Les députés voteront mardi 14 octobre 2014, l'ensemble du projet de loi sur la transition énergétique avant qu'il ne parte au Sénat.
Le dictionnaire Larousse définit une transition comme étant le passage graduel entre deux états. Mais, quel sera l’état de la technique nucléaire à cet horizon ? Quelle sera le niveau de la population française et de son industrialisation ? Cette loi ressemble au lancement d’un pont d’une rive à une autre qui n’existe pas !
En effet la loi prévoit que la part du nucléaire dans la production d'électricité devra être réduite de 75 à 50% à l'horizon 2025 et la consommation énergétique diminuer de moitié en 2050 par rapport à 2012. Parmi les autres objectifs définis figurent la baisse des émissions de gaz à effet de serre de 40% entre 1990 et 2030, et leur division par 4 en 2050. Mais rien n’est dit sur l’état de la France en 2050 ?
On ne parle que d’un mot magique, celui de « croissance verte » !
Les familles, comme consommateurs et comme acteurs du système économique et écologique, doivent-elles se réjouir de ce projet ou craindre d'aller vers un enfer pavé de bonnes intentions ?

Commentaire: "les2ailes.com"

L'art politique français actuellement au pouvoir semble résider essentiellement dans l'art de détourner les anciens mots de leur sens et d'inventer de nouveaux mots et expressions. Le projet de loi sur l'énergie que les députés voteront mardi 14 octobre 2014 en est un bon exemple. Il consacre de terme de transition énergétique et lance celui de croissance verte.

Ce projet ne donne pas de définition précise à ces expressions, mais l'exposé des motifs et le contenu de la loi permet de déduire que la transition énergétique est l'évolution de la situation actuelle vers une situation nouvelle luttant contre le réchauffement climatique et diminuant la « facture énergétique ». La croissance verte combat « le chômage par la valorisation de nouvelles technologies et la conquête de nouveaux marchés dans le domaine des énergies renouvelables, du transport propre, du bâtiment durable et de l’efficacité énergétique ».

 

L’incohérence de la loi de transition énergétique

Madame Royal, ministre de l'écologie, qualifie ces objectifs, ainsi que ceux chiffrés et échelonnés dans le temps, de clairs et ambitieux. Mais sont-ils cohérents ?
La loi porte sur un objectif sur la part du nucléaire, sur deux objectifs concernant le réchauffement climatique et sur deux autres sur les économies d'énergie, dont l'un intègre un aspect économique.
Ces objectifs et ces échéances sont-ils cohérents entre eux et avec les objectifs globaux ?
La réponse nous est donnée par l’excellente analyse d’une AFC bretonne que nous reprenons ci-dessous de façon intégrale :

 

a) Les objectifs chiffrés :
Voici les 3 objectifs, classé par échéance croissante.
- baisser la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025.
- réduire de 40 % de nos émissions de gaz à effet de serre en 2030, et porter le rythme annuel de baisse de l’intensité énergétique à 2,5 % d’ici 2030;
- réduire de moitié la consommation d’énergie à l’horizon 2050 par rapport à 2012.et diviser par quatre en 2050 les gaz à effet, par rapport à la référence de 1990 (c’est le « facteur quatre » ).

 

b) Analyse comparative des objectifs
L'énergie nucléaire est une énergie à basse émission de gaz à effet de serre. Sa diminution ne s'inscrit donc pas dans la perspective des objectifs sur le réchauffement climatique. L'exemple allemand montre au contraire comment cette diminution risque d'augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Elle ne s'inscrit pas directement dans les objectifs d'économie d'énergie. Les motivations de ce premier objectif sont donc autres.

b) Quels risques dans ce projet de loi ?
Le nucléaire fournit 75 % de l'électricité en France et cette forme d'énergie est de plus en plus utilisé par les particuliers et la moins chère d'Europe. Diminuer la part du nucléaire très rapidement conduira à une augmentation rapide du prix de l'électricité. Le projet de loi sort donc alors son arme secrète : la croissance verte. L'argumentation est que la diminution du nucléaire sera compensée, en partie au moins, par les énergies renouvelables qui sont sources de croissance économique. Mais l'impact négatif du surcoût de l'électricité sera-t-il compensé par cette croissance verte ? Le projet de loi le sous-entend, mais évite surtout la question. Dans les conditions économiques actuelles du coût des énergies renouvelables, c'est sûr que non. La croissance verte qui compense les coûts de la transition énergétiques est donc un pari audacieux, proposé par des gens peu crédibles en matière de prévision économique. Si ce pari ne réussit pas (ce qui est très probable), la croissance verte deviendra le nouveau nom de la … décroissance, compromettant ainsi l'objectif sur l'intensité énergétique.

c) La cohérence est-elle possible ?
Puisque le premier et les objectifs climatiques sont incohérents avec un risque économique important, il faut rechercher la cohérence avec l'objectif sur l'intensité énergétique. Pour cela, il faut d'une part les ramener à la même échéance, et d'autre part, conditionner l'un à l'autre. Par exemple diminuer la part de l'énergie nucléaire en proportion du rythme annuel de diminution de l'intensité énergétique. Ce n'est pas sûr que cet équilibre soit suffisant pour que la croissance verte soit une réalité économique. Certains proposent donc d’augmenter au contraire la part du nucléaire, ou du moins de la maintenir, pour pouvoir financer les énergies renouvelables.
Cette analyse, sommaire et limitée aux trois échéances avec des objectif quantifiés, ne prend pas en compte des objectifs secondaires. A la demande des industriels, le gouvernement a ajouté par exemple un objectif de maintenir le prix de l'énergie à un niveau compétitif. Même si ce niveau reste flou, les consommateurs ne peuvent que se réjouir de son ajout. Cependant, si les objectifs majeurs sont maintenus, cet ajout ne restera qu'une promesse irréaliste. Inversement, proportionner la réduction de la part du nucléaire à la diminution de l'intensité énergétique intégrerait, au moins en partie, l'objectif de maintien d'un prix compétitif de l'énergie en général et de l’électricité en particulier.

Les mensonges de la loi de transition énergétique

L’objectif de réduction de 40 % de nos émissions de gaz à effet de serre en 2030 tombe mal. En effet, les scientifiques sont en train de découvrir que le réchauffement climatique est en panne depuis 15 ans, sans que les émissions de CO² n’aient baissé sur cette période. Il faut donc chercher l’erreur.

a) Le GIEC surpris ?
Entre les scientifiques les plus officiels du GIEC, il y a des dissonances.  Rappelons ce que le GIEC reconnait lui-même: "Il y a une très haute confiance que les modèles reproduisent l’augmentation de la température moyenne annuelle de surface à l’échelle globale sur la période historique, y compris le réchauffement plus rapide dans la seconde moitié du 20e siècle, .... La plupart des simulations de la période historique ne reproduisent pas la réduction observée dans la tendance au réchauffement de surface moyen[1] sur les derniers 10 ou 15 ans. Il y a une confiance moyenne que la différence de tendance entre les modèles et les observations durant 1998-2012 est causée à un degré substantiel par la variabilité interne, avec une possible contribution venant d’erreurs de forçage et une surestimation par certains modèles de la réponse à l’augmentation de forçage par les gaz à effet de serre"[2].
Le propos est rédigé dans un style de type "novlangue", mais le GIEC reconnait, plus qu'à demi-mots:
- Que nous sommes bel et bien dans une panne de réchauffement depuis 1998 et le GIEC parle même de réduction de la température au cours des 10 à 15 dernières années. Or on n'a jamais parlé d'une baisse des émissions de CO² concomitantes.
- que ses modèles seraient excellents quand les températures montent; ils ne sont plus opérationnels quand elles cessent de grimper. Le propos a de quoi surprendre dans un rapport scientifique.
- et qu'il y aurait une cause de "variabilité interne"[3] aux variations climatiques. On serait en droit d'attendre du GIEC qu'il les décrive: l'effet des nuages, des océans,...

b) De nouveaux travaux démontrent l’imposture
Le débat n’est d’ailleurs pas clos : le jour même du sommet des Nations Unies sur le Climat, un nouvel ouvrage était publié aux éditions scientifiques anglaises « ISTE Editions Ltd », par un chercheur français ayant une très longue pratique d’une technique de modélisation classique, universellement enseignée et appliquée, celle de l’identification des systèmes dynamiques. Son livre est intitulé, « Changement climatique : identification et projections »[3].  Dans sa conclusion, on peut lire : "Non seulement il n’est pas possible d’estimer avec quelque précision la sensibilité au CO2, mais on ne peut même pas détecter avec certitude l’existence d’une relation de cause à effet. … L’hypothèse d’un impact insignifiant de l’ensemble des Gaz à Effet de Serre et de l’activité humaine en général ne peut pas être écartée. … On doit considérer comme un fait établi que l’activité solaire, en tant que variable explicative causale, constitue effectivement l’explication première du "changement climatique" …. Dans le scénario envisageable d’un retour aux faibles activités solaires des années 1700 ou 1800, les modèles identifiés font craindre, au contraire, une baisse des températures qui pourrait annuler la hausse du siècle dernier. Cette éventualité est ni plus ni moins probable que la reprise alarmante que nous promet le Giec". Cette conclusion est appuyée sur des calculs sérieux.

c) L’imposture est d’essence politique
Certes les "résumés" du GIEC pour les "décideurs", exploités par certains medias, évoquent un réchauffement pouvant aller de 1° à 6° quand la teneur en CO² double dans l'air.  Mais, un chercheur du CNRS1,  rappelait en 2007 que l’approbation de ces "résumés" est devenu un processus intensément politique, où s’exprime toute une gamme d’intérêts nationaux divergents. Le SBSTA [instance de l'ONU] a réussi à imposer "que le GIEC lui présente d’abord ses rapports d’évaluation afin de décider s’il peut ou non les recommander... aux autres institutions internationales"[4].

Conclusion

l’auteur de l’analyse sur la loi de transition énergétique a donc raison quand il dit : « J'appelle donc les familles à ne pas se laisser berner par l'image positive des expressions de transition énergétique et de croissance verte, en s'informant sur ce qu'elles recouvrent, et en interrogeant les acteurs économiques et politiques à leur sujet ».


[1] On aura noté la périphrase de type novlangue: « réduction de la tendance au réchauffement », pour désigner son arrêt apparent.

[2] Source: rapport final du GIEC du 7.6.2013 (Working Group n°1 - 5ème rapport d'évaluation, relatif aux modèles climatiques) (page 743 du rapport complet):

[3] Tout ce qui n’est pas déterminé par les causes répertoriées, mais qui résulte du caractère aléatoire intrinsèque à la nature turbulente (chaotique) des circulations troposphériques et océaniques.

[4] Amy Dahan Dalmedico, Modèles du futur, changement climatique et scenarios économiques: enjeux scientifiques et politiques; Coll. Recherches; Ed. La Découverte, 2007; pages 7-18, 113-139