Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie et du développement durable prétend dans "La Vie.fr" du 2.3.2011 que "L'écologie est révolutionnaire comme l'Evangile" ! L’écologisme serait donc révolutionnaire! Effectivement, il est devenu un système de pensée extrémiste. Toutefois, le propos nous parait déplacé, et cette affirmation ne séduit que les esprits qui ont oublié l’essentiel du message évangélique….

Source : « la Vie.fr » du 2.3.2011

Commentaire "les2ailes.com"

Une interview qui aurait pu être intéressante…

En effet, Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas tort quand elle dit : « chaque religion propose des moments de grand questionnement qui correspondent tous à une suspension de la consommation. Le carême, le shabbat, le ramadan… Ça prend des formes différentes. Mais à chaque fois qu’une religion veut rapprocher l’homme de Dieu, elle l’invite à un peu de retenue dans sa consommation ». Malheureusement, l'appel de l'écologisme à suspendre la consommation est destiné à justifier une décroissance essentiellement malthusienne et destinée à sauver, soi-disant, la Terre. Les grandes religions monothéistes, dans leur appel au jeune, veulent éduquer l'homme à mieux se tourner vers Dieu. Or, ce que la ministre ne dit pas suffisamment, c’est que l’écologisme nie tout Dieu créateur. Tout rapprochement avec Dieu est alors exclu dans l'idéologie écologiste.
Nathalie Kosciusko-Morizet rappelle également une belle parole de la Bible : « Lévitique. C’est Dieu qui parle :   "La Terre ne sera pas vendue à perpétuité, car elle m’appartient à Moi seul, et vous n’êtes chez Moi que des étrangers et des hôtes".    Il appelle l’homme à une position retenue à l’égard de la Création. Ce n’est pas pour autant une position conservatrice. Il invite à une gestion en 'bon père de famille' ». Mais la question est de savoir ce qu’on appelle une gestion en bon père de famille. Se mettre dans la situation de nourrir les 9 milliards d’habitants de la planète en 2050 serait-il contraire à une gestion de bon père de famille ? Ou faut-il mettre en œuvre des moyens coercitifs pour réduire la population ?

... une interview qui dérape sur une affirmation sans fondement !

Nathalie Kosciusko-Morizet  dérape complètement quand elle affirme que "L'écologie est révolutionnaire comme l'Evangile" !
C’est méconnaitre complètement la radicalité de l’évangile :

  • La radicalité de Dieu qui aime les hommes jusqu’à donner sa vie.
    Dans l’écologisme, tout est inversé: c’est la Déesse Nature qui a vocation à se substituer au Dieu Créateur et il faudrait mourir pour la Déesse Gaïa - par une limitation cohercitive de la natalité -  au nom d'une fausse théorie de l’empreinte écologique et d’un seuil que la planète aurait d’ores et déjà dépassé !
  • L’évangile c’est la bonne nouvelle d’un Christ qui vient proposer à chaque homme d'être sauvé du mal.
    Dans l’écologisme, on nous impose un salut collectif ici bas à la condition de suivre un programme malthusien (décroissance et réduction de  la population, notamment). Le salut de la Terre serait premier par rapport au salut de l'homme :  point de salut en dehors du programme écologiste !
  • L’évangile, c’est un chemin de réconciliation de l’homme avec Dieu.
    A l'opposé, l’écologisme voudrait nous faire croire que le péché originel serait la révolte de l’homme contre la nature ! [1].
  • L’Evangile propose dans la faiblesse une Vérité qui libère. La liberté, même au prix du péché. L’écologisme impose par la force des mensonges qui aliènent.

Entre charité envers son prochain et solidarité avec les générations futures : des nuances à ne pas confondre...

L’évangile est un appel à la charité, c'est-à-dire à vivre la relation avec son prochain en se sustituant au cœur de Dieu lui-même, Lui qui est tout amour.

L’écologisme appelle à une « solidarité avec les générations futures » que le jésuite américain James V. Schall juge « indigne ». Nous reprenons l’essentiel de son article du mercredi 27 juillet 2011 paru dans  « the Catholic Thing »:
« Au premier abord, la rengaine disant qu’il faut "redistribuer" les biens de ce monde au profit des pauvres paraît sensée. L’idée d’une limitation des biens mondiaux se cache généralement derrière cette approche apparemment innocente.. Si les ressources sont limitées, alors nous devons élaborer un système de contrôle des comportements humains, de nos désirs. Depuis des siècles les idéologues cherchent un tel moyen "moral" de contrôle des humains. L’écologie est peut-être ce qui pouvait arriver de mieux au socialisme et à l’absolutisme, comme le constatent leurs défenseurs.
De plus, on proclame que nous devons "épargner" la terre pour les générations à venir. Sans préciser combien de générations. Nous inquiétons-nous des ressources en pétrole pour les braves gens — si seulement il y en a — en 4618, en 7842, en 11369 ? Sauf par une divination sauvage, comment décider de quoi nous abstenir pour être "équitable" envers les générations futures ?
L’expression même "générations futures" n’inclut rien, pas même la question eschatologique de ce que nous envisageons pour les temps futurs. Nous n’avons pas la moindre idée des besoins, ni des ressources d’alors. Qui en 1900 pensait que les ordinateurs, les avions, existeraient en l’an 2000, et seraient, de plus, accessibles à la plupart ? De fait nous n’avons aucune idée des besoins en pétrole dans mille ans, ou si ce sera alors le produit en provenance de quelque émirat arabe ou des vastes gisements du Dakota ou de l’Alberta. Nous imaginons que la race humaine cessera de faire marcher ses méninges deux jours après notre disparition. Nos engouements pour "épargner la terre" s’appuient sur nos connaissances actuelles. Julian Simon se régalait des prédictions catastrophiques de pénuries de ceci ou de cela, suivies de la découverte de nouvelles réserves ou de nouvelles méthodes de production.
On disait que l’Amérique était surpeuplée lors de sa découverte par Christophe Colomb, alors qu’à l’époque ce continent comptait probablement moins d’un million d’habitants. Si aucun savoir ne permet d’améliorer la productivité sur la terre, comme cocassement Locke et Rousseau l’imaginaient, alors nous mourrons de faim avec ce que la nature produit spontanément.
D’évidence il n’y avait guère besoin de bêcher dans le jardin d’Eden. Quand Adam et Ève en furent chassés, ils durent travailler à la sueur de leurs fronts. Cependant ils reçurent la mission de dominer la terre. Ce commandement signifiait évidemment qu’ils en auraient l’usage pour leurs propres besoins. Peupler et améliorer la planète était au programme. Ce qui explique le commandement « croissez et multipliez. »
Imaginez qu’à la découverte du pétrole ou du charbon un politicien écolo s’en soit mêlé. Et qu’il ait convaincu tout le monde à cette époque de ne pas s’en servir afin de les "économiser" pour les générations futures, pour la nôtre, par exemple. Au jugement dernier le Seigneur convoque ces rabat-joie et leur demande ce qu’ils avaient fait de leur talent. Ils Lui répondent qu’ils ont géré pour éviter le gaspillage des réserves de pétrole et de charbon fournies par le Seigneur pour les générations futures. Et pendant ce temps les gens ont vécu dans des conditions épouvantables. Comme à l’homme qui avait reçu un talent, le Seigneur leur dirait : « Éloignez-vous de moi, à quoi croyez-vous que serviraient ces ressources mises à votre disposition ? À quoi sert la cervelle que je vous ai donnée ? »
Si on prenait tous les biens de la terre pour les "redistribuer équitablement" selon quelque règle (qui aura quoi ? bonne question — ceux qui ont le pouvoir auront sans doute une meilleure part), tout le monde deviendrait plus pauvre, riches comme pauvres. La théorie de la "redistribution", comme Bertrand de Jouvenel l’écrit dans son célèbre ouvrage, est inepte. Si nous voulons vraiment aider les pauvres à sortir de la pauvreté, la première chose à faire est de cesser tout discours sur la "redistribution", qui, au fond, est une variante de l’envie. Il faut chercher ailleurs, innovations, économies, incitations, justice équitable, vertu, loi du marché, culture, croissance.
Si nous nous soucions des pauvres, parler de "redistribution" est indigne. »[2]

 

 

 

 


[1] « L’écologie de la Bible à nos jours » Patrice de Plunkett (édition l’œuvre sociale- page 35) : « La rébellion d’Adam… a brisé du même coup l’harmonie entre l’homme et la Création. Ce qui s’en suivit fut l’explosion du mal sur la Terre… »

[2] Source : The Catholic Thing – 26 juillet 2011