29 janv

La célébration du 25ème anniversaire de la journée pour la paix d’Assise a peu mis l’accent sur un des grands soucis de Benoit XVI : ne pas rendre possible la moindre interprétation syncrétiste de l’évènement. Le mot de syncrétisme est peu connu. C’est pourtant un souci constant de l’Eglise. Elle ne veut pas confondre l’inculturation indispensable à l’évangélisation, avec les risques de syncrétisme dans les questions de dialogue interreligieux, mais également vis-à-vis des grandes idéologies modernes.
Cette information est à rapprocher d’un appel de chrétiens se disant « particulièrement préoccupés par les questions écologiques ». Ils lancent une forme d’ultimatum aux évêques de France pour qu’ils prennent 15 mesures concrètes pour « une prise en compte sérieuse des questions écologiques ». La première d’entre elle consisterait à demander « des hosties et du vin de messe issus de l’agriculture biologique ».
N’est-on pas en plein syncrétisme ? Comment analyser cette question en profondeur ? Comment à la fois dénoncer ce nouveau syncrétisme sans juger la bonne volonté des personnes qui le favorisent inconsciemment ?

Sources : Appel de Chrétiens paru dans "la Vie" du 2 nov. 2011

Commentaires "les2ailes.com"

"Les2ailes.com" proposent d’articuler la réflexion selon le plan suivant :

1ère partie : Le concept de syncrétisme
1- Définition
2- Quelques exemples de syncrétisme
3- Ne pas confondre syncrétisme et inculturation !
a. Une étude de cas : la fixation de la date de Noël
b.
Que dit l’Eglise de l’inculturation ?
c.
Comment l’Eglise parle-t-elle du syncrétisme ? Dans les contextes :
i.
de l’évangélisation
ii.
du dialogue interreligieux
iii.
de la mondialisation des idéologies modernes
d.     Conclusion

2nde partie : L’écologisme participe-t-il à ces risques de syncrétisme ?
4- L’écologisme: une religion païenne
5- L’écologisme, un risque de syncrétisme pour la religion catholique
a. En matière de théologie de la Création
i. le péché originel : une révolte de l’homme contre la nature ?
ii. la tour de Babel : un bienfait de la biodiversité ?
iii. La création gémit… Ne pas confondre la cause et les effets
iv.      Nos frères les animaux : une résurrection possible au paradis ?
v.       L’homme peut-il détruire la planète ? Un refus de la foi en un Dieu tout puissant ?
vi. l’Apocalypse écologique : une initiative de l’homme ? « Quand reviendras-tu ? »

b. En matière de liturgie
i. Culte à Gaïa : les fêtes de la Nature ?
ii.      Introduire une dimension cosmique dans l'eucharistie?
iii. Le culte des saints : le cas de St-François d’Assise
iv. L’eucharistie : Le label « bio » pour le pain et le vin ?
v. Réintroduire dans la liturgie la fête des Rogations ?
c. En matière de conduite de vie
i. Maitriser la Terre : Quelle solidarité avec quelles générations?
ii. Ne pas exploiter correctement la nature relève du « gaspillage » !
iii. Le monachisme, un modèle écologique ?
iv. La confusion entre l'économique et l'écologique
v. La procréation : une pollution ? « choisis donc la vie »
d. Conclusion
6- L’Eglise face au marxisme : un cas d’école
7- Appel conclusif aux chrétiens
8- La leçon du prophète Elie


1ère partie : Le concept de syncrétisme

1- Définition du Syncrétisme

Plutarque (c.46-120) est le premier auteur à utiliser le mot «syncrétisme» dans un passage d'un traité sur l'amour fraternel où il donne l'exemple des « Crétois » qui se « réconciliaient et se coalisaient quand un ennemi de l'extérieur les attaquait ».
Un syncrétisme est une religion dont la doctrine ou les pratiques résultent d’un mélange d'influences pris dans différentes croyances. 
Le syncrétisme a mauvaise presse dans les milieux scientifiques et religieux.
• Les premiers l'accusent d'être confus: la science sépare, classe les connaissances avant de les recombiner alors que le syncrétisme amalgame des savoirs et des croyances incompatibles.
• Les seconds lui reprochent d'être impie: la religion unit des hommes professant une même foi et confessant le même Dieu alors que le syncrétisme fusionne des doctrines inconciliables, mélange hérésie et orthodoxie.

Ce terme a donc une valeur péjorative car il sous entend que la fusion des idées engendre la confusion. Tout produit qualifié de syncrétiste est regardé comme une réalité hybride à rejeter.
Au syncrétisme, le savant préfère le comparatisme et la religion, l'œcuménisme[1].

2- Quelques exemples de syncrétisme

a. Les juifs en Exil

Le livre des Rois raconte en détail le syncrétisme dont ont été victimes les samaritains :
« En 721, le roi d’Assyrie envahit tout le pays et déporta les israélites en Assyrie (2 Rois 17:5)…. Cela arriva parce que les Israélites adorèrent d’autres dieux (17:7)… rendirent un culte aux idoles (17 :12)… Ils coururent après la vanité, à l’imitation des nations d’alentour (17:15)… Ils rendirent un culte à Baal (17:16)… pratiquèrent la divination et la sorcellerie (17:18).  Le roi d’Assyrie fit venir des gens de Babylone et les établit dans les villes de la Samarie à la place des Israélites (17:24). Au début de leur installation,… ils dirent au roi d’Assyrie : « Les peuples que tu as déportés pour les établir dans les villes de la Samarie ne connaissent pas le rite du Dieu du pays » (17:26)… Alors le roi d’Assyrie donna cet ordre : « qu’on fasse partir là-bas l’un des prêtres que j’en ai déportés, qu’il aille s’y établir et qu’il leur enseigne le rite du lieu du pays ». (17:27). Alors vint l’un des prêtres qu’on avait déporté de Samarie et il s’installa à Bethel. Il leur enseignait comment ils devaient révérer Yahvé. (17:28). Chaque peuple se fit des idoles de ses dieux et les mit dans les temples qu’avaient faits les samaritains (17:30)… Ils révéraient aussi Yahvé et ils servaient leurs dieux selon le rite des nations d’où ils avaient été déportés (17:33). Ils ne se conformaient pas à la loi et aux commandements que Yahvé avait prescrits (17:34)… »
On retrouve là un exemple frappant de ce mélange religieux entre la Loi Mosaïque que Yahvé donna à Israël et « la religion des nations d'où on les avait emmenés en exil », c'est-à-dire celle de ceux qu’on appela les samaritains.

b. Les pharaons d’Egypte au III° siècle av. JC

Le pharaon Ptolémée 1er institua le culte de Sérapis. Il devait, dans l’esprit du pharaon,  permettre d’unifier, en matière de religion, sous les traits d’un Dieu Taureau, l’élément grec (Hadès, frère de Zeus) et l’élément égyptien (Apis, taureau sacré et Osiris). Son culte s'étend alors à l'ensemble du bassin méditerranéen.

c. L’empereur Aurélien à Rome en 274 ap. JC

A partir de la fin du deuxième siècle, l'influence orientale indo-orientale allait grandissante car les empereurs n’étaient plus originaires d'Italie. L’empereur Aurélien, proclama donc, en 274,  le culte de Sol Invictus (le Soleil invaincu) comme religion officielle dans tout l’empire romain, et se déclara comme l’incarnation vivante du dieu Soleil.
Par la suite, Constantin, dans une visée autant politique que religieuse, a voulu réaliser une sorte de symbiose entre le culte officiel du Soleil, dans lequel il avait été élevé et dont il se disait le protégé, le culte de Mithra, Dieu indo-iranen, et le christianisme qui se présentait comme la religion de l’avenir : il se fait représenter sous la forme du Soleil [2].

d. La Réforme

Au XVI° Siècle, la réforme, elle même, utilisa le terme ‘’syncrétisme’’ pour stigmatiser tout compromis avec le monde.

e. La christianisation de l’Amérique du Sud

Pour les Indiens des hauts plateaux, le christianisme n’était pas incompatible avec leurs divinités.  Les Indiens  allaient à la messe, et avaient des rites chrétiens, mais adoraient la Pachamama (Terre-Mère) et surtout les divinités des montagnes à qui ils faisaient régulièrement des offrandes selon le rite chrétien. Au Mexique, Tonantzin (Mère des dieux) était adorée sous le nom de Vierge Marie. Pour tous, il n'y avait aucune contradiction ; tout était intégré.

f. Le Vaudou en Haïti

Il est l’expression de la culture africaine transplantée dans les Antilles et les Caraïbes. Lorsque le christianisme devint la religion officielle, le vaudou étant perméable, a intégré plusieurs parties du rituel catholique tout en protégeant les cultes ancestraux. L’adhésion des Haïtiens au culte chrétien relevait du pragmatisme. L’adhésion des deux cultes dans la culture haïtienne leur a permis de sauvegarder une certaine identité, tout en préservant l’âme africaine dont ils avaient été dépouillés. On reconnait trois étapes à l’évolution du Vaudou. D’abord le syncrétisme des cultes africains entre eux. Au lendemain de la révolution et de l’indépendance, le vaudou a pu s’exprimer plus librement avec un épanouissement de l’identité noire. Enfin, la troisième étape fut celle du syncrétisme vaudou/catholicisme mais  les haïtiens n’ont pas été christianisés : ils se sont servis du catholicisme pour leur superstition[3]. Les esprits notamment, que l’on nomme Loa, ont acquis de nouvelles caractéristiques. Les différents loas sont ainsi couramment assimilés à des saints chrétiens.

3- Ne pas confondre syncrétisme et inculturation

L’Eglise voit dans l’inculturation un processus d’évangélisation qui répond à une nécessité permettant aux hommes d’accueillir le Christ dans l’intégralité de leur personne, y compris dans sa dimension culturelle. C’est un processus qui bénéficie autant aux évangélisés qu’aux évangélisateurs.
Le syncrétisme, au contraire, est un processus dissolvant consistant à ne pas différencier les idéologies et à confondre les valeurs opposées qu’elles véhiculent. La frontière entre les deux est donc délicate.
Certains pensent que le christianisme serait un syncrétisme puisqu’il a subi des influences des religions païennes. On pourrait évoquer, pour ce qui est de l’ancien testament, les mythes mésopotamiens de la création, du déluge, du juste persécuté, comme aussi les influences égyptiennes et les antiques expressions traditionnelles de la culture orale des nomades sémites.
Arrêtons-nous sur un cas complexe, celui de la fixation de la date de Noël. Est-ce un cas d’inculturation ou de syncrétisme ?

a. Une étude de cas : la fixation de la date de Noël

L’Eglise antique ne fêtait que la mort et la résurrection du Seigneur avec l’observance hebdomadaire du jour du Seigneur, ainsi que la Pâque nouvelle. Ce n’est qu’au IV° siècle qu’on commence à célébrer la naissance de Jésus, sans qu’on puisse se fonder sur une datation. Que ce soit  en Orient le 6 janvier, ou en Occident le 25 décembre, c’est dans ces deux cas, l’existence d’une fête païenne de début d’année et de changement de temps qui explique la fixation de la fête chrétienne. A des célébrations antiques de la « nouvelle lumière » les chrétiens ont apporté deux réponses, l’Épiphanie et Noël.  En 239 av. J.-C., le calendrier grec de Canope indique la célébration, au solstice d’hiver, d’une fête de « la lumière qui croît, de la naissance du Soleil ». Mais, étant donné le calcul alors approximatif du temps sidéral, et le fait que le problème délicat des années bissextiles n’était pas encore résolu, le solstice d’hiver était célébré à Alexandrie et dans tout le Proche-Orient, vers le 6 janvier du calendrier julien. Déjà à Alexandrie même, les Grecs célébraient, par une grande procession aux flambeaux, en chantant le cantique suivant : « la vierge a enfanté le Temps nouveau (l’Aion), la lumière augmente »[4].

La question se pose donc quant à la décision des chrétiens de l’époque :

i. La fixation de la date de Noël ne relève pas du syncrétisme

On aurait pourtant pu être tenté de le dire en voyant que, le calendrier romain de 354, le 8ème jour précédant les kalendes de janvier, prévoyait en même temps la célébration de la naissance de Sol Invictus  (le soleil invaincu) et celle de l’anniversaire de la naissance du Christ à Bethléem de Judée.
Mais parler ici de syncrétisme résulte d’une analyse trop rapide. Pourquoi ?

ii. La fixation de la date de Noël n’est qu’une forme d’inculturation

C’est au nom de l’inculturation que Grégoire de Nazianze écrivit: « Le solstice vient le jour même où la vie divine se manifeste (épiphanie) aux hommes : tu vois grandir la lumière ; dis-toi que la parousie de la vraie lumière illumine le monde entier des rayons de la bonne nouvelle »[5].
Pendant cette période de mutation religieuse, mais non politique du règne de Constantin, la fête de la Nativité de Jésus a dû constituer, l’antithèse chrétienne à la fête païenne de la naissance du Soleil. Les prédications chrétiennes de St-Ambroise  pour ce jour de Noël insistent sur le fait que «  le Christ est notre nouveau Soleil » (Ambroise). Ce n’est qu’a posteriori, et avec le désir d’imposer la célébration de la fête de Noël le 25 décembre, qu’on a tenté de justifier cette date pour célébrer la naissance de Jésus. Mais le fondement en est purement symbolique.
Dans un traité sur les solstices et les équinoxes - qui est peut-être l’œuvre de Julius Africanus -, on trouve le raisonnement suivant : le Christ est le vrai soleil annoncé par les Prophètes. Il fallait donc que le premier mouvement de sa vie coïncide avec le sommet de l’année solaire. Jésus a donc été conçu le 25 mars, pour naître le 25 décembre. Ainsi Noël n’est pas l’anniversaire d’une date précise, mais la manifestation d’une réalité, l’Incarnation sur terre du Fils de Dieu apportant aux hommes, avec l’espoir du salut, une Lumière nouvelle.

Comment bien distinguer ces deux types d’influences qui se rencontrent dans l’observation des religions : l’inculturation et le syncrétisme ?

b.    Que dit l’église de l’inculturation ?

A Yaoundé, Jean-Paul II avait, en 1995, parlé de l’inculturation comme une tâche difficile et délicate « car elle met en jeu la fidélité de l'Église à l'Évangile et à la Tradition apostolique dans une évolution constante des cultures ». Mais il rappela que les Eglises locales ont un devoir « de travailler à un processus d'inculturation » à la condition qu’il soit compatible « avec le message chrétien et la communion avec l'Église universelle [...]. Dans tous les cas, on doit prendre soin d'éviter tout syncrétisme ». L’inculturation est donc à l’opposé du syncrétisme. « L'inculturation vise à permettre à l'homme d'accueillir Jésus Christ dans l'intégralité de son être personnel, culturel, économique et politique ». Jean-Paul II rendit grâce « pour les fruits … les efforts d'inculturation … déjà portés …, notamment dans les antiques Églises orientales d'Afrique »[6].
En 1987, Jean-Paul II avait repris ce thème en ajoutant que l’inculturation était même: « un enjeu capital pour l’Eglise. En entrant en contact avec les cultures, l’Eglise doit accueillir tout ce qui, dans les traditions des peuples, est conciliable avec l'Evangile pour y apporter les richesses du Christ et pour s'enrichir elle-même de la sagesse multiforme des nations de la terre ». Il ajoutait que ce « processus vital » peut s’accomplir « au bénéfice des évangélisés comme des évangélisateurs », à condition que « soit évitée toute simplification ou précipitation, qui aboutirait à un syncrétisme ou à une réduction séculière de l'annonce évangélique ». Il ajoutait même que ce bénéfice peut servir « à beaucoup dans l’Eglise et pas seulement dans les pays dits de mission (§ 5-5)»[7].
Benoit XVI opposa, en 2010,  encore inculturation et syncrétisme en disant que « l’inculturation ne doit pas être confondue avec des processus superficiels d’adaptation et moins encore avec un syncrétisme confus qui dilue l’originalité de l’Évangile pour le rendre plus facilement acceptable[8]. L’authentique paradigme de l’inculturation est l’Incarnation même du Verbe » [9] Benoit XVI reprenait ce fondement théologique d’un discours de Jean-Paul II qui disait, en 1980, qu’une: «“inculturation”, sera réellement un reflet de l’Incarnation du Verbe, lorsqu’une culture, transformée et régénérée par l’Évangile, produit à partir de sa propre Tradition vivante des expressions originales de vie, de célébration et de pensées chrétiennes »[10]
La justification de l’inculturation, à travers le mystère de l’Incarnation, date du Concile : « A l’instar de l’économie de l’Incarnation, les jeunes Églises … empruntent aux coutumes et aux traditions de leurs peuples, à leur sagesse, à leur science, à leurs arts, à leurs disciplines, tout ce qui peut contribuer à confesser la gloire du Créateur » Le concile évoquait déjà les conditions de l’inculturation pour qu’elle ne court pas le risque du syncrétisme : « …Pour réaliser ce dessein, il est nécessaire que dans chaque grand territoire socioculturel,… une réflexion théologique soit encouragée, par laquelle, … les faits et les paroles révélés par Dieu… seront soumis à un nouvel examen. … De cette manière, toute apparence de syncrétisme et de faux particularisme sera écartée. »[11]

c.    Comment l’Eglise parle-t-elle de syncrétisme ?

Le syncrétisme semble être un concept remis en cause par les historiens : l’Encyclopédie Universalis dit que « pour la science qu’est l’histoire des religions, la notion de l’objectivité d’un prétendu phénomène syncrétiste est parfaitement dépassé …. Le prétendu phénomène syncrétiste s’est révélé de plus en plus inconsistant à mesure que s’étendait le champ de la comparaison ; il finit par disparaître quand on constata que tous les produits culturels et non seulement les faits religieux peuvent être rapportés à des sources diverses… ».  Pourtant, l’Encyclopédie Universalis reconnait que le syncrétisme garde une signification « dans l’actuelle théologie de la démythisation qui l’oppose à l’authenticité du message du Christ.»
C’est bien dans ce contexte que l’Eglise continue à parler du syncrétisme et de ses risques.
Elle en parle quand elle évoque les questions d’évangélisation, de dialogues interreligieux ou interculturels.

i. Le contexte de l’évangélisation

Dans son encyclique « Ecclesiam Suam », en 1964, Paul VI aborde la question dans le contexte de l’évangélisation : « Le danger demeure. L'art de l'apôtre est plein de risques. La préoccupation d'approcher nos frères ne doit pas se traduire par une atténuation, par une diminution de la vérité. … L'apostolat ne peut transiger et se transformer en compromis ambigu au sujet des principes de pensée et d'action qui doivent distinguer notre profession chrétienne. L'irénisme[12] et le syncrétisme sont, au fond, des formes de scepticisme envers la force et le contenu de la Parole de Dieu que nous voulons prêcher »[13].

Dans une autre exhortation, Paul VI dit en 1975 : « la présentation du message évangélique n’est pas pour l’Eglise une contribution facultative … Il ne saurait être remplacé. Il ne souffre ni indifférence, ni syncrétisme, ni accommodation. C’est le salut des hommes qui est en cause »[14].
En 2010, un synode rappelle que l’évangélisation passe par un témoignage personnel: « Le témoignage signifie vivre dans la vérité. D’où la nécessité d’une authentique vie chrétienne. Il nous faut témoigner par la vie à chaque instant, sans syncrétisme, ni relativisme, avec humilité, respect, sincérité, et amour. « Médecin soigne-toi toi-même » (Lc 4, 23). Nous devons d’abord nous guérir, pour pouvoir refléter la lumière du Christ. »[15]

ii. Le contexte du dialogue inter-religieux : l’ « Esprit d’Assise »

En 1986, Jean-Paul II a pris l’initiative d’inviter à Assise les représentants des principales communautés religieuses répandues sur la terre. Cette rencontre d'Assise fut taxée de syncrétisme par quelques cardinaux du Vatican, bien que cela ne fût pas l'intention des organisateurs.
Jean Paul II évoqua, le 1.1.1988, cet évènement en précisant  que  « cette grande rencontre de frères, rassemblés dans la prière pour la paix, a été un signe pour le monde. Sans confusion ni syncrétisme, des représentants des principales communautés religieuses… ont voulu exprimer ensemble la conviction que la paix est un don d'en haut »[16]. Il appela même à  ce que d’autres réunions de ce type soient organisées dans d’autres lieux, à la condition, toujours, d’être « attentif à ne pas provoquer de dangereux malentendus, en veillant au risque du syncrétisme et d'un irénisme facile et trompeur » [17].
Après les attentats de septembre 2001 à New-York, Jean-Paul II avait renouvelé son invitation à Assise pour la Paix. Il évoqua l’ « Esprit d’Assise », en précisant que «  la Journée de prière pour la paix n'entend en aucune façon céder au syncrétisme religieux »[18].
En 2005, Benoit XVI succède à Jean-Paul II.  En 2008, le synode des évêques rappelle que des rencontres comme celles d’Assise de 1986 doivent éviter toute déformation de la Vérité:  « dans les occasions où l'on chercherait à procéder à une confrontation entre la Bible et les textes sacrés des autres religions, il serait fâcheux de tomber dans des syncrétismes, des rapprochements superficiels et des déformations de la vérité, en raison aussi des différentes conceptions sur l'inspiration de ces textes sacrés »[19].
Benoit XVI décide, le 1er janvier 2011, de célébrer le 25ème anniversaire d’Assise. Dans une lettre adressée le 4 mars 2011 à son ami Peter Beyerhaus, pasteur allemand luthérien, et rendue publique le 27 octobre suivant, il écrit : « Je comprends fort bien votre préoccupation quant à votre participation à la rencontre d'Assise. Mais il fallait de toute façon marquer cette commémoration, et après tout, il me semblait que le meilleur moyen était que je m'y rende moi-même, pour tenter ainsi de déterminer la direction du tout. Néanmoins, je ferai tout pour rendre impossible une interprétation syncrétiste ou relativiste de l'événement » [20]. C’est pourquoi, il décide de placer cette nouvelle réunion sous le signe de la vérité.  Le 2.4.2011, le communiqué de la salle de presse du St-Siège a confirmé : « La Journée aura comme thème : « Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix ». Chaque être humain est, au fond, un pèlerin en quête de la vérité et du bien. … de là naît … la nécessité de parler et de dialoguer avec tous, croyant ou non croyants, sans renoncer à sa propre identité ou céder à des formes de syncrétisme »[21].

iii. Le contexte de la mondialisation des idéologies modernes

L’Eglise ne cherche pas à éviter le syncrétisme dans le seul domaine du dialogue interreligieux. L’Eglise met en garde contre ce risque dans un monde perdant ses valeurs. En 1970, Jean-Paul II évoquait ainsi  le risque que font courir les  idéologies : « En un monde devenu le champ clos des idéologies, dans une confusion croissante des valeurs, les désillusions se font plus vives, et un certain indifférentisme gagne les uns et les autres, dans une civilisation portée à propager un syncrétisme dissolvant »[22].
En 1979, il propose, comme rempart à ce risque, le dialogue entre la foi et la raison : « La vérité révélée doit être considérée également en relation avec les acquisitions scientifiques de l’époque contemporaine afin que l’on aperçoive clairement « comment la foi et la raison se rencontrent dans l’unique vérité »[23], et son exposition… se trouve adaptée au génie et au caractère propres à chaque culture, en tenant compte particulièrement de la philosophie et de la sagesse des peuples, à l’exclusion cependant de toute espèce de syncrétisme[24] et de faux particularisme »[25].
A la veille de son élection sur le Trône pontifical, dans la matinée du lundi 18 avril, dans la Basilique Vaticane, le Cardinal Ratzinger a célébré la Messe "pro eligendo Romano Pontifice" avec les 115 Cardinaux, à quelques heures du début du Conclave qui allait l'élire. Il avait dit dans une homélie lance une mise en garde solennelle contre ce risque des idéologies : « En quoi consiste le fait d'être des enfants dans la foi? Saint Paul répond: "Ainsi nous ne serons plus des enfants, nous ne nous laisserons plus ballotter et emporter à tout vent de la doctrine" (Ep 4, 14). Une description très actuelle! Combien de vents de la doctrine avons-nous connus au cours des dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de modes de la pensée... La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens a été souvent ballottée par ces vagues - jetée  d'un  extrême  à  l'autre: du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme; du collectivisme à l'individualisme radical; de l'athéisme à un vague mysticisme religieux; de l'agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite »[26].
Pour Benoit XVI, non seulement l’attachement à la Vérité est un rempart contre le syncrétisme, mais également le souci du bien commun : «  Il importe en effet, dans notre monde de plus en plus contraint par les urgences de la mondialisation, de favoriser un dialogue exigeant et approfondi entre les cultures …, non pour les niveler toutes dans un syncrétisme appauvrissant mais pour leur permettre de se développer dans un respect réciproque et de travailler, chacune selon son charisme propre, au bien commun »[27]
Il reprendra cette thématique dans son encyclique Caritas in Veritate : « Il n’est pas rare cependant que des attitudes religieuses ou culturelles ne prennent pas pleinement en compte le principe de l’amour et de la vérité; elles constituent alors un frein au véritable développement humain et même un empêchement. Le monde d’aujourd’hui est pénétré par certaines cultures, dont le fond est religieux, qui n’engagent pas l’homme à la communion, mais l’isolent dans la recherche du bien-être individuel, se limitant à satisfaire ses attentes psychologiques. Une certaine prolifération d’itinéraires religieux suivis par de petits groupes ou même par des personnes individuelles, ainsi que le syncrétisme religieux peuvent être des facteurs de dispersion et de désengagement. La tendance à favoriser un tel syncrétisme est un effet négatif possible du processus de mondialisation, lorsqu’il alimente des formes de « religion » qui rendent les personnes étrangères les unes aux autres au lieu de favoriser leur rencontre et qui les éloignent de la réalité. Dans le même temps, subsistent parfois des héritages culturels et religieux qui figent la société en castes sociales immuables, dans des croyances magiques qui ne respectent pas la dignité de la personne, dans des attitudes de sujétion à des forces occultes. Dans de tels contextes, l’amour et la vérité peuvent difficilement s’affirmer, non sans préjudice pour le développement authentique »[28].

d. Conclusion

L’Eglise reconnait donc qu’à travers l’inculturation et le syncrétisme, la culture peut influencer la religion, mais la première le fait au bénéfice de la Vérité, tandis que le second la déforme.  
En quoi l’écologisme risque-t-il d’être facteur de syncrétisme ?

2nde partie : L’écologisme participe-t-il à ces risques de syncrétisme ?

4-      L’écologisme: une religion païenne

L’ouvrage « les contrevérités de l’écologisme »[29] montre à quel point l’écologisme est une idéologie mortifère, empreinte d’un paganisme rampant rendant une forme de culte à la nature. L’écologisme participe à une culture qui coupe toute relation avec le Dieu créateur en donnant à l’homme une puissance quasi divine. Comment, alors, ne pas être sensible à la congrégation pour le clergé qui écrivait en 1971 : «  Il y a même des cas où l’on rencontre une foi chrétienne contaminée par une forme nouvelle de paganisme… la vie morale peut régresser vers une éthique préchrétienne. Dans la religion chrétienne, s’introduisent parfois des éléments empruntés au culte de la nature, à l’animisme, à la divination, et c’est ainsi qu’en certains endroits on en arrive au syncrétisme. »[30] ?
Parlant de l’écologisme, Jean-Paul II  écrivait le 1.1.1990 que l’éducation à la responsabilité écologique ne doit pas « s'appuyer sur le refus du monde moderne ou le désir vague d'un retour au "paradis perdu" »[31]. Cette nostalgie peut contribuer à réduire nos capacités de réaction critique par la raison : « on peut être tenté de se réfugier dans des formes de nostalgie fermées à ce qui existe de positif dans le monde contemporain, et de l'autre, il existe une forte tendance, aujourd'hui, à adopter de manière acritique, le syncrétisme et l'absence d'objectif existentiel »[32]
Mgr Giampaolo Crépaldi a d’ailleurs parlé des « sirènes des nouvelles idéologies » qui menace la raison et au rang desquelles il cite l’écologisme :
« Après l'effondrement des grandes idéologies du XIXe et du XXe siècle, …les idéologies n'ont pas disparu de la scène politique. 
En réalité, il en est né beaucoup d'autres, et surtout une: le réductionnisme …Les idéologies d'aujourd'hui sont, par exemple, l'écologisme, le vitalisme, le scientisme, le matérialisme, le psychologisme, le développementisme[33], le tiers-mondisme, le paupérisme, l'idéologie du genre, l'idéologie de la diversité, celle de la tolérance, l'économicisme, l'idéologie de l'homo economicus, l'inclusivisme, le narcissisme….
-       L'écologisme est l'exaltation de la nature en tant que telle, jusqu'à proclamer la supériorité par rapport à la personne elle-même, considérée comme source de nuisance pour l'écologie naturelle. L'écologisme poursuit souvent un salut entendu comme bien-être et équilibre physique et mental avec le danger de confondre la prière et le "training autogène".[34]
-       L'idéologie de la diversité (différence) consiste à absolutiser la diversité en tant que telle, indépendamment de la vérité de la diversité. Les différences sont une richesse, mais quand elles restent dans un cadre vrai d'humanité, et représentent une des nombreuses voies pour exprimer la nature humaine commune. Les différences en tant que telles ne sont ni vraies ni fausses, ni bonnes ni mauvaises, et la co-existence n'est pas une combinaison indifférente de toutes les différences, sans exception, mais leur intégration au service de l'humanité commune, ce qui suppose de dépasser l'idéologie de la la tolérance, car il y a aussi des choses qui ne devraient pas être tolérés.
Je n'ai donné que quelques éléments pour chacune des idéologies énumérées,…. Le catholique engagé en politique devrait se méfier des pièges de ces idéologies, qui sont aujourd'hui très insidieuses. Il devrait être guidé par un sain réalisme, je dirais par un réalisme chrétien. La vérité est la réalité…. Que le catholiques adhère à cette réalité et il verra que souvent, les choses ne sont pas comme les idéologies les présentent. Qu'il conserve sa liberté de jugement, qu'il promeuve des approches alternatives: aujourd'hui le réalisme catholique est l'approche la plus alternative aux problèmes qui existent »[35]

Ce risque de dérive de l’écologisme vers un certain paganisme est d’autant plus réel que l’écologisme se veut messianique, c'est-à-dire qu’il est propagé par une élite qui se prétend comme telle et qui propose de suivre son programme, celui d’un salut temporel promis aux peuples. Au début du christianisme, c’est ce que certains judeo-nazaréens prétendaient. Dans des siècles plus proches, le communisme, le nazisme se sont positionnés comme des sortes de religions d’un salut temporel.
L’Eglise avait bien compris ce risque syncrétique dans ses regards sur le communisme. L'Osservatore Romano, dans son édition du 3 juillet 1955, mettait en garde la Pologne contre: « la possibilité d'une « coexistence » entre catholicisme et communisme. Et pour atteindre ce but, on recourt à des « progressistes » soi-disant catholiques, auxquels on fournit de larges moyens de propagande intérieure et extérieure. [...]  on essaie de vider le catholicisme de son contenu effectif. Et, à la place, on voudrait insérer un impossible syncrétisme christiano-marxiste, destructeur de toute vraie spiritualité» [36]
Il ne faut pas retirer, à un certain nombre de chrétiens qui se disent sensibilisés par les questions écologiques, le crédit de leur bonne volonté. Mais c’est à la lumière de cette mise en garde éclairée de l'organe de presse officiel du Vatican qu'il faut se demander si les discours et propositions [37] qu’ils font ne risque pas de « vider le catholicisme de son contenu effectif ». Sont-ils conscients de leur portée relayée par de larges moyens « de propagande intérieure et extérieure » ?

Cette question est d’autant plus d’actualité qu’elle n’est pas récente : l’écologisme, avec son programme de salut universel, se place en situation de concurrence avec le christianisme. Larousse explicite bien cette situation : « Particulièrement abondantes au 1er siècle, les religions de salut provenant de l'Orient offrent une expérience mystique et un espoir dans l'au-delà à ceux qui s'y initient, tout en restant tolérantes entre elles. Le christianisme, qui se trouve dans une situation de concurrence religieuse intense, se démarque par le fait qu'il propose un salut faisant l'objet d'une annonce publique, donc pas nécessairement réservé à des initiés, et qu'il refuse toute coexistence avec d'autres religions, toute forme de syncrétisme. L'Empire romain laisse libre cours à cette profusion de religions, mais il impose une idéologie unitaire : le culte de l'empereur »[38].
Aujourd’hui, les pouvoirs politiques de tous bords, nous imposent, en quelque sorte,  une nouvelle idéologie unitaire, l’écologisme, et nous propose diverses formes de culte à la nature !

La différence essentielle vient de ce que le Christ nous promet une « Terre nouvelle » et non un retour au « paradis perdu ». Sa résurrection nous place dans une perspective tournée vers des temps nouveaux et non vers le passé.
Il n’empêche que cette dialectique du salut fait courir au christianisme, s’il est sensible à ces discours écologistes, un risque de syncrétisme qu’il n’est pas inutile d’essayer de démasquer.

5-      L’écologisme, un risque de syncrétisme pour la religion catholique

Le syncrétisme est un risque, mais c’est aussi une grande tentation actuelle, ce qui ne fait qu’en accroître le danger. Dans un sondage de 2007, on découvre que 62% des répondants souhaitent que les religions adaptent leur message pour tenir compte de l'évolution de la société. Comme l’explique un commentateur de ce sondage : « la solution est de se dissoudre dans un espèce de bain syncrétique qui ne ferait nul cas d'un être transcendant  ayant délivré, et le délivrant encore…. Si les religions ne sont que des messagers de Dieu, la société veut être Dieu toute seule »[39].
Ce syncrétisme se développe de façon insidieuse tant en matière de théologie, que de liturgie ou de principes d’actions au quotidien.

a. En matière de théologie de la Création

i.     Le péché originel : une révolte de l’homme contre la nature ?

Le péché originel n’est pas une révolte de l’homme contre la nature, mais une volonté d’être « sans Dieu, avant Dieu, et non pas selon Dieu » (Saint-Maxime le Confesseur). C’est une révolte contre Dieu. La vocation de l’homme sur terre est de se réconcilier avec Dieu, révélé comme un Dieu amour, afin d’accéder au bonheur.
Le dominicain Jean-Michel Maldamé, lors d’une conférence donnée à Toulouse sur « Ecologie et Théologie de la création »[40] rappelait que  « l'être humain est placé au terme de l'œuvre créatrice pour être comme le régent de cette création…. (Le Coran traduit en disant que l'être humain est le calife de Dieu sur la terre) ».
Il situait bien la place de l’homme dans cette création : « Dieu donne pouvoir à l'être humain sur la création par le travail. C'est par son travail que l'être humain ordonne et régit le monde qui lui est confié »[41]. Parlant de la « rupture originelle », il évoque notre « humanité [qui] n'a pas obéi à la Loi donnée par Dieu. Cette Loi est représentée par l'arbre de la connaissance du bien et du mal », soulignant bien que « l’homme et la femme n'ont pas respecté cette loi en considérant qu'ils en étaient les maîtres et non pas ceux qui doivent s'y soumettre ». Mais pourquoi évoquer, sans transition, la tradition prophétique et la vision d’Isaïe selon laquelle « le règne de Dieu advient … lorsque la guerre cesse entre les humains et la nature », et, par là, laisser entendre que la rupture originelle de l’homme de la Genèse serait celle entre l’homme et la Nature, alors qu’il s’agit d’une rupture entre l’homme et Dieu ?
Cette tentation de résumer la rupture originelle à une rupture entre l’homme et la nature n’est pas le fait du seul Jean-Michel Maldamé : On retrouve cette dérive chez Patrice de Plunkett : « La rébellion d’Adam… a brisé du même coup l’harmonie entre l’homme et la Création. Ce qui s’en suivit fut l’explosion du mal sur la Terre… »[42].
Ce texte laisserait croire, ici aussi, que le mal est la conséquence de la rupture d’« harmonie entre l’homme et la Création ». De là à laisser croire qu’il faut réconcilier l’homme avec la terre, il n’y a qu’un pas que, malheureusement, beaucoup ont franchi.
Le journaliste Falk van Gaver, lui aussi, a repris ce thème lors d’une rencontre organisée à Saint-Raphaël le 24 mars 2007 par le Diocèse de Fréjus-Toulon sur « l’urgence climatique et ses enjeux »[43]. Lors de son intervention sur « la nécessité d’un cadre éthique » pour l’écologie, il affirme : « L’homme vit en harmonie avec la nature, ce qu’exprime aussi le végétarisme originel tout au début du récit biblique. Le péché de l’homme, ce que l’on appelle le péché originel, ce n’est pas une histoire simplette de pomme et de nudité, mais c’est justement de vouloir s’approprier la nature et le monde pour n’en faire qu’à sa guise, pour l’exploiter »[44].
Comment peut-on dire, qui plus est dans une enceinte diocésaine, que le « péché originel… consiste à vouloir s’approprier la nature » ? Faudrait-il aller jusqu’à penser que manger de la viande serait en rupture avec le « végétarisme originel », symbole d’une rupture avec la nature ?
Le propos n’est pas anodin et la question du péché originel n’est pas secondaire: certes l’homme, par intérêt, doit vivre en harmonie avec la nature, encore faudrait-il ne pas donner à ce mot « harmonie » une signification transcendantale. La rupture originelle de l’homme n’est pas une rupture avec la création. La vraie rupture qu’il a initiée est celle de son refus de Dieu !
Le Christ ne serait-il venu sur terre que pour réconcilier l’homme avec la Nature ? Pour le réconcilier avec la déesse Gaïa ?
Le mal n’est-il pas la conséquence de la rupture entre l’Homme et Dieu, entre la liberté de l’homme et la Vérité ?

Il y a un certain syncrétisme à confondre la cause et l’effet : est-ce donc l’homme qui s’est révolté contre la Nature ? Non ! En revanche, la nature s’est-t-elle révoltée contre l’homme ?
Probablement, mais à condition de ne pas tomber dans le piège du philosophe, James Lovelock, auteur anglais de « La Terre est un être vivant » qui donne un statut à la Terre, une âme qui lui permettrait d’avoir des sentiments et de se venger contre l’homme.

Voilà qui est difficile à comprendre : l'existence des animaux féroces, nuisibles, réalise et représenté la révolte de la nature contre l'humanité, et le désordre qui s'est introduit dans le monde. Cette situation, selon la tradition judéo-chrétienne est le résultat du péché de l'Homme. Avant la désobéissance d'Adam, en effet, tous les animaux, domestiques ou sauvages, semblent soumis à celui qui leur avait donne leur nom. Mais, à cause du péché, toute la Création, donc le monde animal, est maintenant esclave de la corruption.
La Bible elle-même donne une première explication à ces châtiments animaux : « Pour leurs sottes et coupables pensées, qui les égaraient en leur faisant rendre un culte à des reptiles sans raison et à de misérables bestioles, tu leur envoyas en punition une multitude d'animaux sans raison; afin qu'ils sachent qu'on est châtié par où l'on pèche ». (Sg 11,15)
Il s’agit en fait d’un ordonnancement que l’homme a dérangé : « C’est Yahvé notre Dieu, qui donne la pluie, celle de l'automne et celle du printemps, selon son temps, et qui nous réserve des semaines fixes pour la moisson. Vos fautes ont dérangé cet ordre, vos péchés ont écarté de vous ces biens » (Jer 5,25).
Une mauvaise conception de la théologie de la Création fait courir un risque de dérive syncrétiste aux chrétiens qui seraient tenté de changer de mode de vie, d’opérer une véritable conversion du cœur, pour éviter à la terre de se venger, alors que notre conversion doit nous permettre de nous tourner vers les autres et le tout Autre, Dieu.

ii.     La tour de Babel : un bienfait de la biodiversité ?

Un certain écologisme voit dans cette symbolique de la Tour de Babel, une bénédiction voulue par Dieu, une dispersion, une richesse écologique, qui fonde, dès l’origine, cette « biodiversité » qui leur est si chère. 
On est un peu confondu par la lecture de Patrice de Plunkett qui voit dans cette dispersion une richesse écologique: « La diversité des cultures correspond à la diversité du vivant dans toute la création. L’écologie humaine trouve sa plus lointaine racine dans ce texte de la Bible »[45]!

Pourtant, d’après le magistère de l’Eglise, la dispersion des hommes et la confusion des langues furent une conséquence du péché d’orgueil des hommes, qui, unis en un seul peuple, voulurent se bâtir un chemin pour rejoindre Dieu. Benoit XVI met en exergue l'abaissement radical du Christ, en opposition avec « …le geste des bâtisseurs de la tour de Babel qui voulaient édifier seuls le pont vers le ciel et devenir eux-mêmes des divinités. Mais cette initiative de l'orgueil s'acheva dans l'autodestruction : ce n'est pas ainsi que l'on arrive au ciel, au bonheur véritable, à Dieu. »[46].
Benoit XVI voit bien dans ce texte de la Genèse un drame des « hommes, désireux de construire de leurs mains un chemin vers le ciel »[47]. Il fait, un parallèle avec la rupture originelle d’Adam : « La conséquence de ce péché d'orgueil, semblable à celui d'Adam et Eve, fut la confusion des langues et la dispersion de l'humanité sur toute la terre (Gn 11, 7-8) Voilà ce que signifie “Babel”, et ce fut une sorte de malédiction semblable à celle d'Adam et Eve chassés du paradis terrestre »[48].

iii.     La création gémit… Ne pas confondre la cause et les effets

Ce n’est pas parce que l’homme maltraiterait la terre qu’elle se vengerait. La nature n’a pas d’âme spirituelle, contrairement à ce qu’imagine le philosophe écologiste Lovelock.
Toute la tradition judéo-chrétienne nous dit que c’est parce que l’homme a détourné son regard de Dieu que, en conséquence, l’ordre de la création s’en est trouvé modifié : « C’est Yahvé notre Dieu, qui donne la pluie, celle de l'automne, et celle du printemps, selon son temps, et qui nous réserve des semaines fixes pour la moisson.
Vos fautes ont dérangé cet ordre, vos péchés ont écarté de vous ces biens (Jer 5,25). »
Les animaux, partenaires de l’alliance entre Dieu et les Hommes deviennent instruments du châtiment divin. Voila qui est difficile à comprendre. L'existence des animaux féroces, nuisibles, réalisé et représenté la révolte de la nature contre l'humanité, et le désordre qui s'est introduit dans le monde. Cette situation, selon la tradition judéo-chrétienne est le résultat du péché de l'Homme. Avant la désobéissance d'Adam, en effet, tous les animaux, domestiques ou sauvages, semblent soumis à celui qui leur avait donne leur nom. Mais, à cause du péché, toute la Création, donc le monde animal, est maintenant esclave de la corruption, comme le dit Saint Paul aux Romains:
« Car la Création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu: si elle fut assujettie à la vanité, -- non qu'elle l'eut voulu, mais à cause de celui qui l'y a soumise, -- c'est avec l'espérance d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons en effet, toute la Création jusqu’à ce jour gémit en travail d'enfantement. Et non pas elle seule: nous-mêmes qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de notre corps » (Rm 8,19-22).
La Bible elle-même donne une première explication à ces châtiments animaux.
« Pour leurs sottes et coupables pensées, qui les égaraient en leur faisant rendre un culte à des reptiles sans raison et à de misérables bestioles, tu leur envoyas en punition une multitude d'animaux sans raison; afin qu'ils sachent qu'on est châtié par où l'on pèche ». (Sg 11,15)
En conclusion, ne croyons pas que la Terre a une âme spirituelle et qu’elle a des sentiments de vengeance. Certes, le style poétique parle d’une Création qui « gémit », mais Saint Paul précise bien que « toute la Création jusqu’à ce jour gémit en travail d'enfantement » (Rm 8,18-25). La Terre n’a pas finit son enfantement. Elle reste encore à créer.

iv.     Nos frères les animaux : une résurrection possible au paradis ?

A force d’entendre le discours sur le bien être des animaux, et sur un respect mal compris du aux animaux, on en arrive à penser que les animaux ont, dans la création, un rang du même ordre que celui des hommes.
Pourtant, la question de notre sensibilité pour des animaux n’est pas nouvelle. St-Thomas d’Aquin disait déjà : « Il est vraisemblable que, si l’on éprouve un tel sentiment de pitié à l’égard des animaux, on s’en trouve favorablement dispose à le ressentir envers les Hommes »[49].
Nos sociétés, où règne la solitude, on comblé ce vide par la présence d’animaux de compagnie plutôt que par nos frères en humanité. On en arrive à voir 47% de leurs propriétaires penser que leurs animaux de compagnie iront au ciel[50].
On est en plein syncrétisme ! Pourquoi ?

Don Anne-Guillaume Vernaeckt, chapelain au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, répond clairement : « Est-ce qu’on emporte nos animaux là haut ? Il y aura d’abord des anges. Il y aura de nombreuses créatures spirituelles … Aujourd’hui nous ne les voyons pas parce que nous n’avons qu’un œil physique qui ne nous permet pas de voir spirituellement. Mais quand nous verrons Dieu face à face spirituellement, nous verrons aussi des anges. Et la Bible décrit les anges comme des animaux terrifiants avec des pattes de Lyon et des têtes de Galifon[51] et des ailes. Ce sera à la fois très beau, majestueux et impressionnants. …. Y aura-t-il des animaux physiques, donc matériels, comme nous aurons un corps physique dans la résurrection ? Je dirai, puisque nous aurons un corps physique, pourquoi pas ? … Ce que nous savons, c’est qu’on ne pourra pas retrouver tel animal qui aura fait mon bonheur sur terre. Parce que pour pouvoir participer au monde de la résurrection, il faudrait que quelque chose de cet animal subsiste individuellement au-delà de sa mort. Or les animaux sur terre que nous connaissons, n’ayant pas d’âme spirituelle, rien ne subsiste d’eux au-delà de leur mort, donc, ils ne pourront pas, en tant qu’individus, ressusciter. Ceci dit, il subsiste toujours de l’animal l’idée que j’en ai et le bonheur que j’en ai reçu. … Donc dans ma résurrection, je garderai cette image de l’animal. Mais individuellement, il n’est pas dit que l’animal ressuscite. Mais il y aura peut-être d’autres animaux autour de nous, et ce sera très beau. »[52].
Dit autrement, ce n’est pas parce qu’affectivement et psychologiquement nous aimerions voir nos animaux rester avec nous pour l’éternité que ce sera le cas : théologiquement, il ne peut y avoir salut que là où il y a péché, et il n’y a péché que s’il y a libre arbitre. Or l’animalité animale est innocente, l’animal n’est pas pécheur et par là n’est pas directement concernée par le salut[53].
Croire à la résurrection des animaux, c’est en quelque sorte rendre un culte à l’animal du même type que celui rendu au « veau d’or ». Il s’agit d’une dérive par laquelle on pervertit l’image de Dieu.
Cela ne remet pas en cause la pensée de Saint-Paul que Jean-Paul II a ainsi commentée: « Toute la création fut assujettie à la caducité [NDLR : c.à.d. au péché originel] et, depuis lors, elle attend mystérieusement sa libération pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu (Rm 8, 20-21). Les chrétiens professent que dans la mort et la résurrection du Christ s'est accomplie l'œuvre de la réconciliation de l'humanité avec le Père, qui " s'est plu ... par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix " (Col l, 19-20). La création a été ainsi renouvelée (Ap 21, 5), et sur elle, qui était auparavant soumise à " l'esclavage " de la mort et de la corruption (Rm 8,21), s'est répandue une vie nouvelle, tandis que "nous attendons de nouveaux cieux et une terre nouvelle où habitera la justice " (2 P 3, 13). Ainsi, le Père " nous a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu'Il avait formé en lui par avance, pour le réaliser quand les temps seraient accomplis: ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ " (Ep l, 9-10) » [54].

v.     L’homme peut-il détruire la planète ? Un refus de la foi en un Dieu tout puissant ?

L’homme peut-il détruire la planète ? Comment concilier cela avec notre crédo : « Je crois en Dieu, père tout puissant » ?
-  Pourquoi donc de grands philosophes comme Falk Van Gaver s’embarquent-ils dans de belles démonstrations éthiques fondées sur  des données considérées comme acquises : « la prise en compte pragmatique de la réalité de la crise climatique ». C’est un discours du messianisme écologiste. Pourquoi en appeler à la « modification des comportements en vue d’une sauvegarde de la nature ». Cette thématique relève de la gnose écologiste consistant à croire que l’homme peut « sauver la planète » ? Pourquoi conclure par un discours apocalyptique en disant « quand je choisis … tel produit ou que je me comporte de telle ou telle façon dans ma vie quotidienne …, je contribue, que je le veuille ou non, à détruire la planète »[55] ?
-  Pourquoi le dominicain J. M. Maldamé participe-t-il au climat de peur par ces propos inquiétants : « La puissance de l'humanité sur les autres espèces est telle qu'elle menace tout ce qui vit … Désormais l'avenir de l'humanité se pose en terme de survie… L'urgence est donc inscrite dans la vitesse de croissance des effets négatifs irréversibles »[56] ?

Revenons à la théologie de la Création et à sa conception du tohu-bohu originel et du chaos résultant du péché :

♦ « En tête, Elohîms créait les ciels et la terre, la terre était tohu-et-bohu, une ténèbre sur les faces de l'abîme, mais le souffle d'Elohîms planait sur les faces des eaux »[57]. Telle est la traduction par Chouraqui de la première phrase de la genèse et que la bible de Jérusalem traduit par « Au commencement, … la terre était vague et vide ». En hébreu, tohu signifie le « désert, vague, cahos, informe » et bohu le « vide, ce qui est vain[58] ».
Cette référence au Tohu est reprise par Isaïe que la bible de Chouraqui traduit ainsi : « Le pélican, le hibou des marais en héritent; le duc et le corbeau y demeurent. Il étend sur elle la ligne [‘’ le cordeau’’ dans la bible de Jérusalem] du tohu, les pierres du bohu ». (Isaïe 34.11).
Qu’est ce que cette ligne, ce cordeau, cordeau quand il est détendu ? (Isaïe 33.21) : «  C’est-là que Yahvé est magnifique pour nous, sur les rives des fleuves larges en tous sens, où ne circule aucun vaisseau à rames… : ses cordages sont détendus, ils ne maintiennent plus le mât, ils ne hissent plus le signal ». Ce tohu, c’est l’absence d’ordonnancement qui est « signal ».
Que signifie donc ce tohu-bohu ?
Pendant les trois premiers jours, Dieu va régler le problème de la forme alors que dans les trois derniers jours, il remplit les espaces ainsi créés  pour régler le problème du vide. Pour ce qui est de la forme et de la structure, il va séparer d’abord la lumière des ténèbres, puis les eaux d’en haut et celles d’en bas, et enfin, l’eau et la terre. Ce n’est qu’ensuite que Dieu va créer le problème du vide, en emplissant cette structure avec les étoiles, la lune et le soleil, avec les créatures volantes et marines, et enfin avec les animaux et l’homme[59].
C’est par le péché de l’homme qu’est à nouveau créer un désordre.   Le déluge est retour à un chaos primordial. L’ampleur des conséquences de la rupture de l’alliance permet de saisir l’extrême importance de l’alliance cosmique. L’effet de cette rupture cosmique est en effet le retour au chaos originel[60].

♦ Malgré tout Isaïe, en faisant référence à Noé, marque que le péché des hommes n’enlève en rien la promesse d’un salut cosmique et éternel. Les thèmes en effet sont ceux d’une alliance éternelle et universelle : « Ce sera pour moi comme au temps de Noé, quand j'ai juré que les eaux de Noé ne se répandraient plus sur la terre. Je jure de même de ne plus m'irriter contre toi, de ne plus te menacer…. mon amour ne s'écartera pas de toi, mon alliance de paix ne chancellera pas, dit Yahvé qui te console ». (Is 54,9-10)
Par cette promesse, nous pouvons croire que « Dieu tout puissant », ne laissera pas l’homme détruire la planète. Cela ne signifie en rien que nous pouvons faire n’importe quoi avec la planète : notre péché est au contraire de nous contenter de laisser la planète dans son état inachevé, de nous contenter de nos situations.

♦ D’ailleurs, cette promesse éternelle est annonciatrice d’une nouvelle sortie du tohu-bohu, celle que va permettre, grâce au Christ, la transformation des forces du mal, du tohu-bohu intérieur c'est-à-dire de notre péché. Nous passerons du chaos d'avant la création à la lumière de la Résurrection et à l'homme nouveau[61].

Le discours écologiste a donc une grande puissance de syncrétisme jusqu’à nous faire croire que la « toute puissance de Dieu » pourrait être mise en échec. A vouloir dire que l’homme a été créé libre jusqu’à ce point, on en oublie que le concept de liberté n’est pas celui de faire ce qu’on veut. Théologiquement, « appelés au salut par la foi en Jésus Christ, … les hommes …se sanctifient par « l'obéissance à la vérité » (1 P 1, 22). La liberté est une obéissance à la Vérité, et la promesse éternelle d’alliance de Dieu avec l’homme est incluse dans cette Vérité. Si Dieu n’était pas « tout puissant », les chrétiens pourraient avoir désormais de sérieuses raisons de douter !

vi.      l’Apocalypse écologique : une initiative de l’homme ?

Dès lors que nous croyons « en Dieu tout puissant », ce serait pur syncrétisme de penser que l’homme puisse avoir l’initiative de « l’apocalypse », comme le laisse entendre le discours écologiste.
L’apocalypse est la venue du Christ à la fin des temps. Quand reviendra-t-il ? Certainement pas à l’initiative de l’homme. La question est posée dans l’apocalypse même : « « Jusqu’à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger ? » (Apoc. 6-10).  La réponse est claire : il faudra attendre  « jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères » (Apoc. 6-11), jusqu’à la plénitude de l’évangélisation. Face à  l’éternité de Dieu, les lenteurs de l’histoire ne sont rien. La longueur de ce délai s’explique par la miséricorde de Dieu qui veut laisser à chacun le temps du repentir.
L’écologisme a, ici encore, une grand puissance de syncrétisme en nous menaçant de toutes sortes de cataclysme. Dans Saint-Jean, les cataclysmes annoncés n’ont que le but de souligner la solennité du moment qui advient. D’ailleurs, le feu qui brûle la terre est celui de l’encensoir : « Et l'ange prit l'encensoir, le remplit du feu de l'autel, et le jeta sur la terre » (Apoc. 8-5). Chacune des catastrophes ne sont là que pour donner plus de relief à la solennité du moment qui est accompagné de sept sonneries de trompette. « Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner. Le premier sonna de la trompette. Et il y eut de la grêle et du feu … Le second ange sonna de la trompette. ...une grande montagne embrasée par le feu fut jeté dans la mer… Le troisième ange sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile ardente… Le quatrième ange sonna de la trompette. Et le tiers du soleil fut frappé…Le cinquième ange sonna de la trompette. Et je vis une étoile qui était tombée du ciel… » (Apoc. 8-6 à 9-1). Ce n’est qu’au sixième ange, la presque perfection du chiffre sept, que l’évènement approche : « Le sixième ange sonna de la trompette. Et j'entendis une voix… » (Apoc. 9-13).
L’écologisme nous fait craindre une « fin des temps » conséquence d’une certaine incurie des hommes,  alors que l’apocalypse nous parle de « temps nouveaux » dont seul Dieu aura l’initiative.

b.      En matière de liturgie

i.      Culte à Gaïa : les fêtes de la Nature ?

Il y aurait, selon le philosophe écologiste Lovelock, trois caractéristiques que nous devrions prendre en compte :
-  « La propriété la plus importante de Gaïa est sa tendance à rendre optimum les conditions de la vie terrestre. Pour autant que nous n’ayons pas interféré de manière sérieuse avec sa capacité tendant vers l’optimum, cette tendance devrait être aussi prédominante aujourd’hui qu’avant l’arrivée de l’homme sur la scène ». En d’autres termes, il serait dans la nature même de la Vie de chercher sa propre expansion. En ce sens, la richesse de la biodiversité serait inscrite dans la nature même de la vie.
-  « Gaïa possède des organes vitaux en son centre, ainsi que d’autres – utiles ou faisant double emploi – situés en majeure partie dans sa périphérie »[62]. Les conséquences des actes humains seraient à rattacher à ce que l’on pourrait presque appeler des « centres nerveux de la planète ».
-   « Les réponses que Gaïa peut apporter aux problèmes posés par une évolution catastrophique doivent obéir aux règles de la cybernétique ». Nous ne pourrions plus penser seulement dans une causalité linéaire, propageant un effet à plus ou moins longue portée. Nous aurions affaire à une entité vivante, dans laquelle les processus formeraient des cycles, parfois très lents, mais soutenus.
Il ne s’agit pas d’analogie, ni de vision romantique : la Terre ne serait pas « comme » un être vivant, la Terre « serait » un être vivant. Dès lors, il serait urgent que nous rétablissions avec la Terre une relation sensible, une relation affective et que nous cessions de ne la regarder que comme un objet : objet d’exploitation de minerai, objet d’exploitation pour l’agriculture, ou objet d’exploitation touristique. Il serait urgent que nous cessions de nous comporter à l’égard de la Terre comme un prédateur avide et sans scrupule.
James Lovelock voit dans la Terre « un système physiologique dynamique qui inclut la biosphère et maintient notre planète, depuis plus de trois milliards d'années, en harmonie avec la vie ».
Les théories Gaïa, se réclamant des assertions de Lovelock, ont développé l'idée que la Terre aurait une « conscience »[63], voire qu'elle serait une sorte de divinité[64].
Pour certains, cette forme de conscience qu’aurait la Terre lui donnerait la capacité de « manipuler consciemment le climat afin de maintenir les conditions les plus favorables à la vie ». En d'autres termes, les mécanismes terrestres seraient de type intentionnel et non de type causal.
Lovelock est vite devenu un maître à penser de « l’écologie profonde ». Ses militants se sont vite ralliés aux propos de Lovelock sur la démographie: « S’il n’y avait sur Terre que 500 millions d’humain, pratiquement rien de ce que nous faisons actuellement à l’environnement ne perturberait Gaïa[65]. Lovelock parle de l’humanité comme de « la maladie de la Terre, la fièvre provoquée par la peste des gens ». Nous ne sommes pas particulièrement « spéciaux », dit-il, en tant qu’« animaux individuels », mais l’humanité est une « maladie planétaire ». Il aspire au monde de 1800 « lorsque nous n’étions seulement qu’un milliard », et annonce que notre nombre actuel n’est « pas viable » et exige un « retrait », c’est-à-dire une réduction drastique. Il rejoint Arne Naess, penseur de l’Écologie profonde, qui voit la crise écologique comme étant « principalement la conséquence de la surpopulation »[66].
Dès lors, tous les ingrédients sont réunis pour que ces discours soient repris par des courants écologistes dits « profonds ». Ainsi, l'association GAÏA (pour Global Action in the Interest of the Animals) s'inspire de la théorie de Lovelock.

Mais, dira-t-on, ces références au culte de Gaïa, n’ont qu’un caractère folklorique. Tout cela n’est pas sérieux. Malheureusement, les chrétiens participent à cette idée de vouloir manifester cette forme de culte à travers des « fêtes de la Nature ». L’appel des chrétiens « particulièrement préoccupés par les questions écologiques », paru dans la Vie du 2 novembre 2011, nous informe que l’ECEN, « réseau Chrétien européen pour l’environnement », nous invite à « célébrer la fête œcuménique de la Création entre le 1er septembre et le 4 octobre de chaque année ».

ii.      Introduire une dimension cosmique dans l’eucharistie

Le même appel du 2 novembre 2011, estime qu’il faut « Mettre en évidence la dimension cosmologique dans la liturgie et valoriser une dimension solidaire et écologique des sacrements. Chaque eucharistie réitère un mystère dont la portée dépasse infiniment celle de l’Église pour s’étendre au cosmos car, comme le rappelle Benoît XVI dans Caritas in Veritate: « La nature est destinée à être “récapitulée” dans le Christ à la fin des temps ». L’humanité ne se sauve pas seule : souligner cette solidarité de l’Homme avec toutes les créatures dans le plan de Dieu apporterait un motif spirituel fondamental pour encourager les Chrétiens à des changements d’attitudes concrets favorisant la préservation des écosystèmes ». 
Certes, "l'Humanité ne se sauve pas seule". Mais c'est le Christ qui sauve l'humanité. Ce n'est pas, comme le laisse entendre le texte, on ne sait quelle "solidarité de l'homme avec toutes les créatures" qui sera la source de notre salut.
Par ailleurs, il n'y a rien à introduire dans la liturgie puisque, dans la prière de l'offertoire, toute la création est déjà associée à la prière eucharistique: "Tu es vraiment saint, Dieu de l’univers, et toute la création proclame ta louange..." (prière n° 3) et "Tu as fait l'homme à ton image et lui a confié l'univers afin qu'en te servant, Toi son Créateur, il règne sur la création" (prière n° 4). Elle se termine même par : "nous pourrons, avec la création tout entière, enfin libérée du péché et de la mort, te glorifier..."(prière n°4).  
Dans la liturgie, c'est la création qui rend gloire à Dieu, et non pas l'homme qui rend gloire à la création.
Est-il vraiment prudent et urgent de laisser nos liturgies innover en la matière avec le risque de voir fleurir des inspirations peu conforme à la théologie de la Création ?

iii.      Le culte des saints : le cas de St-François d’Assise

C’est dans une « bulle », écrite en espagnol, que Jean-Paul II a consacré Saint-François d’Assise saint Patron des « cultivateurs de l’écologie ».
Que dit cette bulle ? « Parmi les saints et les hommes illustres qui ont eu un culte singulier à la nature, comme don  magnifique fait par le Dieu à l'humanité, il y a justement Saint-François d’Assise »[67]. Nous sommes loin d’un culte à une déesse Gaïa. Il est question d’un culte « singulier » à la nature parce qu’elle est un don de Dieu à l’homme. C’est un culte au Créateur à travers la nature.  La nature, en tant que création divine participe, elle aussi, à la gloire de Dieu. Il en est de même pour les éléments du cosmos : frère soleil et sœur lune participent, comme tout l’univers, à la gloire du créateur. Nous ne sommes pas appelés à aimer plantes, animaux et cosmos pour ce qu’ils sont, mais à reconnaître leur nature commune de créations belles et bonnes. Nous n’avons pas, non plus, comme le revendiquent certains écologistes, à nous considérer l’égal de l’animal parce que Saint-François parle de « frère loup ».
Par ailleurs, il est important de souligner que la bulle a déclaré Saint-François d’Assise «  Patron céleste des cultivateurs de l'écologie » [68], et non pas « patron des écologistes ». Ce n’est donc pas l’écologie en elle-même qui est consacrée comme une valeur supérieure, mais plutôt le travail écologique, celui de l’homme sur la nature qui est à honorer. 

iv.      L’eucharistie : Un label « bio » pour le pain et le vin ?

L’appel du 2 novembre 2011 de chrétiens « particulièrement préoccupés par les questions écologiques », estime que « commencer par le plus saint, c’est-à-dire des hosties et du vin de messe issus de l’agriculture biologique est un premier pas essentiel ».
Cela revient à laisser imprégner nos rites sacrés par des idéologies ambiantes!
C'est oublier que l’agriculture bio ne prend aucun engagement de résultat. Il ne prend que des engagements de moyens ! Et encore, la règlementation est basée sur des normes définies par les producteurs eux-mêmes, ce qui est suspect.
Ce pourrait être sympathique, mais ce serait surtout entretenir, auprès du public des lieux retenus, une grave illusion, celle qu'on pourrait nourir les 9 milliards d'habitants de la planète en 2050 avec des techniques qui ont des rendements de 50% inférieurs aux rendements de l'agriculture actuelle. 
L’ONU, dont la connivence avec les ONG environnementalistes  n’est plus à démontrer,  a bien été obligée de faire le constat du caractère indispensable des pesticides.  « Les mauvaises herbes sont l’ennemi naturel numéro un des agriculteurs »[69]. C’est ce que dit l'expert de l’ONU en mauvaises herbes, Ricardo Labrada-Romero. « Elles causent des ravages sans faire de bruit, année après année ». Les mauvaises herbes sont à l'origine de quelque 95 milliards de dollars de pertes de production vivrière à l'échelle mondiale.
Cela correspond à environ 380 millions de tonnes de blé, soit plus de la moitié de la production mondiale escomptée pour 2009. Il s'ensuit que si les fermes des pays les plus pauvres veulent accroître leur productivité, une des premières choses à faire est d'améliorer la lutte contre les mauvaises herbes. Et nulle part ailleurs ce n’est plus vrai qu'en Afrique, où les adventices sont une cause principale de stagnation des rendements et de la production.
Cette proposition d’introduire le label bio dans la liturgie est, sans doute, un des exemples les plus dangereux de syncrétisme, un de ceux que la Congrégation pour la doctrine de la foi aurait pu qualifier en 1989 de "pernicieux". C’est d’autant plus insidieux que, de tout temps, le droit canon prévoit (article 924) que le "le pain doit être de pur froment et confectionné récemment en sorte qu'il n'y ait aucun risque de corruption. Le vin doit être du vin naturel de raisins et non corrompu.... selon l'ancienne tradition latine, le prêtre utilisera du pain azyme" (c'est à dire sans levain). Est-il donc besoin de faire appel à un label comme le bio qui est celui d'intérêts économiques et idéologiques ?

v.      Réintroduire dans la liturgie la fête des Rogations ?

Le même appel de novembre 2011, propose de « réactiver la tradition des « rogations », bénédiction des fruits de la Terre avec les paysans qui le souhaitent afin de donner une vision cosmique de la Création ».
C'est oublier qu'il s'agissait d'une liturgie de trois jours précédant l'Ascension et que le mot "Rogation" vient de "rogare" c'est à dire demander. Il ne s'agissait pas d'une "fête de la nature", mais d'une supplication  qui commençait le dimanche précédent par la lecture de l'évangile de Saint-Jean: "demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé" (Jn.15,7). Les rogations étaient une période de jeûne précédant la fête de l'Ascension. Ces jours étaient suivis de prières d'action de grâce. Faudrait-il remercier Gaïa?
Certes, les prêtres avaient repris la tradition de bénir les récoltes, tradition qui date des années 470. Le peuple chrétien, très rural, avait l'habitude, en des temps de fréquentes famines, de "demander" de bonnes récoltes. 
Le Concile a aboli la tradition des Rogations, laissant aux conférences épiscopales locales le soin de fixer de nouvelles disciplines locales. Aujourd'hui, on pourrait plus utilement proposer des "jours de rogations" pour "demander" que le monde ait plus le souci du bien commun en matière de développement des pays les moins avancés. On pourrait aussi donner plus d'écho à des "veillées de prières  pour la vie" comme le propose Benoit-XVI. Ce sont des enjeux autrement plus urgents que de "célébrer la terre".

c. En matière de codes de conduite

i.      Maitriser la Terre : Quelle solidarité avec quelles générations?

A écouter certains chrétiens, le « péché originel, … c’est justement de vouloir s’approprier la nature et le monde pour n’en faire qu’à sa guise, pour l’exploiter »[70].
Il est de bon ton de nous rappeler que « l'être humain est placé au terme de l'œuvre créatrice pour être comme le régent de cette création…. »[71].
Même l’Islam rappelle que « Le Tout-Puissant exhorte l’Homme …à sonder en profondeur les grands principes qui régissent la terre … tout en le mettant en garde de ne point altérer sa bonne prestance et de se départir toute surexploitation qui pourrait lui porter préjudice » [72].
Toutes ces mises en garde contre le « pillage » de la nature, l’abus d’exploitation des ressources naturelles, méritent attention. Toute cette sémantique négative a pour objectif de culpabiliser les opinions.

Mais à force de nous proposer des mesures de décroissance, l’écologisme reste-t-il crédible ? En effet, où sont les limites de l’exploitation de la Terre ?
La question mérite attention. Il en est comme de celles relatives à l’acharnement thérapeutique. L’intervention humaine doit rester proportionnée et ne pas relever d’une attitude déraisonnable. Nous devons être guidés par la proportionnalité des effets de nos actions et chercher l’existence ou non de solutions alternatives ayant le moins possible d’effets négatifs.
En matière d’écologie, il nous est demandé comment nourrir la planète en 2050 quand elle aura 9 milliards d’habitants ? Il est tentant d’en appeler à une réduction de la population, surtout dans les pays les plus pauvres, au nom de leur incapacité à se développer, tout cela au nom du risque du dépassement d’un soi-disant seuil d’« empreinte écologique ». Il est bien sûr illusoire de demander à la FAO ou à l’ONU de faire des projections sur le 22° siècle. Mais que dirons nos historiens si, au grand jamais, on atteignait 12 ou 15 milliards d’habitants ? Dieu aimera-t-il autant ces milliards d’habitants de 2050 ou 2100, quelque soit leur nombre, qu’il aime les 7 milliards actuels ?
La question fait sourire, car la  réponse est positive, à l’évidence !

Un raisonnement suivi par un jésuite américain, James V. Schall, permet de prendre du recul.. Il juge cette forme de syncrétisme « indigne »[73]. Son analyse est la suivante : « Au premier abord, la rengaine disant qu’il faut "redistribuer" les biens de ce monde au profit des pauvres paraît sensée ». Mais il ajoute : «  L’idée d’une limitation des biens mondiaux se cache généralement derrière cette approche apparemment innocente. Si les ressources sont limitées, alors nous devons élaborer un système de contrôle des comportements humains, de nos désirs. Depuis des siècles les idéologues cherchent un tel moyen "moral" de contrôle des humains. L’écologie est peut-être ce qui pouvait arriver de mieux au socialisme et à l’absolutisme, comme le constatent leurs défenseurs ».
Avec un certain humour, le Père Schall propose d’imaginer « qu’à la découverte du pétrole ou du charbon un politicien écolo s’en soit mêlé. Et qu’il ait convaincu tout le monde à cette époque de ne pas s’en servir afin de les "économiser" pour les générations futures, pour la nôtre, par exemple. Au jugement dernier le Seigneur convoque ces rabat-joie et leur demande ce qu’ils avaient fait de leur talent. Ils Lui répondent qu’ils ont géré pour éviter le gaspillage des réserves de pétrole et de charbon fournies par le Seigneur pour les générations futures. Et pendant ce temps les gens ont vécu dans des conditions épouvantables. Comme à l’homme qui avait reçu un talent, le Seigneur leur dirait : « Éloignez-vous de moi, à quoi croyez-vous que serviraient ces ressources mises à votre disposition ? À quoi sert la cervelle que je vous ai donnée ? »
Et le Père Schall de conclure : « Si on prenait tous les biens de la terre pour les "redistribuer équitablement" selon quelque règle (qui aura quoi ? bonne question — ceux qui ont le pouvoir auront sans doute une meilleure part), tout le monde deviendrait plus pauvre, riches comme pauvres. La théorie de la "redistribution", comme Bertrand de Jouvenel l’écrit dans son célèbre ouvrage, est inepte. Si nous voulons vraiment aider les pauvres à sortir de la pauvreté, la première chose à faire est de cesser tout discours sur la "redistribution", qui, au fond, est une variante de l’envie. Il faut chercher ailleurs, innovations, économies, incitations, justice équitable, vertu, loi du marché, culture, croissance ».

On est donc en plein processus syncrétiste quand on dit aux chrétiens que la frugalité serait un nouvel art de vivre qui résoudrait la question de la sécurité alimentaire mondiale, à dire qu’il s’agit d’une mesure de « solidarité avec les générations futures ».

ii.      Ne pas exploiter correctement la nature relève du « gaspillage » !

Il est de bon ton, dans les milieux chrétiens écologistes, de s’insurger contre le gaspillage. Certes, cela mérite d’être mis en perspective . Mais, c’est souvent un moyen insidieux de justifier une forme de  décroissance qui, disent-ils, serait la voie pour « sauver la planète ».
Qu’en est-il ?
Le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise évoque cette question du gaspillage. Il y voit « des étalages de richesses aussi déconcertants que scandaleux »[74]. Le gaspillage nuit donc d’abord à celui qui le pratique. Il cite d’ailleurs le psaume : « De peur que, dans l'abondance, je ne te renie » (Proverbes 30-9). Ce reniement se concrétise souvent par l’impossibilité, dans l’abondance, de tourner notre regard vers le pauvre. Le gaspillage est une attitude qui nous ferme le regard vers les plus démunis, nous fait oublier les véritables « besoins sociaux », plus qu’il n’entame les réserves de ressources naturelles, même si elles ont toujours un « caractère limité » à un moment donné.
Le Compendium rappelle que c’est cette rareté des ressources qui « implique nécessairement que tout sujet économique individuel, de même que toute société, doit imaginer une stratégie pour les employer de la façon la plus rationnelle possible, en suivant la logique dictée par le principe d'économicité »[75].
Tout cela condamne bien sûr, par principe, le gaspillage injustifié. 
Mais ce « principe d’économicité », rappelle que la réduction du gaspillage peut avoir un coût antiéconomique.
-     La collecte des déchets pour les récupérer vers l’alimentation du bétail a un coût.
-     La mise à disposition, dans le commerce, d’unités de consommation plus réduites -adaptées aux besoins de petites cellules familiales- a un coût
-     Les pertes en stockage des récoltes nécessitent des investissements importants dans les pays en voie de développement (silos ventilés et isolés thermiquement, …)
-     Les pertes en logistique nécessitent des moyens de transports modernes aussi peu réalistes qu’indispensables dans les pays les moins développés.
N'y a-t-il pas des investissements prioritaires et plus urgents, voire plus économiques ?  Il n'y a pas que les ressources naturelles qui sont limitées. Les ressources financières peuvent l'être également. Les capacités humaines pour les mettre en œuvre le sont également. Prenons un exemple: A quoi servirait d'investir en stockage si les pays les moins avancés n'ont pas de réseau routier? Les priorités sont à définir, même avec l'objectif évident de privilégier la sécurité alimentaire.
Il ne s’agit pas, c’est évident, de faire l’éloge du gaspillage. Mais il faut mettre les chrétiens en garde contre l’appel qu’ils font à des impératifs moraux. Il n’est pas sûr qu’ils stimulent les vraies solutions aux importants défis qu’il faudra relever d’ici 2050 pour nourrir la planète.

iii.      Le monachisme, un modèle écologique ?

L’écologisme sous toutes ses formes, et notamment le consensus – à quelques résistants près – de la cause humaine du réchauffement climatique cherche à imposer l’idée selon laquelle la planète serait suffisamment en danger pour qu’il faille se replier sur un nouveau modèle économique, celui de la décroissance.
L’idée de revenir à une forme d’ascèse ou de sobriété est séduisante mais l’écologisme franchit un pas de plus en craignant que la « Terre » ne finisse par se venger du traitement qui lui serait infligé !
La peur étant souvent mauvaise conseillère, certains vont jusqu’à dire que le péché originel est la révolte de l’homme contre la nature[76] et qu’il faudrait rétablir une harmonie entre l’homme et la nature, pour sauver l’homme !
Un certain nombre de chrétiens en sont venus à penser que le monachisme pourrait être un modèle écologique. 
Le monachisme est une démarche vers Dieu, mais l’image qu’il a dans la société actuelle est contrastée et souvent  associée à l’idée d’un repli hors du monde, d’une économie autarcique, d’ascèse, et d’harmonie.
L’idée d’en faire un modèle économique est tentante. Les responsables de la commission environnement de la conférence des Evêques de France en appelle même au WWF pour soutenir cette idée de modèle économique inspiré du monachisme. Des moines viennent témoigner aux « Assises chrétiennes de l’écologie » en novembre 2011 dans le diocèse de Saint-Etienne, alors même que cela ne reflète pas nécessairement la pensée dudit diocèse.  
Or le monachisme a toujours eu un rôle civilisateur et innovateur que l’écologisme ferait bien de prendre en exemple. Le monachisme a été un modèle de charité. L’écologisme appelant les plus pauvres à ne pas suivre les modèles de développement du Nord, ne cache-t-il pas un grand égoïsme ?
Mais, surtout, le monachisme a été toujours su mettre en application le principe de subsidiarité et  des valeurs de suppléance qui sont loin des rêves de gouvernance mondiale promus par les ONG environnementaliste.
Le monachisme à toujours su développer un potentiel d’autonomie, c'est-à-dire la capacité à vivre par soi-même. Il ne faut pas confondre cette valeur avec l’autarcie qui consiste à vivre pour soi-même. On s’étonne alors de voir des chrétiens écologistes proposer la mise à disposition de terrains agricoles à des « Associations de Maintien de l’Agriculture Paysanne »[77]. Il faut savoir que ces AMAP, sont des associations proposant des systèmes autarciques entre des producteurs et leurs consommateurs régionaux.
Le sens du travail du monachisme parait également loin de l’espèce d’esthétisme naturaliste cher  aux écologistes.
Quant aux sens de la simplicité, de l’ascèse et de frugalité, on a compris qu’ils avaient pour objectif de permettre aux moines de se poser dans le calme pour laisser Dieu les rejoindre. Il ne s’agit pas de manger moins pour épargner la planète. Si ces valeurs peuvent nous aider,  c’est à nous apprendre l’épreuve du manque et ainsi nous introduire au partage avec les affamés de pain, de justice et de paix. L’ascèse est un chemin de liberté et de pacification et non pas une peur du lendemain ni une façon de retarder une apocalypse pour la planète.
Faute d’avoir compris tout cela, on risque encore d’être en plein syncrétisme !

iv.      La confusion entre l’économique et l’écologique

L’écologisme a une propension à s’infiltrer dans tous les raisonnements, au point d’entretenir une confusion entre ce qui relève du fait économique et ce qui relève de l’écologique.
La proposition de chrétiens de « Mieux gérer les lieux ecclésiaux en tenant compte de l’effet de serre. Adapter à la taille de l’assistance l’espace consacré aux célébrations, … pour l’efficacité énergétique des églises » [78].
Cela parait une idée qui se révélerait très rentable. Se rassembler, en cas de besoin, dans des petites chapelles permettrait, c'est vrai, de réduire le chauffage. Mais, pourquoi présenter cette mesure dans un programme d’actions écologiques, alors qu’il s’agit d’une simple mesure économique? Appartient-il à nos assemblées chrétiennes d'en appeler, pour cela, à un effet de serre et de prendre ainsi parti dans un débat scientifique qui mérite encore d'être éclairé ?

v.      La procréation : une pollution ? « choisis donc la vie »

Le syncrétisme qui menace nombre de chrétiens, n’est pas seulement présent dans des discours et la promotion de conduites de vie qui, de façon rampantes, déforment la réalité évangélique. Il y a également tous ces silences coupables :
Comment expliquer le silence des chrétiens vis-à-vis de ces propositions mortifères :
-     La taxe CO² sur les familles nombreuses (Yves Cochet et Al Gore) ?
-    Le financement par l’Unesco de méthodes d’apprentissage à la lecture faisant appel à des livres favorables à la « santé productive » ?
-    La présence d’un « Gender Coordinateur » au sommet climatique de Copenhague ?
Le silence de ces chrétiens « préoccupés d’écologie » est assourdissant ! Ne sont-ils pas tellement  habitués « à faire un bout de chemin » avec les ONG écologistes, qu’ils n’osent plus les rappeler à l’ordre dans leurs positions extrémistes ? Rappelons nous ceux qui ont fait un « bout de chemin » avec la « théologie de la libération » et qui prenaient des responsabilités dans  des mouvements dont l’histoire a montré qu’ils étaient quelque peu manipulateurs de ceux qui se fixaient la participation comme horizon -« la participation pour faire mouvement »- !

d.   Conclusion

6.      L’Eglise face au marxisme : un cas d’école

Plus l’écologisme nous montre son vrai visage, celui d’une idéologie messianique et gnostique, plus nous devons tirer les leçons de l’histoire récente.

En 1969, la question de l’apostolat des laïcs était centrale pendant le concile Vatican II. Il l’avait voulu ouvert à tous les laïcs : « L’apostolat des laïcs  …est une conséquence de leur vocation chrétienne »[79]. Pendant cette période, où le communisme était encore à son apogée, certains évêques français préférèrent limiter cette mission d’apostolat à des organisations de laïcs dument mandatées par eux, les mouvements d’action catholique.
Dès lors un grand nombre de militants se sont infiltrés dans ces mouvements. On connait le résultat[80] :
-        En 1970, la JEC se définissait comme « un lieu de confrontation entre une pratique marxiste et une pratique chrétienne, toutes les deux vécues par les mêmes militants ». On croit entendre aujourd’hui, les cahiers de Saint-Lambert dont les rédacteurs se targuent d’être « à la croisée des traditions chrétiennes et humanistes ». Quand on sait ce à quoi fait référence ce mot d’humaniste, n’est-on pas en droit de s’inquiéter ?
-        En 1983, le rapport d’activité de l’A.C.O. s’intitule « être croyant et au parti communiste » et affirme : « il est possible de vivre et de lutter comme chercheurs de Dieu et comme marxistes ».
Pendant le même temps, une multiplicité d’initiatives renouvela le tissu laïc : les Focolari, Taizé, Marthe Robin, les Equipes ND, le Renouveau Charismatique, les cours « alpha »,  les Points-Cœur, etc… . Le terrain était dès lors favorable à écouter l’exhortation de Paul VI « Evangeli nuntiandi » en 1975 puis Jean-Paul II qui parla pour la première fois en 1979 de la « nouvelle évangélisation »[81].

Cette période d’histoire explique pourquoi l’Eglise de France ne se focalise pas sur les ONG environnementaliste, certes  modérées, mais qui jouent les « idiots utiles »[82] pour l’écologisme plus idéologique. En s’alarmant avec eux sur le fait que la décroissance et la précaution, ces chrétiens entretiennent une illusion auprès de leurs frères, celle que ces  programmes nous assureraient des « lendemains qui chantent ».
Mgr Vingt-Trois, dans son discours de clôture de l’assemblée des évêques de Lourdes, le 9 novembre 2011, montre qu’il n’est pas tombé dans le piège d’un « mandat » que certains voudraient se voir attribuer pour être les « chargés de mission » en matière d’écologie. Tout ce qui tourne autour des « cahiers de Saint-Lambert » ou de « Pax Christi »[83], malheureusement, ressemble beaucoup aux mouvements de l’action catholique des années 1970 à 1985.
Espérons que dans vingt ans, des historiens prenant du recul, ne reprendront pas à leur compte, à propos de l’idéologie écologiste, cette analyse de Mgr Decourtray évoquant en 1990 « cette page douloureuse de l’Eglise de France et sa connivence avec l’idéologie » [84]
On se rappelle les protestations de l’A.C.G.F. qui avait couverts l’homélie de Mgr Simonneaux : « Vous êtes un mouvement d’Action Catholique… Au nom de mes frères évêques, et sur leur invitation expresse, je vous demande d’être ‘’catholiques’’ ». Aujourd’hui, le magistère n’a de cesse de recentrer les chrétiens sur « l’écologie de l’homme » et « l’écologie sociale ». Au lieu de cela, l’appel de chrétiens « particulièrement préoccupés par les questions écologiques », s’agitent bruyamment en sommant les évêques de prendre des mesures concrètes en matière d’écologie.

Décidément, la capacité d’une idéologie à jouer du syncrétisme dans le christianisme aurait dû être est un des signes du danger. Le dissident roumain, Radu Portocala en 2003, a analysé les risques d’un retour du communisme sous un autre nom : « l'avenir ne surgit jamais du néant, mais il est une sorte de projection du passé, dont il porte les traces ». Il explique que «  l'utopie redevient légitime et l'on peut, en son nom, recommencer à organiser l'avenir … Si un jour le communisme déferle de nouveau sur le monde, son point de départ ne pourra être, cette fois-là, qu'ici, en Occident ». Pourquoi cette crainte ? Parce que, dit Radu Portocola, « l'homme nouveau qu'il veut produire… est un monstre dépourvu de conscience qui représente un danger mortel pour le monde. La société qu'il veut construire est une geôle effrayante »[85]
La séduction opérée par le messianisme temporel du communisme, proche en apparence de la quête évangélique, n’aurait-elle pas d’égale celle que l’écologisme aujourd’hui ? Le danger est particulièrement sensible dans une France qui a une sensibilité naturelle pour les  idéologies à portée universelle. Les millions de morts ne seront plus dans les goulags, mais dans des pays entiers peu avancés que l’on condamne à la mort,
-       en leur interdisant un droit au développement au nom de la décroissance,
-       en les soumettant à un chantage : « pas d’aide si ces pays n’adoptent pas des lois favorables à la ‘’santé reproductive’’ » dont on sait qu’il s’agit d’une politique de mort !
Il est urgent de lancer un appel de mise en garde contre une certaine forme d’écologisme qui joue du christianisme pour le transformer en un syncrétisme qui déforme la vérité évangélique.

7.     
Appel conclusif aux chrétiens

Dans son livre « la face cachée de l’écologisme », le journaliste Laurent Larcher va droit au but : pour lui, l'idéologie écologiste, appelée encore écologisme, génère des courants qui  « travaillent à la sortie de l'humanisme…. » (p. 20). Jean-Paul II parlait des risques de l’écologisme d’être un « vague désir de retour au paradis perdu ». Laurent Larcher le rejoint avec un autre langage en disant : «  Le ressort de l'écologisme est moins la réaction contre l'état de la planète que l'expression contemporaine d'une antique et persévérante nostalgie, celle de l'âge d'or » (p. 21).
Mais, Laurent Larcher, lui aussi, n’hésite pas à parler de syncrétisme quand il décrit ce qu'il nomme « le bras de fer entre l'écologisme et le christianisme ». Il pense  qu'une réflexion sur les liens entre humanisme et christianisme serait particulièrement opportune faute de quoi, « grâce à son syncrétisme et sa polyvalence, l'écologisme a sans doute encore un bel avenir devant lui »[86].

Pourquoi ce bel avenir réservé au syncrétisme ? Parce que, comme le disait le philosophe Grec, Cornelius Castoriadis, « Nous sommes dans l’ère de l’imitation, du rafistolage, du syncrétisme, du contre-plaqué »[87].
Lorsqu’on écoute les propositions de certains chrétiens sensibilisés mettent en demeure les évêques de France pour « une prise en compte sérieuse des questions écologiques … et de dépasser les simples bonnes volontés », on voit que les propositions qu’ils font relèvent du syncrétisme dont ils n’ont probablement pas conscience.

Laissons nous plutôt imprégner par l’Instruction Erga migrantes caritas Christi du magistère qui met en garde contre « un danger particulier pour la foi [qui] vient entre autre aujourd’hui du pluralisme religieux, compris comme un relativisme et un syncrétisme en matière de religion. Pour s’y opposer, il est nécessaire de mettre en œuvre de nouvelles initiatives pastorales aptes à affronter de manière appropriée ce phénomène qui… est un des plus graves problèmes pastoraux de notre temps » [88].

Le syncrétisme est une perversion des religions que, malheureusement, chacun peut accommoder à sa guise. Prenons garde de ne pas mettre à bas les différences entre la foi et les idéologies de notre temps pour mixer le tout dans un même magma. Ne nous laissons pas aller à « picorer » ici ou là, des mesures écologiques qui déformeraient la Vérité de notre foi. Le jésuite italien, Paolo Dall’Oglio,  implanté à Mar Moussa, en pleine terre d’Islam sait ce dont il parle quand il évoque le  « syncrétisme omnivore, à la frontière du délire pseudo-mystique, un syncrétisme kitsch, sans racine ni perspectives fécondes »[89].

L’écologisme, dans ses dérives gnostiques est, en ce sens, particulièrement dangereux. Le dominicain canadien, Edmond Robillard, explique pourquoi : « Le système gnostique est le plus caméléon qui soit: il n'a pas de couleurs propres; il ne se présente qu'en épousant celle du milieu où il diffuse sa propagande »[90].

Les textes du magistère de l’Eglise qualifient le syncrétisme de pernicieux[91], de périlleux et ambigu[92], de dissolvant[93], d’appauvrissant[94], d’accommodation[95] ou de dangereux[96]. C’est dire que ce risque ne doit pas être pris à la légère

8.     La leçon du Prophète Elie

Comment ne pas terminer en nous inspirant de cette audience de Benoit XVI, place St-Pierre, le 15 juin 2011.

Benoit XVI s’arrête sur l’épisode raconté dans le chapitre 18 du Premier Livre des Rois.
« Nous nous trouvons, dit Benoit XVI, dans le royaume du Nord, au ixe siècle av. J. C., au temps du roi Achab, à un moment où en Israël s’était créée une situation de syncrétisme ouvert. A côté du Seigneur, le peuple adorait Baal, l’idole rassurante dont on pensait que venait le don de la pluie et auquel était attribué pour cette raison le pouvoir de donner la fertilité aux champs et la vie aux hommes et au bétail ».
Mettons nous dans la perspective de notre temps. Nous écoutons des prophètes écologistes qui nous promettent le salut à condition de suivre leur programme. Nous voudrions rendre un culte à la nature en adorant Gaïa, une idole rassurante parce qu’elle est visible. « Tout en prétendant suivre le Seigneur, Dieu invisible et mystérieux », des chrétiens recherchent aussi « la sécurité chez un dieu compréhensible et prévisible, dont il pensait pouvoir obtenir …la prospérité en échange de sacrifices ». En sacrifiant à la décroissance, nous cherchons la sécurité.

Benoit XVI explique qu’« Israël était en train de céder à la séduction de l’idolâtrie, … et de faciliter les chemins impraticables de la foi dans le Tout-Puissant en plaçant également sa confiance dans un dieu impuissant fait par les hommes ».
Notre temps fait confiance au Dieu homme et ne croit plus à un Dieu tout puissant. Le réchauffement climatique pourrait-il mettre Dieu en échec avec un homme capable de détruire la planète ! Il croit que c’est l’homme qui est « tout puissant » en mettant en place des programmes écologiques !

Benoit XVI explique que «  c’est justement pour démasquer la stupidité trompeuse d’une telle attitude qu’Elie fait se réunir le peuple d’Israël sur le mont Carmel et le place face à la nécessité de faire un choix: «Si le Seigneur est Dieu, suivez-le; si c’est Baal, suivez-le »
Le Saint-Père donne la clef de la solution. Il oppose « deux manières complètement différentes de s’adresser à Dieu et de prier ».
La clef de notre temps est en effet la prière.  Quelles sont les deux manières de prier ?

a. La prière des prophètes de Baal

Benoit XVI décrit la situation : « Les prophètes de Baal, en effet, crient, s’agitent, dansent en sautant, entrent dans un tel état d’exaltation qu’ils … ont recours à eux-mêmes pour interpeller leur dieu, en faisant confiance à leurs propres capacités de provoquer sa réponse ».
Quand on lit les programmes écologistes avec des propositions outrancières, comme celles de proposer des « taxes CO² » à partir du second enfant, ou celle de refuser toute forme d’innovation, on peut se demander quelle est « l’exaltation » qui les anime.
Comment Benoit XVI analyse-t-il la prière à Baal ? « Ainsi se révèle la réalité trompeuse de l’idole: elle est pensée par l’homme comme quelque chose dont on peut disposer, que l’on peut gérer avec ses propres forces, à laquelle on peut accéder à partir de soi-même et de sa propre force vitale. L’adoration de l’idole, au lieu d’ouvrir le cœur humain à l’Altérité, à une relation qui libère et permet de sortir de l’espace étroit de son propre égoïsme pour accéder à des dimensions d’amour et de don réciproque, enferme la personne dans le cercle exclusif et désespérant de la recherche de soi ».
On pense au compendium de la doctrine sociale de l’Eglise qui, aujourd’hui, propose une « écologie sociale de la solidarité pour l’avènement d’une civilisation de l’amour ».
A ne pas vouloir écouter le message du magistère, on est dans une situation que Benoit XVI observe avec un sentiment quasi ironique : « la tromperie est telle que, en adorant l’idole, l’homme se retrouve contraint à des actions extrêmes, dans la tentative illusoire de la soumettre à sa propre volonté. C’est pourquoi les prophètes de Baal en viennent jusqu’à se faire du mal, à s’infliger des blessures sur le corps, dans un geste dramatiquement ironique: pour avoir une réponse, un signe de vie de leur dieu, ils se recouvrent de sang, se recouvrant symboliquement de mort ».

b. La prière d’Elie

Benoit XVI montre que  c’est une attitude de prière bien différente qu’adopte en revanche Elie : « Il demande au peuple de s’approcher, en l’impliquant ainsi dans son action et dans sa supplication. … Puis le prophète érige un autel, en utilisant… « douze pierres, selon le nombre des tribus des fils de Jacob…. Ces pierres représentent tout Israël et sont la mémoire tangible de l’histoire … de salut dont le peuple a été l’objet ».
Dans son homélie, Benoit XVI s’engage dans une longue analyse du geste liturgique d’Elie qui a une portée décisive, celle d’obliger à placer le peuple devant « devant sa propre vérité ».
La prière d’Elie se poursuit:
- Dans un premier temps, Elie « demande que la vérité du Seigneur également se manifeste et qu’Il intervienne pour convertir Israël, le détachant de la tromperie de l’idolâtrie et le conduisant ainsi au salut. Sa requête est que le peuple sache finalement, qu’il connaisse en plénitude qui est véritablement son Dieu, et fasse le choix décisif de le suivre, Lui seul, le vrai Dieu. Car ce n’est qu’ainsi que Dieu est reconnu pour ce qu’il est, Absolu et Transcendant, sans la possibilité de placer à ses côtés d’autres dieux, qui le nieraient comme absolu, le relativisant ».
A notre époque de profond relativisme, notre première conversion consister à nous tourner vers la Vérité,  à nous détacher des tromperies de l’écologisme idéologique, qui ne peut nous conduire au salut.
- Dans un second temps, Elie en appelle à la miséricorde et à la conversion. 
« Elie, à travers son intercession, demande à Dieu ce que Dieu lui-même désire faire, se manifester dans toute sa miséricorde, fidèle à sa réalité de Seigneur de la vie qui pardonne, convertit, transforme ».

c. La réponse à la prière d’Elie

Benoit XVI rappelle que « le feu du Seigneur tomba et dévora l'holocauste ».
Ainsi donc, « Baal, le dieu muet et impuissant, n’avait pas répondu aux invocations de ses prophètes: le Seigneur, au contraire, répond, et sans équivoque, non seulement en brûlant l’holocauste, mais en allant jusqu’à absorber toute l’eau qui avait été versée autour de l’autel. Israël ne peut plus avoir de doutes: la miséricorde divine est allée au devant de sa faiblesse, de ses doutes, de son manque de foi. A présent, Baal, la vaine idole, est vaincu et le peuple, qui semblait perdu, a retrouvé le chemin de la vérité et s’est retrouvé lui-même ».

d.      Une leçon pour notre temps

C’est Benoit XVI qui s’interroge : « que nous dit cette histoire du passé? »
Il voit dans ce texte de la bible plusieurs axes qui rendent cette « cette histoire très actuelle » .

i.       La priorité du premier commandement: adorer uniquement Dieu.

Benoit XVI le rappelle avec force : « Là où Dieu disparaît, l’homme tombe dans l’esclavage d’idolâtries, comme l’ont montré, à notre époque, les régimes totalitaires et comme le montrent également diverses formes de nihilisme, qui rendent l’homme dépendant d’idoles, d’idolâtries qui le réduisent à l’état d’esclave ».
Comment se recentrer sur Dieu plutôt que sur la planète ? Si nous ne tournons pas résolument vers Dieu, nous serons victime de toute sorte de messianisme. L’écologisme ne sera-t-il pas ce nouveau nihilisme qui remplace Gaïa par son Créateur ?

ii.       L’objectif principal de la prière est la conversion.

Benoit XVI montre que c’est  « le feu de Dieu qui transforme notre cœur et nous rend capables de voir Dieu et ainsi, de vivre selon Dieu et de vivre pour l’autre ».
Vivre pour « l’autre ». Où est la solidarité dans l’écologisme ? Il cache trop souvent un grand égoïsme consistant à proposer, en particulier, aux peuples les moins avancés des modèles les excluant du droit au développement qui est le leur. Comment faire que les modèles écologiques qui nous sont proposés soient moins hypocrites et s’engagent résolument dans le souci du plus pauvre ?

iii.       Une prière pour découvrir la vérité de notre être : la capacité du don.

L’homélie de Benoit XVI explique que les Pères de l’Eglise ont interprété ce « feu de Dieu » qui tombe à la suite de la prière d’Elie est celui de « l’amour qui guide le Seigneur jusqu’à la croix, jusqu’au don total de soi. La véritable adoration de Dieu, alors, est de se donner soi-même à Dieu et aux hommes, la véritable adoration est l’amour. Et la véritable adoration de Dieu ne détruit pas, mais renouvelle, transforme. Certes, le feu de Dieu, le feu de l’amour brûle, transforme, purifie, mais précisément ainsi, il ne détruit pas, mais crée la vérité de notre être, il recrée notre cœur. Et ainsi, réellement vivants par la grâce du feu de l’Esprit Saint, de l’amour de Dieu, nous sommes adorateurs en esprit et en vérité. »[97].

Nous sommes là au cœur de ce que doit être notre prière : celle qui demande la force de notre conversion personnelle pour être un don à autrui. ‘est ainsi que l’évangélisation passera comme un témoignage personnel, témoignage essentiel pour l’évangélisation, témoignage qui, comme l’a rappelé un récent synode,  « signifie vivre dans la vérité. D’où la nécessité d’une authentique vie chrétienne. Il nous faut témoigner par la vie à chaque instant, sans syncrétisme » [98]


[1] http://yog.lavie.over-blog.com/article-le-syncretisme-est-une-perversion-des-religions-65808328.html

[2] Les sept merveilles du monde

[3] Source : Le Vaudou haïtien, une épopée de Joseph-Antoine de Gerome

[4] Toute cette analyse, et celle qui suit est tirée d’une analyse de Marc Cerbère qui mériterait d’être vérifiée par un historien.

[5] (PG, 46, t I2g)

[6] Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Africa de Jean-Paul II sur l’eglise en Afrique et sa mission évangélique vers l’an 2000- Yaoundé, au Cameroun, le 14 septembre 1995 (§ n° 62)

[7] Discours du Saint-Père aux membres du Conseil Pontifical de la Culture  les 17.1.1987 et 10.1.1992

[8] Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Décret sur l’activité missionnaire de l’Église Ad gentes, n. 22;  Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église (15 avril 1993), IV, B.

[9] Exhortation Apostolique post-synodale – Verbum Domini de Benoit XVI sur la parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Eglise - le 30 septembre 2010

[10] Jean-Paul II, Discours aux Évêques du Kenya (7 mai 1980), n. 6: AAS 72 (1980), p. 497; La DC, n. 1787, p. 534.

[11] Ad Gentes – Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise – Avec les pères du Concile  le 7 décembre 1965 (§ 22)

[12] L'irénisme consiste à vouloir concilier des idéologies qui sont difficilement conciliable. C’est une Attitude d'esprit selon laquelle on tolère des erreurs graves, par désir exagéré de paix et de conciliation. La racine grecque  de ce mot est eirếnê (« paix »). L’Irénisme, est une attitude d’esprit qui a été condamnée par l’encyclique « Humani Generis » selon laquelle on tolère de façon tranquille des erreurs graves, inacceptables, par désir exagéré de paix et de conciliation ».
« Nous observons un autre danger qui est, lui, d'autant plus grave qu'il est plus caché sous les voiles de la vertu. De fait, parmi ceux qui déplorent la mésentente entre les hommes et la confusion des esprits, il en est plusieurs qui se montrent remués par un zèle imprudent des âmes: dans leur ardeur, ils brûlent d'un désir pressant d'abattre les enceintes qui séparent d'honnêtes gens: on les voit adopter alors un " irénisme " tel que, laissant de côté tout ce qui divise, ils ne se contentent pas d'envisager l'attaque contre un athéisme envahissant par l'union de toutes les forces, mais ils vont jusqu'à envisager une conciliation des contraires, seraient-ils même des dogmes. … Emportés par un irénisme imprudent, quelques-uns semblent prendre pour des obstacles à la restauration de l'unité fraternelle tout ce qui s'appuie sur les lois et les principes mêmes que donna le Christ, et sur les institutions qu'il a établies, sur tout ce qui se dresse, en somme, comme autant de défenses et de soutiens pour l'intégrité de la foi: l'écroulement de l'ensemble assurerait l'union, pensent-ils, mais, disons-le, ce serait pour la ruine….
Que ceux qui sont professeurs d'instituts ecclésiastiques … travaillent à faire avancer les disciplines qu'ils enseignent, mais qu'ils se gardent aussi d'outrepasser les limites que nous avons fixées en vue de protéger les vérités de la foi et la doctrine catholique. Face aux nouveaux problèmes qui se posent pour le grand public en raison de la culture et du progrès moderne, … qu'ils ne pensent pas, cédant trop volontiers à un faux "
irénisme " que pourront être heureusement ramenés dans le sein de l'Eglise les dissidents et les égarés si on ne leur enseigne pas sincèrement à tous la vérité, telle qu'elle est, intègre si vivante dans l'Eglise sans la corrompre et sans l'amoindrir » (Humani Generis- Encyclique de Pie XII sur quelques opinions fausses qui menacent de ruiner les fondements de la doctrine catholique ).
« La catéchèse aura une dimension œcuménique dans la mesure où elle saura susciter et alimenter un « vrai désir de l'unité », (268) non pas en vue d'un irénisme facile, mais en vue de l'unité parfaite, quand le Seigneur le voudra et par les voies qu'il voudra ». (Congrégation pour le Clergé – Directoire général pour la catéchèse– 15 juillet 1997 - §  n° 86-b)

[13] Ecclesiam Suam Lettre encyclique de Paul VI , - le 6 août 1964, (§ 92)

[14] Evangelii Nuntiandi Exhortation apostolique de Paul VI sur l’évangélisation dans le monde moderne - le 8 décembre 1975 (§5)

[15] Communiqué de presse  faisant suite à l’Assemblée Spéciale pour le moyen orient du synode des évêques - 10-24 octobre 2010 - (§ III- E)

[16] Message de Jean-Paul II pour la célébration de la XXIème Journée mondiale de la paix - La liberté religieuse condition pour vivre ensemble la paix - 1er janvier 1988

[17] Lettre apostolique « Tertio Millennio adveniente » de  Jean Paul II sur la préparation du jubilé de l’an 2000 - le 10 novembre 1994

[18] Jean-Paul II Angelus du dimanche 20.1.2002

[19] Nikola Eterović - Archevêque titulaire de Sisak, Secrétaire Général du Synode des Evêques– lors de sa XIIème Assemblée générale ordinaire – « la parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise « Instrumentum Laboris » - Cité du Vatican, en la Solennité de la Pentecôte, 11 mai 2008 (§ 56)

[20] http://leblogdumesnil.unblog.fr/tag/au-jour-le-jour/

[21] Communiqué de presse du 2.4.2011

[22] Discours de Paul VI au conseil exécutif du «Mouvement mondial des travailleurs chrétiens »- 8 avril 1970

[23] Concile œcuménique Vatican II, Déclaration sur l’éducation chrétienne Gravissimum educationis, n. 10 : AAS 58 (1966), p. 737.

[24] Concile œcuménique Vatican II, Décret sur l’activité missionnaire de l’Église Ad gentes, n. 22 : AAS 58 (1966), pp. 973 s.

[25] Jean Paul II -   Constitution apostolique « Sapientia Christiana » sur les universités et les facultés ecclésiastiques– 29.4.1979 – (ART. 68. — § 1)

[26] Missa pro Eligendo Romano PontificeHomélie du Cardinal Joseph Ratzinger - le 18 avril 2005- Jour de l’entrée en conclave avant son élection comme pape Benoit-XVI

[27] Discours du Pape Benoit XVI au nouvel Ambassadeur de la république d’Ukraine près le Saint-Siège - 30 mars 2007

[28] Caritas in Veritate (§ n° 55)

[29] Stanislas de Larminat (Editions Salvator)

[30] S. Congrégation pour le Clergé - Directoire Catéchétique Général (11.4. 1971) -(§ 7)

[31] Message de Jean-Paul II pour la XXIIIème journée mondiale de la paix le 1er janvier 1990 (§ 13)

[32] Voyage de Jean-Paul II en Inde et Géorgie – Discours aux représentants du monde de la culture et de la science - A Tbilissi le 9 novembre 1999 - (§ 4)

[33] Barbarisme parmi les autres! (traduction desviluppismo)

[34] Le Training autogène de Schultz est une technique de relaxation thérapeutique visant un apaisement du stress et de l'anxiété.

[35] « Les catholiques et les nouvelles idéologies » Mgr Crepaldi - Source : ZENIT - Jeudi 25 Novembre 2010

[36] Cité dans « Le communisme et l'Église catholique », le livre rouge de la persécution, Albert Galter, Fleurus, 1956, p. 266, note 54.   [37] Appel de Chrétiens paru dans "la Vie" du 2 nov. 2011

[37] Entretien accordé par C.Castoriadis à « l’Evénement du jeudi » en 1997- Propos recueillis par Isabelle GIRARD-

[38] http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-commun-nom/christianisme/33770

[39] Sur le site Expression Publique, sondage intitulé : "Catholique, musulmane, juive : y a-t-il ouverture ou repli des grandes religion ?" (Cf. fichier attaché), 11 janvier 2007-20:30-  http://iaboc.hautetfort.com/chretiens/

[40] http://biblio.domuni.org/articlestheo/ecologie/

[41] J.M. Maldamé, dominicain, « Écologie et Théologie de la Création » page 3

[42] « L’écologie de la Bible à nos jours » Patrice de Plunkett (édition l’œuvre sociale- page 35)

[43] On peut se demander sur quels éléments scientifiques s’appuyaient les organisateurs de cette table ronde diocésaine pour participer ainsi à un climat d’inquiétude en plaçant sa table ronde sous le thème de « l’urgence ».

[44] Falk van Gaver- 24 mars 2007

[45] « L’écologie de la Bible à nos jours » Patrice de Plunkett (édition l’œuvre sociale- page 39)

[46] Benoît XVI, Audience générale du mercredi 22 octobre 2008

[47] Homélie de la Pentecôte 2006 de Benoit XVI (source : Zénit- Lundi 5 juin 2006)

[48] 6 janvier 2008 - Benoît XVI: homélie pour l’Épiphanie

[49] Thomas d’Aquin, Somme théologique, I, II, q.102, A. 6, Sol.8.

[50] http://www.michelemorgan.ca/page-moira.htm

[51] Dragon contre lequel doit se battre la fée Avenant

[52] Don Anne-Guillaume Vernaeckt, chapelain au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, de la communauté de St-Martin,3 novembre 2011 – radio notre dame  http://www.aquoicasertleglise.com/?cat=81

[53] Ce raisonnement très simple est développé dans la thèse « La place des animaux dans la culture judéo-chrétienne »  de Anne-Laure, Marie MICHON

[54] Jean-Paul II : Message du 1 janvier 1990 pour la 23ème journée mondiale de la Paix « La Paix avec Dieu Créateur-la paix avec toute la création » §3 et 4

[55] Intervention de Falk Van Graver devant l’antenne locale de Saint-Raphaël de l’Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon a organisé samedi 24 mars 2007 une rencontre intitulée : "L’urgence climatique et ses enjeux".

[56] J.M. Maldamé, dominicain, « Écologie et Théologie de la Création » page 8

[57] Bible de Chouraqui

[58] Gleason L. Archer, dans son "Introduction à l'Ancien Testament",

[59] Denis O. Lamoureux est professeur assistant de science et de religion à l’Université d’Alberta.

[60] On appelle chaos, non pas le vide ou le néant mais l’ensemble des forces hostiles de la nature.

[61] Homélie du Frère Michel  MORIN – Aix en P. –St-Jean de Malte

[62] http://sergecar.club.fr/cours/nature7.htm

[63] C’est la thèse de Erich Jantsch, The self-organizing universe Pergamon Press, 1980

[64] « Georges Trevelyan, David Spangler s'accordent avec la théosophiste Alice Bailey pour dire que la Terre et les autres planètes, ainsi que le soleil, sont des êtres divin ou semi-divins » Wouter Hanegraaf, New Age and Western Culture, Suny Press, 1998 p. 156

[65] James Loveock, La revanche de Gaïa, J'ai Lu, coll. « J'ai Lu Essai, n° 8579 », 2008, page 214

[66] Extrait de l'article de juin 2008 d’Anne Barbeau Gardiner dans la New Oxford Review, commentant les ouvrages de James Lovelock.

[67] Jean-Paul II : Bulle du 29 novembre 1979 déclarant Saint-François d’Assise « Patron céleste des cultivateurs de l'écologie ».

[68] Id.

[69] Les mauvaises herbes, ennemi naturel numéro un des agriculteurs

[70] Falk van Gaver- 24 mars 2007

[71] Jean-Michel Maldamé, lors d’une conférence donnée à Toulouse sur « Ecologie et Théologie de la création »

[72] Texte d’appel à candidature de 2007 pour le « Prix Mohammed VI du Livre Islamique » a été organisé sur le thème de la " Vision de l’Islam sur la Protection de l’Environnement »

[73] Article du mercredi 27 juillet 2011 paru dans  « the Catholic Thing »

[74] Jean-Paul II, Encycl. Sollicitudo rei socialis, 14: AAS 80 (1988) 526-527, et  « Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise », 2 avril 2004, § 374

[75] « Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise », 2 avril 2004, § 346

[76] « L’écologie de la Bible à nos jours » Patrice de Plunkett (édition l’œuvre sociale- page 35)

[77] Quatorzième proposition de l’appel du 2 novembre 2011des « chrétiens préoccupés par les questions écologiques »

[78] sixième proposition de l’appel du 2 novembre 2011des « chrétiens préoccupés par les questions écologiques »

[79] Préambule du Décret sur l’apostolat des laïcs « Apostolicam actuositatem » - concile- 18.11.1965

[80] Sources : thèse de Ludovic Laloux « les étapes du renouvellement de l’Apostolat des Laïcs en France depuis le concile Vatican II, 1999,  in Liberté Politique n° 13, p 79 et suiv.

[81] Discours de Nowa Huta en Pologne le 9.6.1979

[82] Cette expression est courante depuis qu’on l’a attribué à Lénine qui l’utilisait pour qualifier les intellectuels de la gauche occidentale dont la défense enthousiaste et naïve du régime soviétique rendait bien service à la cause de la révolution d'Octobre. Ce terme est maintenant utilisé pour décrire une personne qui se laisse apparemment manipuler par un mouvement messianique ou par un groupe terroriste. Il y aurait quelque mépris à qualifier d’ « idiot » des personnalités qui, à l’évidence, ne le sont pas. On peut lui préférer l’expression rappelant ceux qui font « un bout de chemin » au service de mouvements plus ou moins messianiques.

[83] Beaucoup d’organes catholiques internationaux s’engagent dans la promotion de la paix. Il ne faut pas confondre :
-   "Pax Christi" est un mouvement catholique international pour la paix. Créé en France en 1945 et présent dans plus de 60 pays, c'est une organisation non-gouvernementale (ONG). Pax Christi International est membre de la Coordination internationale pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence. Pax Christi est coprésidé par Monseigneur Kevin DOWLING (Afrique du Sud) et Marie DENNIS (USA). EN France, Pax Christi est présidé par Mgr Stenger, évêque de Troyes.
-   Le conseil Pontifical « justice et Paix », est présidé par le cardinal Turkson. Le personnage important en est son secrétaire, E. Mgr Mario TOSO. Qui a remplacé Mgr  Crepaldi, l’auteur du fameux « compendium de la doctrine sociale de l’Eglise »
-   Le "Mouvement Justice et Paix" (MJP). C'est un "groupe de travail de la conférence des évêques de France. Il est affilié à "Justicia et Pax - Europa". C'est l'Evêque de Lille, Mgr Gérard Defoix qui préside Justice et Paix - France
- "Caritas Internationalis". C’est une confédération internationale d'organisations catholiques à but caritatif, dont la branche française est le « secours catholique ». Le représentant au niveau mondial de Caritas est actuellement le cardinal Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga. Lors d’un congrès à Rome du 22 au 27mai 2011, pour le 60° anniversaire de leur fondation congrès, le cardinal africain, Robert Sarah, au titre de sa présidence du Conseil pontifical Cor Unum, qui supervise l'ensemble des activités caritatives de l'Eglise catholique, a fustigé devant le  congrès : "une Caritas qui ne serait pas une expression ecclésiale n'a pas de sens, ni d'existence. (...) Le pain est important, la liberté est importante, mais la chose la plus importante de toutes est notre foi au Dieu d'Amour et notre agenouillement pour l'adorer et le servir en servant les pauvres".

[84] Sources : thèse de Ludovic Laloux « les étapes du renouvellement de l’Apostolat des Laïcs en France depuis le concile Vatican II, 1999,

[85] Source : interview de Radu Portocla
Radu
Portocla a été confronté au système communiste et sait de quoi il parle :
-  Le  grand-père de Radu Portocla a été, entre les deux guerres, une figure marquante du Parti libéral roumain. Il a été maire de Braïla (important port sur le Danube) et député. Entre 1937 et 1940, il a été ministre dans trois gouvernements libéraux. Arrêté par le pouvoir communiste en 1950, il est mort sous la torture.
-  Le père de Radu Portocla, médecin, éminent chercheur dans le domaine de la virologie, a passé deux ans dans des camps de travaux forcés (1952-1954) en tant que " fils d'ancien dignitaire " et a été interdit d'enseignement jusqu'à la fin de ses jours.
-  Radu Portocla, lui-même, a subi sa première filature à l'âge de 16 ans. Après dix ans de tracasseries incessantes, il a fait l'objet, en 1977, d'une enquête pour " haute trahison " menée par la Securitate. Il a été sauvé par le gouvernement grec qui a fait de très importantes pressions sur les autorités roumaines pour qu'on lui permette de partir en exil avec les membres de sa famille proche.

[86] Jacques Arnould, commentaire du livre « la face cachée de l’écologie » de Laurent Larcher paru dans Esprit et Vie n°117 - décembre 2004 - 1e quinzaine, p. 35-36.

[87] Entretien accordé par C.Castoriadis à « l’Evénement du jeudi » en 1997- Propos recueillis par Isabelle GIRARD. 

[88] Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacements - Instruction Erga migrantes caritas Christi

[89] « Eloge du syncrétisme -Syncrétisme équivoque et équivoques syncrétistes » de Paolo DALL’ OGLIO s.j.

[90] Edmond Robillard, «La libération du cycle des naissances: gnose ou résurrection chrétienne», dans Nouveau dialogue 35 (mai 1980), p. 29.

[91] Congrégation pour la doctrine de la foi – Lettre aux évêques de l’Eglise catholique sur quelques aspects de la méditation chrétienne - (15 octobre 1989) (§ III-12)

[92] Pèlerinage apostolique au Nigéria, Bénin, Gabon et en Guinée Equatoriale - Homélie de Jean-Paul II à Cotonou (Bénin)-  17 février 1982 - (§ 5)

[93] Discours de Paul VI au conseil exécutif du « Mouvement mondial des travailleurs chrétiens » - 8 avril 1970

[94] Discours de Benoît XVI au nouvel Ambassadeur de la république d’Ukraine près le Saint-Siège - 30 mars 2007

[95] Evangelii Nuntiandi Exhortation apostolique de Paul VI sur l’évangélisation dans le monde moderne - le 8 décembre 1975 (§5)

[96] Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements – Directoire sur la piété populaire et la liturgie – principes et orientations - Décembre 2001 - (§1)

[97] Benoît XVI- Audience Générale Place Saint-Pierre-  Mercredi 15 juin 2011

[98] Communiqué de presse  faisant suite à l’Assemblée Spéciale pour le moyen orient du synode des évêques - 10-24 octobre 2010 - (§ III- E)