Que n’a-t-on voulu nous faire croire que la vente d’OGM aurait été la cause de suicides en Inde ! Une information récente sur les suicides d’agriculteurs en France – 400 par an- nous amène à mettre ce drame en perspective :

Source : L’expansion.com 6.5.2011

Commentaire : « les2ailes.com »

La question des suicides agricoles en Inde

On a accusé les multinationales productrices de vendre, en Inde, des OGM à des agriculteurs incapables de les payer, ce qui les aurait poussés au suicide. En fait, le 18 mai 2006, Sharad Pawar, ministre indien de l'Agriculture a présenté les données à la Chambre Haute (Rajya Sabha), démontrant que la principale « cause de suicide est l'endettement », que ces agriculteurs aient acheté des semences O.G.M. ou non.

La situation économique des agriculteurs des pays pauvres est analysée plus loin: c’est le libéralisme qui soumet les agriculteurs à une volatilité de leurs prix de vente et donc à des endettements insupportables. Il y a d’ailleurs un paradoxe : pourquoi les agriculteurs indiens chercheraient-ils à acheter ces semences OGM au marché noir ? Dénoncer un soi-disant danger à l’accès de ces technologies avancées par les petits producteurs est plus hypocrite qu’il n’y parait. Faire courir de telles rumeurs les condamne à long terme à l’immobilisme ce qui arrange bien les malthusiens ! 

Les suicides d’agriculteurs en France

 L’expansion nous a donné l’information suivante : « Dans des conditions dramatiques parfois, 400 agriculteurs se suicident chaque année, trois fois plus en proportion que chez les cadres, alerte l’Institut de veille sanitaire ». D’autres sources parlent de 800 suicides/an[1].
La journaliste de l’Expansion, Danièle Licata, explique que ces suicides sont étroitement corrélés avec  l’endettement élevé des 400.000 exploitants que compte l’agriculture en 2010[2]. L’endettement moyen des exploitations agricoles françaises était de 147.500 € en 2010 ! 
La culture des OGM est interdite en France. On ne peut donc accuser les OGM d’en être la cause. En Inde comme en France, il est probable que ce soit la même cause qui, hélas, ait les mêmes conséquences.
D’autres causes expliquent cette situation : surcharge de travail, stress, isolement, absence de loisirs ou prix de vente trop bas sont autant de raisons qui poussent de nombreux exploitants à baisser les bras. La volatilité qui règne désormais sur les marchés agricoles est dangereuse «pour la santé psychique des paysans», reconnaît par exemple le psychologue François-Régis Lenoir, auteur de plusieurs enquêtes sur le stress chez les agriculteurs et exploitant dans les Ardennes. Sans oublier les particularités émotionnelles du monde agricole. «La difficulté de se projeter dans l'avenir, les questions autour de la transmission et la rupture de la tradition agricole familiale depuis plusieurs générations sont aussi des facteurs très traumatisants pour les agriculteurs», explique aussi le docteur Jean-Jacques Laplante, médecin du travail à la MSA (Mutualité sociale agricole) qui a effectué une étude en profondeur auprès de 600 exploitants sur le malaise des paysans de 1999 à 2005. 

L’acharnement de l’OMC à vouloir supprimer les frais de douanes agricoles met les agricultures de tous les pays du monde dans des situations impossibles. « Face à avenir aussi incertain, beaucoup jettent l’éponge » commente la journaliste de l’Expansion.


[1] À ce jour, aucune statistique officielle n'existe. Selon certaines sources, ils seraient chaque année entre 400 et 800 à se suicider. «Le dernier chiffre disponible est issu de la cohorte Cosmop (Cohorte pour la surveillance de la mortalité par profession) réalisée par l'Institut de veille sanitaire (InVs), L'association des producteurs de lait indépendants (Apli) qui a organisé l'an dernier deux marches funèbres pour dénoncer cette catastrophe avance pour sa part le chiffre de 800 suicides par an.
C’est pourquoi l'Institut National de veille sanitaire (InVS) et la Mutualité sociale agricole (MSA) vont tenter de quantifier plus précisément le nombre annuel de suicides d'agriculteurs et prendre les mesures adéquates pour répondre à cette détresse et faire de la prévention. «L'étude Coset va être lancée à l'échelle nationale, indique une porte parole de l'InVs. Nous sommes en phase pilote et nous espérons que des milliers d'agriculteurs participeront à Coset». Rendez-vous dans plusieurs années pour évaluer les résultats. (source : Le Figaro.fr 25.1.2011)

[2] Ces données laissent à penser que le taux de mortalité pour cause de suicide serait donc de 100 pour 100.000, ce qui est considérable. Pourquoi l’InVS écrit-il que « les taux de mortalité diffèrent sensiblement selon les secteurs d’activité. Les auteurs de l'étude soulignent ainsi que “le secteur de la santé et de l’action sociale présente le taux de mortalité par suicide le plus élevé (34,3/100.000) » ? (Source : rapport InVS du 6.9.2010 sur « suicides et activité professionnelle ») Il semble pourtant que ce soit le secteur agricole qui tiennent ce triste record.