Le Nouvel observateur a fait  son gros titre du 20 septembre 2012 en écrivant « Oui les OGM sont des poisons ! ». Le ton est péremptoire donc suspect, car en sciences les choses sont elles jamais définitives? Le protocole de la dite étude est pourtant surprenant ; les rats étaient soumis à un rude régime : boire du RoundUp à des doses 1400 milliards de fois supérieures aux résidus constatés dans l’eau du robinet ! Pauvres rats ! La SPA est bien silencieuse !
Osons le dire : un scientifique perd toute crédibilité quand il publie une étude concomitamment avec un livre à sensation, « tous cobayes », qu’il compte vendre.
Qu’en est-il de cette affaire?

Sources :  Revue Food and Chemical Toxicology (septembre 2012)
Le NouvelObs.fr du 20 sept. 2012

Commentaires « les2ailes.com »

1-      Qui sont le CRIIGEN et son directeur, le « professeur Gilles-Eric Seralini » ?

Gilles-Eric Seralini se targue des titres suivants :

- Professeur à l'Université de Caen en biologie moléculaire, spécialiste des effets des OGM agricoles, pesticides et différents polluants sur la santé.
- Auteur de plusieurs livres, notamment sur les OGM, la biodiversité et les effets des polluants : "Ces OGM qui changent le monde" (Flammarion, 2010), "Nous pouvons nous dépolluer" (Editions Josette Lyon), "Après nous le déluge" (Flammarion, 2008), et "Génétiquement Incorrect" (Flammarion, 2003), ou encore "OGM, le vrai débat" (Flammarion, 2000).
- Distingué de l'Ordre national du mérite par le ministère de l'Ecologie

Mais le principal titre de Gilles-Eric Seralini est d’être le Président du Conseil scientifique du CRIIGEN (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique). Ce laboratoire est-il si indépendant que son nom voudrait laisser croire ?
En fait d’indépendance, il s’agit seulement d’une indépendance « vis-à-vis des producteurs d’OGM, ce qui ne signifie pas, malgré sa déclaration sur internet que ce soit un « comité apolitique et non-militant ».
En effet, son conseil d’administration est composé de:
-   Corinne Lepage, ancienne présidente du CRIIGEN jusqu’à ce qu’elle soit candidate à l’élection présidentielle.
-  Jean-Marie Pelt, cofondateur et secrétaire général du CRIIGEN
-   Michèle Rivasi, député européenne et membre d’Europe Ecologie, dont on dit qu’elle est amie de Corine Lepage, et qui a fondé ou présidé d’autres comités dits- « indépendants » traitants de toutes les grandes thématiques écologiques, comme :

  • La CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité), … qui se dit également « être indépendante des exploitants du nucléaire, de l'État et de tous partis politiques » alors que la CRIIRAD a été crée par Michèle Rivasi
  • CRIIREM (Centre de Recherche et d'Information Indépendant sur  les Rayonnements Electro Magnétiques non ionisants), dont la Vice Présidente est également Mme Rivasi !

On ne peut donc pas dire, malgré sa déclaration sur internet que le CRIIGEN soit un « comité apolitique et non-militant ». Tous ces organes sont d’ailleurs affiliés au « who’s who de l’écologie militante » !
Enfin, rappelons que Gilles-Eric Seralini s’était targué, en février dernier, d’avoir reçu le prix scientifique 2011 attribué par «  le International Biographical Centre of Cambridge » (IBC). « pour ses nombreux travaux de recherche sur les effets des OGM et des pesticides sur la santé » (disait le site du CRIIGEN). Gilles-Eric Seralini en était-il très fier ? Il donnait des conférences en Australie, aux Philippines et ailleurs, affublé de ce diplôme.
Mais l’IBC n’a rien à voir avec l’Université de Cambridge ! L’activité de l’IBC consiste à publier des dictionnaires biographiques… et à vendre des diplômes « honorifiques » ! Pas moins de 70 prix différents, qui vont du scientifique de l’année au musicien de l’année en passant par celui du leadership mondial, ont en effet été décernés par l’IBC. Il est précisé que pour obtenir ce « prestigieux » diplôme, comportant la photo de l’heureux élu, il suffit d’adresser par retour de courrier la modique somme de 370 dollars.
Cette mystification a été dénoncée par quelques esprits avertis, et l’heureux élu a dû supprimer cette noble mention de son CV sur le site du CRIIGEN !

2-      Que dit l’étude du CRIIGEN sur les OGM ?

L’étude peut se résumer à ceci : « 10 groupes de 10 rats ont été étudiés :  Répartis en 10 groupes de 20 (10 mâles et 10 femelles), les 200 rats étaient assignés à des régimes différents mais équilibrés, selon les auteurs. Six groupes ont reçu des aliments contenant une proportion de 11, 22 ou 33 % d’OGM NK 603, cultivé soit avec, soit sans herbicide RoundUp. Trois autres groupes étaient alimentés avec un maïs  non OGM « proche » de celui testé précédemment, et buvaient une eau contenant trois concentrations de RoundUp.
La première est une concentration qui peut être retrouvée dans les eaux du robinet, la seconde correspond à la limite maximale de résidu (LMR) tolérée aux Etats-Unis dans l’alimentation animale, la dernière à la moitié de la concentration appliquée par les agriculteurs au champ.
Le 10e groupe de rats est un groupe témoin nourri au maïs non OGM cultivé sans pesticide »[1].

Dans la mesure où l’échantillon est très faible, il n’aurait dû comparer qu’un seul facteur. Or ce sont au moins trois facteurs qui sont comparés, voire beaucoup plus  :
-       La consommation de maïs OGM ou non
-       Les boissons contenant toutes du RoundUp
-       Le mode d’agriculture ayant produit lesdits maïs

a) Concernant les doses de Roundup contenu dans les boissons des rats, elles étaient les suivantes:

- la dose « robinet »  : 50 ng (pas étonnant que nous puissions en boire sans danger !)
- la dose LMR : 400 mg  (soit 8 millions de fois plus que le robinet !)
- La dose ½ exploitation agricole : 2,25 g de Roundup (soit encore 200.000 fois plus que la dose précédente… )

Malgré tout, l’étude précise que « les rats mâles ayant eu pendant deux ans de l'eau contenant 2,25g de Roundup par litre sont morts après les animaux du groupe contrôle ». Voilà une conclusion surprenante ! Est-ce à dire que le round up n’est pas si toxique qu’ont veut bien le dire ? En tout état de cause, tout cela n’a rien à voir avec les OGM !

b) Concernant le mode de culture des maïs utilisés, qui sait ce que sont les mycotoxines ? 

Ce sont de microchampignons (genre fusarioses) qui se développent en particulier pendant le stockage des céréales. La FAO estime que 25 % des récoltes de céréales dans le monde étaient affectées par des mycotoxines, ce qui a pour effet de réduire la nourriture, tant végétale qu'animale, disponible au niveau mondial. De plus, les mycotoxines sont responsables d’intoxications aigües parfois mortelles, notamment chez les animaux. La FAO précise que la lutte contre ce fléau passe d’une part par la qualité  de la moisson, du séchage et du stockage, et d’autre part, en cas de contamination d’un mot par la décontamination chimique ou physique.
D’ailleurs, il est très curieux de voir que la détection des mycotoxines, qui  est l’obsession des agriculteurs « écologiquement intensifs », n’est pratiquement jamais évoqué par l’agriculture « bio », qui ont le sait, n’a qu’une obligation de moyen (pas de fongicides), mais n’a aucune obligation de résultat (pas de mycotoxines), si ce n’est les simples obligations  de l’agriculture traditionnelle … Il se trouve que la Direction Générale de l’Alimentation (DGAL) du ministère de l’agriculture est particulièrement inquiète de ce problème.
Or : rien n’est dit dans l’étude sur la traçabilité des maïs ayant servi à nourrir les rats. Les maïs sans OGM sont probablement issus de l’agriculture bio et les autres non. Est-on sûr que les rats ne sont pas  morts d’intoxication avec des mycotoxines.

Dans ces conditions, on ne doit donc pas s’étonner que les conclusions de cette étude ne soient pas représentatives. Concernant la mortalité des rats, l’étude précise que « les rats mâles ayant bénéficié d'une alimentation riche en OGM (22 et 33 %) sont morts après le groupe témoin ». Voilà également une information curieuse qui n’a pas fait la une des journaux !
D’ailleurs les auteurs le reconnaissent eux-mêmes : « les réponses, tant en termes de mortalité que d’apparition de tumeurs, ne s’avèrent pas proportionnelles aux doses d’OGM ou d’herbicide ingérés par les rats à travers leurs régimes alimentaires ».

L’étude est signée par 8 personnes dont 6 sont des salariées du CRIIGEN, organe abrité dans les locaux de Corine Lepage, et un autre de l’université de Caen qui abrite le CRIIGEN. Voilà donc une étude pour le moins consanguine et qui ne fait aucune référence au moindre « pair » spécialiste de la question.

D’une manière générale, il faut rappeler qu’il faut toujours distinguer deux types d’études:
-   les études dites « prospectives » consistant à s’interroger sur des situations à un moment « t » sur l’apparition de tel ou tel phénomène s’étant produit au cours d’une période qui l’a précédé. Ces études portent sur de petits nombres d’individus.
-  les études dites « longitudinales » portant sur un très grand nombre d’individus sur une période très longue.

Les études longitudinales sont considérées comme les plus fiables et les plus informatives quant à l’apparition de phénomènes survenant sur le long terme ou se révélant tardivement.
Une forme d’étude en vrai grandeur est menée aux Etats-Unis sur les porcins (dont la biologie est plus proche de l’homme que celle des rats). Elle porte sur des millions et millions de porcins qui sont nourris avec des aliments OGM et qui sont tous autopsiés dans les abattoirs. On connait le gout américain pour la procédure, et l’intérêt financier qu’auraient d’énormes cabinets d’avocats à se précipiter sur le moindre soupçon sur la santé des dits porcs. Si c’était le cas, les médias se seraient emparés de cette actualité.
Faut-il avoir moins confiance dans les vétérinaires qui observent depuis plus de 20 ans les foies et les mamelles des carcasses de porcs, un à un, plutôt que les amis de Corinne Lepage qui s’amusent en laboratoire en se référant à une dizaine de « rats témoins ».

3-      Les réactions du pouvoir politique

Les réactions des autorités nationales et européennes ont été immédiates[2] :
-   les ministères de l’Agriculture, de l’Ecologie et de la Santé ont annoncé avoir saisi l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire et des aliments, pour vérifier notamment le protocole de l’étude
-   Les conclusions de cette étude seront aussi soumises au Haut conseil des biotechnologies et l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’Efsa, a été saisie par la Commission européenne.

Mais alors pourquoi les trois ministères n’ont-ils pas attendu pour se prononcer. Ils ont conclu avant leurs experts : « Cette étude semble confirmer l’insuffisance des études toxicologiques exigées [par l’Europe] » pour la délivrance d’autorisations de mise sur le marché d’OGM. Et d’ajouter, d’emblée : elle « valide la position de précaution prise par le gouvernement français sur le moratoire des cultures OGM. Le gouvernement demande aux autorités européennes de renforcer dans les meilleurs délais et de façon significative l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux ». [3]
Cette étude semble ravir le pouvoir politique : « J’ai demandé une procédure rapide, de l’ordre de quelques semaines, qui permette de vérifier la validité scientifique de cette étude », a expliqué Jean-Marc Ayrault, le 20 septembre. « Si les résultats sont concluants, Stéphane Le Foll défendra au niveau européen l’interdiction de ces OGM », a-t-il assuré.

4-      Les réactions de la communauté scientifique

-  l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV) : 
Il s’agit d’une association[4] regroupant entre autres : Marc Fellous, Georges Pelletier, Axel Kahn, Jean-Marie Lehn, Maurice Tubiana, 44 chercheurs de la Recherche publique dont 21 Directeurs de Recherche (INRA, CNRS, CIRAD, IRD, INSERM), 20 Académiciens (Sciences, Médecine,  Agriculture, Technologies, Pharmacie,Vétérinaire), d'anciens Directeurs d'Instituts (Institut Pasteur, INRA, CIRAD), etc…
L’AFBV a publié le communiqué suivant :
« L’Etude du CRIIGEN sur les effets toxicologiques à long terme des OGM n’est pas la première étude sur le sujet. Les experts de l’Association Française des Biotechnologies végétales (AFBV), qui réunit notamment de nombreux scientifiques des biotechnologies,  souhaitent signaler que, contrairement à ce qui est affirmé, la dernière étude du CRIIGEN n’est pas la première à avoir évalué les effets à long terme des OGM sur la santé. Il existe en effet de nombreuses études toxicologiques qui ont évalué  les effets à long terme des OGM sur la santé des animaux. Ces études réalisées sur des rats mais aussi sur d’autres animaux par des chercheurs d’horizons différents n’ont jamais révélé d’effets toxiques des OGM. Bien entendu, si cela si cela avait été le cas, les Agences d’évaluations nationales et internationales en auraient tenu compte.
L’AFBV tient à la disposition la liste de ces études et leurs références pour tous ceux qui veulent disposer d’une information diversifiée. Le Conseil scientifique de l’AFBV attend d’avoir les résultats détaillés  de cette étude du CRIIGEN pour donner son avis sur le fond ».

-  Gérard Pascal, ancien toxicologue et directeur de recherche honoraire de l’Inra, qui a également travaillé sur la méthodologie d’évaluation des OGM, formule « deux critiques fondamentales » envers cette étude – et remet donc en cause sa crédibilité. D’abord, "le choix de cette souche de rats, Sprague Dawley, qui est connue pour développer spontanément des incidences de cancers élevées. Il est donc curieux d’avoir choisi cette espèce pour mener une étude de long terme sur la cancérogenèse – car c’est bien de cela dont il s’agit". Gérard Pascal estime aussi « trop faible » le choix de comparer des lots de 10 animaux, alors « que les normes de l’OCDE pour des études de cancérogenèse sont d’une cinquantaine d’animaux ». Il regrette également que le papier publié par les chercheurs ne contienne pas assez de données chiffrées pour pouvoir refaire les calculs et resterait trop flou, notamment sur le régime alimentaire des rats.

- Marcel Kuntz, biologiste et directeur de recherche au CNRS signale entre autres que, contrairement à ce que les auteurs affirment, il ne s’agirait par ailleurs pas de la première étude de long terme sur les animaux. Il rappelle que l’étude porte sur un seul OGM et dénonce une interprétation abusive, dans la presse, qui généralise le doute sur le NK 603 aux OGM en général.

5-      Une étude ne servant qu’à appuyer une opération commerciale

Alors pourquoi cette étude ? Nous sommes, en réalité, en phase 1 d’une formidable manipulation médiatique qui devait  exploser quelques jours après, puisque le fameux « professeur Seralini », devait publier un livre « tous Cobaye ». Ce devait être la phase 2.
La phase 3 est déjà programmée : ce sera la sortie d’un film qui portera le même titre : « tous cobaye » de Jean-Paul Jaud (militant écologiste bien connu).
La bonne méthode est donc de faire peur. Plus l’opinion a peur, plus elle devient esclave de l’idéologie écologiste et a besoin de se rassurer… en achetant les ouvrages de ceux qui ont lancé la panique !
D’ailleurs, curieux hasard, un autre livre est sorti le même jour le 21 septembre : « La vérité sur les OGM c’est notre affaire » de Corinne Lepage, (éditions Charles Léopold Mayer) [5].
Quel beau lancement commercial!

6-      Qui a financé cette étude ?

On sait maintenant que l’Etude du Professeur Seralini a été financée par la Fondation Charles-Léopold Mayer[6].

Nous reprenons ici [10] une analyse expliquant les objectifs de cette Fondation. Elle est également appelée « Fondation pour le progrès humain » (FPH)
La « Fondation pour le Progrès de l’Homme -FPH ». De droit suisse, a joué un rôle important dans l’émergence d’« Inf’OGM », une association anti-OGM créée en 1999 à l’initiative de différents groupes comme Greenpeace, les Amis de la Terre et la Confédération paysanne. Sans l’aide financière de la FPH, « Inf’OGM » aurait de grosses difficultés à poursuivre ses activités.
D’autres associations impliquées dans une bataille contre l’agriculture conventionnelle, comme « BEDE », « Réseau Semences Paysannes » ou « Geyser », reçoivent aussi régulièrement des aides de la FPH. Rappelons également que le voyage de José Bové à Seattle en 1999 a été organisé par Pierre Vuarin, le responsable des questions agricoles à la FPH.

Comment comprendre cette complicité de la finance avec les ONG favorables à l’ « Ecologie Profonde » ? Elles sont pourtant les principaux acteurs dans les domaines de la lutte contre la mondialisation.
En fait, les entreprises, parient sur l’avènement d’une gouvernance mondiale qu’elles dirigeraient. Paradoxalement, les mouvements écologistes se sont développés grâce à l’aide de fondations nombreuses et puissantes qui ont financé cette vague verte et continuent d’ailleurs de le faire.
ONG écologistes et fondations ont à l’évidence un intérêt commun pour « la fin des états » et la promotion d’une Gouvernance mondiale, dont chacun des complices espère bien être le pilote.

Pour illustrer les pratiques utilisées, nous avons retenu d’étudier en détail le cas de la Fondation Ford.
Elle a développé une nouvelle méthode d’ingérence que le journaliste politologue Paul Labarique appelle « le Soft Power » consistant à « intervenir dans les débats internes de ses adversaires en subventionnant les uns pour faire échouer les autres, voire en favorisant des rivalités stérilisantes ».
Ainsi, de la même manière que François Mitterrand se plaignait, en 1983, de ce que “les pacifistes sont à l’Ouest mais les missiles à l’Est”, on pourrait paraphraser le propos en disant  qu’aujourd’hui, les multinationales utilisent de nouveaux missiles, leurs ONG, pour déstabiliser les états du monde entier. Voyons comment :
La Fondation Ford a mis en place un énorme réseau de fondations associées. Nous prendront l’exemple l’une d’elles, la « Fondation pour le Progrès de l’Homme » (FPH). Nous verrons ainsi comment ce réseau de fondation finance indirectement les ONG.

Cette « Fondation pour le Progrès de l’Homme », dirigée par le français Pierre Calame[7] utilise une sémantique directement inspirée des mouvements héritier du « positivisme » d’Auguste COmte. La FPH partage la même préoccupation que les grandes fondations anglo-américaines: la gouvernance mondiale.
Ainsi, Pierre Calame veut en finir avec « le caractère absolu de la souveraineté des États n’apparaît plus que (comme) une construction historique ».
Le modèle de Pierre Calame est celui de la construction européenne, technocratique et bureaucratique : réunissant en mars 1996 plusieurs acteurs majeurs des débuts de la construction européenne, il déclare qu’il est « indispensable que des instances soient créées, qui puissent parler de l’intérêt commun de l’Europe face aux responsables politiques nationaux et éventuellement contre eux. C’est de façon parfaitement consciente que l’on a créé des instances “technocratiques”, faites de gens sans mandat politique et parlant au nom de l’Europe ».
Aujourd’hui, Pierre Calame voit les ONG comme un acteur similaire à celui des technocrates européens, se félicitant de voir que « les instances multinationales avaient bien besoin (de la société civile)[8] pour sortir de leur face-à-face avec les Etats ». En cela, il rejoint parfaitement le point de vue d’Henri Rouillé d’Orfeuil[9], président de Coordination Sud et collaborateur régulier de la FPH, qui imagine une « diplomatie non gouvernementale » assurée par des réseaux d’ONG.
Pierre Vuarin, qui est chargé du programme "Agricultures Paysannes et Modernité" à la Fondation pour le Progrès de l’Homme (FPH), a établi une note de réflexion pour la FPH qui montre qu’il était aux côtés de José Bové à Seatle : « Après Seattle a été initié en particulier par Joseph Rocher, Paul Tran Van Thin, Figueredo, José Bové, Pierre Vuarin et avec le soutien de Philippe Amouroux la création d’un pôle de réflexion, de propositions et d’initiatives sur les questions de l’OMC et de la gouvernance mondiale ».
La FPH, très active en lobby, a créé le « Groupe de Bruges », un cercle de réflexion destiné à influencer les responsables de la politique agricole française et européenne. On y retrouve entre autres Bertrand Hervieu, futur président de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA). La FPH a su saisir une autre occasion de diffuser ses idées, cette fois-ci dans les bureaux de l’administration française, et en particulier ceux de la Coopération. Pour des raisons budgétaires, une partie importante du travail de prospective des ministères a en effet été externalisée et confiée à des ONG, qui se présentent comme des bureaux d’études.
La FPH n’est qu’un des bras d’un grand réseau, rassemblé autour de la Fondation Ford, qui travaille à l’avènement d’une gouvernance mondiale destinée à parvenir à la  « fin des états ». Cette nouvelle gouvernance jouerait d’un simulacre de « société civile » représentée par les ONG à la solde des multinationales. Benoît XVI, dans son encyclique « Caritas in veritate » a raison de nous suggérer « de ne pas proclamer trop hâtivement la fin de l’état » (§ 41), mais de ne jamais omettre, dans les organisations « le principe de subsidiarité ».

7-      La complicité des medias
Nous citerons la tentative de Michel Monsigny pour rompre la complicité des médias. Michel Monsigny est  Docteur ès-Sciences Physiques de l’Université de Lille, actuellement Biochimiste, Glycobiologiste, au Laboratoire CBM-CNRS  de l’Université d’Orléans. Il a envoyé certaines des remarques ci-dessus au journal Le Point qui a refusé de le publier….. ![11]

8-      CONCLUSION

La question n’est pas ici de défendre les OGM. « Les2ailes.com » n’a aucun intérêt à cela. Monsanto est suffisamment puissant pour organiser lui-même sa défense.
Deux principes nous animent

a)  L’utilité n’est pas un principe d’action

Certains justifient l’utilité des OGM  pour nourrir les 9 milliards d'habitants sur terre. Tel n’est pas ce qui nous parait essentiel.
En effet, l’utilité n’est pas un critère moral. Ce n’est pas parce qu’une technique est utile qu’elle est licite. Certes, l’utilité doit guider nos pratiques, mais pas au point d’en faire un principe d’action. C’est toute la différence entre la pratique et le principe.
Ainsi, si  la recherche sur l’embryon était utile (ce qui n’est pas le cas), qu’elle n’en serait pas pour autant licite.
Ce n’est pas parce que les OGM seraient utiles qu’ils sont licites. Ce qui compte, c’est de faire la pesée des bénéfices et des risques qui est clairement en faveur des OGM, puisque, par ailleurs, on ne voit aucune raison philosophique pour s’y opposer, sauf à rendre un culte religieux à la déesse Gaïa et à ses créatures immuables que nous devrions respecter et cantonner dans un éco-musée ! D’ailleurs Mgr Elio Sgreccia qui est l’auteur incontesté du célèbre « lexique …des questions d’éthique » (Tequi) avait déclaré en 1999 "Nous sommes de plus en plus persuadés que les avantages liés aux biotechnologies animales et végétales sont plus importants que les risques. Nous ne pouvons être d'accord avec la position de certains groupes qui disent que de toucher le patrimoine génétique des animaux ou des plantes est contraire à la volonté de Dieu" .
Ce terme de « pesée des bénéfices et des risques » nous pousse à agir avec mesure, alors que le terme de « principe de précaution », appliqué même quand les risques ne sont pas avérés, nous paralyse dans le présent et nous condamne à retourner au passé.

b)  La vérité nous rendra libre

Ce que nous essayons de promouvoir relève de :
-  La défense d’un minimum de vérité scientifique, d’une part
-  Et d’autre part de la dénonciation d’un système de pensée qui avance masqué derrière la science et qui est pétri de malthusianisme, et d’antinatalisme.

Il ne s’agit pas d’être un nataliste invétéré. D’ailleurs une récente analyse de Roland Hureaux explique fort bien  que les Bill Gate (et autres Fondation pour le progrès humain du même genre) se fourvoient. L’auteur démontre que leur activisme est vain et inutile. De toute façon la population se régulera d’elle-même. Mais essayons de responsabiliser les personnes avec une éducation à la paternité responsable plutôt qu’avec une peur qui rend esclave !

c) L'étude de Séralini sera invalidée en 2018

Malgré l’opinion critique quasi unanime de la communauté scientifique sur les résultats de cette étude, les autorités Françaises (Ministère de l’environnement) et Européennes (Commission, Direction de la recherche) ont  décidé de lancer des programmes de recherche pour confirmer ou infirmer les conclusions tirées des analyses de GE Séralini . Ces expérimentations seront réalisées selon les normes de l’OCDE et les recommandations de l’EFSA.  Ainsi, trois programmes de recherche sont lancés : GRACE et G-TWYST  au plan européen, GMO90+ en France. Ils auront couté au total 15 millions d’euros.
- Les résultats du programme GRACE publiés en 2015 n’ont montré aucune différence entre les études après 90 jours et les études à 1 an pour le maïs MON 810.
- Les résultats du programme G-TwYST viennent d’être communiqués de manière très discrète le 29 avril 2018. Les conclusions de cette étude réalisées sur le maïs NK 603 sont identiques à celles de la précédente. Cette étude ne démontre aucune différence de résultats entre les études à 90 jours ou les études à deux ans. Aucun risque potentiel n’a été identifié pour la santé des animaux. [12]
- Les résultats du programme français GMO 90+ : Seuls les résultats des effets de la transformation génétique sur la composition des maïs NK603 et MON 810 ont été publiés dans le cadre du programme GMO 90+.Les résultats de l’expérimentation animale sont disponibles mais n’ont toujours pas été rendus publics.

Les résultats de l’étude de GE Séralini obtenus dans des conditions expérimentales « hors normes » n’ont donc pas pu être confirmés par ces trois nouvelles recherches utilisant les normes de l’OCDE et les recommandations de l’EFFSA. En effet:
1-Ces programmes de recherche ont confirmé l’absence d’effets sanitaires des maïs MON 810 et NK 603 dans les études à 90 jours. Cette absence d’effets avait été déjà observée dans les études antérieures et prises en compte dans les évaluations de l’EFSA.
2-Ces études à long terme (un an pour Grace et deux ans pour G-TwIST), ne mettent en évidence aucun effet toxique des maïs analysés et n’apportent rien de plus que les études à 90 jours comme l’avaient prévu les toxicologues. Ces études à long terme qui ne donnent aucune information supplémentaire sont donc inutiles, sauf en cas d’alerte après l’étude de 90 jours.
3-L’utilité de la mise en œuvre systématique des études in vivo à 90 jours, imposée récemment au plan européen, devrait même être remise en question : ces études ne se ne se justifient qu’en cas de raisons particulières sur avis des toxicologues. En outre ces études sacrifient inutilement des animaux en nombre très important (1160 rats pour le projet G-TwYST), coûtent très cher et n’apportent pas d’éléments décisionnels par rapport aux études « d’équivalence en substances » pratiquées obligatoirement dans toutes les évaluations de risques (dans les dossiers des pétitionnaires et par les comités d’experts). 


 

[1] Source Agra n° 336 du 24 septembre 2012

[2] Source Agra n° 336 du 24 septembre 2012

[3] Source Agra n° 336 du 24 septembre 2012

[4] L'AFBV est une ONG créée en juin 2009, strictement indépendante, réunissant des personnes de divers horizons dont le but est d'informer sur la réalité des biotechnologies végétales  en s'appuyant  sur des travaux reconnus par la communauté scientifique et sur l'expertise de ses membres. Elle est présidée par Marc Fellous, Professeur de génétique humaine, ancien Président de la Commission du Génie Biomoléculaire et s'appuie sur un Comité scientifique présidé par Georges Pelletier, Directeur de Recherche émérite INRA, membre de l'Académie des Sciences et membre de l’Académie d’Agriculture.
Elle est parrainée par des personnalités comme Axel Kahn (généticien, Président Université Paris Descartes), Jean-Marie Lehn (prix Nobel de chimie), Maurice Tubiana (Académie des Sciences et Président honoraire de l’Académie de Médecine), François Gros (Secrétaire perpétuel honoraire Académie des Sciences, ancien Directeur Institut Pasteur), Claude Allègre (ancien Directeur Institut physique du globe, ancien Ministre Education et Recherche, Académie des Sciences), Dominique Lecourt (professeur philosophie des Sciences Université D.Diderot), Pierre Joliot ( biologiste, professeur honoraire Collège de France, Académie des Sciences et National Academy of Sciences américaine), Etienne-Emile Baulieu (professeur honoraire au Collège de France, ancien Président de l’Académie des Sciences)
Elle est soutenue par des personnalités européennes comme Marc Van Montagu, créateur de la première plante transgénique en Europe et Ingo Potrykus,professeur émérite en sciences végétales au Swiss Federal Institute of Technology, Président de «Humanitarian Golden Rice Board»
Parmi ses adhérents, l'AFBV compte 44 chercheurs de la Recherche publique dont 21 Directeurs de Recherche (INRA, CNRS, CIRAD, IRD, INSERM), 20 Académiciens (Sciences, Médecine,  Agriculture, Technologies, Pharmacie,Vétérinaire), d'anciens Directeurs d'Instituts (Institut Pasteur, INRA, CIRAD), des professeurs, des chercheurs et cadres de la Recherche privée et du secteur public, de nombreux agronomes, de nombreux agriculteurs souvent responsables d’organisations professionnelles agricoles mais aussi des personnes issues de la société civile.

[5] Source Agra n° 336 du 24 septembre 2012

[6] Source Agra n° 336 du 24 septembre 2012, page 6

[7] Pierre Calame, polytechnicien, ancien secrétaire général de Sacilor, a servi l’Etat avant de diriger la FPH

[8] Dans le jargon holistique, les ONG représentent la « Société Civile » là où on aurait espéré que ce soient les états qui la « représentent » démocratiquement.

[9] Ingénieur agronome et docteur en économie, il a travaillé au ministère des Affaires étrangères et à la Banque mondiale. Membre du Centre international de recherche agronomique pour le développement.

[10] Source : « Les contrevérités de l’écologisme » de Stanislas de Larminat (Ed. Salvator) (pages 200 à 202)

[11] Source : mail du 24/09/12 à 21:11 de : Michel Monsigny à 20 de ses amis proches les autorisant à « diffuser cette information s’ils le souhaitent » et en particulier à Jean-Louis BESÈME, ingénieur général des Ponts, des eaux et des forêts, présidence de la section “forêts, eaux et territoires” du Conseil général de l'alimentation,

[12] (https://www.g-twyst.eu/reports/conclusions-recommendation)