Que des députés aient pu, avec le soutien du gouvernement, voter parmi l’un des derniers textes de la législature, l’interdiction en France de toute forme d’exploration ou d’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, quelle que soit la technique employée, témoigne d’un profond égarement de l’esprit. L’exploration du gaz de schiste est une conquête, pas un renoncement ! C'est ce que déclare, dans une tribune publiée au Figaro du 10 février 2017, Léonidas Kalogeropoulos, le président du cabinet Médiation & Arguments [1]. Il  regrette que les députés aient récemment voté l’interdiction de toute forme d’exploration des hydrocarbures non conventionnels, tournant ainsi le dos au progrès technologique.
Que dit-il  pour étayer son regret?

Source: Le Figaro 10 février 2017

Transcription "les2ailes.com"

 Il était déjà interdit de s’aventurer sur le terrain de la fracturation hydraulique, seule méthode connue à ce jour, compte tenu des risques environnementaux avérés qu’elle comporte. Mais cette interdiction circonscrite pouvait inciter l’un des pays les plus en pointe, si ce n’est le plus en pointe dans ce domaine, le nôtre, à redoubler d’efforts pour réduire les impacts environnementaux de cette technique et stimuler la recherche pour développer des voies d’exploration alternatives, plus sûres, plus propres, plus écologiques.

Las ! Ce que les parlementaires viennent de voter, c’est l’interdiction même de chercher, au pays de Voltaire, de Descartes et de Pascal. Pire ! Au pays qui a créé le Corps des mines de Paris, sous l’Ancien Régime, en 1783. Cette excellence a été léguée à une destinée qui, du Code minier remontant à Napoléon, aux tubes sans soudure de Vallourec utilisés dans les forages du monde entier, n’a cessé de faire de la France une terre d’expertise, produisant des ingénieurs, des inventeurs, des fleurons industriels qui rayonnent partout dans le monde où la richesse souterraine est valorisée.

Dans cette histoire séculaire ayant pétri un patrimoine national fait de recherche (BRGM, IFPEN, Ineris, CSTJF…), de formations doctorantes, d’entreprises à l’expertise mondialement reconnue (Schlumberger, CGG, Technip…), combien de défis ont été surmontés pour développer les technologies permettant à notre pays et à nos entreprises de maîtriser l’exploitation du gaz, des forages profonds, les travaux en mer ?

Pour bâtir ce savoir-faire français jusqu’à en faire une industrie de pointe, que de volonté, de persévérance, de constance, d’esprit de conquête, de patriotisme, pour aller de l’avant, sans cesse, sans jamais baisser les bras, au service d’une excellence nationale !

Dans cette continuité, notre filière industrielle, qui compte encore plus de 64 000 emplois sur notre territoire, reste déterminée à apporter toute son expertise, sa performance et le talent de ses équipes pour reprendre le cours d’un progrès aux exigences constamment renouvelées, pour relever le nouveau défi de l’exigence environnementale.

Tournant le dos à cette ambition, des représentants de la nation ont cru bon non pas d’intensifier les recherches, mais de décréter l’ordre d’y renoncer. Une sorte de capitulation volontaire, non pas devant un ennemi, mais juste devant la volonté de progresser. Leur posture politique a même été poussée jusqu’à ce paradoxe extrême que toutes les réformes introduites à cette occasion dans notre Code minier n’ont été motivées que par une seule ambition : décréter la défiance systématique envers toute forme d’activité minière.

Ils ont renoncé en cela à être les héritiers de plus de deux siècles d’histoire industrielle de notre pays, méprisant en substance ce « plébiscite de tous les jours » pour reprendre les mots de Renan, qui constitue le ciment national, cette ambition de progresser ensemble qui transcende les générations, les régimes politiques, les courants partisans, pour faire prospérer, en adoptant une posture maximaliste, le legs de nos aïeux. Succombant au vague espoir de récolter quelques voix aux prochaines élections, un secteur industriel entier, véritable fierté nationale, se retrouve au banc de ce que nos représentants ont la charge de définir au travers des lois qu’ils votent : l’intérêt général de notre pays.

Pourtant, la transition énergétique et écologique n’est en rien antinomique avec notre histoire séculaire, bien au contraire. Qui mieux que les ingénieurs, chercheurs et industriels français sauraient inventer les solutions aptes à relever pas à pas le défi de l’exploration responsable des hydrocarbures non conventionnels ? L’écologie est une conquête, ce n’est pas un renoncement.

Ce n’est qu’en mariant nos exigences environnementales d’aujourd’hui avec nos héritages technologiques d’hier et nos innovations futures que nous saurons développer l’ambition d’une prospérité industrielle moderne et performante sur le plan environnemental, au service de notre pays et de son rayonnement partout où cette exigence s’impose aux gouvernants et à leurs populations. Cette ambition ne saurait être poursuivie en prétendant faire du renoncement devant les défis une nouvelle ligne politique destinée à séduire un petit cénacle de sympathisants qui n’ont comme seul horizon que la volonté d’occuper aussi longtemps que possible des « zones à défendre » pour amener notre pays - qui ne cessera jamais de porter la promesse prométhéenne des Lumières - à tourner le dos au progrès technologique, scientifique et humain


 

[1] Le Cabinet Médiation & Arguments, fondé en 1994 et dirigé par Léonidas Kalogeropoulos, défend la liberté d’entreprendre, l’innovation, le pluralisme et le développement de la concurrence aux côtés d’entrepreneurs multiples. Le Cabinet est membre du réseau Ethic (www.ethic.fr) et de l’Association Française des Conseils en Lobbying (www.afcl.net). Léonidas Kalogeropoulos, est le dirigeant et fondateur de Médiation & Arguments