« L’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile ». À l’évidence, l’écologie est un des signes de notre temps. Or, l'Église a le devoir de « répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future » (Concile GS § 4.1).
Le scoutisme -comme tout mouvement d’Église- doit participer à apporter des réponses en se fondant sur ses valeurs propres..., d’autant plus que, « face à la nature, le scoutisme ne peut pas mentir ! ».

Le document qui suit reprend des citations de la loi scoute et/ou du père Jacques Sevin (1882-1951). Le père Sevin a été déclaré vénérable par le pape Benoît XVI le l'un des cofondateurs, en 1920, avec le chanoine Cornette et d'autres pionniers, des Scouts de France, ainsi que de l’Office international des Scouts catholiques.

Les responsables scouts ont une double mission éducative et évangélisatrice.
- en matière d’éducation. Quelle éducation écologique enseigner aux plus jeunes ? Comment la maitrise scoute peut-elle « mettre son honneur à mériter confiance » (loi scoute §1) et comment vivre cette vertu scoute de franchise, face à une culture qui propose les éco-gestes comme un chemin de salut temporel ?
- en matière d’évangélisation. Comment une véritable démarche écologique peut-elle devenir chemin d’évangélisation pour les plus jeunes ? Quel est le sens chrétien de la véritable mission de l’homme sur la terre ?
Cette double mission éducatrice et évangélisatrice puise sa source dans les thématiques du Credo tel que développées ci-après.

Réflexions: Les2ailes.com

Questions préliminaires :
- que nous inspire le mot « écologie » ?
La beauté de la nature ? Les risques qui pèsent sur la planète ? Quelles sont les peurs ou les inquiétudes que peut ressentir un scout ?
- Quel est l'objectif d’une maitrise scout ?
Elle n’a pas vocation de tenir un discours scientifique ni politique, ni de surfer sur les peurs écologiques du moment.
La maitrise scoute a pour vocation
* de servir
* de remplir une mission d’éducation
* d’amener un petit d’homme à devenir plus homme
Or l’écologie renvoie à de nombreuses questions : Qu’est-ce que l’homme dans l’univers ?
Qu’est-ce que la création ?  Pourquoi sommes-nous sur terre ?  Pourquoi tant de beauté ? Mais aussi pourquoi tant de mal ?
L'Église a de vraies réponses éternelles à apporter. Pourquoi en priver les plus jeunes ?
C’est pour cela que l’évangélisation est le plus grand des services scouts.
Et, pour la maîtrise, rien de tel que de réfléchir à la posture que doit avoir un chef scout, car pour transmettre, il faut vivre soi-même ce qu’on veut proposer.
Évangéliser, c’est transmettre une foi, sa foi. En quoi l’écologie renvoie-t-elle à la foi ?

De la Genèse à l’Apocalypse, il y a le contenu d’une véritable écologie divine ! On peut vivre la foi à travers le Credo. 

1- Je crois en un seul Dieu.
Avant de créer, qui était donc ce Dieu auquel nous croyons ? Qui est Dieu pour nous, maîtrise scoute ?

Réponses :
La romance de St-Jean de la Croix est une belle histoire à faire connaître aux jeunes :

« Au commencement était la Parole. Cette Parole était Dieu lui-même. La parole se nommait Fils. Comme l’aimé réside en son amant, Dieu résidait dans le Fils et le Fils dans le Père.
L’Amour qui les unissait était d’une égalité de valeur, faisant ainsi trois personnes, un seul aimé entre tous trois ».

Dieu est Relation, tellement « relation qu’il est unique ».
Cet « unisson », se traduit en grec par « ekklisía ». En la personne de la Trinité, il y a déjà le germe et le contenu du mystère de l'Église

« Dans cet immense amour qui procédait des deux autres, le Père disait au Fils des paroles de grande joie : ”rien ne me contente, Fils, si ce n’est ta compagnie. Et si quelque chose me contente, c’est en toi-même que je l’aime. En toi seul je me suis complu, ô vie de ma vie ! »

Dieu est amour, au point qu’il ne put que démultiplier cet amour.

Je veux te donner, mon Fils, une épouse qui t’aime et qui, grâce à toi, mérite de nous tenir compagnie et de manger le pain à une même table, de ce même pain que moi je mange, pour qu’elle connaisse les biens que je possède en un tel Fils et qu’elle se réjouisse avec moi de ta grâce et de ta vigueur”.
”Je t’en remercie beaucoup, Père”, lui répondit le Fils :”à l’épouse que tu me donneras, moi je donnerai ma lumière, pour qu’elle voie, par elle-même, toute la valeur de mon Père. Je la prendrai sur mon bras. Elle s’enflammera en ton amour et exaltera ta bonté avec une éternelle joie »

Dieu veut une épouse qui à la fois devienne l'Église et remplisse d’amour l'Église qui préexiste en ses trois personnes divines.

Dieu « créa le monde, fit en grande sagesse un palais pour l’épouse ; lequel il divisait en deux appartements haut et bas, composait celui du bas de variétés infinies… 

Toutes les créatures, cosmos, végétaux et animaux, composent donc ce palais créé pour l’épouse.

« Un temps viendrait où le Fils se ferait semblable à eux …s’en viendrait avec eux et habiterait avec eux, … où Dieu serait homme et que l’homme serait dieu »

Noël est prévu de tout temps : « il habiterait avec eux ».
Pâques est prévu de tout temps : « L’homme serait Dieu »

La promesse scoute commence par "sur son honneur, avec la grâce de Dieu".
Quand on parle de la grâce de Dieu, on parle d'un cadeau de Dieu qui n'est autre que lui-même.
C’est d’ailleurs pour rappeler les trois principes et la Sainte Trinité que le père Sevin expliquait la figure du trèfle comme emblème des Scouts de France. "Symbolisant en souvenir de saint Patrick l’unité en trois personnes de la Sainte Trinité, le trèfle rappellera toujours nos devoirs envers Dieu, Père, Fils, Saint Esprit"

2- Je crois en Dieu, créateur du ciel et de la terre

1ère série de questions
Pourquoi suis-je sur la terre ? Adam et Ève ont-ils existé ? S’agit-il de créatures réelles ou seulement symboliques ? Qu’est-ce qu’un symbole ? Y a-t-il une différence entre création et monde naturel ?

La réponse se puise dans une tradition des pères de l'Église, encore très présente chez les orthodoxes, mais qui est réexpliquée par des théologiens actuels[1].
Qu’est-ce qu’un symbole ? C’est « ce qui donne sens en reliant deux réalités : une visible, l’autre invisible » (glossaire de l'Église catholique).
Qu’est-ce qu’une réalité invisible, hors de l’espace et du temps ?
Le christ ressuscité est hors d’espace et du temps. La vierge, glorifiée avec son corps, a été élevée hors de l’espace et du temps.  Et si c’était la même chose pour Adam ?
Le catéchisme dit bien que l’homme, par essence semblable à Dieu, (i)"ne devait pas mourir", (ii)"ne devait pas souffrir", (iii)"était intact et ordonné dans tout son être, parce que libre de toute concupiscence", et (iv)"avait été constitué dans un état d’amitié avec son créateur". (CEC § 374 à 376).
Ce sont là des qualités peu compatibles avec l’espace et le temps ! Et s’il devenait inutile de chercher Adam du côté de Cro-Magnon ou le paradis en Éthiopie ?  Jean-Paul II parle bien d’une « préhistoire théologique de l’homme » (audience 25.6.1980)

2ème série de questions
En quoi ces questions concernent-elles la réflexion écologique ?
Que signifie « cultiver et garder la création » ? Que veut-on dire quand on parle de l’homme cocréateur ? Quel regard Dieu a-t-il sur la nature ?
Réponse:
La perfection de la création "précède" le péché, même s’il est toujours délicat d’introduire une forme de chronologie dans un concept qui se veut en dehors du temps.
Adam avait nommé les animaux sans en tuer un seul. Ceux-ci avaient-ils vraiment besoin d’être gardés ? Et la terre avait-elle besoin d’être cultivée puisque ordre avait été donné que « la terre produise des plantes herbacées, portant semence » ? A ces questions, une théologienne, Annick de Souzenelle, répond que Dieu attendait essentiellement d’Adam, et donc de nous aujourd’hui, « un retournement de nos terres intérieures ».
Cela nous met sur une autre piste, celle de la vraie mission d’Adam : L’homme reçoit mission, pendant le stade intermédiaire paradisiaque, de parfaire son image avec Dieu. Il n’est que Ressemblance. La création n’est donc pas terminée.
Seulement voilà !  Il y a le péché ! D’où vient le mal ? Dieu savait-il que l’homme chuterait ?

Troisième série de questions :
Qu’est-ce que le péché originel ?
Réponse : Non ! Le péché n’est pas un péché de la chair.
Le serpent dit : « vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ». Pourtant, le psaume dit : « Vous serez des Dieux » (Ps 82,6)
Mais, par le péché d’un seul, « la mort est entrée dans le monde » (Rom 5,12), la souffrance également, mais, surtout, un profond désordre a remplacé l’harmonie des relations liant l’homme, Dieu et toute la création.
Certains théologiens, pour éviter toute confusion, parlent de création pour désigner son origine parfaite et de monde naturel pour désigner le cosmos résultant du péché.
« L’harmonie intérieure de la personne humaine, l’harmonie entre l’homme et la femme, enfin l’harmonie entre le premier couple et toute la création constituait l’état appelé "justice originelle" » (CEC § 376-377). Une triple convoitise a désormais soumis l’homme « aux plaisirs des sens, à la convoitise des biens terrestres et à l’affirmation de soi contre les impératifs de la raison » (CEC § 376-377). 

L’article 6 de la loi scoute : "Le Scout voit dans la nature l’œuvre de Dieu, il aime les plantes et les animaux".
Le scout est "résolu à se travailler lui-même, à se transformer lui-même.

 3- Je crois en Dieu le père tout puissant

1ère série de questions
Malgré le péché, comment Dieu manifeste-t-il sa toute-puissance ?
Réponse:
La logique du péché aurait pu aller jusqu’à un retour au chaos ! Adam était de chair, il a voulu un corps. Le péché a entraîné un changement de matérialité et de corporalité. La création continuée. Dieu, par une forme de « création continuée » a enrayé les conséquences de ce véritable Big bug !
L’homme devait travailler pour parfaire son image. Il doit maintenant travailler la matière et non plus seulement son corps.
Mais la mission est la même : parfaire notre image pour la faire adhérer à celle de Dieu.

2nde série de questions
En quoi je crois en l’homme tout puissant ? Le transhumanisme contemporain et la tour de Babel sont des signes de ce désir de toute puissance.

3ème série de questions
Comment Dieu va-t-il accomplir son projet initial ? La réponse est dans la suite du Credo.
Réponse:

 « Le Scout est fier de sa foi et lui soumet toute sa vie » (1er principe)

 4- Je crois en J.C. fait homme, mort et ressuscité

Série de questions: 
Que veut dire être incarné ?

4.1- Jésus nouvel Adam, Marie, nouvelle Ève

L’incarnation de Jésus prouve que le monde naturel, même dans sa matérialité consécutive au péché, reste digne d’être investi de la vie divine et d’être intégré dans le corps du Christ.
Réponse :

Le scout est lui aussi incarné dans un pays, une famille, une société : « Fidèle à ma Patrie.  Je le serai » (chant de la promesse) 

Quelle place a la croix dans ma vie ?

La croix de promesse est bénie par le père le jour de la promesse avant d'être remise au scout.

4.2-Être incarné, dans l’attente de la vie nouvelle

Le sens du travail
Quel sens donner au travail ? Est-il un devoir ou un droit ? En quoi le scoutisme est-il un modèle ?
Le travail répond à une manière de dominer le monde selon le plan divin originel. Il s’agit de gouverner le monde avec Dieu, d’être la main du Christ qui continue à créer et à faire du bien.
« Le travail humain est donc finalisé à la charité »[2]. Mais le travail devient une occasion de contemplation et peut se transformer en prière intense. Les moines sont pour nous un modèle : « Travaille et prie ». En cela, le travail contribue à notre salut.

“En devenant toujours plus maître de la terre grâce à son travail et en affermissant, par le travail également, sa domination sur le monde visible, l'homme reste, dans chaque cas et à chaque phase de ce processus, dans la ligne du plan originel du Créateur ; et ce plan est nécessairement et indissolublement lié au fait que l'être humain a été créé, en qualité d'homme et de femme, à l'image de Dieu“[3]

Le travail scout:

« Seigneur Jésus, apprenez-nous … à travailler sans chercher le repos, à nous dépenser, sans attendre d’autre récompense, que celle de savoir que nous faisons Votre Sainte Volonté. » (Prière scoute créée par le Père Sevin)
« Pour être un bon guide, il faut savoir où l'on est et savoir où l'on veut se rendre », disait Baden Powell. De l’importance pour les scouts de se fixer des objectifs à atteindre précis, réalistes et mesurables.
« Que ton ambition soit de voir, non pas ce que tu pourras tirer du travail, mais ce que tu pourras y mettre de toi » (Baden Powell). Les objectifs d’un scout doivent répondre à un besoin d'accomplissement, susciter l'intérêt, être désiré, pour qu'il soit une occasion de dépassement pour chacun. Les objectifs permettent à chacun de « savoir où il va »  et de stimuler leur participation en comprenant où « il s’en irait ». Les objectifs favorisent l’ouverture et la discussion des problèmes pour qu’ils ne soient pas des activités sans vraie raison d'être.
La mise en place des installations de camp est une occasion privilégiée de faire l’expérience du sens du travail, de l’effort, de la responsabilité, de la mise en commun d’une technicité et du travail bien fait.
Le scoutisme est le lieu de toutes les audaces, parce qu’il apprend à ôter les deux premières lettres du mot « impossible ». À plusieurs tout est possible ! 

Le scout est sensible à l’intérêt commun qui devient prioritaire sur son intérêt personnel. Il comprend le travail comme un service : « Apprenez-nous à rendre Service, car c’est par le service que nous oublions nous nous oublions nous-mêmes » (Prière sur la loi de Baden Powell) ; « Le Scout est fait pour servir » (Loi scoute § 3)

C’est pourquoi, le scoutisme intègre dans ses camps une "Journée d'action communautaire" : Pendant une journée, les scouts vont devoir travailler sur un chantier pour rendre service à la communauté. Pour beaucoup, cette journée est considérée comme une des meilleures activités du camp.

Enfin, le Père Sevin répétait souvent aux chefs qu’ "une activité quelconque ne se prépare pas uniquement sur le terrain ou à la table de travail, mais surtout au prie-Dieu, dans la prière".  Cet appel rejoint celui de la règle de Saint-Benoît pour les moines : « Travaille et prie ».

5- Je crois en JC qui reviendra juger vivants et morts ; j’attends la vie à venir.

Série de questions :
Que veut dire « attendre » ? Comment vivre la vertu scoute de franchise ?
Concile : En attendant le retour du Christ, nous avons à vivre. C’est pourquoi le Concile nous rappelle clairement que « l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller ». C’est sur la façon dont nous cultiverons la terre que nous serons jugés. 

 « Le Scout met son honneur à mériter confiance » (loi scoute §1).
Pour mériter cette confiance, la maîtrise doit aider les scouts à prendre du recul par rapport à tous les messages qui collaborent plus ou moins avec la peur. Le message clef est « N’ayez pas peur !... Soyez dans la joie devant tant d’abondance »

5.1-Franchise : Rendez à César ce qui est à César

  • Choisir Jésus qui dit : « Ne vous inquiétez donc pas en disant : « Qu’allons-nous manger? Qu’allons-nous boire ? … Votre Père céleste sait bien que vous avez besoin de toutes ces choses. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît » (Math 6, 28-33)
  • Plutôt que de choisir les hommes qui disent : « réduisez vos émissions de carbone, vos consommations de viande, l’usage de pesticides, etc…».

5.2- Franchise : messianismes = suivez le programme

La règle conciliaire est dans cette ligne : les laïcs ne doivent pas attendre de leurs pasteurs qu’ils "aient une compétence telle qu’ils puissent leur fournir une solution concrète et immédiate à tout problème, même grave, qui se présente à eux, ou que telle soit leur mission"[4]. Nous sommes tous appelés à évangéliser. Or cette recommandation ne s’adresse pas seulement aux pasteurs, mais également à tous les laïcs engagés dans des actions d’évangélisation. De deux choses l’une :

  • Ou bien ils mettent en avant l’argument d’autorité que leur donne leur rôle pastoral, et dans ce cas, ils sont tenus au même devoir de réserve ;
  • Ou bien, ils interviennent au titre de leur compétence et aucune référence à leur mission pastorale n’augmente l’autorité de leurs arguments.

C’est dans cet esprit que le Pape a appelé à des débats contradictoires qui libèrent les regards. Sans ces débats, le risque existe, dit Laudato si, que « des idéologies n’affectent le bien commun » (LS § 188). Prendre du recul, c’est accepter d’aller à des sources plurielles

En ce qui concerne les écosystèmes locaux :
Un observateur doit pouvoir se pencher sur la nature des allégations avancées pour vérifier si elles sont fondées

  • sur de simples enquêtes d’opinion (i),
  • sur des monographies d’études (ii),
  • sur des études de laboratoire (iii),
  • sur des mesures d’impacts sur le terrain (iv),
  • ou sur de véritables «études épidémiologiques longitudinales » (v). Expliquer à cette fin ce qu’est une étude épidémiologique : Elle porte sur des dizaines de milliers d’individus, sélectionnés pour être représentatifs d’une population et qui sont interrogés ou observés sur de multiples facteurs de leur mode de vie (alimentation, activité physique, consommations d’alcool ou de tabac, maladies et traitements pharmaceutiques y compris somnifères ou contraceptions, tabagisme, anatomie, profession,  ...). Elles sont longitudinales, c'est-à-dire qu’elles sont répétées sur les mêmes individus tous les 5 et 10 ans qui suivent.

Les unes et les autres n’apportent pas les mêmes niveaux de certitudes. Certaines approches peuvent être répondre à des soucis idéologiques. Laudato si est vigilant à ce sujet : dans les débats scientifiques, il faut veiller à ce que « les idéologies n’affectent pas le bien commun » (LS § 188).

En ce qui concerne l’écosystème planétaire :
On pense aux questions relatives à la couche d’ozone, aux variations climatiques, à la dite « sixième extinction des espèces », à l’acidification des océans, etc… qui nécessitent la construction de modèles.
Les épistémologistes soulignent qu’un modèle sert à prévoir et non à expliquer une complexité. Ils décèlent de grandes constantes pour vérifier la solidité de ces modèles :

  • Il faut des indicateurs. Or, tous les observateurs reconnaissent que, par exemple en matière de biodiversité, aucun indicateur (Variabilité Phylogénétique des Espèces, Taux Mondial d’Extinction, Indice d’Intégrité de la Biodiversité, …) n’est pertinent au plan planétaire. Il n’en n’existe pas non plus pour l’acidité des océans.
  • Il faut rassembler un historique de données. La paléoclimatologie s’appuie sur des données de plus de 1000 ans suffisamment précises pour reconstruire les observations du petit âge glaciaire (Bérésina), ou de l’optimum médiéval (du Xème au XIVème siècle). Les scientifiques s’interrogent sur la légitimité du Giec à se limiter à seulement 150 ans d’observations[5]. En matière d’ozone, les observations sont très récentes et on ne dispose pas d’outils de reconstructions de données sur des longues durées.
  • Il faut structurer les modèles avec des lois robustes. En matière de biodiversité, l’ONU reconnait que « la plupart des études ne fournissent aucune évaluation critique de la solidité de leurs conclusions »[6]. Certains climatologues s’interrogent également sur la pertinence d’utiliser des modèles climatiques structurés en plus de 000 sous-ensembles dans des « planètes numériques ». La complexité devient telle que le Giec en est réduit à ne retenir, dans ses calculs, que "des conditions de ciel clair…; l'introduction de nuages compliquerait grandement les objectifs de la recherche"[7]. Dès lors, comment rendre compte de la complexité des rétroactions fondamentales de l’eau dans la mécanique climatique ?

Quant au paramétrage des modèles, les observateurs s’interrogent sur cette enquête menée par le Giec, dont il ressort que 22 des 23 principaux centres de modélisation climatiques interrogés sont paramétrés « pour obtenir les propriétés souhaitées »[8] !
Concernant l’ozone, l’ONU a reconnu en 2010 que « l'origine d'une réponse dynamique au cycle solaire n'est pas totalement comprise »[9].

  • Il faut quantifier chaque hypothèse causale par des tests d’hypothèses. Est-il pertinent de reconnaître que « les probabilités"Objectives" et "Subjectives" ne sont pas toujours explicitement distinguées »[10] ? Certains modèles systémiques permettent pourtant de quantifier avec 90 % de certitude des relations de cause à effet entre variations climatiques et activité solaire[11].
  • Il faut faire des prévisions et les comparer avec des réalisations. Les statisticiens savent remplacer une série d’expériences par une seule, de durée suffisamment longue[12]. Il suffit de traiter le passé comme un futur. C’est de la « rétro-prévision ». Le Giec a publié un travail de ce type[13]. Le résultat se caractérise par un flou effaçant les variations connues. Peut-on qualifier d’efficient un modèle qui n’est pas capable de restituer l’historique passé ?

Conclusion : Contempler Jésus Messie ou les messianismes temporels ?

C’est bien parce que la réponse à ces questionnements mérite réflexion qu’il faut prendre du recul sur la problématique elle-même. Ce qui importe est bien de tourner notre regard vers le Christ qui reviendra. Notre regard sur le monde est celui du Christ qui rappelle : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas » (Mat 24,35). Les meilleurs de nos modèles ne peuvent pas tout calculer à l’avance. Tout cela exige de nous un abandon filial et une confiance infinie en la Parole qui ne passera jamais. L’espérance est donc bien la vertu la plus difficile à vivre, la plus petite des vertus mais la plus forte. Et l’espérance a un visage : le visage du Seigneur ressuscité, qui vient « avec grande puissance et avec gloire » (Mat 24,30).

5.3- Franchise : La vie en abondance

Quel sens donner à la frugalité ? Concept de gaspillage ? De quoi parle-t-on ?
Qu’est-ce qu’une ressource naturelle ?
La frugalité : une vertu scoute ?
La maîtrise scoute peut aider les jeunes à réfléchir, au fur et à mesure, sur les divers points abordés sur un tableau de papier, sous la forme d’une matrice séparée par deux axes :
- Abondance      ↔   Rareté   (en vertical)
- Biens matériel  ↔   Biens immatériels et spirituels  (en horizontal)

Par exemple :

 

Biens matériels

Biens immatériels et spirituels

Abondance

‐   Ressources alimentaires
‐   Jeux videos, TV
‐   Drogues

‐   Surinformation
‐   Pornographie,
‐   Loisirs, bruits

Rareté

‐   Emploi

‐   Pauvreté dans les pays en voie de développement

‐    

‐   Défense de la vie
‐   Souci du bien commun
‐   Aide humanitaire
‐   Beauté et vérité, silence
‐   Temps de prière, de retraites, ou de liturgie

Dans cette perspective, une réflexion pourra être engagée entre :
-  certains objets matériels produits par la technique qui peuvent ne pas être neutres « parce qu’ils créent un cadre qui finit par conditionner les styles de vie » (LS § 107)
- et d’autres qui, grâce à « la technologie [ont] porté remède à d’innombrables maux qui nuisaient à l’être humain et le limitaient » (LS § 102).

5.4- Franchise :
Pour Adam, cultiver ses terres intérieures consistait à parfaire sa ressemblance à Dieu au point de librement devenir Dieu-Relation. Nous sommes désormais condamnés à le faire dans le cadre d’une nouvelle matérialité.

5.5- Croyons-nous que le mal est définitivement vaincu ?

Notre vie : un chemin ?  La vie à venir, une nouvelle façon d’être homme ?

Les scouts peuvent faire l’expérience spirituelle pendant leur raid : L’Écologie divine, c’est respecter notre nature déïfiable : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (St-Irénée)

6- Je crois en l’esprit saint et en l’église catholique et apostolique

L’esprit saint : croire avant de comprendre !

La promesse scout aide à continuer à croire.  L’engagement rend libre ; L'engagement rend libre.

Doctrine sociale de l'Église dans « Laudato si ».

Laudato si répète sept fois : « tout est lié ». Lié ? Toute la théologie de la relation est dans ce mot. L’ « écologie intégrale » de Laudato si, ce n’est pas être obsédé « l’intégralité de l’écologie », mais expliquer l’ « intégralité des relations » dans la création :
- relation autour de Dieu
- relation de l’homme avec lui-même (écologie intérieure)
- relation de l’homme avec son prochain
- relation avec les créatures non humaines, chacune selon sa valeur propre (L’homme ayant une valeur centrale à l’image de Dieu)

Le scout sert l’Église

« Sur mon honneur, avec la grâce de Dieu, je m’engage : à servir de mon mieux Dieu, l’Église … ».

 7- Je crois en l’Église, une et sainte

L'Église est sainte, par nature.
Les sacrements de l'eucharistie et de réconciliation sont régulièrement proposées aux scouts pendant leurs rassemblements       

  • L’Eucharistie

- L’Eucharistie est le sacrement de l’Incarnation: Le verbe de Dieu, vrai homme, nait d’une vierge et les hommes, par le baptême, naissent à la vie spirituelle de fils de Dieu.
L’Eucharistie est le sacrement de la Vérité : Dieu « se fait nourriture pour l’homme assoiffé de Vérité »[14].. Pour cela, le Christ fait l’offrande complète de sa vie divine et les hommes en font mémoire en faisant l’offrande de leur vie, aussi imparfaite soit-elle.
L’Eucharistie est le sacrement de l’Unité : La présence réelle eucharistique est le mystère de l’expérience de l’union du corps du Christ avec les membres du corps du Christ que nous sommes. Cette union réelle et terrestre, préfigure l’union éternelle entre Dieu fait homme et l’homme devenu dieu (saint Irénée)
L’Eucharistie est le sacrement de la Charité : Le Christ, fait don de Sa vie sur la Croix pour les hommes et chaque homme meurt à lui-même en se donnant aux autres.

  • La pénitence

Ceux qui s’approchent du sacrement de Pénitence y reçoivent de la miséricorde de Dieu le pardon de l’offense qu’ils lui ont faite et du même coup sont réconciliés avec l’Église que leur péché a blessée et qui, par la charité, l’exemple, les prières, travaille à leur conversion » (Lumen gentium § 11-b). Par son péché contre Dieu, le scout blesse donc également l’Eglise.

  • Les sacrements prémunissent contre la tentation du naturalisme, si insidieuse en matière de scoutisme, laissant croire que le salut peut être trouvé sans l’intercession du Christ, par le recours astucieux à la bonne volonté. Lucide, le Père Sevin écrivait : "le plein air n'agit pas comme un sacrement...". La Prière du Chef de Patrouille est justement une supplique adressée au " Seigneur et Chef " pour qu’Il agisse : " faites que ", car il est le seul à pouvoir le faire dans les sacrements de Pénitence et d’Eucharistie, fréquemment dispensés au cours des camps scouts.

C’est pourquoi le signe du Christ doit dominer le camp scout. L’aumônier bénit l’autel, à peine les installations sont-elles terminées.

8- En résumé

Nous reprenons le texte publié en novembre 2015 dans les Cahiers Kairos des Guides et scouts d’Europe  : « La loi scoute et Laudato Si’ - Une mise en regard ».  

Le Pape François, un scout dans l’âme ? L’encyclique Laudato Si’ est riche de questionnements et réflexions qui s’étendent bien au-delà des défis écologiques présents. Et qui nous interrogent sur notre pratique du scoutisme. Petite mise en regard de la loi scoute avec l’encyclique. Pour en savoir plus, reportez-vous aux paragraphes de l’encyclique cités ci-dessous.

- Le scout met son honneur à mériter confiance.
Dieu compte sur moi pour « cultiver et garder le jardin » (Gn 2, 15). Il ne s’agit pas de conserver la création sous une cloche de verre, tel le serviteur paresseux de la parabole des talents (Mt 25). Bien plus, je suis appelé à utiliser mon intelligence pour transformer l’univers. (§ 65-75)

- Le scout est loyal à son pays, ses parents, ses chefs et ses subordonnés.
La tentation de l’orgueil peut me pousser à négliger la providence divine en voulant sauver le monde par mes propres forces. Or, la charité exige de donner la priorité à mon devoir d’état. (§ 159-162)

- Le scout est fait pour servir et sauver son prochain.
Le pape le martèle dans son encyclique : « Tout est lié. » L’écologie environnementale doit être mise dans la perspective d’une écologie intégrale. Par exemple, le respect de la nature doit prendre en compte un souci de justice envers mes frères. (§ 137-162)

- Le scout est l’ami de tous et le frère de tout autre scout.
Le concept d'écologie sociale me pousse à regarder d'abord mon frère scout, mais à penser plus largement aux communautés locales, à la nation et même à la vie internationale. La solidarité que je déploie a des conséquences sur mon environnement. (§ 138-142)

- Le scout est courtois et chevaleresque.
La qualité de vie n’est pas qu’une question d’argent. Autour de moi, je peux prendre part à une écologie « de la vie quotidienne » par la cordialité avec mon voisinage ou l’entretien de mon logement. Embellir le quotidien, c’est déjà de l’écologie. (§ 147-154)

- Le scout voit dans la nature l’œuvre de Dieu : il aime les plantes et les animaux.
Aimer la nature ne signifie pas l’idolâtrer. Quand je prends soin des plantes, je reconnais la grandeur des dons que Dieu me fait. Et quand je respecte les animaux, c’est au nom de ma propre dignité humaine. (§ 84-88)

- Le scout obéit sans réplique et ne fait rien à moitié.
Quand la société fait face à des défis de grande ampleur, un appel à la conversion individuelle n’est pas une réponse suffisante. Le juste niveau d’action est alors celui de la politique, qui seul permet des décisions coordonnées. (§ 216-221)

- Le scout est maître de soi : il sourit et chante dans les difficultés.
Ne tombons pas dans le piège des slogans culpabilisants : « Il n’y a pas de petits gestes quand on est 60 millions à les faire. » Si je vis la sobriété en tant que scout et chrétien, est-ce vraiment pour « sauver la planète », ou plutôt pour grandir dans la vertu de tempérance ? (§ 222-227)

- Le scout est économe et prend soin du bien d’autrui.
Sous la pluie et le froid, face à la tempête en mer, contre la broussaille qui repousse… Comme scout, je suis confronté à une nature parfois difficile. Je sais qu’il en coûte de la soumettre (Gn 1, 28), et j’accueille ses dons avec reconnaissance, par exemple par la prière du bénédicité. (§ 76-83)

- Le scout est pur dans ses pensées, ses paroles et ses actes.
L’émerveillement devant la beauté de la création me conduit à l’adoration du Créateur, à l’image de saint François d’Assise. Cette attitude contemplative est la porte d’entrée d’une écologie chrétienne authentique, qui adopte le regard du Christ sur la création. (§ 10-12)


[1] De Mgr Léonard, au  père Florent Urfels, en passant par Nicolas Berdiaev, Vladimir Lossky et   Olivier Clément, par le Père Frédéric Masset, Pierre Milliez, , Bernard Sesboué, et le père Gaston Fessard, …

[2] Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église (§ 266)

[3] Jean-Paul II, Encycl. Laborem exercens, 4: AAS 73 (1981) 586

[4] Gaudium et spes § 43.2

[5] Giec AR5, Chap. 10,  Fig. 10.1, p. 107

[6] IPBES- 25.11.2015-  Principale conclusion 3.4

[7] Giec WGI-AR5-WGI 8.3.1

[8] Source : publication intitulée « The Art and Science of Climate Model Tuning » (L’art et la science du réglage des modèles climatiques) parue le 9 juillet 2016 dans la revue en ligne de l’American Meteorological Society

[9] Rapport WMO 2010, § 2.4.3.2

[10] Giec AR5 GT2, § 2.6.2).

[11] Publication, intitulée « identification du système climatique vs. détection et attribution » et référencée sur le site « ScienceDirect », relue, dans les règles, par les pairs du comité de lecture de Annual Reviews in Control (ARC), une des sept revues scientifiques de l'IFAC, Fédération internationale qui regroupe des milliers d'experts en contrôle, automatique et identification des systèmes complexes.

[12] Ils s’appuient sur ce qu’ils appellent « l’hypothèse d’ergodicité »

[13] Report Graphics- Technical Summary- Box TS.5, fig 1

[14] Benoît XVI- Sacramentum Caritatis, Exhort. Apostolique post Synodale, 22 février 2007, § 2.