La revue de presse « Généthique », de la Fondation Jérôme Lejeune, en appelle à l’urgence  « d’un débat clair et dépassionné ait lieu autour des OGM » ! Visiblement, le responsable de la revue de presse est sensible à une polémique concernant Diána Bánáti et se laisse émouvoir par une pétition d’écologistes. Quel dommage de ne pas se référer à un débat clair et dépassionné qui s’est déjà déroulé à l’académie pontificale des sciences du 15 au 19 mai 2009.

Rapprochons tous ces évènements pour mieux voir de quoi il s’agit…

Source : Généthique 11.10.2010
Le Monde : (Philippe Ricard) 9/10/10

Commentaire de "les2ailes.com"

L’affaire Diána Bánáti ne tomberait-elle pas à point au moment où une pseudo pétition passe le  cap du million ?

1°) La pétition d’un million de personnes

Il s’agit d’une pétition dont les initiateurs sont plus d'un million de personnes ont signé un appel invitant la Commission européenne à décider d'un moratoire sur l'introduction des OGM en Europe. Cette pétition a été lancée par Greenpeace et le mouvement militant AVAAZ.
Les habitués savent combien ces ONG militent pour la décroissance, la réduction de la population mondiale, y compris de manière coercitive.

Greenpeace est bien connue. En revanche, AVAAZ est une ONG américaine fondée par le Britannico-Canadien Ricken Patel en 2006 afin de regrouper « des citoyens du monde » pour sensibiliser, mener des actions, et faire « face aux nouveaux défis qui menacent notre avenir, tels que les changements climatiques …».

Citons quelques unes de ces grandes pétitions organisées par AVAAZ :

  • En avril 2009 AVAAZ a lancé un appel pour la pénalisation des propos du Pape concernant le préservatif et une pétition exhortant le pape Benoit XVI « à … ne pas porter préjudice à des initiatives telles que l’éducation publique et les programmes de prévention du sida par l’usage du préservatif, initiatives qui sauvent des vies ». (200.000 signatures !)
  • On peut comprendre qu’AVAAZ n’aime pas Benoit XVI et qu'il préfère le Daïlama. C'est pourquoi AVAAZ a organisé, en juillet 2010, un « hommage mondial » au Dalaï Lama à l’occasion de ses 75 ans. (1,7 millions de signatures). Il est vrai que Green Peace et AVAAZ sont sensibles au modèle « de paix et de justice » que serait le Dalaï Lama. On oublie qu’il se laisse vénérer par des états théocratiques boudhistes tibétains, comme au Bouthan, sans broncher lorsque les chrétiens y subissent des discriminations et des violences parmi les plus importantes de la région. Au Boutan, la politique de quasi-interdiction du christianisme ne s’assouplit pas ! Mais peu importe : Green Peace doit être solidaire de la très officielle WWF qui soutient le pays au seul motif que  « La faune et la flore sont particulièrement bien préservées ».

Bien entendu, ces campagnes sont noyées au milieu de bonnes causes comme un appel à la solidarité pour Haïti.
Malgré tout, on attendrait, de la part de « Généthique », un peu de recul avant de se laisser émouvoir par ces pétitions auprès d’un fichier de militants particulièrement actifs. Qui nous fera croire qu’Avaaz ne manipule pas à chaque pétition, le même fichier de militants particulièrement actifs quand on voit que sa pétition intitulée « Copenhague, le combat continu » aurait rassemblé 15 millions de signatures !

2°) L’affaire Diána Bánáti

Mme Banati est une hongroise, élue en 2008 par le parlement européen à la présidence de l'Agence Européenne de Sécurité Alimentaire (AESA). Cette agence, entre autres, délivre les autorisations d’importations d’OGM.
Les médias s’acharnent à titrer qu’elle aurait « dissimulé avoir été membre du comité des directeurs de la branche européenne de l’International Life Science Institute (ILSI) », association dont seraient adhérentes les sociétés Monsanto et Syngenta. On l’accuse d’avoir « oublié cette information dans son CV ».

Or, dans Libération José Bové, lui-même, reconnait que cette déclaration d’intérêt devant le parlement mentionne bien qu'elle a été « membre du comité scientifique de l’ILSI ». On lui fait un procès d’intention de mensonge dans sa déclaration qu’elle « n’a jamais été approchée par des lobbyistes ». Rien ne vient à l’appui de cette accusation. Il n’y a rien donc rien de nouveau. Tout cela est transparent et connu depuis 2008 et. Tout est bien coordonné pour que cette campagne tombe en même temps que l’annonce du million de pétitionnaires !

Faudrait-il que nos fonctionnaires n’aient aucune expérience professionnelle pour avoir une responsabilité ? Probablement nos idéologues ne voudraient-ils que des fonctionnaires anciens responsables d’ONG ! L'indépendance d'opinion serait-elle sauve ? Tout cela n'est pas sérieux !

3°) La position de l’académie pontificale des sciences

Y a-t-il urgence, comme le conclut Généthique pour « un débat clair et dépassionné ait lieu autour des OGM ». Est-ce pour en finir une bonne fois pour toutes avec les OGM ? Est-ce au contraire pour en finir avec ces mensonges écologistes ?

S’il faut un débat, pourquoi ne pas faire confiance à notre magistère et à son académie des Sciences qui déjà s’est donnée la peine de consacrer une semaine d'étude sur « les plantes transgéniques pour la sécurité alimentaire dans le contexte du développement », du 15 au 19 mai 2009. Cette semaine de travail avait réuni une quarantaine de scientifiques et d'experts de renom pour tenter de répondre à des questions telles que :

  • Est-il vrai que les biotechnologies végétales favorisent les multinationales et pénalisent les petits agriculteurs ?
  • Pourquoi neuf millions et demi d'agriculteurs des pays en voie de développement utilisent-ils des semences transgéniques ?
  • Ces nouvelles semences peuvent-elles aider l'Afrique à développer une révolution verte ?
  • La distribution de semences OGM peut-elle entrer dans les programmes d'aide au développement ?
  • Que penser de la recherche et du développement des biotechnologies végétales ?

Les scientifiques, provenant de pays aussi divers que  l'Inde, les Etats-Unis, le Mexique, le Kenya, l'Allemagne, la Suisse, la Chine, l'Egypte, l'Argentine, la Grande Bretagne, l'Australie, Israël, les Philippines et la Belgique, avaient discuté de l'apport que peuvent représenter les produits transgéniques pour le développement agricole, l'amélioration environnementale, la lutte contre les parasites, la sécheresse, l'amélioration nutritionnelle et l'enrichissement de la biodiversité.
En introduction, et durant sept sessions, les participants à cette semaine d'étude avait fait un tour d'horizon des points relatifs à l'application et la diffusion des biotechnologies dans le monde, et discuté de leur impact possible sur le développement des nations et des peuples.

Ce n’était pas la première fois que des organismes du Saint-Siège s'occupent de plantes transgéniques.  Il a, à son actif, plusieurs demandes de recherches sur les biotechnologies végétales dont cette étude de l'Académie Pontificale pour la Vie : « Biotechnologies animales et végétales, nouvelles frontières et nouvelles responsabilités » [1].

A cette occasion, Mgr Elio Sgreccia, vice-président de l’Académie Pontificale pour la Vie et directeur de l’Institut de Bioéthique de l’Université du Sacré Cœur de Rome, et dont on connait les engagements en matière de bioéthique, avait déclaré qu’il "n’existe pas d’indications spécifiques du Magistère de l’Eglise sur les biotechnologies… C’est pour cette raison que j’ai freiné tous ceux qui exigeaient une condamnation de ces produits. L’Académie pontificale, dans son livre "Biotechnologies animales et végétales, nouvelles frontières et nouvelles responsabilités", vise à "apporter des éclaircissements sur cette question" : « Nous exposons les lignes idéologiques : la recherche dans le domaine de la biotechnologie pourrait résoudre des problèmes énormes, comme, par exemple l’adaptation de l’agriculture dans des terres arides, ce qui pourrait permettre de résoudre le problème de la faim. Il faut que les produits biotechnologiques contribuent au bien-être de l’homme, en donnant des garanties face à d’éventuels dangers... » [2].

Déjà les 10 et 11 novembre 2003, le Conseil Pontifical Justice et Paix avait réunit un séminaire intitulé « OGM menace ou espérance ». Les actes de ce séminaire ont été publiés (Editions ART 2004). Le cardinal Renato-Raffaele Martino avait déclaré dans sa conclusion : « Ce séminaire nous a fait comprendre que le domaine des OGM ne doit pas être abandonné, même s'il doit encore être l'objet d'une grande attention. Il faut, par conséquent, continuer de travailler: ce Conseil Pontifical encourage chacun à apporter sa contribution et se propose lui-même de le faire, avec disponibilité et dans un esprit de service » [3].

4°) Conclusion

La fondation Jérôme Lejeune fait un travail remarquable sur des sujets qu’elle maitrise parfaitement. Elle maitrise si bien les questions de bioéthiques que lorsque sa revue de presse, Généthique détecte des informations mensongères –par exemple sur les bienfaits des cellules souches embryonnaires-, elle sait faire la part des choses et donner, en contre point, des informations méconnues. Cette Revue de Presse est lue par d’innombrables donateurs, parents, soignants, etc… Il y a urgence pour que la revue de presse de la Fondation Lejeune arrête de se faire l’écho de militants anti-OGM sans jamais aucune mise en perspective contraire.


[1] Libreria Editrice Vaticana 1999

[2] Source : site de la Conférence des évêques de France – « Pensée sociale »

[3] Conseil pontifical "Justice et Paix" Séminaire d’étude sur le thème: "OGM: Menace ou espérance?" Conclusion du Card. Renato Raffaele Martino, Palais San Calisto, Mardi 11 novembre 2003