Le ministère de l’agriculture a organisé un séminaire à Paris le 31 janvier 2011 sur les disponibilités en terres cultivables non exploitées au niveau mondial. Les disponibilités se révèlent être considérables même si l’on formule l’hypothèse d’une non-mise en culture des zones protégées et des Forêts. Les ressources sont localisées en particulier au Brésil, aux USA, en Russie et au Congo. Le problème de leur mise en culture n’est pas agronomique ni écologique, mais relève de questions économiques. …

Source :– AGRA N° 3287 – - Lundi 7 février 2011

Commentaire de "les2ailes.com"

Nous reprenons intégralement ici l'article paru dans la revue AGRA relatant ce séminaire.

Le Centre d’Etudes et Prospectives (CEP) a organisé un intitulé « Terres cultivées, terres cultivables : quelles disponibilités foncières à l’échelle mondiale ? », le 31 janvier au ministère de l’Agriculture à Paris. L’occasion pour Laurence Roudart, de l’université libre de Bruxelles, de présenter son étude concernant les disponibilités en terres cultivables non exploitées au niveau mondial.
«Seules 12% des terres cultivables sont cultivées en Amérique latine, et 20% en Afrique subsaharienne », a expliqué Laurence Roudart, de l’université libre de Bruxelles, lors d’un séminaire sur les disponibilités mondiales en terres arables, organisé par le CEP le 31 janvier à Paris. Selon elle, c’est en Asie et au Moyen-Orient que les surfaces cultivables plafonnent principalement, alors que l’Amérique du nord et l’UE à 27 plus la Russie exploiteraient 50% de leurs terres cultivables.

La productivité ne serait pas la seule réponse au défi alimentaire
L’étude de Laurence Roudart remet en cause les analyses donnant l’augmentation des rendements comme seule réponse possible à l’accroissement des besoins alimentaires mondiaux. Selon elle, « les superficies cultivables au niveau mondial sont supérieures à celles nécessaires pour garantir la sécurité alimentaires de l’humanité ». Et ce, même si l’on formule l’hypothèse d’une croissance relativement faible des rendements, d’une non-mise en culture des zones protégées et des forêts, et en tenant compte des effets du réchauffement climatique. Parmi les pays disposant le plus de terres cultivables, on trouve en ordre décroissant le Brésil, les Etats-Unis, la Russie et la République démocratique du Congo. Pour Laurence Roudart, sur les 14MdsHa de terres émergées, 30% sont cultivables, soit 4,2MdsHa, et sur ces terres arables, seules 40% sont effectivement cultivées, laissant 2,52MdsHa de surfaces potentiellement cultivables sans irrigation.

Des contraintes qui ne sont pas seulement agronomiques.
Si des terres sont encore disponibles pour l’agriculture, Laurence Roudart a toutefois modéré ses propos. Selon elle, les contraintes pédoclimatiques peuvent être satisfaisantes pour ces sols encore non cultivés, mais les conditions socioéconomiques n’y sont pas forcément propices. Parmi les limites de choix d’usages des terres cultivables, plusieurs facteurs entrent en compte. Outre la pression immobilière, les prix agricoles sont déterminants dans l’incitation à la mise en culture de nouveaux espaces. L’accès au marché, pour la mise en vente ou l’utilisation d’autres moyens de production, est aussi un frein au développement agricole de ces terres. De plus, les connaissances techniques ne sont pas toujours suffisantes dans ces zones pour une valorisation efficiente des terres potentiellement cultivables. Selon Laurence Roudart, « pour mettre en culture de nouvelles surfaces, les politiques publiques doivent, avec une marge de manœuvre suffisante, permettre aux Etats d’assurer leur sécurité alimentaire par des mesures de soutien à l’agriculture, tout en gardant à l’esprit les effets environnementaux d’un changement d’allocation des terres ». Enfin, selon elle, « les pays disposant de nouvelles surfaces potentielles doivent aussi veiller au problème de l’accaparement des terres agricoles, en en garantissant l’accès à leurs populations ».