Ce mouvement, né du blog de Patrice de Plunkett, propose un "manifeste des chrétiens indignés" pour le moins flou et sacrifiant à la mode ambiante.
N’est-ce pas un peu à eux que pensait Benoit XVI quand il a dit, le 1er janvier 2012 : « Les jeunes aussi doivent avoir le courage de vivre en premier eux-mêmes ce qu'ils demandent à ceux qui les entourent » ?
Source : chrétiens indignons-nous
Commentaire "les2ailes.com"
Le mouvement des « indignés »
Le « mouvement des Indignés » est une série de manifestations pacifiques spontanées, rassemblant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de personnes, apparues en Espagne à partir du 15 mai 2011. Le nom des indignés a été inspiré par le titre du manifeste Indignez-vous !, publié en 2010 par Stéphane Hessel, ancien diplomate et résistant français. Le mouvement se réclame des influences du Printemps Arabe. Ce « normalien » avait l’année précédente, soutenu le parti « Europe Ecologie », dans « l'espoir de voir émerger une gauche courageuse, impertinente s'il le faut, qui puisse peser». Est-ce si facile d’être à la fois chrétien et indigné ?
Chrétiens et indignés ?
Le manifeste des chrétiens indignés a un contenu ambiguë: son introduction part d’idées généreuses, même si on retrouve le catastrophisme écologiste de son promoteur qui aime parler « des atteintes irréversibles dont [la Création] fait l’objet ». Heureusement que l'homme porte des atteintes irréversibles aux paysages. C'est d'ailleurs ce qui permet à Sylvie Brunel de dire: "Je suis amoureuse du monde. Je le trouve beau, accueillant là où l'homme a imprimé sa marque, façonné les paysages".
Les propositions concrètes du manifeste sont également douteuses:
1- « D’abord convertir notre regard sur le monde qui nous entoure ».
Oui mais, condamner quasi systématiquement le « paradigme libéral » est-il conforme à la doctrine sociale de l’Eglise ?
2- « Il nous faut changer notre style de vie quotidienne ... et renoncer avec fermeté aux logiques de "croissance" ». Au point que Témoignage Chrétien parle de ce manifeste comme celui de "chrétiens, indignés et décroissants"!
Oui mais c’est oublier le droit des peuples, en particulier celui des plus pauvres, au développement. Il y a dans ce manifeste un acharnement à croire que « vivre différemment », c’est consommer moins… Vivre différemment, c’est d’abord changer son cœur pour défendre la nature de l’homme, à commencer par la famille…
Ne parlons pas de la devise du manifeste: "Bienheureux les sobres ! En Christ, ils révolutionneront le monde". Les images subliminales surlesquelles sont imprimées cette "béatitude", font l'amalgame entre "consommation-aliénation". Il y a, là-dedans, quelque chose qui se veut drôle et provocateur pour les jeunes, mais cela revient à récupérer l'évangile pour une cause qui pourrait frôler l'idéologie. On préférerait lire l'appel que Benoit XVI sur la sobriété lors de l'Angelus du 4 décembre 2011: « l’appel de Jean-Baptiste va donc au-delà de la sobriété du style de vie, et plus en profondeur : il appelle à un changement intérieur, à partir de la reconnaissance et de la confession du péché personnel ».
Benoit XVI et l’éducation des jeunes à la justice
Au risque de nous approprier la pensée de Benoit XVI, pourquoi ne pas prendre au mot son appel comme une réponse aux jeunes indignés ? Est-ce impensable d’imaginer que Benoit XVI pensait à eux en lançant son Message pour la journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2012 : « éduquer les jeunes à la justice et à la paix » ?
" Les jeunes aussi doivent avoir le courage de vivre en premier eux-mêmes ce qu'ils demandent à ceux qui les entourent. C'est une grande responsabilité qui les concerne: qu'ils aient la force de faire un usage bon et conscient de leur liberté" (§2).
Voilà un appel à l’exigence personnelle qu’on retrouve rarement dans les mouvements des indignés qui montre facilement autrui du doigt, alors que ce qui est le plus difficile, dans l’existence, c’est de s’indigner contre le péché qui nous traverse tous.
Dans sa conclusion, Benoit XVI leur dit : "faces aux difficultés, ne vous laissez pas prendre par le découragement et ne vous complaisez pas dans de fausses solutions, qui, souvent, se présentent comme la voie la plus facile pour résoudre les problèmes.
N'ayez pas peur de vous engager, d'affronter l'effort et le sacrifice, de choisir des chemins qui exigent la fidélité et la constance, l'humilité et le dévouement.
Vivez avec confiance votre jeunesse et les désirs profonds de bonheur, de vérité, de beauté et d'amour vrai que vous éprouvez! Vivez intensément cette phase de la vie si riche et pleine d'enthousiasme.
Prenez conscience d'être vous-mêmes des exemples stimulants pour les adultes. Plus vous vous efforcez de vaincre les injustices et la corruption, plus vous désirerez un avenir meilleur et vous vous engagerez à le construire, alors vous le serez vraiment. Ayez conscience de vos potentialités et ne vous repliez jamais sur vous-mêmes, mais sachez travailler pour un avenir plus lumineux pour tous. Vous n’êtes jamais seuls. L’Église a confiance en vous, elle vous suit, elle vous encourage et désire vous offrir ce qu’elle a de plus précieux : la possibilité de lever les yeux vers Dieu, de rencontrer Jésus Christ, Celui qui est la justice et la paix " (§6).
En leur disant de ne jamais rester seul, Benoit XVI appelle les jeunes à rester unis à l’Eglise, celle qui leur donne « la possibilité de lever les yeux vers Dieu ».