Un journal catholique, a publié, en juin 2015, un débat entre une juriste de l’environnement et une journaliste. Nous tairons leurs noms pour ne pas mettre en cause un organe de presse dont la bonne foi n’est pas en doute et parce que nous voulons éviter de nous prêter au petit jeu des attaques ad hominem.
L’affirmation était péremptoire : il y aurait "20 millions de réfugiés climatiques" par an ! La spécialiste a été contactée et a donné ses sources. Elle se réfère à France-Inter et Actu-environnement ! Le moins rassurant est qu’elle annonce sa présence aux "Assises Chrétiennes de l’Écologie" à Saint Etienne fin août 2015. 
Puisque la presse ne fait pas son travail en allant vérifier les sources, nous le faisons ici pour éviter que des slogans ne soient utilisés pour réellement manipuler les opinions publiques. Pourquoi mentir en les qualifiant de "réfugiés climatiques"? Nous ne plaidons pas pour avoir des comportements aveugles et sourds à ce qu'il se passe dans le monde. Certes, les millions de "réfugiés fuyant les catastrophes naturelles" sont scandaleux. Ces catastrophes tombent toujours sur les plus pauvres. Est-il utile de mentir pour lutter contre la pauvreté ? Quand les problèmes sont mal énoncés, ils sont toujours mal résolus !

Commentaire  "les2ailes.com"

1- Que disait la personne interviewée ?

Ma longue expérience du monde écologiste ne corrobore pas cette affirmation. La crainte de la « bombe démographique » était très vive dans les années soixante-dix, mais aujourd’hui la préoccupation dominante est de constater que, même si nous produisons (largement) de quoi nourrir toute l’humanité, la mauvaise répartition des richesses de la terre et nos styles de vie font que près d’un milliard de personnes souffre encore de la faim.
Par ailleurs, cette année plus de 20 millions de réfugiés climatiques ont été recensés dans le monde. Cela rejoint les préoccupations de l’Église, qui parle aussi de ces questions en termes de « justice », de « destination universelle des biens » ou de souci des plus pauvres ».
Peut-on parler d’une « longue expérience quand on ne vérifie pas ses sources ?
Cette affirmation a suscité une certaine émotion dans certains « google groups » et sur les réseaux sociaux chrétiens. Certains ont été jusqu’à contacter la journaliste.

2- Qu'a répondu la personne interviewée ?

Elle ne se pose pas la question de la véracité de l’affirmation mais reconnait que « cette donnée est effrayante comme tant d'autres dès qu'on se plonge dans ces sujets ». Mais s’est-elle plongée dans le sujet ? Non, elle s’est plongée dans une marée d’informations consensuelles, mais visiblement fausses !
En effet, elle cite ses sources : celle d’actu environnement et de France inter
On pouvait espérer mieux. L’intéressée évoque « une étude de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC),qui a été reprise dans plusieurs support de presse (dont Le Figaro) en septembre dernier ». Si le Figaro le dit, serait-ce une caution de sérieux ?
Mais la personne interviewée n’est visiblement pas allée lire l’étude en question.
Le moins rassurant, c’est qu’elle annonce sa présence aux "Assises Chrétiennes de l’Écologie" à Saint Etienne fin août 2015. Elle précise qu’un atelier s’intitulera "Changement climatique, migrations et conflits» avec Pierre Alexandre Maizière, responsable du plaidoyer international au Secours Catholique et François Gemenne, spécialiste des politiques d’adaptation aux changements climatiques et des déplacements de populations.
S'y exprimeront le meilleur spécialiste du sujet en France, chercheur à l'IDDRI et à Sciences-po ainsi que le Secours catholique, de plus en plus confronté aux réalités dramatiques de ces situations".
Il y a fort à parier que tous ces spécialistes reprendront les mêmes données sans aller les vérifier. Or que dit la source officielle ?

3- Que dit l’étude norvégienne ?

Il s’agit d’un rapport intitulé "Global Estimates 2014 - People displaced by disasters" établi conjointement par le Norwegian Refugee Comite (NRC) et l’Internal Displacement monitoring centre (IDMC).
Nous reprenons ici, intégralement en note de fin d'article, les 8 têtes de chapitre du « résumé exécutif » de ce rapport.

3.1- Introduction

Dès l’introduction, on voit qu’il ne s’agit pas de traiter des "réfugiés climatiques", mais des conséquences de "catastrophes naturelles" [1].
Dans un rapport où on espère trouver des données chiffrées précises, on trouve également des affirmations incantatoires sans qu’elle soient le moins du monde étayées, en particulier que les "catastrophes sont autant artificielles que naturelles". Quelle étude permet une telle affirmation énoncée dès l’introduction ? Aucune source n’est proposée en note de bas de page à ce sujet.
Une phrase évoque effectivement la question climatique pour dire que "les gouvernements doivent s'assurer que les plans d'adaptation au changement climatique", mais cela ne donne aucune indication quant au nombre de "réfugiés climatiques".

3.2- But et portée du rapport

Dans ce chapitre, les auteurs donne la liste de "catastrophes liées aux risques géophysiques". Aucune n’inclut le risque climatique. Il y est question de catastrophes "conditions météorologiques", ce qui n’a rien à voir avec la question climatique. Il est même bien précisé qu’il s’agit de "risques naturels liés au hasard[2].

3.3- Dimension mondiale des réfugiés : modèles et tendances

Ce chapitre donne des données chiffrées pour 2013, les compare à la période 2008-2013 et en tire des tendances depuis 1970. [3].
Les chiffres indiquées sont, par exemple, les suivants : typhon Haiyan = 4.1 millions de personnes déplacées,  typhon Trami = 1.7 millions, Tremblement de terre de Visayas = 0.35 millions, Typhon Man-Yi (Japon) = 0.260 millions, Inondations Alberta canada = 0.120 millions...
Ces exemples montrent bien que les grandes masses ne correspondent en rien à des éléments relevant du changement climatique.
Ce qui surprend dans l’analyse des chiffres rapportés, c’est qu’ils sont considérés en augmentation parce que "les mesures de prévention ont pu réduire les chiffres" qui, sans cela, auraient été plus élevés ! Ce ne sont donc pas les calamités qui se sont aggravées. "Les chiffres, dit l’étude, ont augmenté parce que les villes ont triplé de dimension, parce que les mesures de prévention sont plus efficaces et qu’il y a donc plus de survivants qui sont déplacés". On perçoit une sorte de cynisme : il y a cent ans, il y avait plus de morts donc moins de personnes déplacées ! Enfin, s’il y a plus de personnes déplacées, c’est parce que l’information circule mieux et qu’on en connait mieux le nombre !

3.4- Expositions et vulnérabilités régionales et nationales

 

Ce chapitre reprend huit analyses régionales montrant que ce sont les pays les moins développés sur lesquels les catastrophes naturelles sont les plus graves.  C’est tout à fait exact. Mais cela n’a rien à voir avec une analyse de risque sur les "réfugiés climatiques". Même quand il s’agit de l’analyse de risque des "pays insulaires du Pacifique", il n’est pas question de risque d’engloutissement de ces îles par la hausse du niveau des mers. A l’évidence, il s’agit du risque de typhons qui peuvent toucher une part très importante des populations insulaires. [4]

On notera dans l’analyse faite concernant l’Afrique :"la population de l'Afrique croît plus rapidement que les autres régions, ... Sa population devrait doubler d'ici à 2050". La question démographique est toujours présente quand il s’agit d’analyser les risques. Le malthusianismes n’est jamais éloigné, même s’il n’est pas flagrant.

3.5- Déplacements liés aux intempéries et risques géophysiques

Toute la question est de savoir si il y a une corrélation entre les typhons, inondations, tempêtes et autres "catastrophes naturelles" et les variations climatiques de la période chaude contemporaine. Cela justifierait que certains médias fassent une sorte d’amalgame en qualifiant de "réfugiés climatiques" les populations déplacées à la suite de catastrophes naturelles. En cela le rapport norvégien est très ambigu dans ce chapitre. Il ne parle que de météorologie, ce qui n’a rien à voir avec la climatologie. Mais il évoque une variabilité météo liée "à des changements à long terme dans le climat mondial", tout en reconnaissant que "les changements de tendances climatiques et météorologiques au cours des deux ou trois prochaines décennies seront relativement faibles par rapport à la variabilité des années à  événements extrêmes par rapport aux années normales. A proche et moyen terme, les tendances de déplacements liés aux catastrophes seront déterminées par des facteurs qui augmentent le nombre de personnes qui sont exposées et vulnérables aux risques, plus que par les risques eux-mêmes" [5] .

Les auteurs de ce chapitre ont quelques difficultés à faire des affirmations péremptoires puisque le Giec lui-même ne fait pas état de corrélation entre variation climatique et fréquence des typhons.
Dans le « rapport pour les décideurs » du Giec, il est écrit que "la confiance reste faible quant aux changements d’activités sur le long terme des cyclones tropicaux".... "les chiffres actuels n’indiquent pas de tendance significative dans la fréquence des cyclones tropicaux par rapport au passé" (p. 2/60)
Dans le rapport complet du Giec, au chapitre 14, il est écrit :

"L'influence du changement climatique sur les cyclones tropicaux est susceptible de varier selon la région, mais les caractéristiques spécifiques des modifications ne sont pas encore quantifié. La qualité des données ne fournit que peu de confiance dans la détection des tendances à l'échelle du siècle de l'activité cyclonique tropicale et leur attribution au forçage du CO2. Cependant, il est moyennement confiance à court terme de forçage par les aérosols naturels et anthropiques ont eu un effet mesurable sur l'activité cyclonique dans certaines régions. Les projections pour le 21ème siècle indiquent qu'il est probable que la fréquence globale des cyclones tropicaux va diminuer ou rester essentiellement inchangée, concomitante avec une augmentation probable des taux cyclone tropical de vitesse maximale du vent et des précipitations moyennes mondiales, mais il y a une baisse de la confiance des projections spécifiques à la région. La fréquence des tempêtes les plus intenses seront plus susceptibles de ne pas augmenter sensiblement dans certains bassins." (page 14-4/206 du rapport final du Giec)

Quand on sait ce que signifie, dans les grilles du Giec, la qualification de moyenne pour les degrés de confiance que l’on peut attribuer à des assertions, on peut en conclure que le Giec renonce à voir une relation de cause à effet entre les variations climatiques et les tendances de fréquence des typhons.

3.6- Préparation et planification

Malgré ce qui précède, les auteurs déclarent que "les décideurs doivent veiller à ce que les plans-catastrophe nationale de réduction des risques et d’adaptation au changement climatique". Il s’agit là d’un style parfaitement incantatoire [6]

3.7- Les pays où les déplacements sont causés à la fois par des conflits et des catastrophes

 

Nous reprenons intégralement, en note à part [7], ce chapitre dont il ne ressort qu'une évidence : face au cumul de deux causes, le nombre de réfugiés augmente !

3.8- Mise en perspective

 

C’est probablement dans cette conclusion qu’on peut trouver les clés d’interprétation de l’importance donnée à ce faux concept de "réfugiés climatiques". En effet, il y est fait état, à plusieurs reprises, des "tendances démographiques" qui sont le "moteur des risques de déplacements[8].
On devine l’esprit malthusien qui inspire tous ces types de rapports. Il faut "compenser la croissance de population" par des tas de mesures qui n’ont rien à voir avec la croissance démographique. Lutter "contre l'inégalité des revenus" doit être un objectif, même dans les pays où la croissance démographique est faible. Et, dans le dernier paragraphe, il fallait bien que les auteurs concluent par la nécessité de "l’adaptation au changement climatique". Tout le rapport démontre que les déplacements de populations pour cause de catastrophes naturelles n’ont rien à voir avec le climat. Mais, aujourd’hui, il faut tout ramener à l’affaire climatique !!!

4- Conclusion

Hélas, la presse ne fait pas son travail et colporte l'émotion plutôt que de vérifier les sources. Nous sommes heureux d'avoir eu le temps de le faire ici pour éviter que des slogans ne soient utilisés pour réellement manipuler les opinions publiques. Pourquoi mentir en les qualifiant de "réfugiés climatiques" ceux qui sont des "réfugiés fuyant les catastrophes naturelles" ? Il ne s'agit pas que d'une argutie sémantique, car, bien sûr que cela ne retire rien au scandale que constituent tant de "réfugiés". Mais quand on commence à les qualifier de "climatiques" on les instrumentalise, ce qui ne fait qu'augmenter au scandale.

Nous ne plaidons pas pour avoir des comportements aveugles et sourds à ce qu'il se passe dans le monde. Certes, les millions de personnes déplacées sont objet de scandale parce que les catastrophes naturelles qui en sont la cause tombent toujours sur les plus pauvres. Mais est-il utile de mentir pour lutter contre la pauvreté ? Quand les problèmes sont mal énoncés, ils sont toujours mal résolus !
Remettre en cause le concept de "réfugiés climatiques" ne signifie pas qu'on veuille "continuer comme avant" ou "comme si rien n'était". C'est en se préoccupant de développement économique que les pays les plus pauvres sauront mieux, par surcroît, se protéger des calamités naturelles. Qualifier les réfugiés de "climatiques" c'est une manière de fermer les yeux sur les conditions économiques de ces pays.

Lors d'une intervention devant les veilleurs, le 15 avril 2015, nous appelions la génération actuelle à :

* avoir un regard scientifique et technique sérieux pour ne pas se laisser piéger par le discours des "catastrophistes éclairés". Ils nous  font juste un petit peu peur en mentant juste un petit peu. Eh oui, entendre parler de "réfugiés climatiques", cela fait peur, mais c'est un mensonge. Seul un discernement des sources, comme nous venons de le proposer, peut nous ramener au réel. Derrière la peur, il y a des mensonges destinés à nous détourner du réel.
* se méfier des faux consensus. Attention à la magie des arguments d’autorité. Le Larousse définit le consensus comme une « Procédure qui consiste à dégager un accord sans procéder à un vote formel, ce qui évite de faire apparaître les objections ...». Or un monde sans objections est un monde virtuel. Regardez le consensus des milliers de scientifiques promettant, depuis 30 ans, des lendemains merveilleux thérapeutiques avec la recherche embryonnaire. On sait, aujourd’hui, que ce consensus était idéologique et mensonger.
De la même manière, ce n'est pas parce que toute la presse parle de "réfugiés climatiques" que c'est vrai.

Il n'est pas besoin d'être un grand scientifique pour aller aux sources. Certes, il faut un peu de temps et lire un peu l'anglais. Mais si on ne fait pas ce choix, il reste au moins le scepticisme, qui est un moyen de devenir adulte, alors que la crédulité au moindre slogan entretien l'infantilisme.


[1] Texte intégral du chapitre introductif

"Les catastrophes provoquées par les catastrophes naturelles forcent, chaque année, des millions de personnes à fuir leurs habitations dans toutes les régions du monde. Le déplacement en question est un phénomène mondial, et son échelle de plus en plus fréquente et complexe, pose d'énormes défis pour les populations exposées les plus vulnérables, les gouvernements, les organisations humanitaires et de développement et les gestionnaires de risques de catastrophe.
Étant donné que la plupart des catastrophes sont autant artificielles que naturelles, on peut faire beaucoup plus pour renforcer la résilience axée sur les communautés de base nationales et pour éviter les impacts les pires des risques naturels, et pour mieux se préparer à des événements qui ne peuvent être évités. Les politiques et pratiques qui protègent et respectent les droits des personnes déplacées et des personnes déplacées et celles menacées de déplacement, et ce qui est ciblé pour leurs besoins spécifiques, peuvent jouer un rôle vital pour atténuer les impacts, bloquer les causes récurrentes et éviter la prolongation des situations.
Le moment est maintenant opportun pour les décideurs politiques de veiller à ce que les questions de déplacement soient mieux traitées dans les objectifs post-2015 et les cadres d'action international, qui sont actuellement en cours de préparation, sur la réduction des risques de catastrophe et sur le développement durable. Les gouvernements doivent s'assurer que les plans d'adaptation au changement climatique et les engagements des bailleurs de fonds accordent l'attention voulue à l'augmentation du risque de déplacement, y compris en facilitant la migration et en prenant les moyens pour que la relocalisation respectent les droits des populations vulnérables.. Des consultations avant le sommet humanitaire mondial 2016 devraient également veiller à ce que le déplacement soit considéré dans le contexte des catastrophes, des conflits et des crises mixtes".

[2] Texte intégral du chapitre "but et portée du rapport"

"Nos données pour 2008-2013 identifient les déplacements dans 161 pays, et l'ensemble de données historiques incluent les catastrophes signalées dans 194 pays. Ces deux données comprennent des catastrophes liées aux risques géophysiques tels que tremblements de terre et les éruptions volcaniques, et les risques liés aux conditions météorologiques comme les inondations, les tempêtes, glissements de terrain, les vagues de froid et les incendies de forêt. Le rapport inclut également des résultats en provenance de pays où les deux catastrophes naturelles et les conflits ont provoqué des déplacements, avec un focus sur le complexe et la crise croissante dans le Sud-Soudan.
Notre rapport « estimations mondiales » ne reflète pas les chiffres pour des déplacements faisant suite à des catastrophes dans les années précédentes, ou pour le déplacement en cours sur l'année où ils ont commencé. Des études ad'hoc et des rapports de cas existent pour de telles situations, mais les interventions d’urgence et les rapports sur les situations prolongées sont généralement pauvres et constitue une tache aveugle global significatif.
Nous sommes arrivés à nos estimations pour 2008 à 2013 par la compilation, le recoupement et l'analyse de rapports provenant d'un large éventail de sources, y compris celles des gouvernements, de bases de données nationales de décès en cas de catastrophe, de groupes humanitaires et de groupes de travail, des agences des Nations Unies, de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) , de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), des ONG, des institutions de recherche, des médias et des organisations du secteur privé. Les méthodologies utilisées sont détaillées dans l'annexe A du rapport".

[3] Texte intégral du chapitre "Dimension mondiale des réfugiés : modèles et tendances"

"2013
• Près de 22 millions de personnes ont été déplacées dans au moins 119 pays, soit presque trois fois plus nombreux que ceux qui ont été nouvellement déplacées suite à des conflits ou pour cause de violences.
• Trente-sept des plus de 600 événements enregistrés, ont entraîné le déplacement de plus de 100.000 personnes. Le typhon Haiyan, qui a causé le plus grand déplacement de l'année, a forcé un million de personnes à fuir leurs maisons à la fois vers les Philippines, l’Afrique, les Amériques, l'Europe et l'Océanie.
• Les déplacements de masse sont fréquents dans les pays les plus exposés et vulnérables aux risques naturels. Aux Philippines, trois catastrophes majeures frappées en l'espace de quatre mois : le typhon Haiyan et le typhon Trami ont déplacé respectivement 4,1 millions et 1,7 million de personnes et un tremblement de terre dans la région Central Visayas 349,000. Ce dernier était le plus grand déplacement de l'univers de l'année déclenché par un tremblement de terre.
• Comme les années précédentes, la plupart des déplacements les plus importants ont eu lieu dans les pays très peuplés d'Asie. Les Typhons, les inondations et les tremblements de terre en Chine et les Philippines comptaient pour 12 des 20 plus grands déplacements.
• Les inondations de la saison des pluies en Afrique sub-saharienne ont déclenché cinq des 10 plus grands déplacements relatifs à la taille de la population. Quatre ont eu lieu au Niger, au Tchad, au Soudan et au Soudan du Sud -, les pays semi-arides de la région du Sahel avec les populations hautement vulnérables qui sont également touchés par la sécheresse et le conflit voisin. Le cinquième a eu lieu au Mozambique.
• La mesure dans laquelle les populations des pays les plus développés sont exposés à des risques a également conduit à certains des plus grands déplacements de la planète. Le typhon Man-yi dans la région de Chubu du Japon déplacé au moins 260.000 personnes et les inondations en Alberta, le Canada a supplanté 120.000.
2008 à 2013
• Les catastrophes ont déplacé une moyenne de 27 millions de personnes, chaque année, entre 2008 et 2013. Il existe des différences importantes dans les estimations d'une année à l’autre, mais le total annuel a toujours dépassé 15 millions.
• Les grandes catastrophes sont irrégulières et relativement rares, mais elles provoquent un déplacement à vaste échelle quand elles se produisent. Trente-cinq catastrophes ont chacune forcé plus d’un million de personnes à quitter leurs foyers ce qui représentait 70 pour cent de tous les déplacements sur la période de six ans.
• Les événements relativement petits mais beaucoup plus fréquents ont tendance à être sous-déclarés. Les chiffres pour de tels événements sont donc probablement sous-estimés de manière importante et leurs impacts, répétés et cumulatifs, sont mal compris. L’augmentation des investissements pour réduire les risques de catastrophe, ainsi qu’une meilleure planification urbaine, l'entretien des digues contre les inondations et l'introduction de normes de construction de logements et d'autres infrastructures qui peuvent résister aux risques à plus petite échelle, pourrait prévenir ou atténuer une grande partie de leur impact.
Tendances depuis 1970
• Beaucoup plus de personnes sont maintenant déplacées par des catastrophes que dans les années 1970. En termes absolus, l’estimation du risque de déplacement a plus que doublé en quatre décennies.
• Un certain nombre de facteurs contribuent à expliquer la tendance à la hausse:
- Plus de personnes sont exposées à des risques naturels et touchées par des catastrophes qu’il y a 40 ans, en particulier dans les zones urbaines des pays les plus vulnérables. La population mondiale a augmenté de 96 pour cent depuis les années 1970, et les populations urbaines ont augmenté de 187 pour cent. Les populations urbaines des pays en développement ont augmenté de 326 pour cent.
- L'amélioration de la préparation aux catastrophes et les mesures d'intervention, y compris les systèmes d'alerte précoce et les évacuations d'urgence, signifie que plus de gens survivent aux catastrophes - mais la plupart des survivants sont déplacés.
- La Collecte de données sur les catastrophes et le déplacement qu'ils causent est améliorée. Nous en savons plus sur les effets des catastrophes qui se produisent maintenant que nous avons fait à propos de ceux qui se sont produits il y a 40 ans. Cela dit, les grandes lacunes et des variations importantes dans la qualité des informations disponibles font que la collecte de données doit être mieux encore".

[4] Texte intégral du chapitre "Expositions et vulnérabilités régionales et nationales"

"• Les pays en développement représentent la grande majorité des déplacements causés par des catastrophes chaque année - plus de 85 % en 2013, et 97 % entre 2008 et 2013. Ceux qui ont les plus bas niveaux de développement et des petits États insulaires en développement sont particulièrement vulnérables et ils sont surreprésentés parmi les pays ayant les chiffres les plus élevés de déplacement en termes absolus ou par rapport à la taille de leur population.
• Les événements répétitifs laissent peu de temps pour se relever d’un sinistre et de la vague consécutive de déplacements et la suivante. Quatre-vingt-huit pays ont connu un certain nombre d'événements de déplacement impliquant plus de 10.000 personnes au cours de la période de six ans.
• Le nombre moyen de personnes déplacées par les catastrophes a augmenté au cours des quatre dernières décennies dans toutes les régions du monde, mais la tendance a été la plus marquée en Asie. Là-bas, les personnes les plus vulnérables sont aujourd'hui exposés à des dangers alors qu’ils ne l'étaient pas il y a 40 ans, et c’est la seule région dans laquelle la part du déplacement global a dépassé son pourcentage de population mondiale.
• Entre 2008 et 2013, 80,9 pour cent des déplacements ont eu lieu en Asie. La région représente les 14 plus grands déplacements de 2013 et les cinq pays ayant les niveaux les plus élevés de déplacement sont les Philippines, la Chine, l'Inde, le Bangladesh et le Vietnam.
• Étant donné que la population de l'Afrique croît plus rapidement que les autres régions, les risques de déplacements de personnes exposées aux dangers risquent d’augmenter plus vite dans les prochaines décennies. Sa population devrait doubler d'ici à 2050.
• Un petit nombre de dangers extrêmes de façon inattendue a conduit à des niveaux élevés de déplacement dans les Amériques entre 2008 et 2013. Ils ont inclus l'ouragan Sandy, qui a touché les États-Unis, Cuba et d'autres pays en 2012, ainsi que les tremblements de terre de 2010 en Haïti et au Chili.
• Les pays insulaires du Pacifique sont touchées de manière disproportionnée par les catastrophes et le déplacement qu'ils causent, parce que quand un risque frappe il peut gravement affecter une très forte proportion de leurs habitants. Cette tendance est également observée dans les petits États insulaires en développement dans d'autres régions.
• Par rapport aux autres régions, l'Europe a connu des niveaux inférieurs de déplacement par rapport à la taille de sa population entre 2008 et 2013. Ceci étant dit, de graves inondations en Europe centrale, en particulier en Allemagne, en République tchèque, en Russie et au Royaume-Uni, ont fait de 2013 une année record.

[5] Texte intégral du chapitre "Déplacements liés aux intempéries et risques géophysiques"

"• Les risques liés à la météo, en particulier les inondations et les tempêtes, déclenchent, presque chaque année, la plupart des déplacements induits par les catastrophes soudaines. En 2013, ces événements ont déclenché le déplacement de 20,7 millions de personnes, soit 94 % du total mondial.
• Depuis 1970, le déplacement a augmenté à la fois à cause des risques liés aux conditions météorologiques et géophysiques. Les déplacements en raison des risques liés aux conditions météorologiques a augmenté plus rapidement, ce qui correspond au développement et à la croissance urbaine dans les zones exposées aux cyclones et aux inondations, en particulier en Asie.
• Les risques liés à la météo sont liés non seulement à la variabilité normale dans les conditions météorologiques, mais aussi à des changements à long terme dans le climat mondial qui devraient causer une plus grande fréquence d’événements météorologiques extrêmes dans l'avenir. Cela dit, les changements de tendances climatiques et météorologiques au cours des deux ou trois prochaines décennies seront relativement faibles par rapport à la variabilité des années à événements extrêmes par rapport aux années normales. A proche et moyen terme, les tendances de déplacements liés aux catastrophes seront déterminées par des facteurs qui augmentent le nombre de personnes qui sont exposées et vulnérables aux risques, plus que par les risques eux-mêmes. [remarque honnête]
• La quantification des déplacements liés à la sécheresse reste un écart global, que l’« Internal Displacement Monitoring Centre » (IDMC) tente de résoudre. Nous avons mis à l'essai une nouvelle méthodologie et un outil pour estimer le déplacement historique de pasteurs nomades de la Corne de l'Afrique, qui pourraient être appliquées à d'autres régions et leurs moyens de subsistance touchés par la sécheresse. Les décideurs pourraient également utiliser cet outil pour évaluer l'efficacité potentielle des investissements dans différents scénarios climatiques et démographiques.
• Si des mesures sont prises pour réduire les risques de catastrophes et d'aider les communautés à s’adapter à l'évolution des conditions météorologiques, on est susceptible de voir beaucoup plus de déplacements dans les années et décennies à venir. Nous devons nous préparer à voir beaucoup plus de déplacement dans les années et décennies à venir.

[6] Texte intégral du chapitre "Préparation et planification"

"• Pour nombre de personnes vivant dans des zones exposées aux risques naturels, les systèmes d'alerte précoces et des évacuations bien planifiées deviendront de plus en plus importants. Les plans et les mesures visant à protéger les personnes évacuées, en particulier les plus vulnérables, doivent couvrir toutes les phases de leur déplacement, jusqu'à ce qu'elles aient réintégré, en toute sécurité et volontairement, leurs régions d'origine ou qu’elles se soient installées dans des lieux alternatifs.
• Les décideurs doivent veiller à ce que les plans-catastrophe nationale de réduction des risques et d’adaptation au changement climatique et les mesures intègrent le risque et l'impact du déplacement. Nous avons analysé que beaucoup de décideurs ne le font pas. Les autorités doivent également veiller à ce que leurs plans ne soient pas susceptibles de provoquer des déplacements. Ils doivent éviter les mesures qui déplacent les personnes arbitrairement ou imposent leur réinstallation permanente sans le plein respect de leurs droits humains."

[7] Texte intégral du chapitre "Les pays où les déplacements sont causés à la fois par des conflits et des catastrophes"

"• Les initiatives humanitaires et de développement qui interviennent, devraient aborder les situations de déplacement complexes dans les pays touchés par les conflits et de catastrophes naturelles d'une manière cohérente et intégrée. Dans 33 pays sur 36 touchées par les conflits armés entre 2008 et 2012, les rapports indiquaient qu’il y avait également des risques naturels obligeant les gens à fuir leurs maisons. Les mesures visant à réduire le risque de catastrophes et de déplacement liés aux risques naturels peuvent également réduire le risque de conflit dus aux moyens d'existence précaires.
• La combinaison de conflit et de catastrophes naturelles crée des obstacles militaires et environnementaux pour les mouvements de population, isolant les communautés et en limitant les options des gens en termes de vols et de destinations. Une attention particulière devrait être accordée à la protection de ceux qui ne possèdent pas la liberté de se déplacer vers des endroits plus sûrs et qui ont le risque d'être piégés dans des situations dangereuses pour leur vie, y compris les personnes déplacées à des endroits à proximité de leurs habitations.
• Beaucoup de gens qui fuient la combinaison de risques de conflit et de risques naturels souffrent de déplacements répétés déplacement, y compris ceux qui se réfugient dans les zones où ils sont ensuite exposés à des risques supplémentaires. Des mesures de réduction des risques et les stratégies de subsistance de ces communautés sont nécessaires pour permettre aux gens de s'adapter à de nouveaux chocs, de se préparer à celles à venir et de prévenir des cycles répétés de déplacements.
• Certaines personnes déplacées rentrent chez elles relativement rapidement après une inondation ou autre catastrophe naturelle, mais d'autres ne le font pas. Les gens qui restent déplacées pendant des périodes prolongées, et dont les situations sont inconnues, peuvent être parmi les plus vulnérables et dans des situations de besoin d'assistance et de protection particulière. Une surveillance continue est nécessaire pour s’assurer que leurs situations ne sont pas négligées et qu'ils sont en mesure de parvenir durablement à des solutions à leur déplacement.
• Des données plus complètes et fiables sont nécessaires pour améliorer la connaissance de la dynamique de déplacements lorsque les gens sont exposés à de multiples risques, dans le but de connaître les réponses globales qui reflètent la gravité de ces crises et la priorité à la protection des personnes les plus dans le besoin".

[8] Texte intégral de la "mise en perspective"

"• Il faut s’attendre à des déplacements en nombre moyen plus élevés dans les prochaines décennies. Comme on le voit dans les dernières décennies, les tendances démographiques et la vulnérabilité continueront à être les principaux moteurs des risque de déplacements, et les changements de fréquence et l'intensité des événements météorologiques extrêmes devraient augmenter ce risque.
• L'augmentation du nombre de personnes exposées à des dangers a dépassé la capacité des autorités à réduire la vulnérabilité de leurs populations, en particulier dans les zones urbaines. Pour compenser la croissance de population, les gouvernements et leurs partenaires devront redoubler d'efforts pour réduire l'exposition et la vulnérabilité des personnes en adoptant et en appliquant des mesures de meilleures utilisation des terres et des règlements de construction, de lutte contre l'inégalité des revenus et d'amélioration des conditions pour les grandes populations vivant dans des quartiers défavorisés.• Le caractère rare et aléatoire des plus grands dangers rend les niveaux de déplacements annuels difficiles à prévoir. Cela souligne en outre la nécessité d'investir davantage dans la réduction des risques de catastrophe, d’adaptation au changement climatique et dans les mesures de préparation qui traitent de la vulnérabilité sous-jacente des gens aux risques météorologiques extrêmes et de catastrophes majeures dues aux tremblements de terre et aux volcans.