1. Outil de réflexion pour tous et référence aux Écritures pour les chrétiens
L’objectif de cet ouvrage est de proposer un outil de réflexion pour les chrétiens sensibles aux questions écologiques, mais accessible à un plus large public, au-delà des cercles de spécialistes.
Ce livre s’adresse à toutes les personnes qui, en Église ou non, sont engagées dans des missions touchant de près ou indirectement aux questions écologiques.Chaque chapitre a plusieurs portes d’entrée, celle de l’Écriture, celle de la raison et celle de la Tradition de l’Église.
Soucieux de l’unité dans l’Église, nous terminerons, systématiquement, chaque chapitre par une méditation à partir d’un texte d’Évangile, patristique ou conciliaire. Les textes retenus l’ont été sur des critères personnels. Ils ont été autant d’occasion d’approfondissements personnels en puisant à la Source. Nous espérons qu’ils interpelleront tout lecteur, quelle que soit sa sensibilité écologique.
L’objectif de cet ouvrage est, également, d’ouvrir un dialogue avec des chrétiens qui n’ont pas forcément la même sensibilité écologique que celle qui est exprimée ici. Pour qu’il y ait dialogue, il faut donc, en préalable, faire le constat de ce qui nous est commun.
- Dans un monde traversé par toutes formes de violences économiques, de cataclysmes naturels, de brassages de civilisations, il est bon de vouloir faire la paix et de la rechercher partout où c’est possible, à commencer avec notre premier environnement qu’est la nature. Nous aspirons tous à une harmonie avec elle.
- Dans un monde fragilisé par le scepticisme et le relativisme, il est bon de chercher un sens à nos vies. La nature est un langage qui peut nous aider à trouver une transcendance qui contribue à retrouver un référentiel.
- Dans un monde égoïste, il est sain de vouloir réagir en faisant mémoire à des pollutions graves comme celles de Bhopal, Seveso, Tchernobyl ou Fukushima qui ont engendré tant de souffrances dans des régions entières.
- Dans un monde marqué par l’individualisme, il est louable de se soucier des générations futures qui vivront dans la même maison que nous. Le mot oikos, « maison », racine des mots « écologique » et « économie », nous le rappelle.
Ce travail s’appuie sur les documents du magistère et en particulier sur le Compendium de la doctrine sociale de l’Église. Moderne et méconnu, ce texte nous ouvre à « l’écologie de l’homme » et « l’écologie sociale », indispensables pour construire une culture écologique qui ne tombe ni dans un rêve passéiste, ni dans un futur étroit.
2. Vers une écologie respectant la nature déifiable de l'homme
La table des matières de cet ouvrage est consultable ICI.
Les chapitres successifs de "L'écologie chrétienne n'est pas ce que vous croyez" sont articulés autour des proclamations du Credo :
Chapitre 1 : Je crois en un seul Dieu
- Éclairage des Écritures :
Les prophètes, pendant toute l’histoire de la Bible, ont dénoncé les dérives du peuple d’Israël à chaque fois qu’il adorait les faux dieux ou, pire, lorsqu’il rendait des cultes à plusieurs dieux à la fois, Yahvé et Baal. De même, aujourd’hui, nous ne pouvons pas adorer à la fois Dieu et Gaïa sans risquer de tomber dans toutes sortes de dérives syncrétistes.
- Éclairage de l’Église :
Encore faut-il réfléchir à ce que l’Église entend par syncrétisme. « Ce phénomène […] est un des plus graves problèmes pastoraux de notre temps » [1] nous dit une instruction du magistère de 2004. Il ne faut pas le confondre avec l’inculturation qui incarne l’Évangile dans les cultures.
- Éclairage de la raison :
Le syncrétisme est généralement véhiculé par de faux prophètes. Comment discerner ces faux prophètes si ce n’est par la mauvaise qualité des fruits qu’ils donnent ? Il s’agit en général du mensonge, de la lâcheté et de la peur. Nous profiterons de ce chapitre pour étudier la peur des produits chimiques en agriculture. Est-elle fondée ?
Chapitre 2 : Je crois en Dieu créateur du ciel et de la terre
- Éclairage des Écritures :
La Genèse nous révèle un Dieu créateur et nous rappelle notre nature créée. Or un certain écologiquement correct nous fait oublier notre condition de créature, voire met à bas l’idée même de Création. Toute la Genèse doit être relue et confrontée aux idées sur lesquelles certains écologistes chrétiens s’appuient de manière quelquefois trop hâtive.
- Éclairage de la raison :
Nous approfondirons les idées darwinistes qui ont contribué à donner trop d’importance à notre origine animale. Nous reverrons également la question de la Création à la lumière du Big Bang.
- Éclairage de l’Église :
L’Église ne prend pas la Genèse à la lettre. C’est pourquoi elle a un regard positif sur la science. Le concept de dessein intelligent permet-il de concilier science et foi ? Cette réflexion nous aidera à comprendre les philosophies sous-jacentes de l’écologisme.
Chapitre 3 : Je crois en Dieu le Père tout-puissant.
Beaucoup, aujourd’hui, préfèrent croire en l’homme tout-puissant. Nous étudierons en profondeur, comme exemple de toute-puissance humaine, les velléités du monde de mettre en place une gouvernance mondiale. Les questions environnementales sont souvent prétextes à faire avancer cette idée.
- Éclairage des Écritures :
Le juge Samuel explique au peuple élu les risques qu’il encourt à instaurer une royauté humaine toute-puissante plutôt que de voir nommé un nouveau juge. Les questions nécessitant aujourd’hui une concertation internationale ne peuvent être licites que si elles sont régies selon le principe de subsidiarité. Reste encore à bien comprendre les significations éthiques, anthropologiques, théologiques, philosophiques et sociopolitiques de ce principe.
- Éclairage de la raison :
Nous profiterons de cette thématique pour approfondir quelques questions comme celles de la démographie, de la sécurité alimentaire mondiale, des désordres monétaires, de la biodiversité, du climat ou de l’eau pour nous réinterroger : est-il fondé d’imaginer qu’à problème global il y aurait une réponse mondiale ? Ce n’est pas si évident qu’il y paraît.
- Éclairage de l’Église :
Croire en la toute-puissance de Dieu, c’est reconnaître notre vulnérabilité. L’Église nous explique que nous devons assumer cette vulnérabilité, et cela, jusque dans notre foi elle-même.
Chapitre 4 : Je crois en Jésus Christ qui s’est fait homme, est mort et ressuscité… j’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir
- Éclairage de l’Église :
L’Église a retenu, pour la liturgie de la veillée pascale, de nous faire relire les textes de la Création. Pâques nous renvoie, en effet, à une seconde Création, celle de la résurrection qui nous conduit vers la terre nouvelle.
- Éclairage des Écritures :
L’Apocalypse n’est ni une illusion, ni une menace annoncée par l’écologisme. C’est une promesse divine.
- Éclairage de la raison :
Il ne s’agit donc pas, comme nous y pousse un certain écologisme, de rêver à un paradis définitivement perdu.
Chapitre 5 : Je crois en Jésus Christ qui reviendra pour juger les vivants et les morts
En attendant son retour, nous avons à vivre et serons jugés sur actes.
- Éclairage de l’Église :
En attendant le retour du Christ, nous avons à vivre. C’est pourquoi le Concile nous rappelle clairement que « l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller ».C’est sur la façon dont nous cultiverons la terre que nous serons jugés.
- Éclairage des Écritures :
Les prophètes dans toute l’histoire de la Bible ont exprimé la colère de Dieu quand le peuple s’éloignait de la justice.
- Éclairage de la raison :
Nous profiterons de ce chapitre pour avoir un regard scientifique ou économique sur les questions telles que le climat, l’éolien et le nucléaire, la croissance zéro et la croissance verte, le commerce international. Nous verrons qu’un certain écologisme, par le malthusianisme qu’il véhicule, relève de l’injustice ou de l’égoïsme. Quand un problème est mal posé, il peut conduire à toutes sortes d’injustices.
Chapitre 6 : Je crois en l’Esprit Saint, en l’Église catholique et apostolique
L’Église est ainsi un précieux guide d’action. Encore faut-il l’écouter et étudier les textes de son magistère.
- Éclairage de l’Église :
Comment s’y retrouver entre les propos, parfois divergents, énoncés par un prélat ou une conférence épiscopale ? Quelle est la compétence de l’Église ? Elle nous fournit de merveilleuses grilles de lecture, en particulier avec son Compendium de la doctrine sociale de l’Église. On y retrouve à la fois des réflexions concrètes et l’expression de grands principes doctrinaux comme ceux du bien commun et de la destination universelle des biens.
Conclusion : Je crois en l’Église Une et Sainte
Nous croyons que l’Église est sainte, tout en étant appelée à le devenir. L’Église est sainte parce que corps du Christ, mais appelée à devenir sainte, parce que les membres de ce corps sont eux-mêmes sur ce chemin de sainteté.
Seule l’unité entre ses membres contribue à la sainteté de l’Église. Il nous faut donc dépasser nos différentes sensibilités en matière d’écologie, si nous voulons rester en Église. C’est à partir d’un passage de la première lettre de saint Paul aux Corinthiens, que nous conclurons cet ouvrage. C'est avec un passage de saint Jean que nous commençons nos méditations.
[1] Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacements, Instruction Erga migrantes caritas Christi.