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Un débat a occupé la blogosphère chrétienne aux États-Unis depuis 2015 autour de la « Benedict Option ». L’inventeur de cette expression Rod Dreher[1], comparait la situation politique actuelle de l’occident à l’invasion de l’Europe chrétienne par les barbares. Il estimait que Saint-Benoit, essaimant des communautés monastiques, avait sauvé la chrétienté et que ce devait être un modèle pour les laïcs de notre temps de se recentrer dans de petites communautés de vie pour devenir une lumière qui aide nos contemporains à se ressaisir.
La démarche est séduisante. Rod Dreher a raison de chercher une forme plus solide d'engagement chrétien, mais, en réalité, on a vu fleurir, aux États-Unis, de nombreuses analyses, les unes séduites par l’approche et lui reconnaissant des mérites, les autres beaucoup plus critiques. L’idée n’a pas fait l’unanimité puisqu’on a vu de nombreux commentateurs proposer leur propre option, avec l’« Option chesterson » , la « Dominic Option », la « Sophia Option », la « Maria Option » la « Patrick Option » la « Dorothy option », l’« Escriva Option », la « Buckley Option », la « Boniface Option , la « Gregorian Option », l’ « Option Adam », ou la « Francis Option » fondée sur Laudato si. Comme on le voit, chacun y est allé de son option pour répondre à une situation politique jugée dramatique. On a même entendu parler d’une « option Murray » du nom du théologien John C. Murray qui cherchait à concilier catholicisme et pluralisme religieux !
La « Benedict Option » est traduite en français depuis septembre 2017 aux éditions Arpège sous le titre « Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus - le défi bénédictin ». Dès lors, le débat gagne la France. Les journaux chrétiens de langue française s’emparent du débat : ainsi la revue Limite, le journal Famille Chrétienne[2], l’éditorialiste Michel Janva[3], le Centre Catholique d’Études de Genève[4]. Chacun porte un regard en fonction de ses sensibilités propres et cherche à faire avancer ses propres projets.
On compare même l’« Option Benedict » à ce que devraient être des « éco-villages chrétiens » cultivant leur jardin et se repliant sur un commerce local de « produits bio ». Chad C. Pechnod, professeur agrégé de théologie aux Etats-Unis, reproche d’ailleurs à Dreher de vouloir constituer de « petites communautés de vertu, d'un nouveau mouvement localiste et d'un retour à la terre ».
D’autres la compareront au béguinage qu’on voit se développer en France, bien qu’il soit surtout un mode de vie collectif pour les seniors souhaitant se regrouper pour des prières et repas fraternels.
Que pensent les historiens de cette comparaison de notre époque avec les invasions barbares ? Quelle est la problématique posée dans chacune de ces options ? Quelles sont les solutions proposées ?
L’objet de cet article n’est pas de prendre parti pour telle ou telle Option, mais d’aider à prendre du recul, à ne pas se précipiter dans des sentiments de nostalgie, de repli, ou d’idéalisme que pourrait inspirer l’Option Benedict. Très probablement, il y a place pour de nombreux types d’engagements, dans une Église où beaucoup de charismes sont à l’œuvre.
Commentaire: "les2ailes.com"