Cathédrale St-Paul à Melbourne
"Certains qui se prétendent écologistes détestent les humains qu'ils vouent aux gémonies. Comment peuvent-ils défendre la création s'ils n'aiment pas leurs semblables ? C'est une illusion peut-être même une hypocrisie".
Mgr Michel Aupetit (Tweet )
En avril 2022, la cathédrale Saint-Paul de Melbourne a été pourvue, pour trois mois, d’une planète de 7 m. de diamètre. Luke Jerram, le créateur de cette planète gonflable l’a, sans surprise, appelée Gaia. Cet article récapitule les nombreuses églises qui ont présenté cette nouvelle icône, détournant les visiteurs d'un regard vers le Crucifix. Ce sont surtout des églises anglicanes qui ont accueilli ce type d’exposition, mais l’église catholique de France n’a pas été épargnée comme à la cathédrale de Strasbourg, et dans l’église de la Madeleine d’Aix-en-Provence. On comprend l’intention de l’Eglise qui cherche à rejoindre nos contemporains, y compris dans leurs peurs face à ce qui est présenté comme une urgence de sauver la planète. Dans cette tempête écologique, le Chrsit nous dit pourtant: « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » (Marc 4,35-41); Eh oui ! Quand la foi s’affaibli, c’est la peur qui prend la place. La réponse de ces églises va-t-elle faire renaître ou augmenter la foi de ceux qui visitent les cathédrales?
Qu'en sera-t-il dans Notre-Dame de Paris restaurée? Les animations prévues seront-elles une occasion de sacrifier un culte à la planète ? Le diocèse de Paris a évoqué le projet d’un « parcours catéchuménal, du nord au sud, à travers 12 chapelles entourant la nef, afin d’évoquer l’Ancien et le Nouveau Testament ». L’idée est de faire passer les visiteurs d’une chapelle à l’autre. Selon certaines rumeurs, elles seraient renommées, « chapelle de la Genèse, d’Abraham, de l’Exode, des Prophètes, du Cantique, de la Sagesse, de la Foi et raison, de la Mystique, de la Charité, de l’Espérance, de la Mission, et Laudato Si ».
Comment sera évoquée « Laudato si » ? Cette belle encyclique sera-t-elle illustrée par des artistes plus soucieux de « l’intégralité de l’écologie » que « d’écologie intégrale », d’urgence climatique, plus que d’urgence de conversion des âmes. Benoît XVI rappelait qu'"aucune structuration positive du monde ne peut réussir là où les âmes restent à l'état sauvage". (Encyclique Spe salvi § 15).
Les illustrations qui suivent nous renvoie au questionnement personnel de chaque chrétien : qui habite nos cathédrales ? A quel Dieu rendons-nous un culte ?
Commentaire: "les2ailes.com"
Des initiatives anglicanes
C'est Luke Jerram, un créateur de Bristol, qui a créé cette structure gonflable.
Cathédrale St-Paul Melbourne
En janvier 2022, le doyen de la cathédrale, Andreas Lowe[1] a justifié la présence de la planète gonflable en citant Jésus dans son sermon sur la Montagne : « Heureux les doux, car ils hériteront la terre » et en ajoutant une interprétation qui n’a rien de théologique : « L'héritage promis à ceux qui vivent humblement n'est pas une demeure céleste lointaine, mais la planète même sur laquelle nous vivons. Pour Jésus, il n'y a pas de Planète B » ! C’est oublier que dans toute la Bible, à chaque fois que les hébreux croient enfin atteindre la terre promise, Dieu la leur retire, comme il le fait avec Moïse qui meurt aux portes de la terre d’Israël, ou qu’il fait annoncer par les prophètes l’exil à Babylone. Il nous fait ainsi comprendre que la terre promise n’est pas ici-bas mais la cité céleste.
Eglise St-Chad à Kikby
Cette initiative n’est pas une première. En janvier 2022, l’église St-Chad à Kirkby dans le diocèse de Liverpool en Angleterre avait été ornée d’une icône du même style. Dans cette église, une étoile lumineuse, placée sous la planète. Qui, pour nous chrétiens, est la « lumière du monde »?
Cathédrale de Salisburry
En mai 2019, la cathédrale de Salisbury et celle de Peterborugn avaient également abrité la planète gonflable de Luke Jerram.
Cathédrale de Peterborough
En juillet 2021, elle était exposée dans l’Eglise St Peter Mancroft de Norwich et dans la cathedrale de Hull Minster.
En février 2023, c’est la cathédrale d’Exeter qui l’accueillera.
Eglise St-Peter-M. à Norwich
L'Eglise catholique participe au mouvement
Ce sont généralement des initiatives anglicanes. Mais des églises catholiques se sont également prêtées à ces manifestations.
Cathédrale St-Colman à Cobh
C'était le cas, en juin 2022, à la cathédrale catholique de Saint Colman à Cobh, au sud de l’Irlande.
Cathédrale de Strasbourg
L'Eglise de France a commencé à être touchée par ce mouvement. Dans la cathédrale de Strasbourg, une gigantesque lune a été présentée en lévitation dans la nef, en juin 2021 présentée dans le cadre d’un programme d’actions culturelle, l'Ososphère. Le directeur de ce programme précisait : « La cathédrale a un cœur à habiter ". Quand la présence réelle disparait, elle est remplacée par d’autres dieux. Gaia est un choix idéal dans notre monde en perte de sens.
L'Eglise de la Madeleine, à Aix-en-Provence, a également accepté cette manifestation en octobre 2022.
Eglise de la Madeleine à Aix-en-P.
Des opérations anecdotiques?
Tout cela n'est pas anecdotique. La planète de Luke Jerram a été présentée à 150 reprises dans une trentaine de pays, attirant près de 10 millions de visiteurs, selon le site internet de l'artiste.
Les chrétiens, nous semblent-ils doivent s'interroger sur le caractère syncrétique ou non de cette présence du symbole de Gaïa dans les églises.
C'est un moyen, diront les promoteurs de ces démarches, d'évangéliser tous nos contemporains, pétris d'inquiétude, au point que 40% des jeunes disent ne pas vouloir avoir d'enfants pour sauver la planète. En fait de réponse, l'Eglise ne collabore-t-elle pas avec la peur en surfant sur ce type d'émotion? Nous donnons, a contrario, la réponse de Benoît 16 associant l'expression à deux termes: "Silence et parole". Est-on sûr que le bruit médiatique soit un chemin d'évangélisation?
La vraie question est celle des priorités: Structurer une organisation, en particulier écologique, du monde ou évangéliser? Benoît XVI rappelait qu' "aucune structuration positive du monde ne peut réussir là où les âmes restent à l'état sauvage". (Encyclique Spe salvi § 15).
Un risque de syncrétisme.
L'Eglise appelle à entendre le cri de la terre, mais nous le confondons avec le cri des ONG qui mèlent science et idéologie. Méditons le propos de Paul VI qui, en 1970, disait : « En un monde devenu le champ clos des idéologies, dans une confusion croissante des valeurs, les désillusions se font plus vives, et un certain indifférentisme gagne les uns et les autres, dans une civilisation portée à propager un syncrétisme dissolvant » (Discours de Paul VI au conseil exécutif du «Mouvement mondial des travailleurs chrétiens »- 8 avril 1970)
[1] Eternity news,
