Une sémantique ne cesse de se développer appelant notre temps à "rendre la nature à son état initial", à lui "rendre" ce que l’homme aurait usurpé ! Les ONG écologiques ont commencé. Par démagogie, les gouvernements et les parlements ont suivi. Même les entreprises se mettent à en faire un objectif d’entreprise !
Resterait à définir quel est l’état initial à prendre en compte. L’époque préindustrielle ? Pourquoi pas l’ère du Carbonifère ? C’est un grand rêve écologique de mettre la planète sous cloche, à l’abri des prédations de l’homme. Pourquoi ne pas renverser le propos avec l’idée que nos consommations de charbon ne font que rendre le CO2 qui était dans l’atmosphère avant le Carbonifère? Cette ère était florissante grâce à un taux de CO2 dans l’atmosphère 30 fois supérieur à la dose actuelle. La végétation de l'époque a explosé... à un degré bien supérieur aux bénéfices que tirent nos agricultures de l'augmentation actuelle de CO2 dans l'air!
Ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas de justifier ici un gaspillage de nos ressources énergétiques. Tout gaspillage relève d’une forme de culture de mort. Au contraire, l’appel à la sobriété est source de vie.
Reprenons tout ce raisonnement :

Analyse : les2ailes.com

1- Rendre la nature à son état initial

Les ONG écologiques ont gagné une vraie bataille culturelle en rendant universelle l’idée qu’il faudrait rendre à la nature ce qu’elle nous a donné. Ainsi, le service RVS (Réserves de Vie Sauvage) de l’ASPAS (ASsociation pour la Protection des Animaux Sauvages) a pour objectif d’acheter des terrains pour les « rendre à la nature » (ASPAS). Pour l’association Reporterre, « restaurer les écosystèmes dégradés est l’un des défis pour l’avenir… pour rendre à la nature son territoire ». (Reporterre).
Cette bataille sémantique a gagné le terrain politique. Ainsi le gouvernement s’est fixé un plan de lutte contre l’artificialisation des sols, avec comme objectif de « rendre à la nature » l’équivalent des superficies consommées (écologie.Gouv). Toute l’Europe est contaminée puisque, dans un avis du 18 juillet 2002, le Comité économique et social (CES) du Parlement européen a accueilli favorablement un projet de directive du parlement européen pour « prévenir les dommages et rendre la nature à son état initial » (observation 3.1)
Le monde des entreprises ne veut pas rester en arrière. Ainsi, LVMH estime que « Rendre à la nature ce qui lui est emprunté est un objectif majeur que s’est fixé LVMH » (LVMH). L’entrepreneur Yves Rocher aimait dire : « Nous avons un devoir suprême vis­-à­-vis … des générations futures, de leur laisser une terre comme celle que nous avons reçue. Il faut rendre à la Nature, ce qu’elle nous a donné. » (Yves Rocher).

Tout le débat est de savoir quel est l’état initial de la « nature » ?

2- Une hausse de la teneur en CO2 d’origine anthropique incontestable

Quand l’homme émet du gaz carbonique par combustion des ressources fossiles de charbon ou de pétrole, la  teneur en gaz carbonique dans l’atmosphère augmente. Elle était de 310 ppm dans les années 1950. Elle dépasse les 400 ppm dans les années 2020 ! Pour assurer son progrès économique, l’homme doit disposer d’une énergie abondante et bon marché. L’énergie nucléaire pourrait assurer une transition, mais seulement sous sa forme électrique. Les besoins en énergie non électrique sont encore considérables. Inutile, donc, de contester l'impact humain sur la teneur en CO2 de l'atmosphère. Ce qui est contestable, c’est son effet sur le climat. De nombreuses publications mettent en défaut le Giec dans sa théorie anthropique du réchauffement climatique. Le "cycle solaire de Suess" (variations cycliques de +/- 200 à 400 ans de +/- 1.5°C) pourrait expliquer par exemple la période chaude médiévale si favorable à l’agriculture dans le Groenland (Terre verte)? Les variations de l’activité magnétique du soleil expliquent celles des rayons cosmiques atteignant la terre et leur impact sur la couverture nuageuse et sur le climat.

Si donc les émissions de CO2 n’ont pas d’effet sur le climat, au nom de quel principe faudrait-il se priver de ces ressources naturelles ?

3- Rendre le CO2 à l’atmosphère telle qu’elle était au Carbonifère ?

Le Carbonifère est une période géologique de l’ère Primaire qui s'étend de −358,9 ± 0,4 à −298,9 ± 0,2 millions d'années (Ma).Son nom provient des vastes couches de charbon qu’il a laissées un peu partout dans le monde.
Après le refroidissement amorcé durant l’ère précédente, le Dévonien, la température reste tiède, malgré un taux de CO2 estimé à 0,9 % et stable[1] durant la première partie du Carbonifère. Pendant la seconde partie du Carbonifère, le climat se refroidit à nouveau. 
La baisse globale du niveau de la mer  s’inverse au début du Carbonifère. Cette hausse du niveau de la mer crée noye des quantités considérables de végétaux qui, à l'abri de l'oxygène, se fossilisent. Le niveau de la mer s'abaisse de nouveau vers le milieu du Carbonifère.
Ce sont ces phénomènes climatiques et océaniques qui sont à l’origine de  larges dépôts de charbon avec :

  • l’apparition d’arbres à écorces et en particulier ceux à écorces ligneuses qui se développent grâce à une photosynthèse favorisée par une température tiède et une teneur en CO2 dans l’atmosphère trente fois celui du xixesiècle[2] ;
  • le niveau des mers, peu élevé, comparé à celui du Dévonien, qui a permis l’extension de vastes marécages et forêts en Amérique du Nord et en Eurasie.

Avant la fin de la période carbonifère, il y a environ 305 millions d'années, une extinction de masse a eu lieu, qui a concerné principalement les plantes, appelée effondrement de la forêt pluviale du Carbonifère[3](en anglais CRC, Carboniferous Rainforest Collapse). De vastes forêts humides se sont effondrées soudainement alors que le climat, chaud et humide, devenait frais et sec, probablement à cause d'une glaciation intense et d'une baisse du niveau de la mer[4].
Le charbon a arrêté de se former il y a près de 290 millions d'années (fin du Carbonifère). Ce sont des milliers de milliards de tonnes de carbone qui ont été fossilisés en charbon, en pétrole, en gaz naturel ou gaz de schistes. Ces réserves sont considérables par rapport à ce qu’en consomment les activités humaines. Si l’homme voulait rendre la nature à son état initial du Carbonifère, il lui faudrait sans doute plusieurs milliers d’années.[5] 

4- « Rendre à la nature » ce que l’homme utilise : un concept sacré?

Les écologistes veulent maintenir la planète dans son état préindustriel. Le Giec ne s’y trompe pas et commence toutes ses calculs en 1850, ce qui est une posture scientifique incompréhensible.
Par ailleurs, les écologistes n’aiment pas l’humour car y voient une façon de tourner en ridicule ce qu’ils considèrent comme sacré. Proposer aux écologistes de rendre la nature à son état initial du Carbonifère et restituer le CO2 qui serait resté dans l’atmosphère si la végétation de l’époque ne s’était pas fossilisée relève de l'humour. Il n'empêche qu'il s'agit d'une bénédiction pour l’homme que cet accident de la nature !
L’argument humoristique n’en n’est pas un pour justifier le gaspillage économique d’énergie.
Nous préférons l’appel à la sobriété à condition d’en bien comprendre le sens.

5- La sobriété : culture de vie !

Une sobriété, perçue comme un outil matériel pour économiser des ressources naturelles qui ne sont pas près de s’épuiser, relève d’une théorie de la "redistribution". Bertrand de Jouvenel dans son célèbre ouvrage, la qualifie d’inepte. L’auteur appelle à cesser tout discours sur la "redistribution", qui, "au fond, est un peu une variante de l’envie et a quelque chose de malthusien dans ses fondements". Or le malthusianisme n’a jamais été un facteur de développement. La principale des ressources naturelles est l’homme lui-même. En quoi consommer moins aiderait-il l’homme à puiser en lui des ressorts d’innovation  pour sortir d’une ère de l’énergie fossile à une autre ? Ce temps adviendra avant que les ressources soient épuisées. L’économie poussera l’humanité à changer d’ère, comme l’âge de fer a pris fin sans que les ressources en fer ne soient épuisées.
Chercher à rendre à la nature ce dont elle nous a comblé relève d’un rêve absurde de retour au paradis perdu.
Il n’y a pas dans ce propos une justification du gaspillage. Tournons simplement les yeux vers le futur, plutôt que de vouloir rendre la nature à son état initial !

La sobriété est une vertu qui protège l’homme de ses propres excès. Sans sobriété, la consommation risque de relever d’une véritable culture de mort. Une analyse du philosophe Fabrice Hadjadj, auteur de l’ouvrage « Réussir sa mort »[6], sert de base à notre réflexion.
L’écrivain s’appuie, d’abord, sur l’expression « fin de vie » dont il voit un double sens : d’un côté, le but ou la finalité de toute vie, et, de l’autre, l’issue ou le terme d’une vie.

  • Le premier concept de « fin de vie » est celui qu’avait déjà posé Aristote en disant que chaque choix humain a pour « fin » ultime son bonheur, ce qu’il appelle le désir d’un « souverain bien ». C’est un bien tel qui comble l’homme au point de ne plus rien laisser à désirer, sauf le débordement d’un bien toujours plus grand. C’est d’ailleurs ce que Dieu déclara à Moïse en lui remettant le décalogue: « Vois, je te propose aujourd'hui vie et bonheur, mort et malheur »[7].
  • Tout acte délibéré a pour fin de nous rapprocher du « souverain bien ». C’est parce qu’on désire le bonheur que le malheur paraît inadmissible. En revanche, lorsqu’on fait le mal, c’est qu’on choisit un bien inférieur à celui de notre vocation, ce qui ne pourra jamais nous combler, et progressivement, on va haïr ce qu’on a aimé indument.
  • Le second concept de « fin de vie » est celui de l’issue ou du terme de la vie. Il concerne l’expérience de la séparation de l’âme et du corps, avec la souffrance, la peur et l’angoisse, qui accompagnent la mort. Il s’agit de la fin dernière qui est déchirure.

Ces deux « fins » sont en contradiction. On aspire au bonheur, mais on doit mourir. La mort viendrait donc contrecarrer cette quête du bonheur. Le chrétien, par la résurrection de Jésus Christ, sait que sa mort est, en quelque sorte, la réconciliation de ces deux termes. Par Notre Seigneur, nous sommes appelés au souverain bonheur, éternel, par le don de notre vie dans l’amour. Le souverain bien revient, en quelque sorte, à se perdre soi-même. Cette dépossession de nous-mêmes nous permet une renaissance pour l’éternité.
Notre société, qui a éclipsé « le sens de Dieu et le sens de l’homme » a perdu, en sus, le sens de la mort. En perdant le sens de Dieu, il deviendrait « vital » pour l’homme de perdre le sens de la mort.
Pour parvenir à oublier la mort, l’homme développe toutes sortes de stratégies d’esquive devant le drame de cette déchirure entre deux réalités, le désir de bonheur d’une part, et la conscience que la vie a un terme, d’autre part. Fabrice Hadjadj fait la typologie des efforts mis en place par notre société pour oublier la mort. Tous ces artifices reviennent à réduire cette fracture et ce drame en minimisant le poids de chacun des deux concepts de la mort :

  • soit par un obscurcissement de la conscience de la mort,
  • soit par un affaiblissement des désirs de bonheur.

Fabrice Hadjadj en cite un: il parle du « divertissement consumériste » qui revient à profiter de la vie pour ne plus voir ce qu’est la mort. Pendant que je « consomme », j’oublie, je me divertis. Dans ce « divertissement consumériste », l’homme perd conscience de son pouvoir mortifère sur autrui, et, souvent, finit par perdre conscience de sa propre mort. 
La consommation de CO2 est un indicateur comme un autre du niveau de ce « divertissement consumériste ». Voilà une raison essentielle pour ne pas en abuser. Toutes les autres raisons de limiter des émissions de CO2 ne sont que des alibis qui:
- cachent l'égoïsme du Nord voulant enfermer le Sud dans la pauvreté,
- cachent un malthusianisme cherchant à justifier une réduction de la population,
- cachent une volonté de gouvernance mondiale pour résoudre un prétendu problème climatique global,
- cachent un athéisme voulant tuer le "culte au créateur" au profit d'un "culte à la créature"...
Il n'y a dans cette analyse aucun complotisme, tous ces acteurs étant incapable d'avoir inventé ce mensonge écologique. Ce n'est au mieux qu'un effet d'aubaine pour chacun d'eux et au pire le complot du seul Malin. A chacun de nous, par la vertu de sobriété, de faire échouer le plan dudit Malin. 

 


[1] Le taux de CO2 atmosphérique n’a jamais été aussi faible qu’aujourd’hui et la relation température/teneur en CO2 reste encore mal comprise.
L’ensemble de ces processus internes et externes se sont sans cesse ‘télescopés’ et ont entraîné des rétroactions complexes à l’origine des nombreux changements climatiques observés dans les archives géologiques. A ces paramètres s’ajoutent également ceux pilotés à l’échelle extraterrestre, parmi les plus importants citons l’activité du Soleil ou les variations des paramètres orbitaux de notre Planète (précession, obliquité, écliptique). Le résultat est une combinaison extrêmement complexe de processus cumulatifs réguliers, irréguliers, linéaires ou non, chaotiques souvent, jouant à toutes les échelles temporelles et affectant à tout moment le climat qui en constitue une réponse. Physiciens, chimistes, biologistes, géographes… géologues tentent chacun à partir de son pré-carré de démêler cet écheveau particulièrement difficile à comprendre. . Les synergies entre les disciplines sont heureusement nombreuses et le système climatique est peu à peu mis à nu à travers les temps géologiques (voir figure ci-dessous pour la succession des âges géologiques). ’étude du climat actuel semble plus simple que celle des paléoclimats, il s’agit cependant également d’une situation complexe vu l’importance des paramètres mesurables et mesurés qui contribuent à établir la dynamique de notre atmosphère aujourd’hui. L’étude de l’atmosphère est donc bien un des points incontournables pour qui veut comprendre un système climatique, elle est en prise directe avec la partie interne de la Terre (exemple des volcans, de l’érosion continentale suite aux orogenèses ou formations des chaînes de montagnes…), avec la partie externe ou superficielle (exemple des océans, des forêts…) et la composante extraterrestre (exemple des flux des rayons galactiques cosmiques, des impacts de météorites …). Nombre de ces paramètres sont cernés de manière satisfaisante depuis que la Terre existe. Cette connaissance débute avec le modèle du ‘paradoxe du Soleil froid’ ou hypothèse astronomique du Soleil pâle  (Alain Préat - Université Libre de Bruxelles)

[2] Comment mesurer la teneur en CO2 de l’atmosphère des ères anciennes ? Une bonne méthode consiste à  observer ce qu’on appelle l’ « indice stomatique » des feuilles végétales.  Plus il y a de CO2 dans l'atmosphère et moins il y a de stomates (indice stomatique faible). On montre ainsi qu'au Carbonifère, la teneur en CO2 était probablement aussi faible que maintenant. Puis elle a augmenté jusqu'au Crétacé (5 fois la valeur actuelle). Depuis cette teneur diminue...  (planet-terre).

[3] Sahney, S., Benton, M.J. et Falcon-Lang, H.J., « Rainforest collapse triggered Pennsylvanian tetrapod diversification in Euramerica », Geology, vol. 38, no 12,‎ 2010, p. 1079–1082 (DOI 10.1130/G31182.1Bibcode 2010Geo....38.1079S).

[4] Heckel, P.H., « Pennsylvanian cyclothems in Midcontinent North America as far-field effects of waxing and waning of Gondwana ice sheets », Resolving the Late Paleozoic Ice Age in Time and Space: Geological Society of America Special Paper, vol. 441,‎ 2008, p. 275–289 (ISBN 978-0-8137-2441-6DOI 10.1130/2008.2441(19)).

[5] Les activités humaines ont émis 2 500 milliards de tonnes de dioxyde de carbone depuis l’ère industrielle, selon les données du média spécialisé Carbon Brief.

[6] Presses de la Renaissance, oct. 2005

[7] Deut. 30, 15. 19