courgettes entre des rangs de vigne, par exemple). En réalité, le mot a été inventé par des australiens pour signifier "Agriculture permanente". Wikipedia parle d’une "méthode systémique et holistique de conception d'habitats humains et de systèmes agricoles inspirée de l'écologie naturelle (bio-mimétisme) et de la tradition". La permaculture est un système de pensée qui "forme des individus à une éthique ainsi qu'à un ensemble de principes (design permaculturel)". On est bien dans l’idéologie.

3.2- Opter pour un fournisseur d’électricité renouvelable

* Pourquoi (selon "Demain") ?
Les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) participent activement au dérèglement climatique.
La plupart des pays occidentaux sont aujourd’hui totalement dépendants du pétrole, ce qui les place en position de grande vulnérabilité. A mesure qu’il deviendra plus coûteux à extraire, son prix augmentera, ce qui fragilisera énormément nos économies.
La lutte pour le contrôle et l’appropriation des ressources fossiles est (et sera) l’objet de nombreux conflits et de situations géopolitiques que de nombreuses populations subissent déjà.
L’énergie nucléaire est hors de prix, extrêmement dangereuse, consomme une grande part de l’eau douce et produits des déchets ultra polluants, dont nous ne savons que faire.

* Comment (selon "Demain") ?
Installer des sources renouvelables à la maison (panneaux solaires, mini-éolienne, géothermie…)
Opter pour une fournisseur d’électricité 100% renouvelable comme Enercoop.
L’idéal étant, dans le même temps de réduire sa consommation d’énergie et d’opter pour des transports doux comme le vélo !

Commentaires "les2ailes.com"
On ne reviendra pas sur le caractère idéologique du rôle du CO² sur le climat, les dangers du nucléaire, ni sur l’illusion des énergies à base de panneaux solaires et d’éoliennes...
Reconnaissons comme positif, ce concept : "La plupart des pays occidentaux sont aujourd’hui totalement dépendants du pétrole, ce qui les place en position de grande vulnérabilité". Sauf que la conséquence est plus celle du financement indirect de l’islamisme, plus que celui de la fragilisation de nos économies.

3.3 Acheter dans des commerces locaux et indépendants

* Pourquoi (selon "Demain") ?
De très nombreuses études montrent désormais qu’acheter dans une entreprise locale et indépendante créé 3 fois plus d’emplois, fait circuler 3 fois plus de richesses, permet de disposer de 3 fois plus de taxes locales pour faire vivre la collectivités, et rapporte 3 fois plus de dons pour les associations.
Sur 1 euros dépensé dans une multinationale, très peu restera dans l’économie locale. L’argent sera capitalisé et participera à renforcer les pouvoir des quelques géants mondiaux au détriment de l’économie du lieu. Les habitants perdront leur pouvoir sur leur économie.
Maintenir une économie locale, contrôlée par les habitants d’un territoire, limite les délocalisations et la spéculation et l’évasion fiscale.

* Comment (selon "Demain") ?
Vérifier qui détient les entreprises auxquelles vous acheter et quel est leur politique sociale et environnementale.
Retrouver ici un certain nombre d’adresses près de chez vous, que vous pouvez compléter !

Commentaires "les2ailes.com"
On ne reviendra pas sur le caractère idéologique du "locavore". Les AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) ont le même défaut que le "commerce équitable" [5] qui prétendait faire vivre les petites agricultures éloignées. Tous les deux entretiennent une double illusion. Celle des producteurs qui font croire que leurs produits sont meilleurs pour la santé, et qui cachent qu’ils imposent une forme d’obligation d’achat dans le temps incompatible avec la mobilité des consommateurs et que les prix pratiqués sont de 40 à 50% plus cher que ceux du commerce. Attention à ce que l’écologie ne soit pas un "esthétisme de luxe" disait le cardinal Vingt-Trois à Lourdes le 9 novembre 2011 !
Celle des consommateurs qui s’achètent une bonne conscience en s’imaginant participer ainsi au salut de la planète.
A trop se focaliser sur le concept de "proximité", on risque de négliger une problématique autrement plus grave : une certaine conscience collective nous pousse à adhérer à un certain libéralisme douanier qui est à l’opposé du maintien d’une agriculture paysanne dans les pays éloignés qui sont souvent les plus pauvres. Une distance, qu'on l'appelle proximité ou exotisme, n'est pas une valeur en soi. Tout dépend ce qu'on sous entend derrière cette sémantique. Il est des mots comme "proximité", ou "diversité", qui peuvent devenir des idéologies.

3.4- Changer de banque

* Pourquoi (selon "Demain") ?
La plupart des banques françaises ont des filiales dans les paradis fiscaux, incitant leur client à y dissimuler leur patrimoine. Les taxes sur ces sommes faramineuses permettraient de résoudre de nombreux problèmes que nous connaissons.
La plupart des banques pratiquent également des activités spéculatives notamment sur la faim.
Enfin, les principales banques françaises financent massivement le secteur du charbon, l’énergie fossile la plus émettrice de CO2.

* Comment (selon "Demain") ?
Quelques banques pratiquent une finance plus éthique et plus responsable. Les amis de la Terre ont effectué un classement concernant le climat, et le collectif Sauvons les riches, sur la spéculation et les paradis fiscaux. Par ordre décroissant d’éthique on y trouve La Nef, Le Crédit Coopératif et la Banque Postale.
Les amis de la terre ont mis au point un petit mode d’emploi pour vous aider. La Nef, et le Crédit Coopératif sont là encore les mieux notées.

Commentaires "les2ailes.com"
On ne reviendra pas sur le côté "bouc émissaire" de la spéculation en matière agricole. Certes, il existe une financiarisation de l’économie qui est parfaitement préjudiciable au bien commun. Certes les afflux de capitaux sur les bourses de marchandises agricoles peuvent avoir un effet sur la volatilité des cours, mais il est faux de parler de la spéculation comme cause des hausses de prix de matière première. Les hausses de prix sont toujours la cause des baisses de stock et non des interventions sur les bourses de matière premières.

3.5- Réduire, réutiliser, recycler, réparer, partager

* Pourquoi (selon "Demain") ?
Dans le monde, dix millions de tonnes de déchets sont jetés chaque jour. Les décharges, les rivières, les forêts, les océans sont gorgés des rebuts de la société occidentale. En Afrique, ce sont des villes entières qui accueillent les vieux ordinateurs, téléviseurs, véhicules que nous n’utilisons plus, polluant les eaux, la terre, intoxiquant les enfants… Parallèlement, un tiers de la nourriture que nous produisons finit à la poubelle.Parallèlement la majeur partie des ressources naturelles s’épuisent.
Recycler créé 10 fois plus d’emplois que l’incinération
Partager les objets plutôt que les posséder nous permettrait de réduire immensément nos besoins de matières premières.
Zero Waste propose trois vidéos pour bien comprendre l’enjeu des déchets.

* Comment (selon "Demain") ?
Apprendre ou réapprendre à bien trier avec le guide du tri.
Composter en ville (avec un lombri-composteur à la maison, ou dans des composteurs collectifs) ou dans son jardin.
Réparer, réutiliser dans un Fab Lab (ici une carte des Fab Lab en France).
Partager plutôt qu’acheter. C’est ce que propose notamment l’association OuiShare.

Commentaires "les2ailes.com"
On pourra reconnaître que cette thématique du recyclage des déchets est peut-être un des points intéressants à développer. L’« écologie circulaire » est un concept à faire connaître. Mais il ne faut pas tomber dans l’idéologie et faire de la lutte contre le gaspillage une panacée qui deviendrait à son tour un gaspillage économique. Certes, il est une économie financière qui peut devenir contraire au bien commun, mais l'économie est également un instrument de mesure de l'efficacité.
Quant au "recyclage" et au compostage à la ville, il peut paraître bucolique de vouloir produire des lombrics sur son balcon, mais sachons mesurer le temps passé au détriment de celui consacré au service du prochain ou de la catéchèse. Il y a une économie et une écologie du temps qu'il faut savoir prendre en compte. Il n'est pas certain que la planète et l'humanité se porteront mieux si l'homme ne sait pas placer les priorités au bon endroit, car "tout est lié" (Laudato si)

4 - La promotion faite par le "Courant pour une écologie humaine"

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, nous considérons que le Courant pour une écologie humaine court des risques à faire la promotion en parlant d’un "documentaire à voir absolument. … pour ressortir deux heures plus tard, convaincu".
Convaincu par quoi ?

4.1- L’illusion d’une apocalypse d’origine humaine.

Le Courant pour une écologie humaine écrit que les réalisateurs ont "pris au sérieux la prophétie d’une fin possible de l’humanité", d’avoir "constaté l’existence de nombreux films dédiés aux exterminations possibles de l’humanité".
Non : Notre Credo en Christ ressuscité transcende toute notre vie de chrétien. Nous vivons entre la Croix et la parousie, en attente d’une Terre nouvelle. Le retour du Christ nous est annoncé dans le livre prophétique de l’Apocalypse, mais ce n’est pas l’apocalypse annoncée par certains écologistes. L’apocalypse est-elle vraiment le cataclysme, annoncé par les ONG environnementales, et consécutifs à des bouleversements climatiques prétendument créés par l’homme ?
Les livres de style apocalyptique sont souvent écrits pendant des périodes troublées, d’occupations et de persécutions. On parle au futur pour ne pas dire que le mal est là, présent sous les yeux des croyants. Ainsi, quand le livre de Daniel est écrit, vers -150, le peuple hébreu est sous occupation hellénique : "ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a pas eu depuis qu’existe une nation jusqu’à ce temps-là. Et en ce temps-là ton peuple sera sauvé" (Daniel 12,1-3).
Le livre de l’Apocalypse a été écrit, lui aussi, pendant une période troublée : sous Néron, les chrétiens sont obligés d’adorer l’empereur. L’empire romain arrivait à sa fin avec le règne de Domitien. Les chrétiens sont toujours persécutés et la gnose est omniprésente dans tout le bassin méditerranéen.
Le livre de l’Apocalypse, est alors lu comme une prophétie d’espérance -celle de la fidélité de Dieu-, une révélation de ce qui est à venir et une véritable interprétation du monde. Parole de Dieu, parole de tous les temps, c’est comme cela qu’il faut lire aujourd’hui le livre de l’Apocalypse.
Le sujet central du Livre est l’Église, l’Église incarnée, l’Église combative contre les puissances de ce monde et l’Église transfigurée, l’Église dont le Christ a dit, quand il la fonda, que "la puissance de la mort n’aura pas de force contre Elle [6]".

Tout cela est-il une raison pour pratiquer le catastrophisme éclairé ?

4.2- Le piège du catastrophisme éclairé

Il ne suffit pas de partir de bonnes intentions pour arriver à de bonnes recettes. Or le Courant pour une écologie humaine semble adopter les recettes du film "Demain" qui serait sensé "nous révéler de nouveaux systèmes agricoles, énergétiques, économiques, démocratiques et éducatifs" nous lancer dans la "dynamique d’un cercle vertueux, à la fois concret et accessible : à hauteur d’homme et loin du constat catastrophiste d’une fin inéluctable. Une ode à la complexité et à l’interdépendance : richesse sur laquelle la nature, elle, n’hésite pas à capitaliser !".
C’est oublier que le film demain, comme tous les discours écologiques, commence par envisager « la fin possible de notre humanité ». Faire un peu peur et mentir un petit peu, voilà la devise des "catastrophistes éclairés" si bien décrit par Jean-Pierre Dupuy : le catastrophisme éclairé vise à "obtenir une image de l'avenir suffisamment catastrophiste pour être repoussante et suffisamment crédible pour déclencher les actions qui empêcheraient sa réalisation" !
Le philosophe Michel Onfray a raison de dire que celui "qui utilise la peur comme méthode renonce à la raison, à l’éducation, à la démonstration, à la persuasion, au dialogue, à l’échange pour tabler sur les passions, le pathos, le sentiment, l’émotion, qui sont mauvais conseillers quand on veut penser juste et droit. Faire peur est tout juste bon pour ceux qui ont renoncé à la raison – et qui sont nombreux ces temps-ci."

5- Conclusion

Notre analyse ne veut,
- ni prétendre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes,
- ni contester un regard optimiste du film "Demain" qui montre que des initiatives de terrain permettent de donner de l'espoir pour réformer ce qui doit l'être.
Par ailleurs, le Courant pour une écologie humaine, on ne peut le nier, est animé par des chrétiens et des sensibilités soucieuses du bien commun.
Mais on peut regretter la confusion faite entre "écologie humaine" et "humanisme écologique", surtout si on entend par "humanisme" tout ce qui ressemble aux idéaux dits éclairés qui font la promotion d’un éco-malthusianisme dépassé et d’une gouvernance mondiale dépourvue de toute subsidiarité. A tout mélanger, ce sont à la fois le concept même d'écologie humaine qu'on met en danger et à la fois leurs auteurs qui font, par ailleurs, un magnifique travail en matière de défense de la vie et de bioéthique.
On savait que les écologistes avaient perdu la bataille électorale, mais ils ont gagné la bataille culturelle. Le film "Demain" incarne cette évidence. Toutes les allégations classiques y sont assénées.


[1] Ce concept est défini par Larousse comme « un système formé par un environnement et les espèces qui y vivent, s’y nourrissent, et s’y reproduisent »

[2] Jean-Paul II, Centisemus annus, op. cit., § 39; et Compendium de la doctrine sociale de l’Église, op. cit., §212.

[2bis] Elle fut principalement développée par Rudolf Steiner. Partant de la conviction qu'il existe une dimension spirituelle accessible à l'intuition, Steiner développe une théorie de la connaissance (épistémologie) qui s'appuie d'abord sur son étude des écrits scientifiques de Goethe. Sa pensée s'enrichit des nombreuses traditions spirituelles : en particulier la mystique allemande, les traditions chrétiennes et la philosophie orientale. L'anthroposophie, telle que Rudolf Steiner l'a développée, veut s'appliquer à une large diversité de domaines : éducation (école Steiner-Waldorf), arts (eurythmie, peinture, théâtre, sculpture, musique, etc.), santé (médecine anthroposophique, pharmaceutique, cosmétique (Weleda), mouvement Camphill), économie (La Nef, GLS Gemeinschaftsbank, Triodos Bank), politique (tripartition sociale), agriculture (biodynamie), religieux (Communauté des chrétiens).

[3] La Croix titrait à propos de ce film : « Une amitié toxique; Mélanie Laurent dépeint une amitié fusionnelle virant à la torture psychologique... »

[4] L’Obs.fr parlait d’ « Une fiction intense (d’après le roman homonyme de Anne-Sophie Brasme, Editions Fayard) où elle suit au plus près deux filles de 17 ans embarquées dans une amitié qui, peu à peu, tourne à la relation ambiguë et mortifère »

[5] On connait ces labels proposés aux consommateurs des pays occidentaux. Leurs importateurs ne cachent pas que ces produits sont leurs vendus à des prix supérieurs au marché. Cet écart permettrait d’acheter les denrées aux producteurs à des prix supérieurs à ceux du marché mondial libre.
Dans la pratique, ce type de marketing entretient une double illusion.
La première illusion menace les producteurs. Le risque est grand de voir les producteurs du Sud investir surtout dans des cultures d’exportation, qui représentent pour le moment leur principale source de revenu, en délaissant les cultures vivrières dont l’importance est capitale pour leur assurer une certaine autonomie alimentaire. Ce risque s’accroit au fur et à mesure que la tendance dominante est l’accroissement des débouchés pour les « produits équitables ». Par ailleurs, et c’est la conséquence de ce qui précède, un appauvrissement du tissu économique, dû à une valorisation excessive des cultures d’exportations conduit à une faible diversification des activités économiques génératrices de revenus. On peut défendre l’idée selon laquelle ce risque pourrait être atténué par l’investissement d’une partie des bénéfices dans la réalisation de projets de développement communautaires. Cette idée pourrait s’avérer juste à condition que les organisations de « commerce équitable » mettent autant d’efforts dans l’instauration d’une économie solidaire basée sur des cultures vivrières que dans la conquête de parts de marché pour les produits équitables. Même si, du point de vue théorique, le commerce équitable défend explicitement le principe d’une économie solidaire, dans la pratique, pour le moment, il n’a pas encore suffisamment contribué à la mise en place d’une telle économie.
Un rapport de l’« Institut de Recherche des Nations Unies pour le Développement Social » (UNRISD)[6] déplore également le renforcement des mécanismes de dépendance vis-à-vis des marchés mondiaux. En effet, dit le rapport, « il existe une contradiction entre la conception du développement du commerce équitable, celle qui défend l’idée d’un accroissement des capacités d’autonomie, et l’intégration des produits équitables dans le circuit économique traditionnel qui tend vers un renforcement des mécanismes de dépendance. Comment rester fidèle à cette conception qui est chère au commerce équitable alors que certaines pratiques vont … vers une consolidation des liens de dépendance? ».
La seconde illusion qu’entretient le concept de « commerce équitable » concerne le consommateur. Il y a une forme d’exploitation, par ce type de marketing, à mélanger le concept de « produit biologique » et le concept de solidarité qui relève souvent d’une forme de déculpabilisation pour le consommateur.  Le rapport de l’UNRISD reprend un sondage de l’ONG Alter Eco, selon lequel 37% des consommateurs reconnaissent qu’ils achètent un produit équitable croyant sa qualité meilleure. Il ajoute que « le fait que les consommateurs aient tendance à faire passer le critère de la qualité avant celui de l’acte citoyen soulève un problème important, qui concerne le risque élevé de la dilution du message de solidarité que le commerce équitable essaie de faire passer dans un acte d’achat purement économique, renvoyant au simple rapport qualité-prix ». Nous ne reviendrons pas ici sur nos propos sur la dite « agriculture biologique » qui ne répond qu’à des obligations de moyens et aucunement de résultats. Les produits d’habillement produits avec des cotons biologiques ne sont pas de meilleure qualité parce que « biologiques », et n’ont pas plus assuré une qualité environnementale sur les lieux de production.
Quand il a acheté de tels produits dits « équitables », le consommateur s’achète une bonne conscience à faible coût, sans ouvrir les yeux sur la double illusion que nous venons de souligner. Dès lors, il devient incapable de voir les enjeux de la mondialisation du commerce, se laisse convaincre par le discours ambiant selon lequel la disparition des frais de douanes favoriserait les pays les plus pauvres alors que l’Organisation Mondiale du Commerce contribue, au contraire, à enfoncer les Pays les Moins Avancés (PMA).
Nous avons longuement expliqué le rôle bénéfique que pourrait jouer le rétablissement des frais de douanes à l’importation pour protéger le producteur des agricultures pauvres contre des importations, par exemple de blés américains. Les petits producteurs africains sont, on l’a vu, dans l’impossibilité de soutenir la concurrence américaine ou brésilienne. Mais, il faut aussi parler, maintenant, de la nécessité de rétablir des frais de douanes à l’exportation pour éviter que les producteurs ne se consacrent à des cultures, de café par exemple,  achetées par des consommateurs occidentaux à gros pouvoir d’achat, au détriment de la production de cultures vivrières pour le marché local.
Pour résumer, on peut dire que la stratégie de l’Organisation Mondiale du Commerce, consistant à supprimer tous les frais de douanes, vise, pour les pays développés, à protéger le consommateur occidental de prix élevés et à assurer des débouchés à leurs agricultures les plus compétitives.
On oublie souvent que le « commerce équitable » puise sa source dans des théologies dite de « la libération »[6], ou dans des idéologies altermondialistes dont on verra, plus loin, l’alliance suspecte avec les ONG écologistes et antinatalistes. Cette inspiration est perçue par le consommateur comme louable, mais, avec le recul, ces courants de pensée ont fait la preuve qu’ils  manquaient quelque peu de hauteur de vue sur les problématiques mondiales de commerce.
Or que constate-t-on en prenant un peu de hauteur, par exemple sur le commerce du café, denrée emblématique des promoteurs du commerce « dit équitable » ?
Les cours du café sont l’exemple typique de ce qui arrive quand on supprime les protections douanières d’un produit agricole. La courbe ci-dessous, montre bien que les cours sont capables de varier du simple au quadruple en peu de temps. Exprimés en $ (cents) constants, ils ont été divisés par quatre en 30 ans.
Le revenu des petits producteurs de café a donc chuté dans de très grosses proportions. Quand il s’agit d’un produit non essentiel –le café- qui est produit essentiellement par des pays dits « du Sud », il y a une forme de cynisme, de la part des pays développés, à organiser cette baisse à travers une concurrence entre les pays les moins avancés.
Or, les propriétaires des labels « commerce équitable » exercent leur activité à l’ombrelle des multinationales et profitent de cette situation. Certes, ils pratiquent des prix d’achat légèrement supérieurs au marché mondial. Mais, ils sont ainsi, malgré tout, complices des grandes multinationales qui plaident pour la suppression des frais de douanes. Ils entretiennent l’illusion que leur commerce est « équitable » ou éthique », alors qu’un véritable commerce équitable passerait par des mesures autrement plus fondamentales et profondes… au risque que le consommateur des pays du Nord doive payer son café considérablement plus cher !
Le rapport de l’« Institut de Recherche des Nations Unies pour le Développement Social » (UNRISD) souligne d’ailleurs : « les limites du commerce équitable apparaissent clairement quand on se demande pourquoi tous les types de produits manufacturés, et non seulement quelques produits artisanaux, ne font pas l’objet d’un commerce équitable. La réponse semble évidente du fait que, dans le domaine des produits manufacturés, donc transformés, le commerce équitable ne sera jamais en mesure de créer ses propres unités de production ».
C’est sur ce dernier point que le « commerce équitable » devient un concept « fourre tout » : les tenants d’idées sociales modérées se retrouveront à l’aise dans l’idée d’un commerce solidaire. Mais beaucoup d’ONG altermondialistes se serviront du concept de « commerce équitable » pour faire avancer des concepts malthusiens de « croissance douce » selon lesquels la production artisanale serait une solution mondiale.

[6] Mt 16, 18, traduction œcuménique.