Dans une page d’évangile (Mt 21, 23-27), Jésus pose la question de la source de l'autorité : « les grands prêtres et les anciens du peuple s’approchèrent de lui et demandèrent : « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? » Jésus leur répliqua : « À mon tour, je vais vous poser une question, une seule ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela : Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel ou des hommes ? ».
Quand il s'agit de questions prudentielles, de quelle autorité parle l'Eglise?
Elargissons la question le thème de l'émission de Louis Daufresne le 9 décembre 2021. Il avait consacré son émission du grand témoin aux expériences menées en 1963 par Stanley Milgram pour mesurer la capacité de 300 expérimentateurs à se soumettre, l'un après l'autre, à une autorité scientifique leur demandant de soumettre un patient à des décharges électriques croissantes pouvant aller jusqu’à des niveaux de voltage mortels(450 volts).

Analyse: les2ailes.com

Transposons à l’écologie ce que notre soumission à la science climatique pourrait impliquer, alors qu’elle n’en n’est qu’à des balbutiements et que l’explication solaire du réchauffement devient de plus en plus avérée:  

  • Électrochoc 1: Au nom du CO2, l’éco-taxe instituée dans les années 1975… si cela peut leur faire plaisir!
  • Électrochoc 2: Au nom du CO2, l’obligation de Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) avant toute transaction immobilière (coût léger)
  • Électrochoc 3: Au nom du CO2, investissement de 1.000 milliards pour atteindre 5% d’électricité dans l’éolien et le solaire! (un coût collectif est indolore)
  • Électrochoc 4: Au nom du CO2, obligation de remplacer les vieilles chaudières à fuel et les voitures thermiques (coût exorbitant pour les classes moyennes malgré des subventions probables ! L’écologie de la contrainte s’éloigne de la subsidiarité en matière de consommation)
  • Électrochoc 5: Au nom du CO2, interdiction faite, lors de la COP26 aux pays riches de financer l’exportation de chaudières au charbon (coût dramatique pour l’Afrique: les pauvres deviendront encore plus pauvres)
  • Électrochoc 6: Au nom du CO2, mise à disposition des consommateurs de calculateurs d’émissions carbone sur leurs achats (SNCF, …)
    Puis, couplage des cartes bancaires à des smartphones qui indiquent par message les émissions de CO2 pour chacun des achats effectués (cf. start-up suédoise, Doconomy associée à MasterCard).
    Et ensuite, au nom du CO2, instauration d’un quota individuel d’émission de CO2 avec blocage automatique des achats en cas de dépassement contrôlé sur présentation d’un « pass-écologique » individuel (contrôle numérique de la société)
  • Électrochoc 7:  pourquoi pas, au nom du CO2, « No kids, exept one »: Un seul enfant pour sauver la planète ! Pour le second enfant, l’IVG sera un devoir, sans restriction de délai, au même titre que l’Interruption médicale de grossesse (IMG). En cas de refus de pratiquer cette Interruption Écologique de Grossesse pour leur second enfant, les parents n’auront plus droit à la solidarité nationale ni pour la santé ni pour l’éducation de leur second enfant. Leurs quotas individuels d’émission de CO2 ne seront majorés que pour le premier enfant.
    Et « No kids exept one …and cared ». L’OMS aura mis en œuvre ses  recommandations sur la modification du génome humain pour faire progresser la santé publique malgré certains risques reconnus comme dans le cas de la modification des génomes humains germinal et héréditaire, où les modifications du génome des embryons pourraient être transmises aux générations suivantes et modifier les caractéristiques des descendants.
  • Électrochoc mortel: au nom du CO2 « No seniors ». Les seniors seraient tenus d’intégrer un Ehpad et l’euthanasie écologique y serait de rigueur sur décision d’une commission médico-sociale qui jugerait de la contribution productive de chaque senior pour la société. Les familles ne seraient sollicitées qu’à titre consultatif et selon leurs ressources pour financer la prolongation de séjour et de soin dans l’Ehpad. Il n’est pas sûr que Jean-Marc Janvovici renierait de telles idées dans le cadre de l’euthanasie écologique qu’il promeut.

Est-il bien utile de se laisser aller à une telle science fiction? Deux réflexions à ce sujet:
D’un côté, il y a le risque de donner raison à Job: « toutes mes craintes se réalisent et ce que je redoute m’arrive » (Job 3:25). D’autant qu’un raisonnement poussé à l’extrême relève d’une dialectique souvent stérile. Pourtant le pape François ne s’abrite pas derrière un complotisme que personne ne lui attribue pour nous recommander de lire "Le Maître de la Terre" de Robert Hugh Benson : "avec ce type de gouvernement, on perd la liberté" disait-il dans l’avion le 6 décembre 2021. 
D’un autre côté, de tels scénarios ne convainquent pas ceux qui se soumettent volontiers à l’autorité des hommes. C’est si inutile que Jésus répond à ses interlocuteurs qui refusent de lui  répondre: « Il leur dit à son tour : "Moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela" ».(Mt 21, 23-27)

Et l’Eglise? Quand elle met en place un label « Eglise verte » dont 3/4 des critères relèvent de la réduction carbone, le fait-elle au nom « du ciel ou des hommes »? Est-ce une « réponse hâtive » ou, comme se le demandait Benoit 16 dans son message pour la 46ème journée mondiale des communications sociales, du dimanche 20 mai 2012  cela permet-il "à … l'homme contemporain souvent bombardé de réponses à des questions qu’il ne s’est jamais posées…de s’interroger [et] de descendre au plus profond de lui-même et de s'ouvrir à ce chemin de réponse que Dieu a inscrit dans le cœur de l'homme....  »? Que se diraient les responsables de pastorale écologique pour répondre à cette question ? Seraient-ils comme les pharisiens de l’évangile: « Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : « Si nous disons : “Du ciel”, il va nous dire : “Pourquoi donc n’avez-vous pas cru à sa parole ?” Si nous disons : “Des hommes”, nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. » Certains zélés (et non zélotes) proches de l’Eglise pourraient être embarrassés de prétendre que leur catastrophisme leur est dicté par Dieu alors qu’il ne se fonde que sur une ingénierie humaine de consensus. Et s’ils sont convaincus de l’existence de questions autrement plus essentielles à susciter en matière de pastorale, pourquoi ne font-ils pas silence pour aider chacun à se mettre à l’écoute de Dieu au plus profond de son cœur?
Et nous? À quelle source puisons-nous nos exercices d’autorité ? Sommes-nous volontiers soumis aux arguments d’autorité, aux hommes en blouse blanches ou situés en haut d’une estrade gouvernementale? Ou bien puisons nous nos ressources dans notre baptême et dans les sacrements?