C'est le titre qui a été retenu dans un article de Le Monde-Santé, par son auteur, le professeur Guy Vallancien. Il signale que Séralini vient de publier une étude évaluant le danger de 9 pesticides sur des cellules embryonnaires de rein et d’hépatome humain! "Grand moment de découverte qui a consisté toute simplement à mettre, en contact, in vitro, ces pesticides seuls puis avec leurs adjuvants afin d’analyser le comportement des cellules mises en culture!"
D'autres articles dénoncent à quel point les bornes sont dépassées par Seralini "Pesticides et vieilles ficelles: le séralinisme sans limite" qui dit: "après la débâcle de l'« étude » de la toxicité d'une plante génétiquement modifiée, le maïs NK 603, et du Roundup sur le rat – étude qui a été dé-publiée avec fracas, M. Gilles-Éric Séralini remet le couvert avec une autre recette de l'alter-science militante : les séances de baignade pour cellules humaines".
Le séralinisme deviendrait-il synonyme de Lyssenkisme?
De quoi s'agit-il?

Source: Guy Vallancien[1] - Le Monde-santé.fr 4.3.2014

Communication "les2ailes.com"

Nous reproduisons ici l'intégralité de l'article du Professeur Vallancien

Cette expérience est publiée dans une revue, Biomed international Research[2], http://www.hindawi.com/journals/bmri/aip/179691/ dont l’impact factor brille de tous les feux: 2.8 ! Un niveau extrêmement faible comparé aux revues comme Nature et Sciences, qui planent au firmament des publications.
Gilles Eric Séralini a encore sévi. La presse s’est empressée de publier son communiqué, reproduit en copié-collé sans chercher un instant à en analyser la méthodologie ni attendre la vérification des résultats avant d’en tirer des conclusions honnêtes. Voilà une attitude extrêmement grave, dérive qui frôle la manipulation, oserais-je dire le délit? Le Séranilisme ou l’alchimie du malheur est né.
Le titre même de l’article, préfigure le résultat au lieu d’inviter au questionnement, principe de base élémentaire lors de toute recherche. « Major pesticides are more toxic to human cells than the declared actives principles ». Pourquoi lire la conclusion, puisqu’elle est préconçue. La signification de ces travaux est nulle in vivo. Les auteurs font, du reste, semblant de jouer la prudence en écrivant « the chronic tests of pesticides may not reflect relevant environmental exposure if only one ingredient is tested alone ». D’un conditionnel (may), on passe à un affirmation péremptoire dans les médias, via un communiqué pervers.
Comment, à partir de cette expérience basique, qui ne reflète en rien la réalité, peut-on triompher en brandissant haut la main le bréviaire du parfait petit écologiste de service?
Faut-il rappeler à Seralini que tout organisme vivant est génétiquement modifié, lui tout comme moi-même et ce, tous les jours car nous sommes des mutants permanents. Certains le sont par la nature et d’autres par l’homme. Quelle différence ? Si j’avale un amanite phalloïde, je risque gros. La nature n’est ni bonne ni tendre. ELLE EST.
Dans une première étude de l’effet du maïs NK 603 sur des rats[3] qui, fait rarissime, fut retirée de la revue qui la publia, Séralini ne donna aucune explication sensée à l’observation selon laquelle le taux de mortalité spontanée des rongeurs mâles des groupes contrôles était plus élevé que celui du groupe nourri à l’ OGM. Ah ! La belle affaire. Embouchant sa trompette, le chercheur diffusa son message politique, qui n’a rien à voir avec la science. Ce genre d’attitude totalement irresponsable et dangereuse fait le lit des peurs et des doutes qui planent sur le bien fondé de la démarche scientifique. Cette façon sournoise de procéder génère et accroit tous les phantasmes d’un société repue, sans idéal, recroquevillée sur elle-même dans l’attente de l’Apocalypse.

Vous trichez, Monsieur Séralini, oui vous trichez, en désinformant. Vous manipulez l’opinion en vous comportant en zélateur du pire des obscurantismes à la sauce statistique de bazar.
Heureusement que les produits phytopharmaceutiques sont plus puissants que les matières actives seules. C’est bien ce que nous attendons d’eux.
Rappelons que la recherche se doit d’utiliser des méthodes expérimentales pertinentes, fiables et reproductibles. Les modèles de test utilisés par les auteurs sont inappropriés pour évaluer la toxicité réelle in vivo des matières actives testées sur la santé humaine. Exclure les barrières naturelles protectrices de l’organisme animal ou humain telles que la peau, les muqueuses, le métabolisme naturel de dégradation, l’excrétion urinaire, ne reflète en rien les conditions réelles d'exposition, ni les différences entre chacun des composés de la formulation. Que je sache, les hortensias contiennent des substances qui peuvent se transformer en acide cyanhydrique (hautement létal) et pourtant jamais les autorités n’ont interdit leur culture dans nos jardins. Autre coup de pied dans votre fourmilière, l’étude Agrican sur 180.000 agriculteurs français a montré qu’ils vivaient en meilleure santé et plus longtemps que la moyenne nationale.
Les pesticides, les substances actives et les formulations, sont réglementés dans l'Union Européenne. Aucun d’entre eux n’est autorisé à la vente, s’il n’a pas démontré aux organismes compétents qu’il ne présente pas de risque réel pour la santé humaine, dans le cadre d’une utilisation prévue.
L’industrie, les autorités scientifiques et réglementaires n’ont jamais considéré les adjuvants comme "inertes". Des études sont obligatoires pour confirmer l'absence d'augmentation significative de la toxicité de la formulation par rapport à la toxicité de la substance active seule. Leurs résultats in vivo sont disponibles publiquement.
C’est la recherche française toute entière qui est bafouée au travers de votre attitude partisane.
Ce sont Pascal, Descartes, Pasteur, les Curie, Monot, Lwoff et Jacob, de Gennes, Barré Sinoussi, Hoffman et toute la lignée de nos savants qui sont atteints. Quel gâchis au seul profit de votre foi !


[1] Chirurgien urologue, professeur à l'Université Paris Descartes, spécialisé en cancerologie, consultant à l'Institut Montsouris. Membre de l'Académie Nationale de Chirurgie, membre correspondant de l'Académie Nationale de Médecine, ancien secrétaire général de l'Association Francaise d'Urologie, ancien trésorier de la Société Internationale d'Urologie. Auteur de 300 publications scientifiques. Fondateur et président de l'Ecole Européenne de Chirurgie (2001) et de la Convention on Health Analysis and Management (CHAM).en 2009. fondateur et membre du Cercle Santé Société (2006) Chargé de mission et rapporteur au Ministère de la Santé 2002-2012. CV détaillé et liens d'intérêts sur le site: www.vallancien.fr

 

[2] La revue qui vient de publier les travaux mentionnés dans ce billet est Hindawi, qui fait partie de ces éditeurs qualifiés de « prédateurs ». Cet éditeur est même surnommé « The house of spam ». C’est dire la qualité des articles en ligne qu’il publie ! Hindawi est domicilié au Caire (Egypte) mais également à New York (pour apparaître un peu plus crédible aux yeux des auteurs, crédules, qui soumettent des manuscrits qui ont été refusés par d’autres périodiques, bien plus sérieux).
Un mot sur la presse. Oui, certains journalistes (même scientifiques), n’attendent que le dernier article (je devrais dire papier) de Séralini pour faire le buzz, principalement sur le web. (source: commentaire d'un internaute)

 

[3] Les rats utilisés par M. Seralini sont d'une souche qui développe naturellement des cancers. Ils ne sont utilisés que pour la recherche de médicament anti cancéreux